travaillebeaucoup trop de par le monde, que de voir dans le travail une vertu cause un tort immense, et qu’il importe Ă  prĂ©sent de faire valoir dans les pays industrialisĂ©s un point de vue qui diffĂšre radicalement des prĂ©ceptes tra-ditionnels. Tout le monde connaĂźt l’histoire du voyageur qui, Ă  Naples, vit douze mendiants
Quand je suggÚre qu'il faudrait réduire à quatre le nombre d'heures de travail, je ne veux pas laisser entendre qu'il faille dissiper en pure frivolité tout le temps qu'il reste. Je veux dire qu'en travaillant quatre heures par jour, un homme devrait avoir droit aux choses qui sont essentielles pour vivre dans un minimum de confort, et qu'il devrait pouvoir disposer de son temps comme bon lui justement, actuellement beaucoup de gens pourraient ne travailler que 4 heures et avoir suffisamment d'argent pour manger et se loger. Beaucoup de gens peuvent faire ce choix, mais choisissent de continuer à fond, qu'est-ce qu'il veut ? Que "la société" impose de force aux gens de ne travailler que 4h ? C'est stupide. S'il veut laisser le choix, alors dans ce cas, le capitalisme permet déjà son utopie pour pas mal de gens en dans tous les cas, sa théorie est basée sur une conception simplette, infantile et fausse et typiquement de gauche du travail le travail serait une quantité fixe à se répartir au mieux entre la population. MÃÂȘme avant la mise en place des 35h, les économistes prévenaient que c'était des ùneries, et la mise en place effective des 35h l'a bien montré ça n'a absolument pas réduit le chÎmage à moyen et long réalité, le travail crée du travail. Le travail permet aux entreprises de grossir, et donc d'embaucher plus. Le travail permet à de nouvelles entreprises de se créer, et de produire mieux, ce qui augmente mécaniquement le pouvoir d'achat et donc la richesse de toute la population, ce qui augmente la consommation et le besoin de produire, et donc les y aura assez de travail à accomplir pour rendre le loisir délicieux, mais pas assez pour conduire à lĂąâ‚Źâ„ąĂƒÂ©puisementñ€© Les hommes et les femmes ordinaires, ayant la possibilité de vivre une vie heureuse, deviendront plus enclins à la bienveillance quñ€ℱà la persécution et à la suspicion. Le goût pour la guerre disparaÃtra, en partie pour la raison susdite, mais aussi parce que celle-ci exigera de tous un travail long et acharné.La premiÚre partie de cette citation est une théorie de bisounours qui se révÚle fausse une fois confrontée aux faits. Le manque de travail génÚre énormément de problÚmes chez pas mal de gens délinquance, drogue, violence... Quant à la deuxiÚme partie sur la guerre, c'est également faux. L'Histoire occidentale récente montre que c'est précisément l'inverse le capitalisme a permis un enrichissement massif de la population, et des échanges économiques entre les pays, qui n'ont du coup plus d'intérÃÂȘt à se faire la guerre, parce que désormais les pays dépendent les uns des autres pour s'enrichir politique engagé, pacifiste convaincu lors de la PremiÚre Guerre mondiale, Bertrand Russell, alors socialiste modéré, opte pour une non intervention relative pendant la Seconde Guerre interventionniste pendant la seconde guerre mondiale ? Il voulait laisser l'Europe en pùture à l'Allemagne nazie ? Quel grand homme décidément !
LÉloge de l'oisivetĂ© est une pĂ©pite dĂ©nichĂ©e dans l’Ɠuvre immense et protĂ©iforme de Bertrand Russell. Dans la grande tradition des essayistes anglais (Swift, Stevenson), il manie le paradoxe pour s'attaquer aux fondements mĂȘmes de la civilisation moderne. DerriĂšre l'humour et l'apparente lĂ©gĂšretĂ© du propos se cache une rĂ©flexion de nature Ă  la fois
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Elogede l'oisivetĂ© par BERTRAND RUSSELL aux Ă©ditions Editions Allia. L’Éloge de l'oisivetĂ© est une pĂ©pite dĂ©nichĂ©e dans l’Ɠuvre immense et protĂ©iforme de Bertr © Librairies indĂ©pendantes du QuĂ©bec, coopĂ©rative 2022. Tous droits rĂ©alisation iXmĂ©dia
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BertrandArthur William Russell, 3 e comte Russell, né le 18 mai 1872 à Trellech (Monmouthshire, pays de Galles), et mort le 2 février 1970 prÚs de Penrhyndeudraeth, au pays de Galles, est un mathématicien, logicien, philosophe, épistémologue, homme politique et moraliste britannique. Russell est considéré comme l'un des philosophes les plus
Bertrand Russell Avant de lire la suite, je vous invite Ă  regarder la piĂšce de Dominique Rongvaux intitulĂ©e “Éloge de l’oisivetĂ©â€ Bertrand Russell traduit par M. Parmentier Ainsi que la plupart des gens de ma gĂ©nĂ©ration, j’ai Ă©tĂ© Ă©levĂ© selon le principe que l’oisivetĂ© est mĂšre de tous vices. Comme j’étais un enfant pĂ©tris de vertu, je croyais tout ce qu’on me disait, et je me suis ainsi dotĂ© d’une conscience qui m’a contraint Ă  peiner au travail toute ma vie. Cependant, si mes actions ont toujours Ă©tĂ© soumises Ă  ma conscience, mes idĂ©es, en revanche, ont subi une rĂ©volution. En effet, j’en suis venu Ă  penser que l’on travaille beaucoup trop de par le monde, que de voir dans le travail une vertu cause un tort immense, et qu’il importe Ă  prĂ©sent de faire valoir dans les pays industrialisĂ©s un point de vue qui diffĂšre radicalement des prĂ©ceptes traditionnels. Tout le monde connaĂźt l’histoire du voyageur qui, Ă  Naples, vit 12 mendiants Ă©tendus au soleil c’était avant Mussolini, et proposa une lire Ă  celui qui se montrerait le plus paresseux. 11 d’entre eux bondirent pour venir la lui rĂ©clamer il la donna donc au 12e. Ce voyageur Ă©tait sur la bonne piste. Toutefois, dans les contrĂ©es qui ne bĂ©nĂ©ficient pas du soleil mĂ©diterranĂ©en, l’oisivetĂ© est chose plus difficile, et il faudra faire beaucoup de propagande auprĂšs du public pour l’encourager Ă  la cultiver. J’espĂšre qu’aprĂšs avoir lu les pages qui suivent, les dirigeants du YMCA lanceront une campagne afin d’inciter les jeunes gens honnĂȘtes Ă  ne rien faire, auquel cas je n’aurais pas vĂ©cu en vain. Avant d’exposer mes arguments en faveur de la paresse, il faut que je rĂ©fute un raisonnement que je ne saurais accepter. Quand quelqu’un a dĂ©jĂ  suffisamment d’argent pour vivre envisage de prendre un emploi ordinaire, d’enseignants ou de dactylos par exemple, on lui dit que cela revient Ă  ĂŽter le pain de la bouche Ă  quelqu’un d’autre et que c’est donc mal faire. Si ce raisonnement Ă©tait valide, nous n’aurions tous qu’à demeurer oisifs pour avoir du pain plein la bouche. Ce qu’oublient ceux qui avancent de telles choses, c’est que normalement on dĂ©pense ce que l’on gagne, et qu’ainsi on crĂ©e de l’emploi. Tant qu’on dĂ©pense son revenu, on met autant de pain dans la bouche des autres en dĂ©pensant qu’on en retire en gagnant de l’argent. Le vrai coupable, dans cette perspective, c’est l’épargnant. S’il se contente de garder ses Ă©conomies dans un bas de laine, il est manifeste que celles-ci ne contribuent pas Ă  l’emploi. Si, par contre, ils les investit, cela devient plus compliquĂ©, et divers cas se prĂ©sentent. L’une des choses les plus banales que l’on puisse faire de ses Ă©conomies, c’est de les traiter Ă  l’État. Étant donnĂ© que le gros des dĂ©penses publiques de la plupart des États civilisĂ©s est consacrĂ©s soit au remboursement des dettes causĂ©es par des guerres antĂ©rieures, soit Ă  la prĂ©paration de guerres Ă  venir, celui qui prĂȘte son argent Ă  l’État se met dans une situation similaire Ă  celle des vilains personnages qui, dans les piĂšces de Shakespeare, en gage des assassins. En fin de compte, le produit de son Ă©conomie sert Ă  accroĂźtre les forces armĂ©es de l’État auquel il prĂȘte ses Ă©pargnes. De toute Ă©vidence, il vaudrait mieux qu’ils dĂ©pensent son pĂ©cule, quitte Ă  le jouer ou Ă  le boire. Mais, me direz-vous, le cas est totalement diffĂ©rent si l’épargne est investie dans des entreprises industrielles. C’est vrai, du moins quand de telles entreprises rĂ©ussissent et produisent quelque chose d’utile. Cependant, de nos jours, nul ne peut nier que la plupart des entreprises Ă©chouent. Ce qui veut dire qu’une grande partie du travail humain aurait pu ĂȘtre consacrĂ©e Ă  produire quelque chose d’utile et agrĂ©able s’est dissipĂ©e dans la fabrication de machines qui, une fois fabriquĂ©es, sont restĂ©s inutilisĂ©es sans profiter Ă  personne. Celui qui investit ses Ă©conomies dans une entreprise qui fait faillite cause donc du tort aux autres autant qu’à lui-mĂȘme. Si, par exemple, il dĂ©pensait son argent en fĂȘtes pour ses amis, ceux-ci on peut l’espĂ©rer en retireraient du plaisir, ainsi d’ailleurs que tous ceux chez qui il s’approvisionnerait, comme le boucher, le boulanger et le bootlegger. Mais s’il le dĂ©pense, par exemple, pour financer la pose de rails de tramway en un endroit oĂč il n’en a que faire, il a dĂ©viĂ© une somme de travail considĂ©rable dans des voies oĂč ce travail ne procure de plaisir Ă  personne. NĂ©anmoins, quand la faillite de son investissement l’aura rĂ©duit Ă  la pauvretĂ©, on le considĂ©rera comme la victime d’un malheur immĂ©ritĂ©, tandis que le joyeux prodigue, malgrĂ© le caractĂšre philanthropique de ses dĂ©penses, sera mĂ©prisĂ© pour sa bĂȘtise et sa frivolitĂ©. Tout ceci n’est que prĂ©ambule. Pour parler sĂ©rieusement, ce que je veux dire, c’est que le fait de croire que le TRAVAIL est une vertu est la cause de grands mots dans le monde moderne, et que la voie bonheur et de la prospĂ©ritĂ© passe par une diminution mĂ©thodique du travail. Et d’abord, qu’est-ce que le travail ? Il existe deux types de travail le premier consiste Ă  dĂ©placer une certaine quantitĂ© de matiĂšre se trouvant Ă  la surface de la terre, ou dans le sol mĂȘme ; le second, Ă  dire Ă  quelqu’un d’autre de le faire. Le premier type de travail est dĂ©sagrĂ©able et mal payĂ© ; le second est agrĂ©able et trĂšs bien payĂ©. Le second type de travail peut s’étendre de façon illimitĂ©e il y a non seulement ceux qui donnent des ordres, mais aussi ceux qui donnent des conseils sur le genre d’ordres Ă  donner. Normalement, deux sortes de conseils sont donnĂ©s simultanĂ©ment par deux groupes organisĂ©s c’est ce qu’on appelle la politique. Il n’est pas nĂ©cessaire pour accomplir ce type de travail de possĂ©der des connaissances dans le domaine oĂč l’on dispense des conseils ce qu’il faut par contre, c’est maĂźtriser l’art de persuader par la parole et par l’écrit, c’est-Ă -dire l’art de la publicitĂ©. Partout en Europe, mais pas en AmĂ©rique, il existe une troisiĂšme classe d’individus, plus respectĂ©e que ne l’est aucune des deux autres. Ce sont des gens qui, parce qui possĂšdent des terres, sont en mesure de faire payer aux autres le privilĂšge d’ĂȘtre autorisĂ©s Ă  exister et Ă  travailler. Ces propriĂ©taires fonciers sont des oisifs et on pourrait donc s’attendre Ă  ce que j’en fasse l’éloge. Malheureusement, leur oisivetĂ© n’est rendue possible que par l’industrie des autres ; en fait, leur dĂ©sir d’une oisivetĂ© confortable est, d’un point de vue historique, la source mĂȘme du dogme du travail. La derniĂšre chose qu’ils voudraient serait que d’autres suivent leur exemple. Depuis le dĂ©but de la civilisation jusqu’à la RĂ©volution industrielle, en rĂšgle gĂ©nĂ©rale, un homme ne pouvait guĂšre produire par son labeur plus qu’il ne lui fallait, Ă  lui et Ă  sa famille, pour subsister mĂȘme si sa femme peinait Ă  la tĂąche au moins autant que lui, et si ses enfants se joignaient Ă  eux des petits en Ă©taient capables. Le peu d’excĂ©dent qui restait lorsqu’on avait assurĂ© les choses essentielles de la vie n’était pas concernĂ© par ceux qui l’avaient produit c’étaient les guerriers et les prĂȘtres se l’appropriaient. Par temps de famine, il n’y avait pas d’excĂ©dent, mais les prĂȘtres et les guerriers prĂ©levaient leur dĂ» comme de rien n’était, en sorte que nombre de travailleurs mourait de faim. C’est le systĂšme que connut la Russie jusqu’en 1917 et qui perdure encore en Orient. En Angleterre, malgrĂ© la RĂ©volution industrielle, il continua Ă  sĂ©vir tout au long des guerres napolĂ©oniennes et jusque dans les annĂ©es 1830, qui virent la montĂ©e d’une nouvelle classe de manufacturiers. En AmĂ©rique, il prit fin avec la RĂ©volution, sauf dans le Sud, oĂč il se perpĂ©tua jusqu’à la Guerre de SĂ©cession. Un systĂšme qui a durĂ© aussi longtemps et qui n’a pris fin que si rĂ©cemment a naturellement laissĂ© une marque profonde dans les pensĂ©es et les opinions des gens. La plupart de nos convictions quant aux avantages du travail sont issus de ce systĂšme Ă©tant donnĂ© leurs origines prĂ©-industrielles, il est Ă©vident que ces idĂ©es ne sont pas adaptĂ©es au monde moderne. La technique moderne a permis aux loisirs, jusqu’à un certain point, de cesser d’ĂȘtre la prĂ©rogative des classes privilĂ©giĂ©es minoritaires pour devenir un droit Ă©galement rĂ©parti dans l’ensemble de la collectivitĂ©. La morale travail est une morale d’esclave, et le monde moderne n’a nul besoin de l’esclavage. De toute Ă©vidence, s’ils avaient Ă©tĂ© laissĂ©s Ă  eux mĂȘmes, les paysans des collectivitĂ©s primitives ne se seraient jamais dessaisis du maigre excĂ©dent qui devait ĂȘtre consacrĂ© Ă  la subsistance des prĂȘtres et des guerriers, mais aurait soit rĂ©duit leur production, soit augmentĂ© leur consommation. Au dĂ©but, c’est par la force brute qu’ils furent contraints de produits ce surplus et de s’en dĂ©munir. Peu Ă  peu cependant, on s’aperçut qu’il Ă©tait possible de faire accepter Ă  bon nombre d’entre eux une Ă©thique selon laquelle il Ă©tait de leur devoir de travailler dur, mĂȘme si une partie de leur travail servait Ă  entretenir d’autres individus dans l’oisivetĂ©. De la sorte, la contrainte Ă  exercer Ă©tait moindre, et les dĂ©penses du gouvernement en Ă©taient diminuĂ©es d’autant. Encore aujourd’hui, 99 % des salariĂ©s britanniques seraient vĂ©ritablement choquĂ©s si l’on proposait que le roi ne puisse jouir d’un revenu supĂ©rieur Ă  celui d’un travailleur. La notion de devoir, point de vue historique s’entend, fut un moyen qu’ont employĂ© les puissants pour amener les autres Ă  consacrer leur vie aux intĂ©rĂȘts de leurs maĂźtres plutĂŽt qu’aux leurs. Bien entendu, ceux qui dĂ©tiennent le pouvoir se masquent cette rĂ©alitĂ© Ă  eux-mĂȘmes en se persuadant que leurs intĂ©rĂȘts coĂŻncident avec ceux de l’humanitĂ© tout entiĂšre. C’est parfois vrai les AthĂ©niens qui possĂ©daient des esclaves, par exemple, employĂšrent une partie de leurs loisirs Ă  apporter Ă  la civilisation une contribution permanente, ce qui aurait Ă©tĂ© impossible sous un rĂ©gime Ă©conomique Ă©quitable. Le loisir est indispensable Ă  la civilisation, et, jadis, le loisir d’un petit nombre n’était possible que grĂące au labeur du grand nombre. Mais ce labeur avait de la valeur, non parce que le travail est une bonne chose, mais parce que le loisir est une bonne chose. GrĂące Ă  la technique moderne, il serait possible de rĂ©partir le loisir de façon Ă©quitable sans porter prĂ©judice Ă  la civilisation. La technique moderne a permis de diminuer considĂ©rablement la somme de travail requise pour procurer Ă  chacun les choses indispensables Ă  la vie. La preuve en fut faite durant la guerre. Au cours de celle-ci, tous les hommes mobilisĂ©s sous les drapeaux, tous les hommes et toutes les femmes affectĂ©s soit Ă  la production de munitions, soit encore Ă  l’espionnage, Ă  la propagande ou Ă  un service administratif reliĂ© Ă  la guerre, furent retirĂ©s des emplois productifs. MalgrĂ© cela, le niveau de bien-ĂȘtre matĂ©riel de l’ensemble des travailleurs nonspĂ©cialisĂ©s cĂŽtĂ© des AlliĂ©s Ă©tait plus Ă©levĂ© qu’il ne l’était auparavant ou qu’il ne l’a Ă©tĂ© depuis. La portĂ©e de ce fait fut occultĂ©e par des considĂ©rations financiĂšres les emprunts donnĂšrent l’impression que le futur nourrissait le prĂ©sent. Bien sĂ»r, c’était lĂ  chose impossible personne ne peut manger un pain qui n’existe pas encore. La guerre a dĂ©montrĂ© de façon concluante que l’organisation scientifique de la production permet de subvenir aux besoins des populations modernes en n’exploitant qu’une part minime de la capacitĂ© de travail du monde actuel. Si, Ă  la fin de la guerre, cette organisation scientifique laquelle avait Ă©tĂ© mise au point pour dĂ©gager un bon nombre d’hommes afin qu’ils puissent ĂȘtre affectĂ©s au combat ou au service des munitions avait Ă©tĂ© prĂ©servĂ©e, et si on avait pu rĂ©duire Ă  quatre le nombre d’heures de travail, tout aurait Ă©tĂ© pour le mieux. Au lieu de quoi, on en est revenu au vieux systĂšme chaotique oĂč ceux dont le travail Ă©tait en demande devaient faire de longues journĂ©es tandis qu’on n’abandonnait le reste au chĂŽmage et Ă  la faim. Pourquoi ? Parce que le travail est un devoir et que le salaire d’un individu ne doit pas ĂȘtre proportionnĂ© Ă  ce qu’il produit, mais proportionnĂ© Ă  sa vertu, laquelle se mesure Ă  son industrie. On reconnaĂźt la morale de l’État esclavagiste, mais s’appliquant cette fois dans des circonstances qui n’ont rien Ă  voir avec celles dans lesquelles celui-ci a pris naissance. Comment s’étonner que le rĂ©sultat est Ă©tĂ© dĂ©sastreux. Prenons un exemple. Supposons qu’à un moment donnĂ©, un certain nombre de gens travaillent Ă  fabriquer des Ă©pingles. Ils fabriquent autant d’épingles qu’il en faut dans le monde entier, en travaillant, disons, huit heures par jour. Quelqu’un met au point une invention qui permet au mĂȘme nombre de personnes de faire deux fois plus d’épingles auparavant. Bien, mais le monde n’a pas besoin de deux fois plus d’épingles les Ă©pingles sont dĂ©jĂ  si bon marchĂ© qu’on n’en achĂštera guĂšre davantage mĂȘme si elles coĂ»tent moins cher. Dans un monde raisonnable, tous ceux qui sont employĂ©s dans cette industrie se mettraient Ă  travailler quatre heures par jour plutĂŽt que huit, et tout irait comme avant. Mais dans le monde rĂ©el, on craindrait que cela ne dĂ©moralise les travailleurs. Les gens continuent donc Ă  travailler huit heures par jour, il y a trop d’épingles, des employeurs font faillite, et la moitiĂ© des ouvriers perdent leur emploi. Au bout du compte, la somme de loisirs est la mĂȘme dans ce cas-ci que dans l’autre, sauf que la moitiĂ© des individus concernĂ©s en sont rĂ©duits Ă  l’oisivetĂ© totale, tandis que l’autre moitiĂ© continue Ă  trop travailler. On garantit ainsi que le loisir, par ailleurs inĂ©vitable, sera cause de misĂšre pour tout le monde plutĂŽt que d’ĂȘtre une source de bonheur universel. Peut-on imaginer plus absurde ? L’idĂ©e que les pauvres puissent avoir des loisirs a toujours choquĂ© les riches. En Angleterre, au XIXe siĂšcle, la journĂ©e de travail normal Ă©tait de quinze heures pour les hommes, de douze heures pour les enfants, bien que ces derniers est parfois travaillĂ© quinze heures eux aussi. Quand des fĂącheux, des empĂȘcheurs de tourner en rond suggĂ©raient que c’était peut-ĂȘtre trop, ont leur rĂ©pondait que le travail Ă©vitait aux adultes de sombrer dans l’ivrognerie et aux enfants de faire des bĂȘtises. Dans mon enfance, peu aprĂšs que les travailleurs des villes eurent acquis le droit de vote, un certain nombre de jours fĂ©riĂ©s furent Ă©tablis en droit, au grand dam des classes supĂ©rieures. Je me rappelle avoir entendu une vieille duchesse qui disait qu’est-ce que les pauvres vont faire avec des congĂ©s ? C’est travailler qu’il faut. » De nos jours, les gens sont moins francs, mais conserve les mĂȘmes idĂ©es reçues, lesquels sont en grande partie Ă  l’origine de notre confusion dans le domaine Ă©conomique. Examinons un instant cette morale du travail de façon franche et dĂ©nuĂ©e de superstition. Chaque ĂȘtre humain consomme nĂ©cessairement au cours de son existence une certaine part de ce qui est produit par le travail humain. Si l’on suppose, comme il est lĂ©gitime, que le travail est dans l’ensemble dĂ©sagrĂ©able, il est injuste qu’un individu consomme davantage qu’il ne produit. Bien entendu, il peut fournir des services plutĂŽt que des biens de consommation, comme un mĂ©decin, par exemple ; mais il faut qu’il fournisse quelque chose en Ă©change du gĂźte et du couvert. En ce sens, il faut admettre que le travail est un devoir, mais en ce sens seulement. Je n’insisterai pas sur le fait que dans toutes les sociĂ©tĂ©s modernes, mis Ă  part l’URSS, beaucoup de gens Ă©chappent mĂȘme Ă  ce minimum de travail, je veux parler de ceux qui reçoivent de l’argent par hĂ©ritage ou par mariage. Je pense qu’il est beaucoup moins nuisible de permettre Ă  ces gens-lĂ  de vivres oisifs que de condamner ceux qui travaillent Ă  se crever Ă  la tĂąche Ă  crever de faim. Si le salariĂ© ordinaire travaillait quatre heures par jour, il y aurait assez de tout pour tout le monde, et pas de chĂŽmage en supposant qu’on ait recours Ă  un minimum d’organisation rationnelle. Cette idĂ©e choc les nantis parce qu’ils sont convaincus que les pauvres ne sauraient comment utiliser autant de loisirs. En AmĂ©rique, les hommes font souvent de longues journĂ©es de travail mĂȘme s’ils sont dĂ©jĂ  trĂšs Ă  l’aise ; de tels hommes sont naturellement indignĂ©s Ă  l’idĂ©e que les salariĂ©s puissent connaĂźtre le loisir, sauf sous la forme d’une rude punition pour s’ĂȘtre retrouvĂ© au chĂŽmage. En fait, ils exĂšcrent le loisir, mĂȘme pour leurs fils. Chose pourtant curieuse, alors qu’ils veulent que leur fils travaille tellement qu’ils n’aient pas le temps d’ĂȘtre civilisĂ©s, ça ne les dĂ©range pas que leurs femmes et leurs filles n’aient absolument rien Ă  faire. Dans une sociĂ©tĂ© aristocratique, l’admiration snobisme voue Ă  l’inutile s’étend aux deux sexes, alors que, dans une ploutocratie, elle se limite aux femmes, ce qui n’est d’ailleurs pas pour la rendre plus conformes au sens commun. Le bon usage du loisir, il faut le reconnaĂźtre, est le produit de la civilisation et de l’éducation. Un homme qui a fait de longues journĂ©es de travail toute sa vie s’ennuiera s’il est soudain livrĂ© Ă  l’oisivetĂ©. Mais sans une somme considĂ©rable de loisir Ă  sa disposition, un homme n’a pas accĂšs Ă  la plupart des meilleures choses de la vie. Il n’y a plus aucune raison pour que la majeure partie de la population subisse cette privation ; seul un ascĂ©tisme irrĂ©flĂ©chi, entretient notre obsession du travail excessif Ă  prĂ©sent que le besoin s’en fait sentir. Quoi que le nouveau dogme auquel est soumis le gouvernement de la Russie comporte de grandes diffĂ©rences avec l’enseignement traditionnel de l’Occident, il y a certaines choses qui n’ont aucunement changĂ©. L’attitude des classes gouvernantes, en particulier de ceux qui s’occupent de propagande Ă©ducative, quant Ă  la dignitĂ© du travail, est presque exactement celle que les classes gouvernantes du monde entier ont toujours prĂȘchĂ©e Ă  ceux que l’on appelait les bons pauvres ». Être industrieux, sobre, disposĂ©s Ă  travailler dur pour des avantages lointains, tout cela revient sur le tapis, mĂȘme la soumission Ă  l’autoritĂ©. D’ailleurs, l’autoritĂ© reprĂ©sente toujours la volontĂ© du MaĂźtre de l’Univers, lequel, toutefois, est maintenant connu sous le nom de MatĂ©rialisme Dialectique. La victoire du prolĂ©tariat en Russie a certains points en commun avec la victoire des fĂ©ministes dans d’autres pays. Durant des siĂšcles, les hommes avaient concĂ©dĂ© aux femmes la supĂ©rioritĂ© sur l’échelle de la saintetĂ© et les avaient consolĂ©s de leur infĂ©rioritĂ© en faisant valoir que la saintetĂ© est plus dĂ©sirable que le pouvoir. À la fin, les fĂ©ministes ont dĂ©cidĂ© qu’elles voulaient les deux, puisque les premiĂšres d’entre elles croyaient tout ce que les hommes leur avaient racontĂ© sur l’excellence de la vertu, mais pas ce qu’ils avaient dit quant Ă  l’insignifiance pouvoir politique. Quelque chose d’analogue s’est produit en Russie en ce qui a trait au travail manuel. Pendant des siĂšcles, les riches et leurs thurifĂ©raires ont fait l’éloge de l’honnĂȘte labeur », ont vantĂ© la vie simple, ont professĂ© une religion qui enseigne que les pauvres ont bien plus de chances que les riches d’aller au paradis. En gĂ©nĂ©ral, ils ont essayĂ© de faire croire aux travailleurs manuels que toute activitĂ© qui consiste Ă  dĂ©placer de la matiĂšre revĂȘt une certaine forme de noblesse, tout comme les hommes ont tentĂ© de faire croire aux femmes que l’esclavage sexuel leur confĂ©rait une espĂšce de grandeur. En Russie, toutes ces leçons portant sur l’excellence du travail manuel ont Ă©tĂ© prises au sĂ©rieux, tant et si bien que le travailleur manuel est placĂ© sur un piĂ©destal. On lance ainsi des appels Ă  une mobilisation, au nom de valeurs essentiellement passĂ©istes, mais pas Ă  des fins traditionnelles, plutĂŽt dans le but de recruter des travailleurs de choc pour des tĂąches dĂ©terminĂ©es. Le travail manuel est idĂ©al que l’on prĂ©sente aux jeunes, il est aussi Ă  la base de toute leçon de morale. Pour l’instant, il est possible que ce soit trĂšs bien ainsi. Un pays immense, regorgeant de ressources naturelles, attend d’ĂȘtre dĂ©veloppĂ©, et ce dĂ©veloppement doit s’effectuer sans qu’on puisse recourir au crĂ©dit. Dans de telles circonstances, un travail acharnĂ© est nĂ©cessaire et portera probablement ses fruits. Mais que va-t-il se passer lorsqu’on aura atteint le point oĂč il serait possible que tout le monde vive Ă  l’aise sans trop travail ? À l’Ouest, nous avons diverses maniĂšres de rĂ©soudre le problĂšme. En l’absence de toute tentative de justice Ă©conomique, une grande proportion du produit global va Ă  une petite minoritĂ© de la population, laquelle compte beaucoup d’oisifs. Comme il n’existe pas de contrĂŽle central de la production, nous produisons Ă©normĂ©ment de choses dont nous n’avons pas besoin. Nous maintenons une forte proportion de la main-d’oeuvre en chĂŽmage parce que nous pouvons nous passer d’elle en surchargeant de travail ceux qui restent. Quand toutes ces mĂ©thodes s’avĂšrent insuffisantes, nous faisons la guerre nous employons ainsi un certain nombre de gens Ă  fabriquer des explosifs et d’autres Ă  les faire Ă©clater, comme si nous Ă©tions des enfants venaient de dĂ©couvrir les feux d’artifice. En combinant ces divers procĂ©dĂ©s, nous parvenons, non sans mal, Ă  prĂ©server l’idĂ©e que le travail manuel, long et pĂ©nible, est le lot inĂ©luctable de l’homme du commun. En Russie, Ă©tant donnĂ© qu’il y a plus de justice Ă©conomique et de contrĂŽle centralisĂ© de la production, le problĂšme sera rĂ©solu diffĂ©remment. La solution rationnelle serait, aussitĂŽt qu’on aura subvenu aux besoins essentiels de chacun et assurer un minimum de confort, de rĂ©duire graduellement les heures de travail, en laissant Ă  la population le soin de dĂ©cider par rĂ©fĂ©rendum, Ă  chaque Ă©tape, s’il vaut mieux augmenter le loisir ou la production. Toutefois, comme les autoritĂ©s en place ont fait du labeur la vertu suprĂȘme, on voit mal comment elles pourront viser un paradis oĂč il y aura beaucoup de loisirs et peu de travail. Il semble plus probable qu’elles trouveront continuellement de nouvelles raisons de justifier le sacrifice du loisir prĂ©sent au profit d’une productivitĂ© future. J’ai lu rĂ©cemment que des ingĂ©nieurs russes ont proposĂ© un plan assez ingĂ©nieux pour augmenter la tempĂ©rature de la mer Blanche et du littoral septentrional de la SibĂ©rie en construisant un barrage sur la mer de Kara. Projet admirable, mais qui risque de reporter d’une gĂ©nĂ©ration le confort des prolĂ©taires, pendant que l’effort laborieux dĂ©ploie toute sa noblesse parmi les champs de glace et les tempĂȘtes de neige de l’ocĂ©an Arctique. Si une telle entreprise devait voir le jour, elle ne saurait rĂ©sulter que d’une conception du travail pĂ©nible comme fin en soi, plutĂŽt que comme moyen de parvenir Ă  un Ă©tat de choses oĂč ce genre de travail ne sera plus nĂ©cessaire. Le fait est que l’activitĂ© qui consiste Ă  dĂ©placer de la matiĂšre, si elle est, jusqu’à un certain point, nĂ©cessaire Ă  notre existence, n’est certainement pas l’une des fins de la vie humaine. Si c’était le cas, nous devrions penser que n’importe quel terrassier est supĂ©rieur Ă  Shakespeare. Deux facteurs nous ont induit en erreur Ă  cet Ă©gard. L’un, c’est qu’il faut bien faire en sorte que les pauvres soient contents de leur sort, ce qui a conduit les riches, durant des millĂ©naires, Ă  prĂȘcher la dignitĂ© du travail, tout en prenant bien soin eux-mĂȘmes de manquer Ă  ce noble idĂ©al. L’autre est le plaisir nouveau que procure la mĂ©canique en nous permettant d’effectuer Ă  la surface de la terre des transformations d’une Ă©tonnante ingĂ©niositĂ©. En fait aucun de ces deux facteurs ne saurait motiver celui qui doit travailler. Si vous lui demandez son opinion sur ce qu’il y a de mieux dans sa vie, il y a peu de chances qu’ils vous rĂ©pondent j’aime le travail manuel parce que ça me donne l’impression d’accomplir la tĂąche la plus noble de l’homme, et aussi par ce que j’aime penser aux transformations que l’homme est capable de faire subir Ă  sa planĂšte. C’est vrai que mon corps a besoin de pĂ©riodes de repos, oĂč il faut que je m’occupe du mieux que je peux, mais je ne suis jamais aussi content que quand vient le matin et que je peux retourner Ă  la besogne qui est la source de bonheur. » Je n’ai jamais entendu d’ouvriers parler de la sorte. Ils considĂšrent, Ă  juste titre, que le travail est un moyen nĂ©cessaire pour gagner sa vie, et c’est leurs heures de loisir qu’ils tirent leur bonheur, tel qu’il est. On dira que, bien qu’il soit agrĂ©able d’avoir un peu de loisirs, s’ils ne devaient travailler que quatre heures par jour, les gens ne sauraient pas comment remplir leurs journĂ©es. Si cela est vrai dans le monde actuel, notre civilisation est bien en faute ; Ă  une Ă©poque antĂ©rieure, ce n’aurait pas Ă©tĂ© le cas. Autrefois, les gens Ă©taient capables d’une gaietĂ© et d’un esprit ludique qui ont Ă©tĂ© plus ou moins inhibĂ©s par le culte de l’efficacitĂ©. L’homme moderne pense que toute activitĂ© doit servir Ă  autre chose, qu’aucune activitĂ© ne doit ĂȘtre une fin en soi. Les gens sĂ©rieux, par exemple, condamnent continuellement l’habitude d’aller au cinĂ©ma, et nous disent que c’est une habitude les jeunes au crime. Par contre, tout le travail que demande la production cinĂ©matographique est respectable, parce qu’il gĂ©nĂšre des bĂ©nĂ©fices financiers. L’idĂ©e que les activitĂ©s dĂ©sirables sont celles qui engendrent des profits a tout mis Ă  l’envers. Le boucher, qui vous fournit en viande, et le boulanger, qui vous fournit en pain, sont dignes d’estime parce qu’il gagnait de l’argent ; mais vous, quand vous savourez la nourriture qu’ils vous ont fournie, vous n’ĂȘtes que frivole, Ă  moins que vous ne mangiez dans l’unique but de reprendre des forces avant de vous remettre au travail. De façon gĂ©nĂ©rale, on estime que gagner de l’argent, c’est bien, mais que le dĂ©penser, c’est mal. Quelle absurditĂ©, si l’on songe qu’il y a toujours deux parties dans une transaction autant soutenir que les clĂ©s, c’est bien, mais les trous de serrure, non. Si la production de biens a quelque mĂ©rite, celui-ci ne saurait rĂ©sider que dans l’avantage qu’il peut y avoir Ă  les consommer. Dans notre sociĂ©tĂ©, l’individu travaille pour le profit, mais la finalitĂ© sociale de son travail rĂ©side dans la consommation de ce qu’il produit. C’est ce divorce entre les fins individuelles et les fins sociales de la production qui empĂȘche les gens de penser clairement dans un monde oĂč c’est le profit qui motive l’industrie. Nous pensons trop Ă  la production, pas assez Ă  la consommation. De ce fait, nous attachons trop peu d’importance au plaisir et au bonheur simple, et nous ne jugeons pas la production en fonction du plaisir qu’elle procure aux consommateurs. Quand je suggĂšre qu’il faudrait rĂ©duire Ă  quatre le nombre d’heures de travail, je ne veux pas laisser entendre qu’il faille dissiper en pure frivolitĂ© tout le temps qui reste. Je veux dire qu’en travaillant quatre heures par jour, un homme devrait avoir droit aux choses qui sont essentielles pour vivre dans un minimum de confort, et qu’il devrait pouvoir disposer du reste de son temps comme bon lui semble. Dans un tel systĂšme social, il est indispensable que l’éducation soit poussĂ©e beaucoup plus loin qu’elle ne l’est actuellement pour la plupart des gens, et qu’elle vise, en partie, Ă  dĂ©velopper des goĂ»ts qui puissent permettre Ă  l’individu d’occuper ses loisirs intelligemment. Je ne pense pas principalement aux choses dites pour intellos ». Les danses paysannes, par exemple, ont disparu, sauf au fin fond des campagnes, mais les impulsions qui ont commandĂ© Ă  leur dĂ©veloppement doivent toujours exister dans la nature humaine. Les plaisirs des populations urbaines sont devenus essentiellement passifs aller au cinĂ©ma, assistĂ© Ă  des matchs de football, Ă©couter la radio, etc. Cela tient au fait que leurs Ă©nergies actives sont complĂštement accaparĂ©es par le travail ; si ces populations avaient davantage de loisir, elles recommenceraient Ă  goĂ»ter des plaisirs auxquels elles prenaient jadis une part active. Autrefois, il existait une classe oisive assez restreinte et une classe laborieuse plus considĂ©rable. La classe oisive bĂ©nĂ©ficiait davantage qui ne trouvaient aucun fondement dans la justice sociale, ce qui la rendait nĂ©cessairement despotique, limitait sa compassion, et l’amenait Ă  inventer des thĂ©ories qui pussent justifier ses privilĂšges. Ces caractĂ©ristiques flĂ©trissaient quelque peu ses lauriers, mais, malgrĂ© ce handicap, c’est Ă  elle que nous devons la quasi-totalitĂ© de ce que nous appelons la civilisation. Elle a cultivĂ© les arts et dĂ©couverts les sciences ; elle a Ă©crit les livres, inventĂ© les philosophies et affinĂ© les rapports sociaux. MĂȘme la libĂ©ration des opprimĂ©s a gĂ©nĂ©ralement reçu son impulsion d’en haut. Sans la classe oisive, l’humanitĂ© ne serait jamais sortie de la barbarie. Toutefois, cette mĂ©thode consistant Ă  entretenir une classe oisive dĂ©chargĂ©e de toute obligation entraĂźnait un gaspillage considĂ©rable. Aucun des membres de cette classe n’avait appris Ă  ĂȘtre industrieux, et, dans son ensemble, la classe elle-mĂȘme n’était pas exceptionnellement intelligente. Elle a pu engendrer un Darwin, mais, en contrepartie, elle a pondu des dizaines de milliers de gentilhomme campagnard dont les aspirations intellectuelles se bornaient Ă  chasser le renard et Ă  punir les braconniers. À prĂ©sent, les universitĂ©s sont censĂ©es fournir, d’une façon plus systĂ©matique, ce que la classe oisive produisait de façon accidentelle comme une sorte de sous-produits. C’est lĂ  un grand progrĂšs, mais qui n’est pas sans inconvĂ©nient. La vie universitaire est si diffĂ©rente de la vie dans le monde commun que les hommes dans un tel milieu n’ont gĂ©nĂ©ralement aucune notion des problĂšmes et des prĂ©occupations des hommes et des femmes ordinaires. De plus, leur façon de s’exprimer tant Ă  priver leurs idĂ©es de l’influence qu’elle mĂ©riterait d’avoir auprĂšs du public. Un autre dĂ©savantage tient au fait que les universitĂ©s sont des organisations, et qu’à ce titre, elle ne risquent de dĂ©courager celui dont les recherches empreintent des voies inĂ©dites. Aussi utile qu’elle soit, l’universitĂ© n’est donc pas en mesure de veiller de façon adĂ©quate aux intĂ©rĂȘts de la civilisation dans un monde oĂč tous ceux qui vivent en dehors de ses murs sont trop pris par leurs prĂ©occupations s’intĂ©resser Ă  des recherches sans but utilitaire. Dans un monde oĂč personne n’est contraint de travailler plus de quatre heures par jour, tous ceux qu’anime la curiositĂ© scientifique pourront lui donner libre cours, et tous les peintres pourront peindre sans pour autant vivre dans la misĂšre en dĂ©pit de leur talent. Les jeunes auteurs ne seront pas obligĂ©s de se faire de la rĂ©clame en Ă©crivant des livres alimentaires Ă  sensation, en vue d’acquĂ©rir l’indĂ©pendance financiĂšre que nĂ©cessitent les oeuvres monumentales qu’ils auront perdues le goĂ»t et la capacitĂ© de crĂ©er quand ils seront enfin libres de s’y consacrer. Ceux qui, dans leur vie professionnelle, se sont pris d’intĂ©rĂȘt pour telle ou telle phase de l’économie ou du gouvernement, pourront dĂ©velopper leurs idĂ©es sans s’astreindre au dĂ©tachement qui est de mise chez les universitaires, dont les travaux en Ă©conomie paraissent souvent quelque peu dĂ©collĂ©s de la rĂ©alitĂ©. Les mĂ©decins auront le temps de se tenir au courant des progrĂšs de la mĂ©decine, les enseignants ne devront pas se dĂ©mener, exaspĂ©rĂ©s, pour enseigner par des mĂ©thodes routiniĂšres des choses qu’ils ont apprises dans leur jeunesse et qui, dans l’intervalle, ce sont peut-ĂȘtre rĂ©vĂ©lĂ©s fausses. Surtout, le bonheur et la joie de vivre prendront la place de la fatigue nerveuse, de la lassitude et de la dyspepsie. Il y aura assez de travail Ă  accomplir pour rendre le loisir dĂ©licieux, mais pas assez pour conduire Ă  l’épuisement. Comme les gens ne seront pas trop fatiguĂ©s dans leur temps libre, ils ne rĂ©clameront pas pour seuls amusements ceux qui sont passifs et insipides. Il y en aura bien 1 % qui consacreront leur temps libre Ă  des activitĂ©s d’intĂ©rĂȘt public, et, comme ils ne dĂ©pendront pas de ces travaux pour gagner leur vie, leur originalitĂ© ne sera pas entravĂ©e et ils ne seront pas obligĂ©s de se conformer aux critĂšres Ă©tablis par de vieux pontifes. Toutefois, ce n’est pas seulement dans ces cas exceptionnels que se manifesteront les avantages du loisir. Les hommes et les femmes ordinaires, deviendront plus enclin Ă  la bienveillance qu’à la persĂ©cution et Ă  la suspicion. Le goĂ»t pour la guerre disparaĂźtra, en partie pour la raison susdite, mais aussi parce que celle-ci exigera de tous un travail long et acharnĂ©. La bontĂ© est, de toutes les qualitĂ©s morales, celle dont le monde a le plus besoin, or la bontĂ© est le produit de l’aisance et de la sĂ©curitĂ©, non d’une vie de galĂ©riens. Les mĂ©thodes de production modernes nous ont donnĂ© la possibilitĂ© de permettre Ă  tous de vivre dans l’aisance et la sĂ©curitĂ©. Nous avons choisi, Ă  la place, le surmenage pour les uns et la misĂšre pour les autres en cela, nous sommes montrĂ©s bien bĂȘte, mais il n’y a pas de raison pour persĂ©vĂ©rer dans notre bĂȘtise indĂ©finiment.

BertrandRussell. Date de parution : 26/01/2002; Editeur : Allia ; EAN : 9782844850836; Série : (-) Support : Poche Prix littéraire(s) : (-) Résumé: L'Eloge de l'oisiveté est une pépite dénichée dans l'oeuvre immense et protéiforme de Bertrand Russel. Dans la grande tradition des essayistes anglais (Swift, Stevenson), il manie le paradoxe

Les mĂ©thodes de production modernes ont rendu possibles le confort et la sĂ©curitĂ© pour tous ; Ă  la place, nous avons choisi le surmenage pour les uns et la famine pour les autres. Jusqu’à prĂ©sent nous avons continuĂ© Ă  dĂ©ployer la mĂȘme activitĂ© qu’au temps oĂč il n’y avait pas de machines ; en cela nous nous sommes montrĂ©s stupides, mais rien ne nous oblige Ă  persĂ©vĂ©rer Ă©ternellement dans cette stupiditĂ©. Bertrand Russell, Eloge de l’oisivetĂ©, 1932 1 NDT Syndrome d’épuisement professionnel. 1Quatre-vingt ans et une crise Ă©conomique mondiale plus tard, notre intelligence n’a manifestement guĂšre progressĂ©, au contraire si depuis lors la productivitĂ© du travail dans l’industrie et l’agriculture s’est vue grosso modo dĂ©cuplĂ©e, on ne peut pas dire qu’elle ait apportĂ© Ă  tous confort et sĂ©curitĂ©. L’Europe, qui certes, pour le moment, s’est sort encore relativement bien, assiste Ă  une hausse record de son taux de chĂŽmage. Quant aux quelques Ăźlots qui demeurent compĂ©titifs au plan global, ils luttent depuis des annĂ©es dĂ©jĂ  contre les nouvelles pandĂ©mies provoquĂ©es par la contraction progressive de l’offre de travail du burn-out-syndrom1 Ă  la mort subite due au surmenage en passant par la consommation routiniĂšre de produits psychopharmaceutiques. 2Gardons-nous cependant d’imaginer que cette ardeur excessive au travail constatĂ©e par Russell ne serait rien d’autre qu’une habitude devenue obsolĂšte et qu’il nous suffirait de laisser tomber – une habitude hĂ©ritĂ©e du temps oĂč il n’y avait pas de machines. Au Moyen Age, oĂč le travail comme fin en soi Ă©tait chose inconnue, on travaillait en fait moins qu’aujourd’hui. La raison en est simple le travail tel que nous l’entendons, c’est-Ă -dire la dĂ©pense abstraite d’énergie humaine indĂ©pendamment de tout contenu particulier, est historiquement spĂ©cifique. On ne le rencontre que sous le capitalisme. Dans n’importe quelle autre formation sociale, l’idĂ©e aujourd’hui si universellement rĂ©pandue selon laquelle un travail, quel qu’il soit, vaut mieux que pas de travail » aurait paru, Ă  juste titre, complĂštement dĂ©lirante. 3Ce dĂ©lire est le principe abstrait qui rĂ©git les rapports sociaux sous le capitalisme. Si l’on fait abstraction des activitĂ©s criminelles, le travail – qu’il s’agisse du nĂŽtre ou de l’appropriation de celui d’autrui – est pour nous l’unique moyen de participer Ă  la sociĂ©tĂ©. Mais, en mĂȘme temps, il ne dĂ©pend pas du contenu de l’activitĂ© en question ; que je fasse pousser des pommes de terre ou que je fabrique des bombes Ă  fragmentation n’a aucune importance, du moment que mon produit trouve un acheteur et transforme ainsi mon argent en davantage d’argent. Base de la valorisation de la valeur, le travail constitue une fin en soi et un principe social contraignant dont l’unique but consiste Ă  accumuler toujours plus de travail mort » sous forme de capital. 2 On trouvera cette citation et presque toutes les suivantes sur le trĂšs intĂ©ressant site internet ww ... 4Une contrainte Ă  laquelle tout est soumis dans la mĂȘme mesure ne se maintiendra durablement qu’à condition que ceux qu’elle ligote apprennent Ă  aimer leurs chaĂźnes. En cela aussi la sociĂ©tĂ© bourgeoise se distingue des prĂ©cĂ©dentes. D’Aristote Ă  Thomas d’Aquin en passant par Augustin, les philosophes de l’AntiquitĂ© et du Moyen Age ont cĂ©lĂ©brĂ© l’oisivetĂ© – et surtout pas le travail – comme la voie menant Ă  une vie heureuse2 Au dire de la plupart des hommes, le bonheur ne va pas sans le plaisir. Aristote 384 – 322 av. Ethique Ă  Nicomaque L’apprentissage de la vertu est incompatible avec une vie d’artisan et de manƓuvre. Aristote, Politique Quittons ces vaines et creuses occupations abandonnons tout le reste pour la recherche de la vĂ©ritĂ©. Augustin 354 – 430 ap. Les Confessions Absolument et de soi la vie contemplative est plus parfaite que la vie active. Thomas d’Aquin 1125 – 1274, Somme thĂ©ologique 5D’autres ne seront pas du mĂȘme avis, tels par exemple les fondateurs de certains ordres monastiques qui verront dans le travail un moyen d’atteindre l’ascĂšse et l’abstinence. Mais c’est seulement au protestantisme qu’il reviendra d’en faire un principe Ă  grande Ă©chelle, appliquĂ© Ă  l’ensemble de la population L’oisivetĂ© est pĂ©chĂ© contre le commandement de Dieu, car Il a ordonnĂ© qu’ici-bas chacun travaille. Martin Luther 1483 – 1546 6Et les LumiĂšres n’auront de cesse d’élever l'ethos du travail, autrement dit l’obligation morale de travailler, au rang de fin en soi Il est de la plus haute importance que les enfants apprennent Ă  travailler. L’homme est le seul animal qui doit travailler. Kant, RĂ©flexions sur l’éducation, 1803 La plus grande perfection morale possible de l’homme est de remplir son devoir et par devoir. Kant, Principes mĂ©taphysiques de la morale, 1797 Il n’existe qu’une seule Ă©chappatoire au travail faire travailler les autres pour soi. Kant, Critique du jugement, 1790 De ces trois vices la paresse, la lĂąchetĂ©, la faussetĂ©, le premier semble ĂȘtre le plus mĂ©prisable. Kant, Anthropologie d’un point de vue pragmatique, 1798 Que l’on s’informe tout particuliĂšrement sur les personnes qui se distinguent par une conduite indigne ! On dĂ©couvrira invariablement soit qu’elles n’ont pas appris Ă  travailler, soient qu’elles fuient le travail. Fichte, Discours Ă  la nation allemande, 1807 7Comme il apparaĂźt dĂ©jĂ  dans les derniĂšres citations, l’amour du travail s’avĂšre Ă©troitement liĂ© Ă  la haine des oisifs Chacun doit pouvoir vivre de son travail, dit un principe avancĂ©. Ce pouvoir-vivre est donc conditionnĂ© par le travail et n’existe nullement lĂ  oĂč la condition ne serait pas remplie. Fichte, Fondement du droit naturel, 1796 Dans les pays chauds, l’homme est mĂ»r plus tĂŽt Ă  tous Ă©gards mais n’atteint pas la perfection des zones tempĂ©rĂ©es. L’humanitĂ© dans sa plus grande perfection se trouve dans la race blanche. Les Indiens jaunes n’ont que peu de capacitĂ©s, les Noirs leur sont bien infĂ©rieurs encore, et au plus bas de l’échelle se placent certaines peuplades amĂ©ricaines. Kant, GĂ©ographie physique, 1802 Le barbare est paresseux et se distingue de l’homme civilisĂ© en ceci qu’il reste plongĂ© dans son abrutissement, car la formation pratique consiste prĂ©cisĂ©ment dans l’habitude et dans le besoin d’agir. Hegel, Principes de la philosophie du droit, 1820 8Ces propos excluants et racistes sous la plume des philosophes des LumiĂšres ne sont nullement de simples accidents de parcours mais relĂšvent au contraire de l’essence mĂȘme de l’idĂ©ologie du travail. Parce que ce courant de pensĂ©e transfigure le travail en vĂ©ritable but de l’existence de l’homme », tous les dĂ©sƓuvrĂ©s se voient par contrecoup exclus de la race humaine » l’homme est tenu de travailler ; partant, celui qui ne travaille pas ne peut prĂ©tendre au statut d’ĂȘtre humain Ă  part entiĂšre. 3 NDT Allusion Ă  la vision nazie mais qui est aussi celle d’une partie de la gauche opposant un bo ... 9Ce qui s’exprime ici, c’est la colĂšre du bourreau de travail blanc envers la pression qu’il s’est lui-mĂȘme imposĂ©e, une colĂšre qui prend pour cible tout ce qui fait mine de ne pas se soumettre Ă  ladite pression et de mener une existence oisive les femmes, en charge de la vraie vie » au sein de la sphĂšre privĂ©e – dissociĂ©e du travail – de la famille bourgeoise ; toutes sortes de peuples les attributions sont, cette fois, plus variĂ©es vivant, sans travailler, d’amour et d’eau fraĂźche ; ou encore le capital accapareur3 », qui s’approprie sans travailler la survaleur créée par d’autres. Les idĂ©ologies modernes du sexisme, du racisme, de l’antitsiganisme et de l’antisĂ©mitisme sont fondĂ©es, elles aussi, sur l'ethos du travail. 4 NDT Le championnat fĂ©dĂ©ral allemand. 5 NDT Le championnat europĂ©en. 10À partir des annĂ©es 1970, en faisant disparaĂźtre du procĂšs de production des quantitĂ©s toujours croissantes de travail, le potentiel de rationalisation de la microĂ©lectronique a plongĂ© le capitalisme dans la crise. Pour autant, la pression intĂ©rieure et extĂ©rieure qui pousse les hommes Ă  travailler n’a pas diminuĂ© mais s’est mĂȘme au contraire accentuĂ©e Ă  mesure que se rarĂ©fiaient les emplois ». Pour les laissĂ©s pour compte, les conditions se sont durcies ils sont dĂ©sormais trop nombreux pour que leur entretien humain reste longtemps encore compatible avec le maintien de la compĂ©titivitĂ© au plan global. La nĂ©cessitĂ© incontournable de ramener les hommes au travail » Angela Merkel ne fait qu’obscurcir la perception du problĂšme la responsabilitĂ© du chĂŽmage ne serait plus imputable Ă  la disparition progressive du travail mais aux chĂŽmeurs eux-mĂȘmes, qu’il faudrait par consĂ©quent ramener, par tous les moyens de coercition dont on dispose, Ă  un travail qui n’existe plus. Quelque chose de semblable se dĂ©roule Ă©galement au niveau europĂ©en on impose aux pays en faillite » restĂ©s Ă  la traĂźne de l’Europe des politiques d’austĂ©ritĂ© grĂące auxquelles ils sont censĂ©s, une fois cette pĂ©nible Ă©preuve traversĂ©e, redevenir compĂ©titifs. C’est aussi crĂ©dible que si la FĂ©dĂ©ration allemande de football prĂ©tendait, par un entraĂźnement appropriĂ©, hisser tous Ă  la fois les dix-huit clubs de la Bundesliga4 aux quatre places possibles en Ligue des champions5. 11Il n’y a manifestement d’issue que dans l’abolition du travail, mais cela implique bien sĂ»r d’abolir Ă©galement le capitalisme. S’y oppose en outre notre ethos du travail, fruit de plusieurs siĂšcles de dressage D’aucuns diront qu’il est certes agrĂ©able d’avoir un peu de loisir, mais que les gens ne sauraient pas comment remplir leurs journĂ©es s’ils n’avaient Ă  travailler que quatre heures par jour. Dans la mesure oĂč cela est vrai dans le monde moderne, cela constitue un reproche adressĂ© Ă  notre civilisation ; Ă  toute autre Ă©poque antĂ©rieure, ce n’aurait pas Ă©tĂ© le cas. Bertrand Russell, Eloge de l’oisivetĂ©, 1932 12Le sort que Hegel assignait aux barbares » nous revient donc celui qui est sans emploi n’a plus qu’à rester plongĂ© dans son abrutissement ». Autrement dit si le sujet bourgeois rĂ©pugne tellement Ă  imaginer sa vie sans le travail, c’est aussi parce que derriĂšre son ethos du travail rĂŽde la peur panique de sa propre vacuitĂ©.
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Achetezet tĂ©lĂ©chargez ebook Eloge de l'oisivetĂ© (Petite Collection): Boutique Kindle - Essais : Cela inclut l'utilisation de cookies internes et tiers qui stockent ou accĂšdent aux informations standard de l'appareil tel qu'un identifiant unique. Les tiers utilisent des cookies dans le but d'afficher et de mesurer des publicitĂ©s personnalisĂ©es, gĂ©nĂ©rer des Un massage pĂ©trit les mots et les idĂ©es. Un Ă©crivain britannique Ă©crit sur l'oisivetĂ©. Une TrĂšs Grande Vertu l'oisivetĂ© En 1932, le Britannique Bertrand Russell lance un vibrant appel Ă  la civilisation des loisirs et du bien-ĂȘtre. Ses arguments, incompris Ă  l'Ă©poque, gardent toute leur saveur prĂšs d'un siĂšcle plus tard. Propos visionnaires ? . . . Le bon usage du loisir est le produit de la civilisation et de l’éducation. Un homme qui a fait de longues journĂ©es de travail toute sa vie s’ennuie, s’il est soudain livrĂ© Ă  l’oisivetĂ©. PrivĂ© de loisirs, un homme n’a pas accĂšs aux meilleures choses de la vie. L’homme moderne pense que toute activitĂ© doit servir Ă  quelque-chose. Aucune activitĂ© ne doit ĂȘtre une fin en soi. Quand je suggĂšre qu’il faudrait rĂ©duire Ă  quatre le nombre d’heures de travail par jour, je ne veux pas laisser entendre qu’il faille dissiper en pure frivolitĂ© tout le temps qu’il reste. Je veux dire qu’en travaillant quatre heures par jour, un homme devrait avoir droit aux choses qui sont essentielles pour vivre dans un minimum de confort, et qu’il devrait pouvoir disposer du reste de son temps comme bon lui semble. L'oisivetĂ© engendre la curiositĂ© La classe oisive a construit la quasi-totalitĂ© de ce que nous appelons civilisation. Elle a cultivĂ© les arts, dĂ©couvert les sciences. Elle a Ă©crit les livres, inventĂ© les philosophies, raffinĂ© les rapports sociaux. MĂȘme la libĂ©ration des opprimĂ©s a souvent reçu son impulsion d’en haut. Sans la classe oisive, l’humanitĂ© ne serait jamais sortie de la barbarie. Dans un monde oĂč personne ne serait contraint de travailler plus de quatre heures par jour, ceux qu’anime la curiositĂ© scientifique lui donneront libre cours. Les peintres peindront sans pour autant vivre dans la misĂšre en dĂ©pit de leur talent. Les jeunes auteurs ne seront pas obligĂ©s de se faire de la rĂ©clame en Ă©crivant des livres alimentaires. Les mĂ©decins auront le temps de se maintenir au courant des progrĂšs de la mĂ©decine. Les enseignants ne devront pas se dĂ©mener pour enseigner par des mĂ©thodes routiniĂšres des choses qu’ils ont apprises dans leur jeunesse et qui, dans l’intervalle, se sont peut-ĂȘtre rĂ©vĂ©lĂ©es fausses. Surtout, le bonheur et la joie de vivre prendront la place de la fatigue nerveuse, de la lassitude et de la dyspepsie 1. À quoi bon travailler Ă  se battre ? Il y en aura bien 1 % qui consacreront leur temps libre Ă  des activitĂ©s d’intĂ©rĂȘt public. Comme ils ne dĂ©pendront pas de travaux pour gagner leur vie, leur originalitĂ© ne sera pas entravĂ©e et ils ne seront pas obligĂ©s de se conformer aux critĂšres Ă©tablis par de vieux experts. Et puis, les hommes et les femmes ordinaires, ayant dĂ©sormais la possibilitĂ© de vivre une existence heureuse, deviendront plus enclins Ă  la bienveillance qu’à la persĂ©cution et Ă  la suspicion. Le goĂ»t pour la guerre disparaĂźtra parce que celle-ci exigera de tous un travail long et acharnĂ©. La bontĂ© est, de toutes les qualitĂ©s morales, celle dont le monde a le plus besoin. Or la bontĂ© est le produit de l’aisance et de la sĂ©curitĂ©, non d’une vie de galĂ©rien. Les mĂ©thodes de production modernes nous ont donnĂ© la possibilitĂ© de permettre Ă  tous de vivre dans l’aisance et la sĂ©curitĂ©. Nous avons choisi, Ă  la place, le surmenage pour les uns et la misĂšre pour les autres en cela, nous nous sommes montrĂ©s bien bĂȘtes. » Mais il n’y a pas de raison pour persĂ©vĂ©rer dans notre bĂȘtise indĂ©finiment. » . .‱ Éloge de l’oisivetĂ©, par Bertrand Russell 1872-1970. Livre Ă©crit en 1932. MathĂ©maticien, logicien, philosophe, Ă©crivain, militant pacifiste, le Britannique Bertrand Russell fut l’un des plus grands intellectuels du XXĂšme siĂšcle. 1 dyspepsie sensation d’inconfort digestif apparaissant aprĂšs les repas dictionnaire Larousse. . . Je choisis une personne paresseuse pour un travail difficile, car une personne paresseuse va trouver un moyen facile de le faire. » Bill Gates Travailler dur Ă  ne presque rien faire au fil d'un massage ?

Elogede l'oisivetĂ© - Bertrand RUSSELL - L’Éloge de l'oisivetĂ© est une pĂ©pite dĂ©nichĂ©e dans l’Ɠuvre immense et protĂ©iforme de Bertrand Russell. Dans la grande tradition des essayistes anglais (Swift, Stevenson), il manie le paradoxe pour s'attaquer aux fondements mĂȘmes de la civilisation moderne. DerriĂšre l'humour et l'apparente lĂ©gĂšretĂ© du propos se

En fait, c'est dans son incertitude mĂȘme que rĂ©side largement la valeur de la philosophie. Celui qui ne s'y est pas frottĂ© traverse l'existence comme un prisonnier prisonnier des prĂ©jugĂ©s du sens commun, des croyances de son pays ou de son temps, de convictions qui ont grandi en lui sans la coopĂ©ration ni le consentement de la raison. Tout dans le monde lui paraĂźt aller de soi, tant les choses sont pour lui comme ceci et pas autrement, tant son horizon est limitĂ©; les objets ordinaires ne le questionnent pas, les possibilitĂ©s peu familiĂšres sont refusĂ©es avec mĂ©pris. Mais [...] Ă  peine commençons-nous Ă  philosopher que mĂȘme les choses de tous les jours nous mettent sur la piste de problĂšmes qui restent finalement sans rĂ©ponse. Sans doute la philosophie ne nous apprend-elle pas de façon certaine la vraie solution aux doutes qu'elle fait surgir mais elle suggĂšre des possibilitĂ©s nouvelles, elle Ă©largit le champ de la pensĂ©e en la libĂ©rant de la tyrannie de l'habitude. Elle amoindrit notre impression de savoir ce que sont les choses; mais elle augmente notre connaissance de ce qu'elles pourraient ĂȘtre; elle dĂ©truit le dogmatisme arrogant de ceux qui n'ont jamais traversĂ© le doute libĂ©rateur, et elle maintient vivante notre facultĂ© d'Ă©merveillement en nous montrant les choses familiĂšres sous un jour inattendu. Mais Ă  cĂŽtĂ© de cette fonction d'ouverture au possible, la philosophie tire sa valeur - et peut-ĂȘtre est-ce lĂ  sa valeur la plus haute - de la grandeur des objets qu'elle contemple, et de la libĂ©ration Ă  l'Ă©gard de la sphĂšre Ă©troite des buts individuels que cette contemplation induit ». Bertrand Russell. ProblĂšmes de philosophie. 1912 Payot 1989, p. ThĂšme La philosophie. Questions Qu'est-ce qui fait la valeur de la philosophie ? N'a-t-elle pas plusieurs vertus ? Lesquelles ? ThĂšse La valeur de la philosophie ne tient pas Ă  sa capacitĂ© Ă  rĂ©pondre aux questions qu'elle affronte. A l'inverse de la science qui parvient Ă  des rĂ©sultats positifs, la philosophie ne construit pas de savoirs positifs. Les questions qu'elles posent demeurent ouvertes car son champ de rĂ©flexion est le problĂ©matique. Il s'ensuit qu'elle cultive l'incertitude mais c'est largement» ce qui fait sa valeur. Celle-ci se dĂ©cline de deux maniĂšres D'une part le doute philosophique est ouverture au possible. D'autre part il Ă©largit des frontiĂšres du Moi en le dissolvant dans la contemplation de l'infinitĂ© de l'univers. Il est ainsi le vecteur d'une sĂ©rĂ©nitĂ© et d'une libertĂ© intĂ©rieure que seul peut connaĂźtre un spectateur dĂ©sintĂ©ressĂ© du monde. Eclaircissements Ce texte propose un Ă©loge de la philosophie car ce qui a de la valeur, c'est ce qui inspire le respect ou l'estime. Or paradoxalement, la valeur de la philosophie ne tient pas Ă  ce qu'elle fait grandir la science des hommes et comble l'esprit dans son dĂ©sir de savoir. Sa valeur rĂ©side dans son incertitude. Notons que la prĂ©cision "largement" contient une rĂ©serve. L'incertitude n'Ă©puise pas la valeur de la philosophie mais elle en est une dimension essentielle. Qu'est-ce donc que l'incertitude et en quoi est-ce une vertu ? L'incertitude est le propre d'un esprit qui ne peut pas adhĂ©rer Ă  un contenu de pensĂ©e parce qu'il a conscience de sa faiblesse thĂ©orique. Ne satisfaisant pas aux exigences rigoureuses de la vĂ©ritĂ©, celui-ci demeure douteux. Etre incertain consiste donc Ă  ĂȘtre travaillĂ© par le doute. En ce sens, l'esprit philosophique est le contraire d'un esprit dogmatique. Il s'Ă©tonne, interroge et cherche une vĂ©ritĂ© capable de rĂ©sister aux objections des sceptiques. Bertrand Russell montre que cette attitude est Ă  l'opposĂ© de l'attitude spontanĂ©e. Aussi dĂ©crit-il, en termes quasi platoniciens, les caractĂ©ristiques de l'homme Ă©tranger au questionnement philosophique. Celui-ci est un prisonnier. L'auteur Ă©numĂšre la nature des chaĂźnes le retenant prisonnier et nous apprenons que ce sont Les prĂ©jugĂ©s du sens commun. Les croyances de son temps et de son pays. L'habitude qui rend familier le monde environnant. Au fond, Russell pointe les mĂȘmes pesanteurs que celles que Platon indique dans l'allĂ©gorie de la caverne. AntĂ©rieurement Ă  l'Ă©veil philosophique, l'esprit est le jouet de divers conditionnements. Il a une passivitĂ© propice aux redoutables sĂ©ductions du doxique. Les choses lui semblent aller de soi, et il croit tellement qu'elles sont comme on les dit couramment qu'il oublie de se demander si on les dit comme elles sont. Russell insiste sur ce carcan des convictions qui ont grandi en lui sans la coopĂ©ration ni le consentement de sa raison ». Comme Platon et Descartes, il Ă©pingle la fatalitĂ© de l'enfance qui fait qu'on a absorbĂ© avec le lait maternel et l'apprentissage d'une langue, quantitĂ© de croyances Ă  l'Ă©laboration desquelles la raison n'a pas concouru. Il s'ensuit que l'esprit est toujours dĂ©jĂ  vieux de ce qu'il a inconsciemment incorporĂ© de telle sorte que penser revient Ă  se rĂ©veiller de cette somnolence et Ă  dire non Ă  un impensĂ© se donnant Ă  tort pour une pensĂ©e personnelle. Car l'inertie intellectuelle a ceci de prĂ©judiciable qu'elle confĂšre l'autoritĂ© d'Ă©vidences aux prĂ©jugĂ©s les plus dĂ©nuĂ©s de fondement rationnel. L'Ă©vidence est le caractĂšre d'Ă©noncĂ©s dont la vĂ©ritĂ© saute aux yeux. DĂšs lors comment douter de ce qui paraĂźt Ă©vident ? Le sentiment de l'Ă©vidence rend impermĂ©able au doute. Et l'inaptitude au doute va de pair avec l'Ă©troitesse d'esprit car tant qu'on est persuadĂ© de possĂ©der la vĂ©ritĂ©, on n'est pas enclin Ă  remettre en question ses certitudes. Les convictions opposĂ©es sont d'emblĂ©e disqualifiĂ©es. L'esprit passif est adhĂ©rent et bornĂ©. Il adhĂšre tellement qu'il est indisponible Ă  d'autres maniĂšres de penser que les siennes au point de leur opposer une fin de non recevoir mĂ©prisante. Manque d'imagination. Que l'on puisse avoir tort n'effleure mĂȘme pas. Suffisance et sottise du dogmatisme. La philosophie affranchit de cette misĂšre intellectuelle et morale. Elle suggĂšre des possibilitĂ©s nouvelles, elle Ă©largit le champ de la pensĂ©e en la libĂ©rant de la tyrannie de l'habitude ». Il n'y a rien de pire qu'une Ăąme habituĂ©e affirme Russell en Ă©cho Ă  PĂ©guy. Une Ăąme habituĂ©e est une Ăąme morte. Elle est tellement victime de la familiaritĂ© des significations dont elle est la caisse de rĂ©sonance qu'elle a perdu toute capacitĂ© d'Ă©tonnement et toute libertĂ© de faire surgir des significations ayant leur source dans sa propre activitĂ©. Or qu'est-ce que la pensĂ©e en l'homme ? C'est la fonction du possible. Le possible c'est ce qui n'est pas mais peut ĂȘtre. C'est ce qui existe dans la reprĂ©sentation avant de l'ĂȘtre dans la rĂ©alitĂ© si d'aventure l'homme se mĂȘle de faire exister ce qu'il a commencĂ© Ă  imaginer ou Ă  projeter. La reprĂ©sentation du possible est donc capacitĂ© de s'affranchir des limites du rĂ©el pour se projeter vers ce qui a son principe dans l'esprit humain. Tout contexte culturel est ainsi structurĂ© par un imaginaire propre Ă  un peuple donnĂ© et l'expĂ©rience montre que les imaginaires sont multiples et divers. Etre habituĂ© consiste Ă  ĂȘtre prisonnier d'un imaginaire singulier au point d'avoir perdu la possibilitĂ© de le confronter Ă  d'autres imaginaires et d'en interroger la valeur de vĂ©ritĂ©. A l'inverse, philosopher c'est faire retour sur l'esprit pour dĂ©voiler le monde comme un esprit ou une libertĂ© peut le faire. C'est par exemple opposer Ă  l'ordre de l'ĂȘtre celui du devoir-ĂȘtre et cela consiste Ă  juger le monde auquel on appartient, en substituant aux normes sociales convenues, les normes spirituelles et morales. C'est envisager d'autres significations et d'autres valeurs que celles qui sont, elles aussi, convenues. Cette libertĂ© n'est rendue possible que par un effort d'affranchissement de la tyrannie de l'habitude ». Avec le mot tyrannie », l'auteur insiste sur la force et l'arbitraire du pouvoir qui asservit l'esprit Ă  son insu. Comme Platon, il fait gloire Ă  la philosophie de dĂ©stabiliser le dogmatisme arrogant de ceux qui n'ont jamais traversĂ© le doute libĂ©rateur » et de promouvoir ainsi une vĂ©ritable libĂ©ration intellectuelle et morale. Mais ce n'est pas tout. La philosophie a encore un mĂ©rite plus grand, une valeur plus haute. Non seulement elle fait respirer l'air de la libertĂ© intellectuelle et morale mais elle a encore l'avantage d'Ă©largir les intĂ©rĂȘts du Moi Ă  une dimension telle que ceux-ci perdent toute consistance. Russell dĂ©crit ici l'ascĂšse des prĂ©occupations du Moi individuel que produit la philosophie par la seule efficacitĂ© de la contemplation de son objet. Son objet est la vĂ©ritĂ©, l'Etre dans sa totalitĂ© et ces objets sont proprement infinis. Dans la lumiĂšre de cet horizon, le Moi individuel se dĂ©leste de la fonction centrale qu'il occupe dans l'existence Ă©gotiste du sujet non pensant. Les intĂ©rĂȘts privĂ©s sont remis Ă  leur place. Non point qu'ils soient sans intĂ©rĂȘt mais enfin leur caractĂšre dĂ©risoire dans l'infinitĂ© de l'univers apparaĂźt au grand jour. Et il y a dans cette dĂ©couverte une libĂ©ration inouĂŻe des soucis qui empoisonnent d'ordinaire la vie des hommes. Vus d'une certaine hauteur ceux-ci se relativisent et l'agitation inquiĂšte des existences quotidiennes bornĂ©es, l'angoisse s'apaisent, laissant place Ă  la sĂ©rĂ©nitĂ©, au dĂ©tachement et Ă  l'impassibilitĂ© d'une existence consacrĂ©e Ă  la recherche de la vĂ©ritĂ© impersonnelle. Il y a lĂ  une expĂ©rience attestĂ©e par de nombreux grands penseurs et savants. Je commençais Ă  m'apercevoir, avouait dans le mĂȘme esprit Einstein, qu'au-dehors se trouve un monde immense qui existe indĂ©pendamment de nous autres ĂȘtres humains, et qui se tient devant nous comme une grande et Ă©ternelle Ă©nigme mais accessible, au moins en partie Ă  notre perception et Ă  notre pensĂ©e. Cette considĂ©ration me fit entrevoir une vĂ©ritable libĂ©ration et je me rendis bientĂŽt compte que les hommes que j'avais appris Ă  estimer et Ă  admirer avaient trouvĂ©, en s'abandonnant Ă  cette occupation, la libĂ©ration intĂ©rieure et la sĂ©rĂ©nitĂ© ». De mĂȘme FrĂ©dĂ©ric Joliot disait que La pure connaissance scientifique nous apporte la paix dans l'Ăąme en chassant les superstitions, en nous affranchissant des terreurs nuisibles et nous donne une conscience de plus en plus exacte de notre situation dans l'univers ».Conclusion La philosophie peut s'honorer par sa fonction critique d'affranchir de l'arrogance du dogmatisme et de l'Ă©troitesse d'esprit de l'attitude commune. Mais plus fondamentalement la libĂ©ration qu'elle promeut opĂ©re une transformation radicale de l'existence. Elle permet Ă  celui qui s'y adonne de conquĂ©rir la paix de l'Ăąme et la sagesse qui sont la rĂ©compense Russell dit "l'effet induit" d'un amour dĂ©sintĂ©ressĂ© de la vĂ©ritĂ©. Partager Marqueursdogmatisme, doute, Ă©tonnement, incertitude, libĂ©ration, Liens - Philosophie, opinion, possible, prĂ©jugĂ©s LEloge de l'oisivetĂ© est une pĂ©pite dĂ©nichĂ©e dans l'oeuvre immense et protĂ©iforme de Bertrand Russel. Dans la grande tradition des essayistes anglais (Swift, Stevenson), il manie le paradoxe pour s'attaquer aux fondements mĂȘmes de la civilisation moderne. DerriĂšre l'humour et l'apparente lĂ©gĂšretĂ© du propos se cache une rĂ©flexion de
ï»żEloge de l'oisivetĂ© - E-book - PDF L'Éloge de l'oisivetĂ© est une pĂ©pite dĂ©nichĂ©e dans l'ouvre immense et protĂ©iforme de Bertrand Russell. Dans la grande tradition des essayistes anglais... Lire la suite 3,99 € E-book - PDF Ebook TĂ©lĂ©chargement immĂ©diat 3,99 € Grand format Actuellement indisponible 6,20 € Vous pouvez lire cet ebook sur les supports de lecture suivants TĂ©lĂ©chargement immĂ©diat DĂšs validation de votre commande Offrir maintenant Ou planifier dans votre panier L'Éloge de l'oisivetĂ© est une pĂ©pite dĂ©nichĂ©e dans l'ouvre immense et protĂ©iforme de Bertrand Russell. Dans la grande tradition des essayistes anglais Swift, Stevenson, il manie le paradoxe pour s'attaquer aux fondements mĂȘmes de la civilisation moderne. DerriĂšre l'humour et l'apparente lĂ©gĂšretĂ© du propos se cache une rĂ©flexion de nature Ă  la fois philosophique et politique qui s'exprime avec une ironie mordante "Il existe deux sortes de travail le premier consiste Ă  dĂ©placer une certaine dose de matiĂšre Ă  la surface de la terre ; le second Ă  dire Ă  quelqu'un d'autre de le faire." Date de parution 12/12/2012 Editeur ISBN 978-2-84485-664-7 EAN 9782844856647 Format PDF Nb. de pages 48 pages CaractĂ©ristiques du format PDF Pages 48 Taille 10 004 Ko Protection num. Digital Watermarking
B Russel défend ici l' ''oisiveté'' contre ''La morale du travail [qui] est une morale d'esclave, et le monde moderne n'a nul besoin de l'esclavage.''{p.15} Et d'assurer, ''ce que je veux dire, c'est que le fait de croire que le TRAVAIL est une vertu est la cause de grands maux dans le monde moderne, et que la voie du bonheur et de la prospérité passe par une
Je ne souhaite pas que ce blog devienne une tribune politique. Mais je ne suis pas impermĂ©able Ă  ce qui se passe autour de moi. Ma vie est imprĂ©gnĂ©e de mes rencontres et dĂ©couvertes. La politique me passionne attention pas celle qui s'affiche Ă  la tĂ©lĂ© et sur de nombreux journaux, la vraie, la science des affaires de la citĂ© comme son origine Ă©tymologique en tĂ©moigne. ConnaĂźtre nos origines celles de l'homme, de la vie, comprendre comment nous vivons, ce que sont les sociĂ©tĂ©s organisĂ©es, ce qu'elles deviennent, comment elles entretiennent des relations, tout cela est fondamentalement passionnant. Ainsi, les discours de nos hommes et femmes politiques y compris ceux qui s'affichent partout en ce moment et qui ont tendance Ă  s'emmĂȘler les pinceaux en confondant les sphĂšres publiques et privĂ©es, ces disours donc rĂ©sonnent en moi et m'interpellent. Mes lectures, mes choix de sorties, s'en trouvent souvent orientĂ©es, ou, si elles ne le sont pas, provoquent parfois des avez lu rĂ©cemment dans la rubrique "Humeurs" mon opinion sur le slogan sarkozyen "travaillez plus pour gagner plus". J'avais alors tentĂ© d'illustrer mon propos avec des ouvrages de la littĂ©rature enfantine et ce cher homonyme Jean-François, du Blog Ă  Jef nous proposait aussi dans ce billet Ă©crit Ă  quatre mains deux livres et un film. J'ai lu celui qui me manquait et voilĂ  qu'il tombe Ă  point nommĂ©, Ă  l'instant mĂȘme oĂč les menaces les plus sĂ©rieuses pĂšsent sur une des Ă©volutions les plus importantes de ces derniĂšres decennies la rĂ©duction de temps de travail. Il faut dire qu'il avait fallut attendre plus de deux gĂ©nĂ©rations pour que Ă  nouveau il y ait une rĂ©duction significative. En 1936, le Front Populaire diminuait de huit heures la semaine de travail en passant Ă  40 heures et enfin Ă  l'aube du XXI° siĂšcle nous gagnions encore 4 heures d'oisivetĂ© grĂące aux lois Aubry Mitterand nous avait royalement accordĂ© une heure lors de son intronisation en arrivant Ă  35 heures. Pour plus dĂ©tails se reporter Ă  cet article historique sur WikipĂ©dia. Mais cela est-il Ă  peine tout juste suffisant que nous voilĂ  replongĂ©s 70 ans en arriĂšre. Et en plus on voudrait nous faire croire que les "35 heures" Ă©taient une loi rĂ©trograde, passĂ©iste, une formidable erreur dans le concert des Nations. Regardez donc nos voisins ? Ils travaillent eux ! Ben oui ! Mais on dira ce qu'on voudra, j'aime bien ĂȘtre diffĂ©rent surtout quand ma qualitĂ© de vie s'en trouve amĂ©liorĂ©e. Mais voilĂ , il faudrait que les mentalitĂ©s Ă©voluent. Et notamment sur la question de la notion de "Travail". Il est crucial de bien dĂ©finir ce concept. Je vous propose donc de lire ou relire en ces temps obscurs Bertrand Russell et son Ă©loge de l'oisivetĂ©. Je n'en dirais pas plus sur le livre et vous donne juste quelques extraits... Ah ! si, tout de mĂȘme, il a Ă©tĂ© Ă©crit en 1932, et publiĂ© simultanĂ©ment Ă  Londres et Ă  New-York. Certain pourtant que les inspirateurs des lois du Front Populaire RTT, CongĂ©s payĂ©s... ont dĂ» l'avoir sur leur table de chevĂȘt. Il faudrait l'offir Ă  tous ceux qui pensent que le travail libĂšre l'homme... "En effet, j'en suis venu Ă  penser que l'on travaille beaucoup trop de par le monde, que de voir dans le travail une vertu cause un tort immense, et qu'il importe Ă  prĂ©sent de faire valoir dans les pays industrialisĂ©s un point de vue qui diffĂšre radicalement des prĂ©ceptes traditionnels." "... la voie du bonheur et de la prospĂ©ritĂ© passe par une diminution mĂ©thodique du travail." "Il existe deux types de travail le premier consiste Ă  dĂ©placer une certaine quantitĂ© de matiĂšre... le second, Ă  dire Ă  quelqu'un d'autre de le faire. Le premier type de travail est dĂ©sagrĂ©able et mal payĂ© ; le second est agrĂ©able et trĂšs bien payĂ©." "La morale du travail est une morale d'esclave, et le monde moderne n'a nul besoin de l'esclavage."Bonne lecture...Eloge de l'oisivetĂ© de Bertrand Russell, Ă©ditions Allia, Petite collection, Paris - 6,10 €. .
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