Introduction Pour comprendre les enjeux qui influent la participation des personnes accompagnĂ©es Ă leur projet, il faut dâabord comprendre dans quel contexte se joue cette volontĂ© de faire participer les usagers. Pour cela, il faut identifier ce quâest le dispositif technique du travail social dans lequel les usagers âceux qui en font usage â vont pouvoir se situer, câest-Ă -dire sâinscrire dans un rapport dâusage que nous allons tenter de dĂ©finir. Il faut ensuite observer comment la participation sâest instaurĂ©e â nous nous appuierons ici sur sa mise en Ćuvre dans les Ă©tablissements et services sociaux et mĂ©dico-sociaux â pour pouvoir analyser les difficultĂ©s, les limites et les contradictions auxquelles se heurtent les pratiques de terrain. Non pour se dĂ©courager mais pour dĂ©finir des stratĂ©gies adaptĂ©es. La notion dâusager et le rapport dâusage Le terme usager » est interrogĂ© parce quâil serait stigmatisant[1]. Au-delĂ de ce dĂ©bat les mots ont toujours leur importance, câest la relation dâusage qui mâintĂ©resse. Une personne accompagnĂ©e par un service social ou un Ă©tablissement social ou mĂ©dico-social entre dans un rapport avec un dispositif technique. Comment ça se passe ? Comment naĂźt un objet technique ? Tout dâabord, il nous faut dĂ©finir ce quâest un dispositif technique. Un dispositif, câest la ManiĂšre dont sont disposĂ©es, en vue dâun but prĂ©cis, les piĂšces dâun appareil, les parties dâune machine.[2] » Tous les jours, nous manipulons des dispositifs techniques, des plus simples le marteau aux plus complexes le langage. Un dispositif technique naĂźt toujours de la combinaison de trois Ă©lĂ©ments Une idĂ©e Rarement pure invention, câest en voyant les dispositifs existants que lâon peut imaginer leur Ă©volution. Le vĂ©hicule automobile est une Ă©volution des voitures tractĂ©es. Lâampoule Ă incandescence est une Ă©volution de la bougie, etc. Mais une idĂ©e ne vaut rien dans lâabsolu, elle doit rencontrer⊠Un besoin En effet, il ne sert Ă rien dâinventer le rĂ©frigĂ©rateur au pĂŽle nord ou le manteau fourrĂ© en Afrique Ă©quatoriale. LâidĂ©e de lâinventeur doit rĂ©pondre Ă une besoin qui se pose ici et maintenant au groupe humain qui adoptera le nouveau dispositif technique. Mais le couple idĂ©e-besoin nâest pas encore suffisant il faut un⊠Milieu favorable Par exemple, les travaux dâAndrĂ© Leroy-Gouran montrent que certaines adoptions techniques qui auraient Ă©tĂ© fort utiles Ă certaines tribus nâont pu ĂȘtre adoptĂ©es faute de milieu favorable ceci explique les diffĂ©rences dâĂ©volution entre les civilisations. Pour ĂȘtre concret lâusage des outils numĂ©riques connaĂźt une diffusion trĂšs inĂ©gale selon les milieux plus ou moins favorables quâil traverse, alors que son utilitĂ© est Ă©vidente Cf. les difficultĂ©s liĂ©es Ă la dĂ©matĂ©rialisation des dĂ©marches Ă PĂŽle Emploi ou Ă la CAF. Comment naĂźt un usager ? Lâusager â câest-Ă -dire celui qui va faire usage de ce dispositif technique â naĂźt quant Ă lui de la combinaison de trois Ă©lĂ©ments Le besoin dont nous avons dĂ©jĂ parlĂ©. Quand une personne sâadresse Ă lâaccueil dâun service social, câest parce quâelle a un besoin dâaide, de prestation, de renseignement⊠et quâelle pense que câest ce dispositif technique qui va lui apporter la rĂ©ponse. Lâutilisateur le fait de franchir le seuil dâun Ă©tablissement ou dâun service en travail social constitue la personne en usager » du dispositif technique quâest le travail social. Il acquiert, par cet acte quâil pose, un statut qui le situe socialement â ce peut-ĂȘtre stigmatisant. Lâusage dernier Ă©lĂ©ment qui constitue lâusager câest la maniĂšre dont la personne va utiliser le dispositif technique. Il nây a pas une façon unique dâutiliser un service social ou un Ă©tablissement social ou mĂ©dico-social. Pour comprendre cette combinaison entre besoin, usager et usage, il nâest quâĂ revenir sur quelques grandes inventions. Quand Thomas Edison inventa sa machine nĂ©crophonique » qui donnera naissance au phonographe, câĂ©tait pour conserver la voix des morts. Câest la maniĂšre dont les utilisateurs de ce dispositif technique en ont fait usage qui a dĂ©terminĂ© une destination trĂšs diffĂ©rente de celle prĂ©vue par son inventeur Ă©couter de la musique. Câest ce triptyque besoin-usager-usage qui explique que lâinvention dâAlexander Graham Bell, le tĂ©lĂ©phone, soit devenue aujourdâhui le smartphone dont chacun est Ă©quipĂ©. Comment naĂźt un usage ? IntĂ©ressons-nous un peu plus Ă ce que nous venons de nommer lâusage en revenant vers notre sujet la participation des personnes accompagnĂ©es. Pour cela, nous allons nous focaliser sur un plan particulier du travail social le droit des usagers des Ă©tablissements et services sociaux et mĂ©dico-sociaux tel quâil est fixĂ© dans le Code de lâAction Sociale et des Familles. Les outils prĂ©voyant la participation des usagers rĂ©pondent Ă une idĂ©e qui rĂ©sulte de lâintention du lĂ©gislateur Ă lâĂ©poque mieux garantir les droits des personnes accueillies mais aussi de la maniĂšre dont cette idĂ©e va ĂȘtre mise en Ćuvre par les Ă©quipes professionnelles. Cette intention initiale est fondĂ©e sur une reprĂ©sentation de lâusager, de ses besoins, de ses capacitĂ©s, de ce qui est supposĂ© de ses rĂ©actions. Par la mĂ©diation des outils prĂ©vus par la loi, des professionnels vont mettre en Ćuvre ce droit auprĂšs dâusagers un usage va se construire entre professionnels et usagers. Mais lâusage ne sâarrĂȘte pas lĂ . Il va se produire un effet retour que les systĂ©miciens appellent le feed-back ». Câest-Ă -dire que la façon dont professionnels et usagers vont se saisir des outils contenus dans le Code de lâAction Sociale et des Familles modifie le fonctionnement de lâoutil et, ce faisant, modifie les reprĂ©sentations des uns sur les autres. Lâusage est un point dâachoppement â Ă la fois interface et mĂ©diateur â entre lâintention du concepteur du dispositif technique et la maniĂšre dont ce dispositif est appropriĂ©, saisi par celui qui lâutilise. Lâusage ne peut jamais ĂȘtre prĂ©dĂ©terminĂ© Ă sa rĂ©alisation, ni prĂ©visible de façon certaine. En fait, le rapport dâusage est un rapport dialectique Ă trois termes entre le concepteur, lâobjet technique lui-mĂȘme et lâusager. Chaque Ă©lĂ©ment de ce triptyque influence les deux autres, apporte ses contraintes, ses stratĂ©gies et ses possibilitĂ©s ouvertures/fermetures. Câest Ă lâappui de ces dĂ©finitions que nous pouvons affirmer que lâusage nâest pas une simple utilisation et que lâusager nâest pas un simple utilisateur. Le droit des usagers dans le Code de lâAction Sociale et des Familles Le dĂ©cret du 10 mai 2017 intĂšgre une dĂ©finition lĂ©gale du travail social dans la partie rĂ©glementaire du Code de lâAction Sociale et des Familles, dĂ©finition voulue par le plan dâaction gouvernemental en faveur du travail social et du dĂ©veloppement social et issue des premiers travaux du nouveau Haut Conseil du travail social. Cette dĂ©finition parle dâelle-mĂȘme Art. D. travail social vise Ă permettre lâaccĂšs des personnes Ă lâensemble des droits fondamentaux, Ă faciliter leur inclusion sociale et Ă exercer une pleine citoyennetĂ©. Dans un but dâĂ©mancipation, dâaccĂšs Ă lâautonomie, de protection et de participation des personnes, le travail social contribue Ă promouvoir, par des approches individuelles et collectives, le changement social, le dĂ©veloppement social et la cohĂ©sion de la sociĂ©tĂ©. Il participe au dĂ©veloppement des capacitĂ©s des personnes Ă agir pour elles-mĂȘmes et dans leur environnement. A cette fin, le travail social regroupe un ensemble de pratiques professionnelles qui sâinscrit dans un champ pluridisciplinaire et interdisciplinaire. Il sâappuie sur des principes Ă©thiques et dĂ©ontologiques, sur des savoirs universitaires en sciences sociales et humaines, sur les savoirs pratiques et thĂ©oriques des professionnels du travail social et les savoirs issus de lâexpĂ©rience des personnes bĂ©nĂ©ficiant dâun accompagnement social, celles-ci Ă©tant associĂ©es Ă la construction des rĂ©ponses Ă leurs besoins. Il se fonde sur la relation entre le professionnel du travail social et la personne accompagnĂ©e, dans le respect de la dignitĂ© de cette derniĂšre. Le travail social sâexerce dans le cadre des principes de solidaritĂ©, de justice sociale et prend en considĂ©ration la diversitĂ© des personnes bĂ©nĂ©ficiant dâun accompagnement social. » La loi du 2 janvier 2002 a introduit massivement le principe de la participation des personnes accompagnĂ©es. Ce mouvement sâest ensuite amplifiĂ© dans tous les champs de lâaction sociale. Cette participation se situe Ă deux niveaux indissociables la participation de la personne au projet la concernant Ă©laboration, mise en Ćuvre, Ă©valuation mais aussi participation Ă la vie et au fonctionnement de lâĂ©tablissement ou du service. Ces deux notions sont insĂ©parables parce que, pour ĂȘtre acteur de son projet, il faut Ă©galement avoir un droit de regard et la possibilitĂ© dâinfluer le dispositif technique qui permet la rĂ©alisation de ce projet. Quelques repĂšres prĂ©liminaires Le droit des usagers, tel quâil est dĂ©fini dans le Code de lâAction Sociale et des Familles Est Ă relier Ă la question des rapports entre lâindividu et la sociĂ©tĂ© Câest lâaffirmation de plus en plus marquĂ©e dâun droit personnel face au collectif qui a permis lâĂ©mergence du droit des personnes accompagnĂ©es Cf. ce qui est dĂ©crit plus haut concernant les conditions favorables Ă mâĂ©mergence dâun dispositif technique. Les logiques institutionnelles ne peuvent mettre Ă mal le respect individuel. Est consubstantiel des droits de lâHomme le droit des usagers nâa de sens que sâil est entendu comme une dĂ©clinaison particuliĂšre des droits de lâHomme. Certes, sâadressant Ă des humains qui connaissent de maniĂšre ponctuelle ou durable une situation particuliĂšre gĂ©nĂ©rant une vulnĂ©rabilitĂ©. Si on fait lâimpasse sur cette dimension, le droit des usagers devient un sous-droit crĂ©ant une sous-catĂ©gorie de citoyens. Est Ă distinguer des devoirs droits et devoirs ne sâĂ©quilibrent pas selon une comptabilitĂ© arithmĂ©tique qui supposerait quâils soient toujours en Ă©quilibre. Les droits, par nature, sont inconditionnels puisquâils sâattachent au principe dâhumanitĂ©. Les devoirs â il y en a toujours dans une sociĂ©tĂ© organisĂ©e â sont conditionnĂ©s par la situation des personnes, leurs liens aux autres, les cultures oĂč ils se rĂ©alisent⊠Chacun est donc inconditionnellement titulaire de ses droits cette titularitĂ© ne peut ĂȘtre soumise Ă la condition dâassumer ses devoirs qui relĂšvent dâun autre plan de significations et de contraintes sociales. Est Ă repĂ©rer dans le droit positif les rĂšgles Ă©crites et publiĂ©es depuis quatre dĂ©cennies. Cela permet de rĂ©aliser que ce nâest pas un mouvement de mode, ni une rĂ©cente lubie des lĂ©gislateurs mais la constante affirmation de lâindividuation de chacun dans les rapports sociaux fondĂ©e sur la dignitĂ©, le respect et la reconnaissance de la citoyennetĂ© de chacun. Est inscrit dans des outils prĂ©cis prĂ©vus par la lĂ©gislation nous y reviendrons. Est Ă envisager dans une dynamique de changement le droit des usagers nâest pas simplement une mĂ©thode de travail ou un rĂ©fĂ©rentiel de pratiques, il porte un projet politique de promotion de la citoyennetĂ© des personnes les plus fragiles de notre sociĂ©tĂ©. Il porte un projet de sociĂ©tĂ© pour plus de justice, dâĂ©galitĂ©, de respect. Les outils pour garantir le droit des usagers La raison dâĂȘtre des outils prĂ©vus dans le Code de lâAction Sociale et des Familles â raisons gĂ©nĂ©ralisables au-delĂ des seuls ESMS â est contenue dans lâarticle Lâexercice des droits et libertĂ©s individuels est garanti Ă toute personne prise en charge par des Ă©tablissements et services sociaux et mĂ©dico-sociaux. Dans le respect des dispositions lĂ©gislatives et rĂ©glementaires en vigueur, lui sont assurĂ©s 1° Le respect de sa dignitĂ©, de son intĂ©gritĂ©, de sa vie privĂ©e, de son intimitĂ©, de sa sĂ©curitĂ© et de son droit Ă aller et venir librement ; 2° Sous rĂ©serve des pouvoirs reconnus Ă lâautoritĂ© judiciaire et des nĂ©cessitĂ©s liĂ©es Ă la protection des mineurs en danger et des majeurs protĂ©gĂ©s, le libre choix entre les prestations adaptĂ©es qui lui sont offertes soit dans le cadre dâun service Ă son domicile, soit dans le cadre dâune admission au sein dâun Ă©tablissement spĂ©cialisĂ© ; 3° Une prise en charge et un accompagnement individualisĂ© de qualitĂ© favorisant son dĂ©veloppement, son autonomie et son insertion, adaptĂ©s Ă son Ăąge et Ă ses besoins, respectant son consentement Ă©clairĂ© qui doit systĂ©matiquement ĂȘtre recherchĂ© lorsque la personne est apte Ă exprimer sa volontĂ© et Ă participer Ă la dĂ©cision. A dĂ©faut, le consentement de son reprĂ©sentant lĂ©gal doit ĂȘtre recherchĂ© ; 4° La confidentialitĂ© des informations la concernant ; 5° LâaccĂšs Ă toute information ou document relatif Ă sa prise en charge, sauf dispositions lĂ©gislatives contraires ; 6° Une information sur ses droits fondamentaux et les protections particuliĂšres lĂ©gales et contractuelles dont elle bĂ©nĂ©ficie, ainsi que sur les voies de recours Ă sa disposition ; 7° La participation directe ou avec lâaide de son reprĂ©sentant lĂ©gal Ă la conception et Ă la mise en Ćuvre du projet dâaccueil et dâaccompagnement qui la concerne. » La section du Code de lâAction Sociale et des Familles ouverte par cet article fondamental dĂ©cline ensuite les outils visant la mise en Ćuvre effective de ces principes Le projet dâĂ©tablissement ou de service ; Le livret dâaccueil ; Le contrat de sĂ©jour ; Le rĂšglement de fonctionnement ; Le conseil de la vie sociale et autres formes de participations ; La charte des droits et libertĂ©s de la personne accueillie ; Le droit de recours Ă une personne qualifiĂ©e ; Lâobligation de regroupement des familles ; Les sanctions pĂ©nales en cas de non-respect de ces dispositions LâopposabilitĂ© de ces droits devant les juridictions. Plus largement, ce texte initie des reprĂ©sentations de plus en plus larges des usagers dans des instances aux plans local, rĂ©gional et national. JusquâĂ la participation des usagers aux formations initiales et continues des travailleurs sociaux prĂ©vue par le plan gouvernemental en faveur du travail social et du dĂ©veloppement social dâoctobre 2015. A noter les outils sâorganisent en deux niveaux Ceux qui rĂ©gissent les rapports interpersonnels livret dâaccueil et contrat de sĂ©jour ; Ceux qui rĂ©gulent les relations collectives rĂšglement de fonctionnement et conseil de la vie sociale. Lâensemble de ces outils est contenu dans le cadre dĂ©fini par le projet dâĂ©tablissement. Le projet et ses outils est lui-mĂȘme contenu dans un ensemble plus large dĂ©fini par la charte des droits et libertĂ©s de la personne accueillie. Les reprĂ©sentations de lâusager en travail social LâĂ©volution lĂ©gislative nous renseigne sur les reprĂ©sentations des usagers qui donnent naissance aux textes de rĂ©fĂ©rence. Galerie de portraits Lâusager n°98-657 Cet usager est issu de la loi du 29 juillet 1998 dâorientation relative Ă la lutte contre les exclusions. Câest une loi ambitieuse qui posait, en son article premier article L115-1 du Code de lâAction Sociale et des Familles que La lutte contre les exclusions est un impĂ©ratif national fondĂ© sur le respect de lâĂ©gale dignitĂ© de tous les ĂȘtres humains et une prioritĂ© de lâensemble des politiques publiques de la nation. » La personne en situation dâexclusion se voit garantir ses droits fondamentaux dans tous les domaines de la vie sociale emploi, logement, santĂ©, justice, Ă©ducation, formation, culture, protection de la famille et de lâenfance. Cette ambition dâune citoyennetĂ© affirmĂ©e, portĂ©e par les institutions sociales dans leur ensemble, mobilise tous les acteurs sociaux entreprises, organisations professionnelles et syndicales, organismes de prĂ©voyance et mutualistes, associations, mais plus largement encore, les citoyens ainsi que lâensemble des acteurs de lâĂ©conomie solidaire et de lâĂ©conomie sociale⊠» La loi de lutte contre les exclusions rĂ©introduit la question de lâintĂ©gration sociale comme choix politique au cĆur de toutes les activitĂ©s sociĂ©tales. Lâusager qui Ă©merge de cette volontĂ© est pleinement citoyen, non pas porteur de droits spĂ©cifiques mais pleinement titulaire des droits de lâHomme et du citoyen. Lâusager n°2002-2 HĂ©ritier de son codĂ©tenu » de 1998, lâusager de la loi rĂ©novant lâaction sociale et mĂ©dico-sociale du 2 janvier 2002 est bien nĂ© de la volontĂ© politique dâinvestir les bĂ©nĂ©ficiaires de lâaction sociale et mĂ©dico-sociale dâune citoyennetĂ© de plein exercice ». La difficultĂ© mĂ©thodologique que posait cette visĂ©e est que les usagers en question nâĂ©taient pas, Ă proprement parler, demandeurs dâexercer ces droits civiques et politiques. Hors les lobbys du champ du handicap, les autres personnes en difficultĂ© sociale, personnes ĂągĂ©es, familles en difficultĂ©s Ă©ducatives⊠apparaissaient en ordre dispersĂ©. Câest sans doute ce qui explique que cet usager-lĂ est restĂ© cantonnĂ© dans lâaffirmation de droits individuels, plus attachĂ©s Ă sa personne â ce qui est dĂ©jĂ un progrĂšs considĂ©rable â quâĂ sa situation sociale. Dâailleurs, les modes de reprĂ©sentation collective prĂ©vus par la loi concernent bien des personnes dĂ©signĂ©es nommĂ©ment au titre de leur situation au regard de lâĂ©tablissement ou du service et non au titre dâune quelconque reprĂ©sentativitĂ© dâun groupe dâusagers. Dans ce contexte particulier, la promotion de cette nouvelle figure dâusage butte encore aujourdâhui sur lâĂ©cueil individualiste. Ne sommes-nous pas, comme le dĂ©noncent certains, plus proches de la figure consumĂ©riste du client que de celle du citoyen ? Lâusager n°2002-303 Nous devrions dire patient » pour dĂ©signer cette figure qui fait irruption au mĂȘme moment que lâusager des Ă©tablissements et services sociaux et mĂ©dico-sociaux mais, cette fois, dans le domaine de la santĂ©. La loi du 4 mars 2002 relative aux droits des malades et Ă la qualitĂ© du systĂšme de santĂ©, avant de manifester une intention des dĂ©cideurs politiques, rĂ©sulte des pressions exercĂ©es par certaines associations de malades. Câest donc plutĂŽt dans un rapport de forces, mettant en cause le pouvoir mĂ©dical et la mĂ©ga machine sanitaire française, que se sont affirmĂ©s les droits des malades. Cette figure dâusage est ainsi portĂ©e par une dimension beaucoup plus collective que pour son collĂšgue n°2002-2. Les reprĂ©sentations sont associatives, via un agrĂ©ment dĂ©livrĂ© par le ministĂšre sur la base de la reprĂ©sentativitĂ© de lâorganisation de patients. Mais cette figure dâusage est Ă©galement marquĂ©e par la spĂ©cificitĂ© du secteur sanitaire. Les processus thĂ©rapeutiques engagĂ©s dans les hĂŽpitaux nâont rien de commun avec lâaccompagnement des situations sociales et mĂ©dico-sociales des personnes accueillies. On ne vit pas dans un service de gastro-entĂ©rologie alors quâon passe plusieurs annĂ©es, souvent tout le temps dâune vie professionnelle, dans un foyer de vie ou une maison dâaccueil spĂ©cialisĂ©e. Nous pourrions dire que lâusager n°2002-303 est un utilisateur ponctuel dâun service alors que lâusager n°2002-2 est un rĂ©sident ou un habitant, inscrit dans une relation durable qui est la condition de lâefficacitĂ© de lâaide quâil reçoit. Lâusager n°2005-102 La loi du 11 fĂ©vrier 2005 pour lâĂ©galitĂ© des droits et des chances, la participation et la citoyennetĂ© des personnes handicapĂ©es est une rĂ©volution. La figure dâusage qui Ă©merge de cette lĂ©gislation est en rupture avec celles Ă©voquĂ©es prĂ©cĂ©demment. Jusque-lĂ , nous Ă©tions dans une disposition qui consistait Ă envisager les situations individuelles qui Ă©loignent la personne du jeu social, du fait dâun dĂ©savantage social, dâun handicap, de lâĂąge, de la maladie⊠Sous lâinfluence notamment des travaux de lâOrganisation Mondiale de la SantĂ©, la lĂ©gislation inverse cette conception des rapports sociaux en ce qui concerne les personnes en situation de handicap ». Ce nâest plus lâindividu qui est handicapĂ©, câest la situation qui crĂ©e le dĂ©savantage. Le rapport social nâest plus envisagĂ© de lâindividu vers son environnement mais de la sociĂ©tĂ© vers lâindividu. Câest le concept dâinclusion qui prend toute sa dimension dans la perspective dâune sociĂ©tĂ© rĂ©ellement en mesure dâoffrir sa place Ă chacun. Le terme de compensation illustre cette inversion radicale câest Ă la sociĂ©tĂ© quâincombe la responsabilitĂ© de compenser les Ă©carts dâavantages, les diffĂ©rences de situations, les dĂ©ficits individuels. Câest le rĂšgne de lâaccessibilitĂ©. Mais cette figure dâusage, nĂ©e dans la constellation du handicap, apparaĂźt trĂšs centrĂ©e sur les handicaps les plus faciles Ă assimiler socialement, voire qui appellent de la compassion qui est encore une forme de stigmatisation. Lâusager n°2009-879 La loi du 21 juillet 2009 portant rĂ©forme de lâhĂŽpital et relative aux patients, Ă la santĂ© et aux territoires, dite loi HPST » jette un nouveau pont entre le sanitaire et le social en se fondant sur le concept global de santĂ©. Ce faisant, la lĂ©gislation instaure une porositĂ© entre les figures dâusage prĂ©cĂ©demment identifiĂ©es. Il y aurait moins de diffĂ©rence que nous le pensions entre les patients et les usagers ? La loi Kouchner », sur le droit des malades, vue plus haut, nous a permis dâidentifier les diffĂ©rences de nature et de forme entre lâaction sanitaire et lâaction sociale. Dans un mouvement inverse, ce qui permet, aujourdâhui, dâestomper ces diffĂ©rences tient essentiellement Ă un point de vue le rapport entre les personnes accueillies ou accompagnĂ©es nâest considĂ©rĂ© que sous lâangle technocratique du dispositif dâintervention. Autrement dit, lâusager et le patient se fondent lâun dans lâautre si ne sont observĂ©es que les caractĂ©ristiques de leur relation instrumentale Ă un dispositif technique dâintervention. Par exemple, la notion de satisfaction est identique entre un malade, un rĂ©sident de Centre dâHĂ©bergement et de RĂ©adaptation Sociale ou une famille accompagnĂ©e en Assistance Educative en Milieu Ouvert si nâest envisagĂ© que le niveau de performance de lâacte, strictement rĂ©duit Ă sa dimension prestataire le temps dâintervention, la qualitĂ© des repas ou des lits, la bonne dĂ©livrance des informations toutes notions standard attachĂ©es Ă la rĂ©duction du travail accompli Ă une simple prestation. Nâest-ce pas une instrumentalisation des rapports dâusage ? DifficultĂ©s, limites, contradictions Le rapport dâusage, Ă©voquĂ© en introduction, nous montre quâil ne suffit pas dâavoir une intention pour que les effets soient conformes aux attentes, mĂȘme quand le dispositif technique est trĂšs Ă©laborĂ©, ce qui est le cas du travail social. Câest pourquoi il est nĂ©cessaire dâĂ©valuer les effets rĂ©els produits par la participation des personnes accompagnĂ©es Ă leur projet. La libertĂ© se mesure Ă la longueur de la chaĂźne Un proverbe nihiliste dit que la libertĂ© se mesure Ă la longueur de la chaĂźne. Il peut sâappliquer au droit des personnes accueillies. En effet, les dispositifs dâintervention sociale sont marquĂ©s par des dĂ©terminants trĂšs forts La stigmatisation que reprĂ©sente le fait de faire usage dâun service social, dâun Ă©tablissement ou dâun service social ou mĂ©dico-social. Lâusager est immĂ©diatement identifiĂ© par ses manques sans domicile, sans papierâŠ, sa vulnĂ©rabilitĂ© handicapĂ©, dĂ©pendantâŠ, ses incapacitĂ©s Ă©ducatives, parentalesâŠ, son infĂ©rioritĂ© culturelle, Ă©conomiqueâŠ, etc. LâasymĂ©trie de la relation Ă©tablie avec les travailleurs sociaux. Le jeu transactionnel qui sâinstaure place lâusager en infĂ©rioritĂ© sachant/non-sachant, expert/ignorantâŠ. La participation de la personne concernĂ©e apparaĂźt comme un moyen de corriger ces effets nĂ©gatifs. Elle place lâusager en position dâacteur, de co-auteur du projet le concernant. Mais cela suppose que le jeu ne soit pas dictĂ© par les seules rĂšgles de lâorganisation de travail social. Vouloir libĂ©rer quelquâun contre son grĂ© est une forme dâaliĂ©nation. Les slogans de 1968 nous rappellent ces rĂšgles de bon sens ne me libĂšre pas, je mâen charge ! » ; les libertĂ©s ne se donnent pas, elles se prennent ! » ; Le pouvoir sur ta vie, tu le tiens de toi-mĂȘme. ». Câest ainsi quâil faut comprendre le slogan attribuĂ© selon les cas Ă Gandhi ou Luther-King tout ce qui est fait pour moi, sans moi, est fait contre moi. » Cette perspective nous donne des pistes mĂ©thodologiques pour conduire la participation des personnes accompagnĂ©es Laisser ouvert des espaces de prise en main du projet par lâusager plutĂŽt quâimposer des formes toutes faites ; Ouvrir des lieux de dĂ©bat qui ne sont pas dĂ©finis par les seuls professionnels ; Laisser-faire plutĂŽt que faire-faire mĂȘme si lâefficacitĂ© est moindre ; Prendre le temps dâĂ©valuer, avec lâusager, la maniĂšre dont il ressent lâaction conduite, au-delĂ des rĂ©sultats ; Finalement, sâintĂ©resser plus aux moyens mobilisĂ©s, aux chemins empruntĂ©s avec lâautre quâaux rĂ©sultats eux-mĂȘmes. ESMS un dispositif compliquĂ© Les Ă©tablissements et services sociaux et mĂ©dico-sociaux sont des ensembles techniques dâune rare complexitĂ©. Câest normal du fait des objets extrĂȘmement dĂ©licats qui y sont traitĂ©s et qui touchent Ă la vie de personnes fragiles. Cependant, nous devons comprendre que ce nâest pas Ă©vident pour un usager de se situer au regard de ces Ă©normes machines Ă produire de lâaide. La responsabilitĂ© des professionnels est de tout mettre en Ćuvre pour permettre Ă lâusager de comprendre la maniĂšre dont cela fonctionne livret dâaccueil, les rĂšgles qui prĂ©valent rĂšglement de fonctionnement, les moyens dont il dispose pour influencer le processus construction du projet personnalisĂ©, les lieux oĂč son avis est attendu et produira des effets conseil de la vie sociale, les engagements qui sont attendus de lui contrat de sĂ©jour, etc. Tous ces outils, et dâautres quâil faudra encore inventer, sont de vĂ©ritables modes dâemploi de lâorganisation qui sont une façon de remettre les clefs de la machine Ă lâusager qui reste le premier concernĂ© par ce quâelle va produire. Conflit de modĂšles Une difficultĂ© supplĂ©mentaire apparaĂźt Ă lâanalyse. La participation des personnes accompagnĂ©es se trouve confrontĂ©e Ă des conflits de modĂšles que la lĂ©gislation nâa pas tout Ă fait rĂ©solus. Trois matrices inspirent les pratiques en travail social qui se combinent entre elles de maniĂšre hĂ©tĂ©roclite, qui sâhybrident entre elles Le modĂšle communautaire ce sont des groupes de pairs qui travaillent ensemble, Ă partir de leur expĂ©rience commune, Ă la rĂ©solution des problĂšmes des membres de leur communautĂ© sociale ; Le modĂšle marchand des prestataires mettent Ă disposition de personnes des rĂ©ponses Ă leurs besoins dans une relation commerciale qui mobilise la concurrence entre les offreurs de services et la capacitĂ© solvable des clients qui payent les services. Le modĂšle administratif câest lâĂtat qui est responsable de lâoffre sociale et mĂ©dico-sociale et qui la met en Ćuvre via ses services publics. Lâusager nâest plus client mais administrĂ© ce qui peut limiter sa possibilitĂ© de libre choix mais prĂ©sente lâavantage dâun systĂšme Ă©galitaire, au risque de la standardisation. DifficultĂ©s autour des relations Nous pouvons repĂ©rer trois cas de figure quant Ă la maniĂšre dont la relation se joue entre professionnel et usager La lĂ©gation repose sur lâidĂ©e de legs, de don. Lâusager dĂ©missionne de son destin pour le confier Ă un intervenant. Le rapport entre professionnels et usager ne peut se bĂątir sur une collaboration quelconque puisquâil sâagit dâun transfert dâautoritĂ© Ă une personne jugĂ©e compĂ©tente pour lâexercer. Il y a substitution. La lĂ©gation est trĂšs Ă©loignĂ©e du modĂšle communautaire. Elle emprunte au modĂšle marchand lâidĂ©e dâexpertise extĂ©rieure et au modĂšle administratif celle de subordination et de sĂ©paration des rĂŽles. La dĂ©lĂ©gation introduit lâidĂ©e de confier une mission Ă un tiers. Lâintervenant social est ici lĂ©gitimĂ©, au-delĂ de la disqualification ponctuelle de lâusager, par une mission dâutilitĂ© sociale. La dĂ©lĂ©gation suppose un accord entre dĂ©lĂ©guant et dĂ©lĂ©guĂ©. Il y a complĂ©mentaritĂ©. La dĂ©lĂ©gation reste Ă distance des logiques communautaires. Elle inspire au modĂšle marchand le principe de dĂ©lĂ©gation de compĂ©tence. Elle est au cĆur du systĂšme de dĂ©mocratie reprĂ©sentative. Le contrat envisage tout autrement la relation. Il reconnaĂźt les compĂ©tences de part et dâautre et les associent vers un but commun. Il vise Ă corriger lâasymĂ©trie des places entre professionnel et usager. Le contrat traverse les trois modĂšles Dans modĂšle communautaire il illustre la notion de contrat social » ; Dans le modĂšle marchand il est le pivot de la relation commerciale qui est exclusivement contractuelle ; Dans le modĂšle administratif il identifie lâĂ©volution des droits civils et politiques vers les droits sociaux lâĂtat est redevable de ses engagements devant chaque citoyen. Contradiction des rĂ©fĂ©rences Pour conclure en allant un peu plus loin, nous pouvons dire que les modĂšles de participation des personnes accompagnĂ©es communautaire, marchand, administratif, les dĂ©clinaisons auxquelles ils donnent naissance lĂ©gation, dĂ©lĂ©gation, contrat ne se trouvent jamais Ă lâĂ©tat pur. Les pratiques de terrain sont toujours des compositions entre les trois modĂšles et les trois figures relationnelles. La raison dâĂȘtre de cette situation tient au fait quâĂ travers lâhistoire, des rĂ©fĂ©rences diffĂ©rentes se sont faites jour, se sont sĂ©dimentĂ©es dans le temps. Trois modĂšles identifiĂ©s par SaĂŒl Karsz[3] sont Ă lâĆuvre La charitĂ© hĂ©ritĂ©e du modĂšle judĂ©o-chrĂ©tien visant Ă faire le bien pour lâautre, selon une visĂ©e individuelle qui place en supĂ©rioritĂ© lâintervenant, le bĂ©nĂ©ficiaire est marquĂ© par le manque et le dĂ©nuement. Il sâagit dâaider, de sauver, de redresser. La prise en charge fondĂ©e sur la demande, elle sâadresse Ă des destinataires dont les conditions de vie les empĂȘchent dâĂȘtre sujets, pleinement autonomes. Lâintervenant est un expert qui apprĂ©hende les problĂšmes de maniĂšre plus collective dans les registres culturels et sociaux. Câest le rĂšgne de la relation dâaide. La prise en compte convoque le registre â plus psychanalytique â du dĂ©sir, sâadresse Ă des sujets socio-dĂ©sirants » dans la double dimension de lâinconscient et de lâidĂ©ologie deux matrices qui font lâhumain. Lâintervenant est lĂ pour aider le sujet Ă prendre en main son destin. Mais ces trois rĂ©fĂ©rences ne peuvent ĂȘtre considĂ©rĂ©es isolĂ©ment lâune de lâautre. Elles forment le terreau des pratiques, constituant des couches sĂ©dimentaires qui irriguent les maniĂšres de faire, Ă travers lâhistoire on peut repĂ©rer les moments historiques oĂč une rĂ©fĂ©rence a dominĂ© les autres, Ă travers les publics selon que lâon sâinscrit dans le champ du handicap ou de lâinadaptation, ou de la protection des personnes vulnĂ©rables, Ă travers les organisations selon les rĂ©fĂ©rences thĂ©oriques mobilisĂ©es. Conclusion Finalement, cette rapide traversĂ©e des caractĂ©ristiques qui dĂ©terminent les conditions de la participation des personnes accompagnĂ©es montre la place prĂ©pondĂ©rante que prend le professionnel Non pour faire pour » lâusager car il se substituerait alors Ă sa capacitĂ© dâagir qui doit ĂȘtre systĂ©matiquement recherchĂ©e au maximum des potentiels de la personne. Non pour faire avec » car câest toujours la visĂ©e portĂ©e par le professionnel qui domine et impose ses vues parce que lâusager ne dispose pas des codes pour maĂźtriser la situation. Mais pour faire ensemble », câest-Ă -dire sâengager dans une aventure dont les tenants et aboutissants ne sont pas dĂ©finis prĂ©alablement mais sâĂ©laborent au fur et Ă mesure du chemin partagĂ©. Lâaccompagnement, le projet, deviennent alors des sentiers qui se tracent en marchant entre usagers et professionnels. [1] Cf. le dernier rapport du CSTS paru en 2015 Refonder le rapport aux personnes Merci de ne plus nous appeler usagers» [2] DĂ©finition du Centre National de Ressources Textuelles et Lexicales â CNRTL. [3] S. Karsz, Pourquoi le travail social ? Dunod, 2004. Retrouvez toutes les informations Ă propos de Roland JANVIER sur la page Ă propos.
Leconseil de vie sociale Ă lâEHPAD Olivier Darblade : un lieu pour faire entendre sa voix Le conseil de la vie sociale (CVS) est un lieu dâĂ©change et dâexpression sur toutes les questions relatives Ă la vie de la structure dans laquelle est accueilli lâusager.
16 dĂ©cembre 2016 5 16 /12 /dĂ©cembre /2016 1733 EHPAD St Jacques de COMPOSTELLE71 / 73 route des Lacs - 33780 SOULAC SUR MER 05 56 73 50 50 - 7 05 56 41 45 64e-mail contact DE VIE SOCIALERELEVE DE CONCLUSIONS DU 18 OCTOBRE 2016_______________________Le dix huit octobre deux mille seize Ă dix heures, le Conseil de la Vie Sociale de lâEHPAD Saint jacques de Compostelle de SOULAC SUR MER 33780 sâest rĂ©uni, au lieu habituel des sĂ©ances sous la PrĂ©sidence de Madame Denise PRESENTS Madame Denise GAUTRAUD, PrĂ©sidente, reprĂ©sentante des personnes accueillies ou prises en soinsMonsieur Robert ROUHAUD, reprĂ©sentant des personnes accueillies ou prises en soins,Madame Bernadette RAOULT, reprĂ©sentante des personnes accueillies ou prises en soins,Madame Eliane JACOB, ViceprĂ©sidente, reprĂ©sentante des familles ou des reprĂ©sentants lĂ©gaux,Madame Monique BAHOUGNE, reprĂ©sentante des familles ou des reprĂ©sentants lĂ©gaux,Madame Sandra REYREAUD, reprĂ©sentante du personnelMonsieur Claude MARTIN, membre dĂ©signĂ© par le Conseil dâAdministration en sa qualitĂ© de reprĂ©sentant de la commune de SOULAC S/MER,ETAIENT EXCUSES Membre avec voix dĂ©libĂ©rative Membre avec voix consultative Monsieur StĂ©phane PICHON, directeurASSISTAIENT A LA SEANCE Avec voix consultative Monsieur Olivier SIMON, directeur adjoint A titre consultatif et sans voix consultative Mme Camille MIQUAU, animatriceMadame BĂ©atrice BERTAUD, cadre de santĂ©- Dr Jean-Marie BLAISE, mĂ©decin coordonnateurMonsieur GĂ©rard MASSE, responsable de la logistiqueSecrĂ©taire de sĂ©ance non dĂ©signĂ©, secrĂ©tariat assurĂ© par un membre de lâadministration dĂ©signĂ© par le directeur Mademoiselle Laurine PLACIDO, adjoint administratif hospitalier,___________________ORDRE DU JOUR1 â APPROBATION DU COMPTE RENDU DE SEANCE DU 21 JUIN 20162 â INFORMATION SUR LE PROJET DâETABLISSEMENT3 â BUDGET 20174 â MODIFICATION DES DOCUMENTS INSTITUTIONNELS5 â INFORMATION SUR LA TRANSFORMATION DE LA CAPACITE DE LâETABLISSEMENT6 â INFORMATION SUR LE PRELEVEMENT AUTOMATIQUE7 â INFORMATION SUR LE PROJET DE SECURISATION DE LâETABLISSEMENT8 â INFORMATION SUR LE CAFE GOURMAND DU 6 NOVEMBRE AVEC LES FAMILLES9 â INFORMATION SUR LâHOMMAGE AUX DEFUNTS DU 3 NOVEMBRE10 - SUJET A LA DEMANDE DES REPRESENTANTS DES FAMILLES11 - SUJET A LA DEMANDE DES REPRESENTANTS DES RESIDENTS__________________Monsieur le directeur adjoint fait part des excuses de M. PICHON qui nâa pu assister Ă la sĂ©ance. â APPROBATION DU COMPTE RENDU DE SEANCE DU 2 JUIN 2016Le compte rendu de la sĂ©ance du 21 juin 2016 est adoptĂ© Ă lâunanimitĂ© par les membres du Conseil de la Vie Sociale. â INFORMATION SUR LE PROJET DâETABLISSEMENTMonsieur SIMON indique que le personnel ainsi que les rĂ©sidents ont bien participĂ©s au projet dâĂ©tablissement. Il souhaitait un projet dâĂ©tablissement simple avec des actions ciblĂ©es et rĂ©alisables. Ce document reprend pour chaque volet les points forts, lâorganisation actuelle, les axes dâamĂ©lioration ainsi que le rĂ©sultat attendu, et de ce document en dĂ©coule un calendrier avec des Ă©chĂ©ances pour chaque action. Monsieur SIMON prĂ©cise que certains objectifs pourront encore Ă©voluer. Monsieur SIMON signale que Monsieur PICHON trouve ce projet dâĂ©tablissement particuliĂšrement ambitieux. LâĂ©tablissement a donc les 5 ans Ă venir pour mettre en place toutes les actions Ă rĂ©aliser. Madame REYREAUD trouve que ce document est trĂšs synthĂ©tique et du coup facilite sa membres du Conseil de la Vie Sociale approuvent le projet dâĂ©tablissement 2017-2021. â BUDGET 2017A compter du 1er janvier 2017, la loi sur le vieillissement fait passer lâĂ©tablissement sur un systĂšme dâEPRD Ă©tat prĂ©visionnel des recettes et des dĂ©penses, ce qui implique une gestion diffĂ©rente. On ne parlera plus de compte administratif mais dâERRD Ă©tat rĂ©alisĂ© des recettes et des dĂ©penses. Aujourdâhui, on regarde ce que lâon aura comme dĂ©penses sur lâannĂ©e et lâon demande les tarifs de façon Ă ce que cela couvre les dĂ©penses. A lâavenir, il faudra estimer le nombre de journĂ©e pour quâensuite le Conseil DĂ©partemental et lâARS fixe le prix de journĂ©e. En multipliant le tarif par le nombre de journĂ©e estimĂ©, on aura connaissance du budget de lâĂ©tablissement. La direction devra faire en sorte dâĂȘtre vigilent au regard des dĂ©penses de façon Ă maintenir un Ă©quilibre niveau du budget soins et dĂ©pendance, il sera maintenu sous forme de budget 2017 a Ă©tĂ© Ă©tabli en prenant en compte la transformation de la capacitĂ© de lâĂ©tablissement et en intĂ©grant trĂšs peu de mesure nouvelle. LâĂ©tablissement a fait la demande auprĂšs de lâARS de la prise en charge des travaux de lâhĂ©bergement temporaire et de la place dâaccueil dâurgence social. La proposition qui a Ă©tĂ© faite auprĂšs du Conseil DĂ©partemental est de ⏠en plus sur le prix de journĂ©e actuel. Sâil nây avait pas eu de modification dâaccueil de jour en hĂ©bergement temporaire lâaugmentation aurait Ă©tĂ© de âŹ. Il a Ă©tĂ© demandĂ© lâinscription de 4 000 ⏠au groupe 3 pour couvrir les dĂ©penses liĂ©es Ă lâacquisition du nouveau logiciel de Ă lâEPRD, lâĂ©tablissement connaĂźtra Ă lâavance son prix de journĂ©e sur 5 ans. Monsieur MARTIN trouve cette gestion difficile car ça va devoir obliger les EHPAD Ă faire une sĂ©lection par rapport au degrĂ© de dĂ©pendance des futurs rĂ©sidents, suivant la politique de lâĂ©tablissement. Madame BERTAUD pense Ă©galement que la gestion des admissions risque dâĂȘtre compliquĂ©e, dâautant plus que les demandes que nous recevons Ă ce jour correspondent Ă des profils assez lourds de part une charge en soins trĂšs si lâEHPAD a un rĂ©sultat excĂ©dentaire câest le Conseil DĂ©partemental qui dĂ©cide de lâaffectation de lâexcĂ©dent, alors quâavec le nouveau systĂšme le directeur pourra dĂ©cider de lâ membres du Conseil de la Vie Sociale prennent acte du budget prĂ©visionnel 2017. â MODIFICATION DES DOCUMENTS INSTITUTIONNELSDes modifications ont Ă©tĂ© apportĂ©es au contrat de sĂ©jour / rĂšglement de fonctionnement de lâĂ©tablissement, notamment sur la personne de confiance, les directives anticipĂ©es, le prĂ©lĂšvement automatique et la GAUTRAUD demande quâelle est la frĂ©quence dâutilisation de la tĂ©lĂ©mĂ©decine ? Le Docteur BLAISE signale que les mĂ©decins traitant continuent de travailler avec la Clinique de Lesparre. Cependant, les quelques consultations qui ont eu lieu Ă lâEHPAD, ont Ă©tĂ© trĂšs bien rĂ©alisĂ©es et le suivi a Ă©tĂ© satisfaisant. Les membres du Conseil de la Vie Sociale approuvent les membres du Conseil de la Vie Sociale prennent acte des modifications portĂ©es sur les documents institutionnels. â INFORMATION SUR LA TRANSFORMATION DE LA CAPACITE DE LâETABLISSEMENTLe nombre de place dâaccueil de jour pour un Ă©tablissement est fixĂ© Ă 6 places minimum. LâEHPAD ne dispose que de 2 places qui seront supprimĂ©es au 1er janvier 2017. Messieurs PICHON et SIMON ont demandĂ© la transformation de la capacitĂ© de lâEHPAD, en demandant la crĂ©ation de 2 places dâhĂ©bergement temporaire supplĂ©mentaire Ă la place des 2 accueils de jour. Lâune serait sur lâhĂ©bergement traditionnel Ă lâĂ©tage, Ă la place de la balnĂ©othĂ©rapie, et lâautre sur lâunitĂ© protĂ©gĂ©e Ă la place de lâespace dâaccueil de jour. Cette place pourrait Ă©ventuellement ĂȘtre dĂ©diĂ©e Ă un accueil dâurgence social le temps de lâamĂ©nagement du domicile par exemple âŠ. Il faut que lâĂ©quipe de direction sâentende avec lâARS de façon Ă ce que lâaccueil dâurgence ne soit pas pris en compte dans le taux dâactivitĂ© car elle servira uniquement pour de lâurgence de maximum 3 mois un accompagnement avec la MAIA pourra Ă©ventuellement ĂȘtre mis en place. â INFORMATION SUR LE PRELEVEMENT AUTOMATIQUEAfin de faciliter le rĂšglement des factures dâhĂ©bergement, lâEHPAD propose un nouveau moyen de paiement Ă compter du 1er janvier 2017 le prĂ©lĂšvement automatique. Il suffit de remplir le mandat de prĂ©lĂšvement SEPA, qui sera envoyĂ© avec les prochaines factures afin dâautoriser le prĂ©lĂšvement, charge Ă lâĂ©tablissement dâenvoyer lâavis de sommes Ă payer oĂč figurera le montant ainsi que la date de prĂ©lĂšvement. Ce systĂšme permet de faciliter le paiement pour les familles qui sont Ă distance ou des rĂ©sidents qui souhaitent ĂȘtre rassurĂ©s en sachant que le paiement sera fait automatiquement. Les retours sont plutĂŽt favorables. A ce jour, la date de prĂ©lĂšvement nâa pas encore Ă©tĂ© dĂ©finie mais elle sera surement autour du 15 du mois. Monsieur SIMON prĂ©cise quâil nâest possible de faire quâun seul prĂ©lĂšvement par rĂ©sident. â INFORMATION SUR LE PROJET DE SECURISATION DE LâETABLISSEMENTMonsieur MASSE explique que suite au plan Vigipirate, lâĂ©tablissement a reçu une demande du ministĂšre pour sĂ©curiser au mieux lâEHPAD. Un travail est actuellement rĂ©alisĂ© sur la projection de la sĂ©curisation de lâĂ©tablissement, voir les dispositifs existants et ce qui peut ĂȘtre mis en Ćuvre. On peut se poser Ă©ventuellement la question du filtrage des allers et venues de lâentrĂ©e mise en place dâune camĂ©ra sur le poste de travail de lâaccueil ?. Ce dispositif permettra de sĂ©curiser aussi bien les rĂ©sidents que le personnel. Par exemple, pour les vestiaires ne faudrait-il pas installer un digicode avec une carte magnĂ©tique pour sĂ©curiser lâaccĂšs. En cas dâalerte, comment prĂ©venir lâensemble du personnel et des rĂ©sidents ? Une rĂ©flexion sur la mise en place Ă lâaccueil dâun bouton dâurgence » peut ĂȘtre envisagĂ©e. Le poste de lâaccueil nâĂ©tant pas occupĂ© le week-end, comment peut ĂȘtre fait le filtrage des allers et venues ? â INFORMATION SUR LA REUNION AVEC LES FAMILLES FIXEE LE 6 NOVEMBREMonsieur SIMON indique que ce cafĂ© gourmand est un moment dâĂ©change avec les rĂ©sidents et les familles sur les thĂ©matiques souhaitĂ©es. Monsieur BAHOUGNE signale que lâannĂ©e derniĂšre ce moment avait Ă©tĂ© trĂšs apprĂ©ciĂ©. â INFORMATION SUR LâHOMMAGE AUX DEFUNTS DU 3 NOVEMBRELâhommage aux dĂ©funts consiste Ă mettre en place une cĂ©rĂ©monie dâhommage aux rĂ©sidents dĂ©cĂ©dĂ©s au cours de lâannĂ©e. Cela permet de se donner un temps pour se souvenir des rĂ©sidents qui nous on quittĂ©s, et dâautre part cette cĂ©rĂ©monie rend ce moment plus solennel et lui donne un cĂŽtĂ© humain et non religieux. Le service animation travaille actuellement dessus, en crĂ©ant des portraits de chaque rĂ©sident qui nous ont quittĂ©s. Les familles des rĂ©sidents dĂ©cĂ©dĂ©s ont Ă©tĂ© invitĂ©es Ă participer Ă ce moment, qui se terminera par le partage dâun cafĂ©. Monsieur SIMON comprend bien entendu si les familles ne souhaitent pas participer Ă cette cĂ©rĂ©monie. Suivant le retour de cet essai » ce moment sera renouvelĂ© lâannĂ©e prochaine. - SUJET A LA DEMANDE DES REPRESENTANTS DES FAMILLESEntretien des espaces communsLes reprĂ©sentants des familles trouvent quâil y a eu une belle amĂ©lioration sur le nettoyage de certains espaces communs tel que les couloirs et les sanitaires. En revanche, ils ont trouvĂ© que les ascenseurs sentaient parfois mauvais et que la poubelle Ă lâentrĂ©e de lâĂ©tablissement nâĂ©tait pas toujours vidĂ©e. Monsieur SIMON rappelle que le service dâhygiĂšne des locaux est prĂ©sent de 7h30 Ă 15h30. En dehors de cette plage horaire, câest au personnel soignant dâintervenir. Une sensibilisation du personnel soignant sera faite Ă ce sujet. Madame BERTAUD ajoute quâau mois de septembre, il y a eu beaucoup dâarrĂȘts maladie, dâoĂč parfois une orientation des effectifs plus axĂ© sur lâaccompagnement des rĂ©sidents et moins sur lâentretien. En plus des panneaux de traçabilitĂ© au niveau du nettoyage des chambres, certains panneaux supplĂ©mentaires seront mis en place dans les espaces communs comme les concernant le linge des rĂ©sidentsMadame BAHOUGNE indique quâil y a eu une bonne amĂ©lioration au niveau de la lingerie, cependant il est arrivĂ© Ă plusieurs reprises quâil nây avait plus de linge dans lâarmoire de son parent, ce qui oblige le personnel soignant Ă aller en lingerie chercher des vĂȘtements. Monsieur SIMON ajoute quâil faut savoir si le problĂšme vient du trousseau, qui initialement nâest pas assez consĂ©quent ou si câest un problĂšme de frĂ©quence lavage+distribution ? Monsieur MASSE demande sâil y a des erreurs dans la distribution ? Les reprĂ©sentants des familles et des rĂ©sidents confirment que oui. Monsieur SIMON indique quâil faudrait trouver un moyen pour faciliter les Ă©changes avec la lingerie lorsquâun problĂšme est devenir de la boutiqueMadame BAHOUGNE souhaitait savoir si Ă ce jour une solution avait Ă©tĂ© trouvĂ©e pour maintenir la boutique au sein de lâEHPAD. Monsieur SIMON indique que pour lâinstant il nâa pas eu de retour de lâassociation. Tout le monde est dâaccord sur le fait que cette boutique est un service en plus pour les rĂ©sidents. Monsieur SIMON pense que lâorganisation de la boutique doit ĂȘtre repensĂ©e, et pourquoi ne pas supprimer les murs afin de faciliter la circulation. - SUJET A LA DEMANDE DES REPRESENTANTS DES RESIDENTSMonsieur ROUHAUD signale que M. B. crie souvent la nuit, ce qui est pĂ©nible pour les voisins de chambre. Monsieur SIMON indique quâil va revoir cette situation avec le mĂ©decin traitant, mais quâau final il a Ă©tĂ© constatĂ© que lâorigine des cris de ce monsieur est du fait quâil souhaite avoir une problĂšme du chien est de nouveau soulevĂ©. Plusieurs rĂ©sidents se sont plaints quâĂ plusieurs reprises ils ont vu certains soignants toucher le chien de Mme A., et administrer ensuite des mĂ©dicaments aux rĂ©sidents sans sâĂȘtre dĂ©sinfectĂ©es les mains au prĂ©alable. Monsieur SIMON indique que pour certains rĂ©sidents, le simple fait de la prĂ©sence du chien au restaurant les gĂȘne. Un rappel aux rĂšgles dâhygiĂšne des mains sera fait auprĂšs de lâensemble du poste de psychologueMonsieur SIMON prĂ©sente la nouvelle psychologue, Marie-Laure BERDEU, qui sera prĂ©sente sur lâĂ©tablissement Ă 50 % soit le mardi et vendredi. Elle bĂ©nĂ©ficie dâune formation de psycho gĂ©rontologue et travaille sur un autre EHPAD Ă Martignas. Elle a pour mission premiĂšre lâĂ©laboration des PAP projet dâaccompagnement personnalisĂ©, ancien PVI projet de vie individualisĂ©.Lâentretien du restaurantMadame RAOULT signale que le sol du restaurant nâest parfois pas toujours bien propre. Monsieur SIMON signale que dâici 15 jours, lâĂ©tablissement reçoit un nouveau matĂ©riel Ă tester. Si celui-ci convient, le coĂ»t pour lâachat de cette machine sera de 1 800 âŹ.KinĂ©sithĂ©rapeutes et amĂ©nagement de la salle prĂ©vue Ă cet effetMadame RAOULT trouve la salle trop grande et trĂšs peu utilisĂ©e par les kinĂ©s. Monsieur SIMON indique quâen effet, il faut rediscuter de lâobjectif de cette salle actuellement 5 lits de stockĂ©s Ă lâintĂ©rieur ainsi que du bureau de lâintendante. Le Docteur BLAISE propose de voir avec les kinĂ©s pour savoir dans un premier temps si cette salle est adaptĂ©e et pourquoi est-elle si peu utilisĂ©e ? Monsieur MASSE indique que lâon pourrait voir pour mutualiser un poste de kinĂ©sithĂ©rapeute. Monsieur SIMON ajoute que si on choisit de mutualiser ce poste, du coup on supprime le libre choix du des chambresMadame GAUTRAUD indique que certains rĂ©sidents demandent si le mĂ©nage des chambres peut ĂȘtre fait en respectant le moment de la sieste. Certains trouvent Ă©galement que les poubelles de chambre ne sont pas vidĂ©es rĂ©guliĂšrement. DerniĂšrement toutes les cuvettes » ont Ă©tĂ© changĂ©es, mais les derniĂšres sont plus grandes. Certains rĂ©sidents prĂ©fĂ©raient les anciennes qui Ă©taient plus petites, est-il possible de remettre les anciennes aux rĂ©sidents qui en font la demande. Monsieur SIMON rĂ©pond quâil nây a aucun moment du petit-dĂ©jeuner, beaucoup de rĂ©sidents trouvent que le lait Ă goĂ»t dâeau. Monsieur SIMON signale que le dosage va ĂȘtre revu. Il rappelle quâune commission de restauration aura lieu pour les menus du 25 dĂ©cembre 2016 et 1er janvier GAUTRAUD demande si pour le prochain vote Ă©lectoral il serait possible que le bureau de vote qui se trouve Ă lâĂ©cole de Soulac-sur-Mer soit transfĂ©rĂ© Ă lâEHPAD, de façon Ă faciliter le vote pour les rĂ©sidents ? Monsieur SIMON trouve lâidĂ©e bonne, et se charge dâen faire la demande Ă Monsieur MIQUAU prĂ©sente les animations qui auront lieu au cours du dernier trimestre semaine du goĂ»t, cinĂ©maâŠ. Chaque mois est organisĂ© un groupe de parole sur le thĂšme comment rester citoyen en Ă©tant en EHPAD ? ». En juin prochain, un colloque aura lieu avec les rĂ©sidents qui ont participĂ©s Ă ces Ă©changes dans la limite des places de vĂ©hicule disponible pour le transport, et Ă lâissu certaines idĂ©es seront retenues pour ĂȘtre mise en place. Le planning prĂ©visionnel des animations sera joint au prĂ©sent compte du jour Ă©tant Ă©puisĂ©, la sĂ©ance est levĂ©e Ă 13h00. Madame Denise GAUTRAUD PrĂ©sidente du conseil de vie sociale EHPAD St Jacques de COMPOSTELLE71 / 73 route des Lacs - 33780 SOULAC SUR MER 05 56 73 50 50 - 7 05 56 41 45 64e-mail contact DE VIE SOCIALERELEVE DE CONCLUSIONS DU 19 AVRIL 2016_______________________Le dix neuf avril deux mille seize Ă dix heures, le Conseil de la Vie Sociale de lâEHPAD Saint jacques de Compostelle de SOULAC SUR MER 33780 sâest rĂ©uni, au lieu habituel des sĂ©ances sous la PrĂ©sidence de Monsieur ROUHAUD Robert, puis de Madame GAUTRAUD PRESENTS Madame Denise GAUTRAUD, PrĂ©sidente, reprĂ©sentante des personnes accueillies ou prises en soins,Monsieur Robert ROUHAUD, reprĂ©sentant des personnes accueillies ou prises en soins,Madame MarieLouise JAM, reprĂ©sentante des personnes accueillies ou prises en soins,Madame Francine SANGUINET, ViceprĂ©sidente, reprĂ©sentante des familles ou des reprĂ©sentants lĂ©gaux,Madame Monique BAHOUGNE, reprĂ©sentante des familles ou des reprĂ©sentants lĂ©gaux,Monsieur GĂ©rard MASSE, reprĂ©sentant du personnelMadame BĂ©atrice BERTAUD, cadre de santĂ©Docteur Jean-Marie BLAISE, mĂ©decin coordonnateurMadame Camille MIQUAU, animatriceETAIENT EXCUSES Membre avec voix dĂ©libĂ©rative Monsieur Claude MARTIN, membre dĂ©signĂ© par le Conseil dâAdministration en sa qualitĂ© de reprĂ©sentant de la commune de SOULAC S/MER,Madame Bernadette RAOULT, reprĂ©sentante des personnes accueillies ou prises en soins,Membre avec voix consultative Monsieur StĂ©phane PICHON, directeurASSISTAIENT A LA SEANCE Avec voix consultative Monsieur Olivier SIMON, directeur adjoint A titre consultatif et sans voix consultative SecrĂ©taire de sĂ©ance non dĂ©signĂ©, secrĂ©tariat assurĂ© par un membre de lâadministration dĂ©signĂ© par le directeur Mademoiselle Laurine PLACIDO, adjoint administratif hospitalier,___________________ORDRE DU JOUR1 â APPROBATION DU COMPTE RENDU DE SEANCE DU 19 JANVIER 20162 â COMPTE ADMINISTRATIF 20153 â NOUVEAU REGLEMENT INTERIEUR DU CONSEIL DE LA VIE SOCIALE4 â INFORMATION SUR LE PASSAGE A LA HD5 â PROJET VACANCES6 â PRESTATIONS REPAS7 â ENTRETIEN DES CHAMBRES8 â VOL DANS LES CHAMBRES9 â PROBLEME APPEL MALADE10 â ORGANISATION DU TRAVAIL DES EQUIPES__________________Monsieur le directeur adjoint fait part des excuses de Messieurs PICHON et MARTIN, et Madame RAOULT qui nâont pu assistĂ©s Ă la sĂ©ance et remercie Madame JAM dâĂȘtre prĂ©sente en tant que supplĂ©ante de Madame RAOULT. â APPROBATION DU COMPTE RENDU DE SEANCE DU 9 JANVIER 2016Le compte rendu de la sĂ©ance du 19 janvier 2016 est adoptĂ© Ă lâunanimitĂ© par les membres du Conseil de la Vie SIMON rappelle que lors de la derniĂšre sĂ©ance, Monsieur PICHON avait demandĂ© Ă Monsieur ROUHAUD de quitter la salle du Conseil de Vie Sociale, suite Ă son comportement outrancier au regard de Mme R. Messieurs PICHON et SIMON ont reçu le 19 janvier mĂȘme Monsieur ROUHAUD, en lui demandant de prĂ©senter ses excuses auprĂšs de Mme R, sous peine dâĂȘtre destituĂ© de ses fonctions de prĂ©sident. Monsieur ROUHAUD confirme lors de la sĂ©ance qui ne prĂ©sentera pas ses excuses. Monsieur SIMON dessaisi donc Monsieur ROUHAUD de son rĂŽle de est procĂ©dĂ© Ă la nomination dâun nouveau prĂ©sident. Il sâagit de Madame GAUTRAUD qui est nommĂ©e Ă lâunanimitĂ© prĂ©sidente. Monsieur SIMON lâencourage Ă inciter les rĂ©sidents Ă participer Ă la vie sociale de lâEHPAD. â COMPTE ADMINISTRATIF 015Monsieur SIMON rappelle les deux Ă©chĂ©ances importantes du budget avril, oĂč lâon prĂ©sente le bilan de lâannĂ©e Ă©coulĂ©e et octobre oĂč lâon adopte le budget Ă venir. Le budget est prĂ©sentĂ© au Conseil de la Vie Sociale, au ComitĂ© Technique dâEtablissement et adoptĂ© en Conseil dâAdministration. Le compte de gestion est prĂ©sentĂ© par la TrĂ©soriĂšre lors du Conseil dâAdministration, celui-ci doit ĂȘtre identique au compte administratif de lâEHPAD. Sur 2015, il y a eu 31 admissions pour 29 sorties dĂ©cĂšs, retour au domicile, changement de structure. LâĂ©tablissement accueille beaucoup de situation de rapprochement familial enfants ou petits-enfants sur le mĂ©doc. MalgrĂ© lâhabilitation totale Ă lâaide sociale, le prix reste abordable car il y a seulement un tiers des rĂ©sidents qui bĂ©nĂ©ficient de lâaide sociale. De plus en plus de rĂ©sident bĂ©nĂ©ficie de mesure de protection, ce qui est un avantage pour lâĂ©tablissement, car nous avons un rĂ©fĂ©rent lĂ©gal pour Ă©changer, charge Ă lui de transmettre lâinformation au reste de la famille. Depuis le 1er janvier 2016, la demande de mise sous protection juridique a Ă©tĂ© simplifiĂ©e, elle peut ĂȘtre demandĂ©e par le mĂ©decin coordonnateur de lâĂ©tablissement. LâactivitĂ© de lâĂ©tablissement est stable en ce qui concerne lâhĂ©bergement permanent et temporaire avec respectivement un taux de 98% et 73%, et toujours en net replie pour lâaccueil de jour taux de 14%. Concernant lâaccueil de jour, il y a une forte mĂ©connaissance de cette accueil sur le secteur, et beaucoup dâoffre entre Soulac et Vendays, soit 12 au total et plus rien jusquâĂ la limite de Blanquefort. LâARS envisage de supprimer les deux places dâaccueil de jour pour les remplacer par un accueil temporaire supplĂ©mentaire, ce qui nâaurait pas dâimpact au niveau BAHOUGNE demande sâil nây a pas la possibilitĂ© de faire Ă©galement une place dâaccueil permanent ? Monsieur SIMON signale quâune autre place en hĂ©bergement permanent nâest pas envisageable de part les contraintes GAUTRAUD demande sâil y a beaucoup de dĂ©lai pour ĂȘtre admis Ă lâEHPAD ? Monsieur SIMON rĂ©pond quâĂ ce jour câest relativement rapide, environ 3 mois. Au niveau des effectifs, tout ce qui est autorisĂ© Ă ĂȘtre dĂ©pensĂ© est SANGUINET demande quand est-ce que les accidents de travail vont ĂȘtre rĂ©gularisĂ©s ? Pour la personne du service lingerie, Monsieur SIMON signale quâelle a rĂ©guliĂšrement des expertises et jusquâĂ prĂ©sent Ă Ă©tĂ© dĂ©clarĂ©e inapte Ă la reprise. Pour la personne du service de nuit, le dossier est en cours de rĂ©gularisation pour une retraite pour les recettes dâexploitations on constate un excĂ©dent de 3 000 âŹ. Madame SANGUINET demande combien de temps sont valable les excĂ©dents ? Monsieur SIMON indique que les excĂ©dents sont valables Ă vie et doivent ĂȘtre rĂ©affectĂ©s tous les 2 ans aprĂšs leur constat. â NOUVEAU REGLEMENT INTERIEUR DU CONSEIL DE LA VIE SOCIALEMonsieur SIMON explique quâil existe un rĂšglement du Conseil de la Vie Sociale propre Ă lâĂ©tablissement mais que celui-ci nâest pas trĂšs formalisĂ©. AprĂšs Ă©change avec dâautres EHPAD, il prĂ©sente et propose un nouveau rĂšglement qui est adoptĂ© Ă lâunanimitĂ©. Le rĂšglement sera joint au prĂ©sent compte rendu et sera applicable au 1er mai 2016. â INFORMATION SUR LE PASSAGE A LA HDMonsieur MASE explique que suite Ă une dĂ©cision des autoritĂ©s nationales, la frĂ©quence de rĂ©ception des tĂ©lĂ©viseurs passe de SD Ă HD. Cela oblige lâĂ©tablissement Ă rĂ©aliser des travaux de mise aux normes. Le coĂ»t est dâenviron 20 000 ⏠HT. Les travaux dĂ©buteront le 20 avril 2016. Un Ă©tat des lieux de tous les tĂ©lĂ©viseurs sera fait. A lâissue, soit le tĂ©lĂ©viseur sera compatible et il pourra fonctionner correctement soit il faudra faire lâachat dâun dĂ©modulateur, qui sera Ă la charge de la famille, soit il faudra changer le tĂ©lĂ©viseur. Le rĂ©glage des tĂ©lĂ©viseurs et lâinstallation des dĂ©modulateurs sera assurĂ© par le service technique. Monsieur SIMON rappelle que lâĂ©tablissement doit fournir lâaccĂšs Ă la tĂ©lĂ©vision mais nâest pas dans lâobligation de fournir le matĂ©riel. Madame BAHOUGNE demande si lâaccĂšs Ă CANAL+ est possible ? Monsieur MASSE rĂ©pond que lâĂ©tablissement nâest pas Ă©quipĂ© pour, mais pourquoi pas fournir un accĂšs sur lâun des tĂ©lĂ©viseurs de lâĂ©tablissement. â PROJET VACANCESLâĂ©tablissement adhĂšre Ă lâAGIRA Association GĂ©rontologique pour l'Innovation et la Recherche d'Animation en Gironde. Cette annĂ©e lâĂ©tablissement organise un sĂ©jour vacances au Souffle Vert Ă Cussac dans le dĂ©partement de la CorrĂšze du 29 aoĂ»t au 2 septembre 2016. Douze personnes pourront participer au voyage dont 3 accompagnants. Le coĂ»t est dâenviron 3 000⏠pour lâhĂ©bergement et les repas assurĂ© par lâĂ©tablissement. Le transport sera pris en charge par lâEHPAD ; seules les sorties payantes seront assumĂ©es par les rĂ©sidents musĂ©e âŠ. La liste des participants sera Ă©tablit par le mĂ©decin coordonnateur, la cadre de santĂ© et la direction. La possibilitĂ© dâune navette en cours de sĂ©jour va ĂȘtre Ă©tudiĂ©e de façon Ă ce que le maximum de rĂ©sidents puisse participer. Ce qui fera un sĂ©jour de 2 jours et demi par rĂ©sident. Le budget de lâanimation ne sera pas impactĂ© par ce voyage car câest un budget supplĂ©mentaire qui a Ă©tĂ© SANGUINET signale quâen gĂ©nĂ©ral les rĂ©sidents sont satisfaits de lâanimation, seulement une minoritĂ© trouve que câest toujours les mĂȘmes rĂ©sidents qui participent aux SIMON pense quâil faudrait dĂ©centraliser lâanimation, pourquoi ne pas installer une borne musicale prĂ©s de lâaccueil. Il ajoute Ă©galement quâil est sur le point de recruter un agent qui servirait de chauffeur de taxi » pour que les rĂ©sidents puissent dâavantage aller Ă lâextĂ©rieur. â PRESTATIONS REPASMadame SANGUINET rapporte le ressenti des rĂ©sidents par rapport au petit-dĂ©jeuner et repas, oĂč dans lâensemble il y a des retours petit-dĂ©jeuner est de meilleure qualitĂ©, mais le cafĂ© nâest parfois pas assez chaud pour les rĂ©sidents qui sont servis en fin de pichet. Mme BERTAUD signale quâelle a demandĂ© aux agents de mettre la quantitĂ© de cafĂ© pour 15 chambres et quâensuite ils repartent remplir les pichets pour que le cafĂ© soit moins le repas du midi, les rĂ©sidents trouvent le nouveau pain meilleur, meilleure prĂ©sentation des plats. Ce qui a Ă©tĂ© relevĂ© en point nĂ©gatif est la distribution des repas qui pose problĂšme, les cris de certains rĂ©sidents plus dĂ©pendant, les fruits qui sont servis trop froid et pour le repas du soir en chambre le manque de sel et poivre sur les plateaux. Monsieur SIMON indique que lâun des cuisiniers doit faire office de chef de salle pour gĂ©rer lâordre du service des repas. En fin de repas, il pourrait Ă©ventuellement aller Ă la rencontre des rĂ©sidents pour savoir si le repas leur Ă plu ou si il y a des rĂ©sidents qui mangent en texture hachĂ© trouvent que lâaspect nâest pas trĂšs appĂ©tissant et que le plat nâa pas de le goĂ»ter, ils rĂ©clament plus de fruit. Monsieur SIMON signale que le goĂ»ter va ĂȘtre modifiĂ© de façon Ă ce que ce soit plus variĂ© gĂąteau, compote, laitage, fruit en changeant chaque jour. Madame MIQUAU demande si Ă la place du pain pour certains rĂ©sidents il est possible dâavoir du pain de mie ? Mme BERTAUD est dâaccord et prĂ©cise que câest dĂ©jĂ mis en place pour certains rĂ©sidents. Monsieur SIMON rappelle que suivant les modifications apportĂ©es il y a un impact sur le budget. Par exemple, il est maintenant proposĂ© tous les matins du jus de fruit multivitaminĂ©s, ce qui reprĂ©sente un coĂ»t de 3 000 ⏠sur lâ soir, certains souhaiteraient avoir une tisane. Mme BERTAUD signale que les veilleuses servent dĂ©jĂ des infusions le soir aux rĂ©sidents qui en font la demande et rappellera aux veilleuses de proposer plus souvent Ă dâautres rĂ©sidents qui nâosent peut-ĂȘtre pas situation de M. D est Ă©voquĂ©e car celui-ci a deux textures diffĂ©rentes entre le repas du midi et du soir. Madame BERTAUD explique que câest le seul rĂ©sident dans ce cas lĂ pour lequel il y a bien une prescription de la part de son orthophoniste. M. D mange en hachĂ© le midi car il se trouve au restaurant et, si il y a un problĂšme le personnel est prĂ©sent immĂ©diatement pour pouvoir intervenir. En revanche, le soir il mange en chambre en texture mixĂ© pour Ă©viter tous risque de fausse SIMON annonce que lâĂ©tablissement a commandĂ© du nouveau mobilier pour les deux restaurants ainsi que celui du personnel. Il sera livrĂ© courant juillet 2016. â ENTRETIEN DES CHAMBRESMadame SANGUINET signale que le nettoyage des sanitaires laisse Ă dĂ©sirer et que les poubelles ne sont pas vidĂ©es rĂ©guliĂšrement. Mme BERTAUD signale que prochainement il y aura une traçabilitĂ© au niveau du mĂ©nage un support a Ă©tĂ© commandĂ© pour tester. Mme BERTAUD rappelle que le lavabo, les toilettes et lâadaptable doivent ĂȘtre lavĂ©s par les aides-soignants. Madame SANGUINET demande si les pichets sont changĂ©s tous les jours dans les chambres ? Madame BERTAUD rĂ©pond que normalement oui et que 50 pichets supplĂ©mentaire ont Ă©tĂ© achetĂ©s de façon Ă ce quâil y ai un roulement le temps du nettoyage. â VOL DANS LES CHAMBRESMadame SANGUINET fait remonter certaine information concernant les vols commis dans les chambres. Les rĂ©sidents qui ont la clĂ© de leur chambre se plaignent, car lorsquâils quittent leur chambre ils ferment Ă clĂ©, et parfois Ă leur retour la chambre est de nouveau ouverte. Il est donc demandĂ© aux agents que lorsquâil rentre dans une chambre qui Ă©tait fermĂ©e, de bien prendre soin de refermer derriĂšre eux. Mme SANGUINET signale que pour certains rĂ©sidents mĂȘme en fermant leur porte Ă clĂ©, il constate que des objets de valeur disparaissent. Monsieur SIMON signale que des caissettes fermant Ă clĂ©s on Ă©tĂ© installĂ©s dans toute les chambres mise Ă part celles de lâunitĂ© protĂ©gĂ©e. Il constate Ă©galement que depuis le dĂ©part de certains professionnels il nây a quasiment plus de vol. Aussi, lorsquâun rĂ©sident est hospitalisĂ©, il est procĂ©dĂ© Ă un inventaire des biens et valeurs du rĂ©sident. Dans le cas oĂč il y aurait une rĂ©clamation, nous serions en mesure de dire si le rĂ©sident est parti avec ses valeurs ou pas. â PROBLEME APPEL MALADECertains rĂ©sidents trouvent le temps dâattente trop long. Une Ă©tude sur le dĂ©lai de rĂ©ponse des professionnels aux appels sera envisagĂ©e si le phĂ©nomĂšne se rĂ©pĂšte. â ORGANISATION DU TRAVAIL DES EQUIPESMadame SANGUINET signale que certains rĂ©sidents trouvent quâil y a trop de roulement au niveau du personnel, ce qui créé des pertes de repĂšres. Madame BERTAUD explique quâentre les congĂ©s, les formations et lâabsentĂ©isme il est compliquĂ© de faire moins de roulements de personnel. Monsieur SIMON ajoute quâau niveau du personnel contractuel nous avons toujours les mĂȘmes agents. Mme BERTAUD signale que rĂ©cemment il y a eu la mise en place de rĂ©fĂ©rent, qui font le lien avec les familles ou le tuteur quand il y a des besoins pour le trousseau etc.⊠Madame SANGUINET trouve que les produits de toilette sont rangĂ©s trop haut. Elle signale Ă©galement quâun mercredi elle avait portĂ© du dentifrice pour sa mĂšre et que le mardi suivant il y avait toujours lâopercule sur le tube. Madame BERTAUD indique quâavec le nouveau logiciel de soins, chaque soin sera signĂ© par le professionnel. Madame BAHOUGNE signale que plusieurs rĂ©sidents se sont plaints car Ă plusieurs reprises ils ont vu certaines infirmiĂšres toucher le chien de Mme A. et administrer ensuite des mĂ©dicaments aux rĂ©sidents sans sâĂȘtre dĂ©sinfectĂ©es les mains au du jour Ă©tant Ă©puisĂ©, la sĂ©ance est levĂ©e Ă 12h40. Madame Denise GAUTRAUD PrĂ©sidente du conseil de vie sociale EHPAD St Jacques de COMPOSTELLE71 / 73 route des Lacs - 33780 SOULAC SUR MER 05 56 73 50 50 - 7 05 56 41 45 64e-mail contact DE VIE SOCIALERELEVE DE CONCLUSIONS DU 21 JUIN 2016_______________________Le vingt et un juin deux mille seize Ă dix heures, le Conseil de la Vie Sociale de lâEHPAD Saint jacques de Compostelle de SOULAC SUR MER 33780 sâest rĂ©uni, au lieu habituel des sĂ©ances sous la Vice-prĂ©sidence de Madame Eliane PRESENTS Monsieur Robert ROUHAUD, reprĂ©sentant des personnes accueillies ou prises en soins,Madame Bernadette RAOULT, reprĂ©sentante des personnes accueillies ou prises en soins,Madame Eliane JACOB, ViceprĂ©sidente, reprĂ©sentante des familles ou des reprĂ©sentants lĂ©gaux,Madame Monique BAHOUGNE, reprĂ©sentante des familles ou des reprĂ©sentants lĂ©gaux,Monsieur GĂ©rard MASSE, reprĂ©sentant du personnelMadame Sandra REYREAUD, reprĂ©sentante du personnelETAIENT EXCUSES Membre avec voix dĂ©libĂ©rative Monsieur Claude MARTIN, membre dĂ©signĂ© par le Conseil dâAdministration en sa qualitĂ© de reprĂ©sentant de la commune de SOULAC S/MER,Madame Denise GAUTRAUD, PrĂ©sidente, reprĂ©sentante des personnes accueillies ou prises en soinsMembre avec voix consultative Madame BĂ©atrice BERTAUD, cadre de santĂ©- Dr Jean-Marie BLAISE, mĂ©decin coordonnateur- Mme Camille MIQUAU, animatriceASSISTAIENT A LA SEANCE Avec voix consultative Monsieur StĂ©phane PICHON, directeurMonsieur Olivier SIMON, directeur adjoint A titre consultatif et sans voix consultative SecrĂ©taire de sĂ©ance non dĂ©signĂ©, secrĂ©tariat assurĂ© par un membre de lâadministration dĂ©signĂ© par le directeur Mademoiselle Laurine PLACIDO, adjoint administratif hospitalier,___________________ORDRE DU JOUR1 â APPROBATION DU COMPTE RENDU DE SEANCE DU 19 AVRIL 20162 â PLAN CANICULE 20163 â DESIGNATION DâUN REPRESENTANT AU CONSEIL DâADMINISTRATION4 â INFORMATION SUR LES COMMUNICATIONS TRANSMISES AUX INFIRMIERES5 â INFORMATION SUR LES HEURES DE FERMETURES DES PORTAILS6 â INFORMATION SUR LE DEVENIR DE LâASSOCIATION DâANIMATION7 â PROGRAMME ESTIVAL DE LâANIMATION8 â DIVERS__________________Monsieur le directeur adjoint fait part des excuses du Dr BLAISE, et Mmes BERTAUD, GAUTRAUD et MIQUAU qui nâont pu assistĂ©s Ă la sĂ©ance. Il fait part Ă©galement de la dĂ©mission du CVS de Mme SANGUINET, qui sera remplacĂ©e par Mme JACOB en tant que vice prĂ©sidente. â APPROBATION DU COMPTE RENDU DE SEANCE DU 9 AVRIL 2016Le compte rendu de la sĂ©ance du 19 avril 2016 est adoptĂ© Ă lâunanimitĂ© par les membres du Conseil de la Vie ROUHAUD fait part de son mĂ©contentement du fait quâil est Ă©tĂ© destituĂ© de ses fonctions de prĂ©sident. Mme BAHOUGNE indique que lâĂ©tablissement est une collectivitĂ© et que lâon peut comprendre quâil est difficile de sâentendre avec tout le monde, mais que dans tous les cas il doit y avoir un respect Ă la demande de M. SIMON, M. ROUHAUD confirme quâil souhaite toujours faire partie de cette instance. â PLAN CANICULE 016Monsieur SIMON signale que le plan canicule a Ă©tĂ© rĂ©visĂ© et mis Ă jour. Nos stocks ont Ă©tĂ© revus brumisateur, eau âŠ. Les familles et/ou reprĂ©sentants lĂ©gaux peuvent amener des ventilateurs aux rĂ©sidents en ayant au prĂ©alable prĂ©venu le service technique afin quâil vĂ©rifie sâil nây a pas de risque Ă©lectrique avec le matĂ©riel apportĂ©. Des affiches ont Ă©tĂ© placĂ©es dans les ascenseurs, indiquant ce quâil est conseillĂ© de faire en cas de canicule ou de fortes chaleurs. Elles seront Ă©galement remis Ă chaque rĂ©sident et familles et/ou reprĂ©sentants lĂ©gaux. Pour les agents, une fiche indiquant les bonnes conduites Ă tenir sera distribuĂ©e avec le bulletin de salaire de juin. M. MASSE prĂ©cise que sur les 5 annĂ©es Ă venir, il sera Ă©ventuellement envisagĂ© de rafraichir des piĂšces supplĂ©mentaires. M. PICHON explique que lâon parle de canicule quand il y a eu 3 jours et 3 nuits consĂ©cutives avec des tempĂ©ratures au-delĂ des moyennes de saisons, sinon il sâagit de fortes chaleurs. Sâil y a une canicule, une Madame Canicule » sera alors dĂ©signĂ©e pour effectuer des passages rĂ©guliers dans toutes les chambres. M. SIMON rappelle que tous les couloirs de la façade sud ont Ă©tĂ© Ă©quipĂ©s de rideaux occultants. Le service technique a la charge de gĂ©rer lâouverture et la fermeture des rideaux en fonction de la mĂ©tĂ©o. M. MASSE prĂ©cise que malgrĂ© les rideaux, certains secteurs sont plus chauds que dâautres et que la prioritĂ© des travaux sera sur ces secteurs lĂ . â DESIGNATION DâUN REPRESENTANT AU CONSEIL DâADMINISTRATIONDu fait de la dĂ©mission de Mme SANGUINET, Mme BAHOUGNE est dĂ©signĂ©e Ă lâunanimitĂ© pour remplacer Mme SANGUINET en tant que reprĂ©sentante du Conseil de la Vie Sociale au Conseil dâAdministration de lâĂ©tablissement. â INFORMATION SUR LES COMMUNICATIONS TRANSMISES AUX INFIRMIERESLes infirmiĂšres sont prĂ©sentes de 6h45 Ă 20h. M. SIMON explique quâau regard de lâorganisation du travail, il a dĂ©cidĂ© de dĂ©caler le transfert des appels des familles Ă lâattention des IDE Ă partir de 15h. Ce changement a fait lâobjet dâune note dâinformation et, est en application depuis mi mai 2016. Il nây a pas eu de retour nĂ©gatif de la part des familles. En revanche, les infirmiĂšres apprĂ©cient beaucoup ce changement, qui leur permet de ne pas ĂȘtre dĂ©rangĂ©es et plus concentrĂ©es pendant les soins. De plus, Mme REYREAUD fait remarquer que juste avant il y a eu les transmissions entre les Ă©quipes de matin et de soir. Mme BAHOUGNE ajoute que la vision de la santĂ© de santĂ© du rĂ©sident est donc faite sur la nuit passĂ©e, le repas du midi et une partie de lâaprĂšs-midi. Monsieur SIMON signale que si il y a des remarques de la part des familles, ne pas hĂ©sitez Ă faire remonter lâinformation. Monsieur SIMON ajoute que lors de la rĂ©vision des documents institutionnels, le rĂšglement de fonctionnement et contrat de sĂ©jour devront ĂȘtre modifiĂ©s afin que ce changement soit notifiĂ©. En attendant la modification des documents, la note dâinformation sera remise en mĂȘme temps que le contrat de sĂ©jour. â INFORMATION SUR LES HEURES DE FERMETURES DES PORTAILSMonsieur MASSE explique que rĂ©cemment une rĂ©sidente a quittĂ© lâĂ©tablissement sans avoir prĂ©venu pendant plusieurs jours. Une cellule de crise a due ĂȘtre mise en place. JusquâĂ prĂ©sent, les portails se fermĂ©s automatiquement de 21h45 Ă 6h30. Monsieur SIMON prĂ©cise que pour la sĂ©curitĂ© des rĂ©sidents tout en assurant le respect de leur libertĂ© dâaller et venir, Ă compter du 27 juin 2016, lâouverture du portail de lâaccĂšs principal ne pourra se faire que par un membre du personnel de lâĂ©tablissement Ă partir de 20h00 le soir et jusquâĂ 6h30 le matin. Le personnel sera joignable soit en utilisant le tĂ©lĂ©phone situĂ© Ă lâaccueil de lâĂ©tablissement soit en composant le numĂ©ro du standard Madame BAHOUGNE demande sâil y a beaucoup de rĂ©sident qui fugue ? Monsieur SIMON rĂ©pond que câest peu frĂ©quent. Il rappelle quâaujourdâhui il existe des moyens pour localiser un rĂ©sident comme le bracelet anti-fugue. Depuis un mois, lâĂ©tablissement a sollicitĂ© quelques fournisseurs, pour essayer dâobtenir un moyen de gĂ©o localisation pour les rĂ©sidents susceptible de fuguer. â INFORMATION SUR LE DEVENIR DE LâASSOCIATION DâANIMATIONM. SIMON explique quâil existe beaucoup de confusion entre les missions de lâassociation et lâanimation, la prise en charge de certaines activitĂ©s⊠Lors de la derniĂšre assemblĂ©e gĂ©nĂ©rale, il nây avait pas de rĂ©sident, ni de personnel qui ont souhaitĂ©s se prĂ©senter pour reprendre lâassociation dâanimation. M. SIMON laisse jusquâĂ la fin de lâannĂ©e pour voir si des personnes seraient Ă©ventuellement intĂ©ressĂ©es pour reprendre lâassociation, sinon elle nâaura plus lieu dâĂȘtre. Si des familles sont intĂ©ressĂ©es pour en faire partie et souhaitent plus de renseignements, elles sont invitĂ©es Ă prendre contact avec Mme SEURIN, secrĂ©taire adjointe. Lâassociation sert pour deux types de financement les prestations extĂ©rieurs et lâachat de matĂ©riel pour lâanimation. Le budget de lâanimation a dâores et dĂ©jĂ Ă©tĂ© revu, pour que lâanimatrice nâait plus besoin de solliciter lâ BAHOUGNE indique ne pas connaĂźtre la composition du bureau de lâassociation. Monsieur PICHON signale quâavant lâassociation avait un lien avec lâĂ©tablissement car ce dernier lui versait une subvention. Or, depuis deux ans ce nâest plus le ROUHAUD remercie M. PINTAT, pour le versement de la subvention qui est octroyĂ© par la mairie de BAHOUGNE trouve dommage que le temps de lâanimatrice passĂ© Ă lâassociation nâest pas mis au bĂ©nĂ©fice des rĂ©sidents qui sont plus SIMON pense que si lâassociation doit sâarrĂȘter, le plus difficile sera par rapport Ă la boutique, car câest un service apprĂ©ciĂ© par les rĂ©sidents et que celui-ci ne peut ĂȘtre gĂ©rĂ© que par une PICHON indique quâil faudrait trouver du temps de bĂ©nĂ©vole pour pouvoir ouvrir la boutique et que ce ne soit plus lâanimatrice qui sâen charge afin dâĂ©viter toute BAHOUGNE demande si des personnes des Senioriales ne pourraient pas sâen charger ? M. SIMON explique quâils sont lĂ lors des festivitĂ©s, mais quâils ont créés rĂ©cemment leur association et nâauront pas la possibilitĂ© de consacrer du temps pour la SIMON ajoute que Mme MIQUAU a mis en place un partenariat avec le cinĂ©ma de Lesparre et Soulac, ce qui est une bonne chose. Cependant, il reste le prix de la place de cinĂ©ma qui est Ă la charge du rĂ©sident, ce qui peut ĂȘtre un frein pour certains qui ont peu de ressources. Câest lĂ ou lâassociation pourrait avoir un but caritatif, en prenant en charge le coĂ»t des sorties pour les rĂ©sidents qui ont peu de ressources et pas de familles. â PROGRAMME ESTIVAL DE LâANIMATIONMalgrĂ© la pĂ©riode estivale, il y a de nombreux jours oĂč des animations sont proposĂ©es. Bien entendu, celles-ci seront maintenues en fonction de la mĂ©tĂ©o. Sur la partie vie sociale, il faut penser Ă repositionner et intĂ©grer de nouveau les personnels sur lâanimation. Lâanimatrice ne devrait pas faire dâanimation mais seulement coordonner les activitĂ©s. M. SIMON remercie Mme MIQUAU pour son implication. Quant Ă Mme COUVREUX, elle arrive sur sa 5Ăšme et derniĂšre annĂ©e de contrat CUI. Mme BAHOUGNE trouve aberrent que lâon puisse recruter de nouveau quelquâun mais que ça ne peut pas ĂȘtre la mĂȘme personne, alors que celle-ci a acquise des compĂ©tencesâŠ. M. SIMON signale que dans la limite du tableau des effectifs, il essaye de garder les personnes compĂ©tentes dont leur contrat CUI arrive Ă Ă©chĂ©ance. Le repas champĂȘtre a Ă©tĂ© une rĂ©ussite mise Ă part certaines chansons qui Ă©taient peu entrainantes. Lâanimatrice doit ĂȘtre plus sensible au rĂ©pertoire des chansons. Le personnel a Ă©tĂ© trĂšs impliquĂ©, environ 220 personnes prĂ©sentes et beaucoup de nouvelles familles. Les cuisiniers ont pu venir dĂ©jeuner avec les rĂ©sidents. Les reprĂ©sentants des familles fĂ©licitent les cuisiniers pour le repas. M. SIMON ajoute quâil reste tout de mĂȘme des efforts Ă faire sur le dressage des assiettes, la variation des produits et la prĂ©sentation des textures modifiĂ©es. Le programme des animations du 3Ăšme trimestre sera joint au prĂ©sent compte rendu. â DIVERSM. ROUHAUD signale que M. B crie souvent la nuit, ce qui est difficile Ă supporter pour pouvoir sâendormir. M. SIMON indique que le mĂ©decin traitant de ce rĂ©sident a Ă©tĂ© sollicitĂ© de façon Ă adapter son traitement au mieux et un suivi psychologique est actuellement en des chambresLors du dernier Conseil de la Vie Sociale, il avait Ă©tĂ© signalĂ© quâun support test » avait Ă©tĂ© commandĂ© pour le suivi de lâentretien des chambres. M. MASSE explique que ce support a Ă©tĂ© expĂ©rimentĂ© sur une chambre tĂ©moin. Cela permet de voir le jour oĂč le changement de draps a Ă©tĂ© fait ainsi que le mĂ©nage, et le nom de lâagent qui a rĂ©alisĂ© cette tĂąche. Le support coute 23 ⏠piĂšce. Celui-ci serait installĂ© dans toutes les chambres ainsi que tous les lieux communs. LâidĂ©e nâest pas de surveiller le travail des agents, mais face aux questionnements dâune famille de pouvoir apporter une rĂ©ponse justifiĂ©e. M. SIMON prĂ©cise que certaines chambres ont Ă©tĂ© identifiĂ©es comme devant ĂȘtre faite tout les jours. M. ROUHAUD est satisfait du mĂ©nage comparĂ© Ă civiqueLe Service Civique est un engagement volontaire au service de l'intĂ©rĂȘt gĂ©nĂ©ral. Il peut ĂȘtre effectuĂ© auprĂšs dâassociations, de collectivitĂ©s territoriales mairies, dĂ©partements ou rĂ©gions ou dâĂ©tablissements publics musĂ©es, collĂšges⊠dans 9 grands domaines dont le mĂ©dico-social. Les dĂ©marches administratives sont complexes pour pouvoir obtenir un volontaire. LâEHPAD adhĂšre Ă la FHF FĂ©dĂ©ration HospitaliĂšre de France, donc cela nous permet dâĂ©viter toutes les dĂ©marches administratives. Nous avons donc signalĂ© Ă la FHF que nous avons deux projets celui du taxi/bus », et un en commun avec lâĂ©tablissement de vertheuil, qui serait dâaccompagner les rĂ©sidents aux nouvelles technologies de communication, et Ă©ventuellement la crĂ©ation dâun site internet. Le dossier a Ă©tĂ© dĂ©posĂ© dĂ©but juin, la commission aura lieu Ă la fin du mois, avec un retour pour le mois dâoctobre 2016. La contribution que lâĂ©tablissement devrait verser est de 110 ⏠par mois par volontaire. Nous devrons Ă©galement rĂ©pondre Ă des obligations car un cahier des charges a Ă©tĂ© fixĂ©. A lâavenir, le 3Ăšme projet serait la crĂ©ation dâune ferme thĂ©rapeutique, avec si possible un volontaire bĂ©nĂ©ficiant dâune formation animaliĂšre. Etant sensible au gaspillage alimentaire, les Ă©pluchures de lĂ©gumes etc. pourraient servir Ă nourrir les animaux plutĂŽt que dâĂȘtre jetĂ©s Ă la 22 juin lâĂ©tablissement reçoit le mobilier du restaurant. Celui-ci sera dotĂ© de table ronde, plus conviviale et un repositionnement des anciennes tables sera fait sur lâ sâest associĂ© avec dâautres EHPAD du groupement de coopĂ©ration des ehpads publics girondins afin de passer un marchĂ© dans le but dâavoir des produits de meilleurs qualitĂ© au meilleur prix. M. ROUHAUD constate une nette amĂ©lioration au niveau des MASSE trouve quâil y a plus de communication au niveau des Ă©quipes. Mme BAHOUGNE rejoint lâavis de M. MASSE, constate que les Ă©quipes sont plus soudĂ©es, Ă lâĂ©coute⊠Lorsque des soins supplĂ©mentaires sont faits les familles sont prĂ©venues, il y a plus de dialogue. M. SIMON prĂ©cise que le changement des horaires de travail a Ă©tĂ© bĂ©nĂ©fique, car Ă certains moments clĂ© comme le repas, les agents sont plus nombreux. Il ajoute Ă©galement que les Ă©quipes sont constructives et adhĂšrent aux changements. LâarrivĂ© de la nouvelle cadre de santĂ© a permis de revoir les organisations ⊠Le personnel est Ă lâĂ©coute des familles, tous les agents sâimpliquent ce qui amĂ©liore la qualitĂ© du du jour Ă©tant Ă©puisĂ©, la sĂ©ance est levĂ©e Ă 12h10. Madame Eliane JACOB Vice PrĂ©sidente du conseil de vie sociale
Lavoix des premiers concernĂ©s, rĂ©sidents dâEHPAD et proches, doit ĂȘtre portĂ©e mais surtout entendue. La souffrance des soignants dâEHPAD, ainsi que celle de leurs cadres Ă©galement.
Le roman se moque des prĂ©jugĂ©s sur les diffĂ©rences entre les sexes. » â G. Fabiano / Sipa Press Un Ă©tĂ© sans les hommes est narrĂ© par une femme, Ă l'inverse de vos deux derniers romans... J'ai passĂ© dix ans de ma vie Ă Ă©crire comme un homme. Je suis retournĂ©e Ă une narration fĂ©minine presque comme une vengeance. J'entendais cette voix drĂŽle et en colĂšre. La premiĂšre phrase tournait dans ma tĂȘte. Tandis que ce premier paragraphe naissait, la narratrice aussi. D'oĂč venait cette voix ? Je ne sais pas, mais je crois qu'elle avait quelque chose de trĂšs libĂ©rateur pour moi. Elle ne ressemble pas du tout Ă celle de mes livres prĂ©cĂ©dents et elle est trĂšs diffĂ©rente de la mienne. Ce n'est pas parce que c'est une voix fĂ©minine qu'elle est plus proche de moi. Dans mon roman Tout ce que j'aimais, Leo, historien de l'art de 70 ans, est sans doute le plus proche de moi. Mais c'est clairement un livre Ă propos des femmes. Il n'y a mĂȘme pas d'hommes dans le livre ! Un livre fĂ©ministe ? Oui. Dans le fĂ©minisme amĂ©ricain, il y a longtemps eu une sorte de puritanisme auquel je n'adhĂšre pas. L'idĂ©e que les femmes sont supĂ©rieures aux hommes et que si elles menaient le monde, la paix rĂ©gnerait⊠Je ne crois pas du tout à ça. Mais si le fĂ©minisme est une prise de conscience de ce que nous vivons dans des sociĂ©tĂ©s oĂč le patriarcat persiste, alors mon roman est fĂ©ministe, mon arme, l'humour. Le roman se moque des prĂ©jugĂ©s sur les diffĂ©rences entre les sexes. Est-ce plus difficile d'ĂȘtre Ă©crivain lorsque l'on est une femme ? Ces labels littĂ©rature fĂ©minine », ou littĂ©rature gay »⊠je n'aime pas. Est-ce que les femmes Ă©crivent diffĂ©remment des hommes ? C'est une question qui m'intĂ©resse. Je crois que si l'on prenait une dĂ©finition contemporaine de la masculinitĂ© et de la fĂ©minitĂ©, on pourrait diviser les Ă©crivains, mais pas selon le sexe biologique. Gertrude Stein serait un homme et James Joyce serait une femme. Trois gĂ©nĂ©rationsC'est un livre sans hommes, mais c'est un homme qui provoque l'histoire Boris. Il fait une pause la pause Ă©tait française », avec des seins Ă©loquents » dans son mariage avec Mia, la narratrice, poĂ©tesse de 55 ans qui part dans la Minnesota oĂč vit sa mĂšre et oĂč elle enseigne la poĂ©sie Ă des petites filles. A travers trois gĂ©nĂ©rations de deuxiĂšme sexe », Siri Hustvedt, caustique, optimiste, chuchote en creux ce que sont les femmes.
létalissement pour faire entendre la voix des usagers et veiller au respect de leurs droits. cvs-ehpad@ fonctionnement du Conseil de la Vie sociale Le Conseil de la vie sociale se réunit au moins trois fois/ an et autant de fois que cela est nécessaire sur convocation de son président ou sur la ou sur demande du Directeur de la structure. Le
le respect de l`intimitĂ© des rĂ©sidents en ehpad LE RESPECT DE LâINTIMITĂ DES RĂSIDENTS EN EHPAD REFONDER UNE CULTURE INSTITUTIONNELLE DE LA BIENTRAITANCE VERS UNE AUTRE VISION DE LâACCUEIL DE LA PERSONNE ĂGĂE Daniela EXCOFFON 2014 Remerciements A ma famille bien-aimĂ©e qui a supportĂ© mes longues journĂ©es studieuses avec bienveillance et amour ; Ă son regard aimant et gĂ©nĂ©reux qui mâa permis de profiter pleinement du plaisir dâapprendre. A Rachel BORIE, grĂące Ă laquelle jâai pu bĂ©nĂ©ficier dâun stage de qualitĂ©, et qui mâa prodiguĂ© sans compter rĂ©ponses, conseils, anecdotes⊠de sa vie de directrice. AVERTISSEMENT les rĂ©fĂ©rences bibliographiques du prĂ©sent mĂ©moire sont rĂ©digĂ©es selon les rĂšgles exposĂ©es dans le Guide pour la rĂ©daction des rĂ©fĂ©rences bibliographiques basĂ© sur les normes AFNOR Z44-005 diffusĂ© par la BibliothĂšque de lâINSA Institut National des Sciences AppliquĂ©es de Toulouse [en ligne] Disponible sur Daniela EXCOFFON - MĂ©moire de l'Ecole des Hautes Etudes en SantĂ© Publique - 2014 Sommaire Introduction .........................................................................................................1 1 LâEHPAD LOUIS FOREZ LE CONTEXTE DE L'ACCUEIL ........................3 Des rĂ©sidents de plus en plus ĂągĂ©s et dĂ©pendants⊠............................. 5 ⊠Contraints de quitter leur domicile ............................................................ 5 ⊠En perte d'âŠintimitĂ© ................................................................................. 8 ⊠MĂ©connaissant leurs droits ..................................................................... 10 Le respect de l'intimitĂ© un droit d'application complexe ..................... 12 Respect de la vie privĂ©e et de l'intimitĂ© dans la lĂ©gislation .......................... 12 Les Chartes et les recommandations de l'ANESM ...................................... 15 Les exemples europĂ©ens et outre-atlantiques............................................. 18 Une structure tiraillĂ©e entre homĂ©ostasie et changement ..................... 21 L'histoire de l'EHPAD Louis FOREZ entre confinement territorial et logique domestique ................................................................................................ 21 Un management "prudent", une Ă©quipe en quĂȘte d'identitĂ©......................... 23 IntimitĂ© et sexualitĂ© des rĂ©sidents un tabou .............................................. 26 2 LâINTIMITĂ UN DROIT Ă LâĂPREUVE DE LâINSTITUTION......................29 Une dĂ©finition aux implications multiples............................................... 29 IntimitĂ©, pudeur et dignitĂ©............................................................................ 30 Focus sur l'amour et la sexualitĂ© ................................................................ 32 L'intimitĂ© "institutionnalisĂ©e" ........................................................................ 34 IntimitĂ© et troubles psychiques .................................................................... 37 Le rĂ©sident et le soignant l'intimitĂ© partagĂ©e ....................................... 39 Les soins corporels, le corps et l'Ăąme mis Ă nu .......................................... 39 "Prendre soin", de l'accueil Ă la fin de vie.................................................... 42 Les proches l'inconfortable proximitĂ© ....................................................... 44 Pour un engagement Ă©thique de l'institution ......................................... 47 Management et culture institutionnelle ........................................................ 48 La posture du directeur au cĆur de la Bientraitance .................................. 50 Bientraitance et injonctions paradoxales ..................................................... 53 Daniela EXCOFFON - MĂ©moire de l'Ecole des Hautes Etudes en SantĂ© Publique - 2014 3 ACCOMPAGNER LE CHANGEMENT DE CULTURE ............................... 55 Un management au service de la Bientraitance ..................................... 55 Consulter les personnes accueillies ........................................................... 55 Ălaborer une vision commune de la Bientraitance ...................................... 57 La formation des professionnels un outil Ă parfaire .................................. 60 Formaliser pour renforcer nos engagements ........................................ 62 Actualiser les outils de la loi 2002 ............................................................... 62 Revoir le dispositif, de l'accueil Ă la fin de vie ............................................. 64 Un protocole pour protĂ©ger le libre consentement ...................................... 66 Innover, partager, anticiper ..................................................................... 68 Apporter de nouvelles rĂ©ponses ................................................................. 68 Ălargir la rĂ©flexion et exporter la nouvelle culture ....................................... 70 Se prĂ©parer Ă accueillir les futures gĂ©nĂ©rations de personnes ĂągĂ©es .......... 72 Les indicateurs du changement .............................................................. 75 Conclusion ........................................................................................................ 77 Bibliographie..................................................................................................... 79 Liste des annexes................................................................................................ I Daniela EXCOFFON - MĂ©moire de l'Ecole des Hautes Etudes en SantĂ© Publique - 2014 Liste des sigles utilisĂ©s ANFH Association Nationale pour la Formation permanente du personnel Hospitalier AMP Aide MĂ©dico-Psychologique ANESM Agence Nationale de lâEvaluation et de la QualitĂ© des Etablissements Sociaux et MĂ©dico-Sociaux ARS Agence RĂ©gionale de la SantĂ© AS Aide-Soignante ASH Agent de Service HĂŽtelier CASF Code de lâAction Sociale et des Familles CHU Centre Hospitalier Universitaire CNCDH Commission Nationale Consultative des Droits de lâHomme CVS Conseil de la Vie Sociale EHPAD Etablissement dâHĂ©bergement pour Personnes AgĂ©es DĂ©pendantes ESMS Etablissements Sociaux et MĂ©dico-Sociaux ETP Equivalent Temps Plein FNG Fondation Nationale de GĂ©rontologie GIR Groupe Iso-Ressource GMP GIR Moyen PondĂ©rĂ© GPEC Gestion PrĂ©visionnelle des Emplois et des CompĂ©tences HAD Hospitalisation A Domicile HPST HĂŽpital Patient SantĂ© Territoire Loi 2009 IDE Infirmier DiplĂŽmĂ© dâEtat IDEco Infirmier Coordonnateur ou Cadre Infirmier IRP Instances ReprĂ©sentatives du Personnel OMS Organisation Mondiale de la SantĂ© PMP Pathos Moyen PondĂ©rĂ© RBPP Recommandations de Bonnes Pratiques Professionnelles Daniela EXCOFFON - MĂ©moire de l'Ecole des Hautes Etudes en SantĂ© Publique - 2014 Introduction Si la seule façon pour une personne de conserver sa vie plus longtemps est de sâabandonner entiĂšrement Ă la volontĂ© dâautrui, son obligation est alors de renoncer Ă la vie, plutĂŽt que dâoffenser la dignitĂ© de lâhumanitĂ© en sa personne. »1 Les EHPAD, Ătablissements dâHĂ©bergement pour Personnes ĂgĂ©es DĂ©pendantes vont peut-ĂȘtre hĂ©riter dâun T » dans les prochaines dĂ©cennies, car les personnes ĂągĂ©es repoussent le plus possible le moment de lâentrĂ©e en institution, en devenant TrĂšs » ĂągĂ©es ou TrĂšs » dĂ©pendantes, avant de franchir le pas. Câest lorsque ce nâest plus possible de faire autrement », que les pathologies sont trop importantes, la dĂ©pendance trop lourde, la charge insoutenable pour les proches, que lâinstitution est envisagĂ©e. Presque toujours Ă contrecĆur. Qui nâa pas profĂ©rĂ© ou songĂ© je prĂ©fĂšre mourir avant⊠» ? Comme si lâentrĂ©e en EHPAD Ă©tait une prĂ©-mort », en tout cas une vie qui ne fait pas envie. Dâailleurs, qui est prĂȘt Ă troquer la conquĂȘte dâune vie, mĂȘme lorsquâelle se rĂ©sume Ă sa maison, ses souvenirs et quelques visites, pour une vie dans une institution qui va niveler, uniformiser, dĂ©voiler, ce que la personne sâest acharnĂ©e Ă individualiser, personnaliser, protĂ©ger tout au long de sa vie ? Qui a envie de renoncer Ă son bien le plus prĂ©cieux, son intimitĂ©, Ă lâĂąge de lâintĂ©rioritĂ© ? LâEHPAD Louis FOREZ nâĂ©chappe pas au constat que la majoritĂ© des rĂ©sidents nâa pas choisi dâintĂ©grer la structure. Il en dĂ©coule, comme dans de nombreux EHPAD, une pĂ©riode plus ou moins longue de mal-ĂȘtre, de dĂ©prime, de deuil⊠vĂ©cus dont les personnes trĂšs ĂągĂ©es devraient ĂȘtre Ă©pargnĂ©es, tellement le deuil les a frappĂ©es, dĂ©jĂ , et les frappe en permanence. LâidĂ©al, pour la plupart des personnes accueillies, aurait Ă©tĂ© de rester au domicile jusquâĂ la fin. Malheureusement, le contexte lĂ©gislatif, social, Ă©conomique actuel ne permet pas de rallonger la pĂ©riode de maintien Ă domicile, sans que cela devienne fonction des moyens financiers des personnes elles-mĂȘmes. Par consĂ©quent, le placement » devient inĂ©vitable Ă un moment donnĂ©. Sans nier la perte que constituera toujours lâabandon du domicile, et lâinĂ©vitable pĂ©riode de deuil qui attend tout nouveau rĂ©sident, je suis persuadĂ©e quâil est possible de crĂ©er de 1 KANT, Emmanuel. Leçons dâĂ©thique. Paris Le Livre de poche, 1997, Daniela EXCOFFON - MĂ©moire de l'Ecole des Hautes Etudes en SantĂ© Publique - 2014 -1- nouvelles conditions dâaccueil ; et que les personnes ĂągĂ©es pourront un jour envisager avec moins dâapprĂ©hension leur entrĂ©e en EHPAD ; que la derniĂšre Ă©tape de leur vie sera adoucie par des prises en soin dâune grande qualitĂ©, qui leur permettront de sauvegarder voire dâĂ©largir leur terrain dâexpĂ©riences intimes. Je fais le pari que lâinstitution peut ĂȘtre ou devenir ce lieu de vie et dâapprentissage pour les personnes trĂšs ĂągĂ©es. Câest cet espoir qui a guidĂ© mon choix dâun EHPAD comme terrain de stage. Afin de mâapproprier au mieux les outils dâanalyse et les rĂ©alitĂ©s du terrain, je me positionnerai en tant que directrice de lâEHPAD Louis FOREZ Ă partir du 1er Janvier 2014. Le prĂ©sent mĂ©moire est donc le fruit du travail que jâai engagĂ© suite Ă lâanalyse stratĂ©gique que jâai conduite Ă ma prise de poste. Le diagnostic a fait Ă©merger la difficultĂ© de la structure Ă gĂ©rer simultanĂ©ment les injonctions lĂ©gislatives, les inquiĂ©tudes dâune partie de lâĂ©quipe face au devenir des pratiques professionnelles, et les attentes des rĂ©sidents, trop peu interrogĂ©es. A Louis FOREZ, comme dans de nombreux EHPAD, la vie collective et les injonctions sĂ©curitaires ont tendance Ă rĂ©duire les espaces intimes du rĂ©sident. Les soins, les attentes des familles, lâattention portĂ©e au corps envahissent le domaine du privĂ©, du singulier, de lâintime chez la personne accueillie. Lâabsence dâun cadre de rĂ©flexion partagĂ© par tous les professionnels laisse parfois ces derniers seuls face Ă des questions Ă©thiques qui restent ainsi sans rĂ©ponse. La problĂ©matique que jâai retenue est donc la suivante Quels espaces dâintimitĂ© reste-t-il au rĂ©sident dans un systĂšme confrontĂ© Ă dâimportantes exigences de sĂ©curitĂ©, de protection, de responsabilitĂ© sanitaire, sujet Ă une organisation conçue en fonction des contraintes budgĂ©taires, avec un personnel qui doit travailler vite, sans toujours avoir la formation nĂ©cessaire et un cadre de rĂ©fĂ©rence clair ? Dans un contexte oĂč lâintimitĂ© du rĂ©sident est fortement limitĂ©e par la dĂ©pendance et la vie collective comment lâEHPAD peut-il reconnaĂźtre et protĂ©ger les espaces intimes existants ? Comment peut-il en favoriser ou en crĂ©er dâautres ? Comment la stratĂ©gie de management adoptĂ©e va-t-elle permettre la comprĂ©hension et le partage, par tous les professionnels, des valeurs essentielles Ă une Bientraitance institutionnelle dont le fil rouge serait le respect de lâintimitĂ© du rĂ©sident jusquâĂ la fin de sa vie ? Les directives europĂ©ennes traduites dans la lĂ©gislation française constituent un socle et une base de rĂ©flexion, et laissent place Ă la crĂ©ativitĂ© des institutions et de leurs professionnels pour imaginer un accueil bienfaisant pour des personnes de plus en plus -2- Daniela EXCOFFON - MĂ©moire de l'Ecole des Hautes Etudes en SantĂ© Publique - 2014 ĂągĂ©es. MalgrĂ© les contraintes budgĂ©taires, de grandes amĂ©liorations peuvent ĂȘtre envisagĂ©es. Câest mon ambition. Pour cela il mâest apparu primordial de repenser le rĂŽle du management, de faire appel Ă la crĂ©ativitĂ© de toutes les ressources disponibles, en interne, et Ă lâextĂ©rieur, de cultiver la volontĂ© de sâouvrir. Il nây a pas dâĂ©volution sans interaction. La premiĂšre partie du mĂ©moire sera consacrĂ©e Ă la prĂ©sentation des personnes accueillies par Louis FOREZ, du cadre lĂ©gislatif, et du contexte institutionnel. La deuxiĂšme partie orientera les propos sur le concept dâintimitĂ©, en explorant sa complexitĂ© et ses implications, ainsi que son devenir en institution ; elle montrera Ă©galement le rĂŽle central du management pour cultiver une autre vision de la Bientraitance institutionnelle. Enfin, jâexposerai mon plan dâaction, qui sâappuiera sur la participation de tous les acteurs, sur la rĂ©vision des outils et dispositifs institutionnels, et sur lâouverture Ă dâautres pistes de rĂ©flexion, destinĂ©es Ă prĂ©parer lâavenir de la structure. Quelques indicateurs permettront dâĂ©valuer ce travail et de le finaliser en lâinscrivant dans la durĂ©e ils constitueront le moyen dâapprĂ©cier les mutations, et de pĂ©renniser la dynamique dâĂ©volution. Daniela EXCOFFON - MĂ©moire de l'Ecole des Hautes Etudes en SantĂ© Publique - 2014 -3- 1 LâEHPAD LOUIS FOREZ LE CONTEXTE DE LâACCUEIL La structure que je dirige est un EHPAD relevant de la Fonction Publique HospitaliĂšre, gĂ©rĂ©e par un Conseil dâAdministration prĂ©sidĂ© par le Maire de la Commune. Elle dispose de 60 chambres, dont 12 sont installĂ©es dans une UnitĂ© SĂ©curisĂ©e Alzheimer. Elle est implantĂ©e Ă La Chaise-Dieu, petite commune auvergnate situĂ©e Ă 1100 mĂštres dâaltitude, difficile dâaccĂšs. Ses nouveaux bĂątiments, trĂšs accueillants, ont ouvert leurs portes en 1998 et sont situĂ©s Ă lâĂ©cart de la ville. Des rĂ©sidents de plus en plus ĂągĂ©s et dĂ©pendants⊠Le public accueilli a Ă©voluĂ© ces derniĂšres dĂ©cennies. Lâancienne maison de retraite Ă©tait situĂ©e au cĆur du village et il nâĂ©tait pas rare que les personnes ĂągĂ©es lâintĂšgrent spontanĂ©ment, par exemple suite Ă leur veuvage, tout en poursuivant une vie sociale satisfaisante. Les mentalitĂ©s ont changĂ©, le maintien Ă domicile a retardĂ© lâĂąge dâentrĂ©e en institution. Les personnes ĂągĂ©es intĂšgrent lâEHPAD Louis FOREZ Ă 85 ans en moyenne, dans un Ă©tat de dĂ©pendance considĂ©rable le GMP est passĂ© de 660 en 2008, Ă 775 en 2013. Lâinstitutionnalisation est la consĂ©quence dâune perte dâautonomie progressive qui a fini par rendre le maintien Ă domicile trop difficile ou dangereux elle fait suite Ă un accident, Ă une hospitalisation ou Ă lâĂ©puisement des aidants naturels. ⊠Contraints de quitter leur domicile Lâimplantation actuelle de lâEHPAD rebute les personnes ĂągĂ©es qui, contraintes dâabandonner leur domicile, doivent aussi se rĂ©soudre Ă quitter leur village et leur vie sociale. Le domicile reprĂ©sente tout ce que la personne a construit tout au long de sa vie ; il est le symbole dâun statut social, le produit dâune longue vie de travail, le repĂšre rassurant qui accueille et protĂšge tous ses souvenirs. Quitter son domicile Ă jamais est un acte dĂ©chirant, dâautant plus sâil est cĂ©dĂ© ou vendu lors du dĂ©part en maison de retraite. Daniela EXCOFFON - MĂ©moire de l'Ecole des Hautes Etudes en SantĂ© Publique - 2014 -5- La loi 20022 Ă©nonce, parmi les droits de lâusager [âŠ] le libre choix entre les prestations adaptĂ©es qui lui sont offertes soit dans le cadre d'un service Ă son domicile, soit dans le cadre d'une admission au sein d'un Ă©tablissement spĂ©cialisĂ© ». Pourtant, les casadĂ©ens3 vivent souvent leur entrĂ©e en EHPAD comme un placement », car il ne sâagit que rarement dâun choix consenti. La CNCDH Commission Nationale Consultative des Droits de lâHomme a rĂ©digĂ© un avis selon lequel le principe du libre choix est largement bafouĂ© dans la rĂ©alitĂ©. De nombreuses personnes ĂągĂ©es rentrent en institution faute de mesures alternatives ou de choix dans le dispositif dâaccompagnement du grand Ăąge. Les familles, trop souvent confrontĂ©es Ă lâun de leur proche prĂ©sentant une perte dâautonomie et vivant seul dans un appartement, sont parfois conduites Ă souscrire un contrat de sĂ©jour avec un Ă©tablissement, sans obtenir nĂ©cessairement le consentement libre et Ă©clairĂ© de lâintĂ©ressĂ© »4. Dâailleurs, il est notoire que 90% des personnes ĂągĂ©es affirment ĂȘtre en maison de retraite contre leur grĂ©5. Lorsque la santĂ© et/ou lâautonomie dâune personne sont gravement compromises, le choix du domicile est fortement liĂ© aux capacitĂ©s financiĂšres de la personne Ă en assumer le coĂ»t. Les aidants naturels ne sont pas inĂ©puisables. A un moment donnĂ©, le choix sâimpose » et nâest pas libre ». Lâobservation et lâexpĂ©rience montrent que cela nâentrave pas une acceptation progressive chez certains rĂ©sidents, et que le refus de lâinstitutionnalisation ne prĂ©juge en rien du bilan positif que le rĂ©sident pourra dresser aprĂšs quelques semaines ou quelques mois de sĂ©jour. Cependant, lorsque la personne et sa famille sont mises face Ă lâinĂ©vitable, elles vivent leur dĂ©cision comme un dĂ©chirement, quâelle soit prise dans lâurgence ou rĂ©flĂ©chie. Il nâest pas rare que les familles expriment moins de culpabilitĂ© lorsque les facultĂ©s mentales de la personne ĂągĂ©e sont en dĂ©clin elles sont soulagĂ©es Ă lâidĂ©e que la perte de luciditĂ© puisse attĂ©nuer sa souffrance. 2 Art. du CASF. Habitants de La Chaise-Dieu 4 CNCDH. Avis sur lâeffectivitĂ© des droits des personnes ĂągĂ©es. 27/06/2013, 5 MAUGAIN, Lionel., SEURET, Franck., GUERIN, Olivier. Maison de retraite le dossier noir. 60 millions de consommateurs, 2004, Paris, n°379, 3 -6- Daniela EXCOFFON - MĂ©moire de l'Ecole des Hautes Etudes en SantĂ© Publique - 2014 LâentrĂ©e dâune personne dans lâĂ©tablissement est souvent un moment difficile la dĂ©tresse de lâarrivant est palpable. Une dame trĂšs ĂągĂ©e est arrivĂ©e un jour Ă Louis FOREZ accompagnĂ©e de sa fille pour sâinstaller dans sa nouvelle demeure elle avait les larmes aux yeux et se contenait ; sa fille lui donnait des instructions et les gĂ©nĂ©rations paraissaient inversĂ©es tant la scĂšne rappelait le premier jour dâĂ©cole dâun enfant dĂ©chirĂ© de quitter sa maman pour rester dans un lieu inconnu et plein dâagressions potentielles. Tout futur rĂ©sident sait ce quâil perd en intĂ©grant un EHPAD la chaleur de sa maison, ses repĂšres, les objets chers et familiers, la libertĂ© dâĂȘtre et de faire Ă sa guise, la maĂźtrise dâun territoire, la possibilitĂ© de laisser tout le monde hors de sa porte⊠Certes, tous les contrats de sĂ©jour invitent les contractants Ă emmener avec eux leurs bibelots, leurs photos, du petit mobilier⊠Mais la rĂ©alitĂ© de la taille des chambres et des impĂ©ratifs liĂ©s Ă lâorganisation des soins rĂ©duiront fortement cette possibilitĂ©. Lâ univers » de la personne va rester chez elle, et elle ne va jamais retrouver un vrai chez soi en EHPAD. Pour toutes ces raisons, il est rare quâune personne ĂągĂ©e fasse le choix dĂ©libĂ©rĂ© dâentrer dans une institution ; cela arrive, mais il sâagit surtout dâindividus qui ont souffert de solitude toute une vie et qui sont contents Ă lâidĂ©e que des professionnels prennent soin dâeux ; il peut sâagir aussi de personnes qui ont toujours vĂ©cu en institution. Mais globalement, les nouveaux rĂ©sidents, Ă leur arrivĂ©e, sont en deuil. La pĂ©riode dâadaptation peut ĂȘtre longue, difficile, et avoir des retentissements sĂ©rieux sur la santĂ© physique et psychique des rĂ©sidents refus de sâalimenter, tristesse, repli sur soi, colĂšre⊠à Louis FOREZ, nous sommes bien obligĂ©s de constater que, aprĂšs cette pĂ©riode dâ adaptation », nous ne pouvons pas vraiment affirmer que la personne sâest adaptĂ©e » souvent, elle sâest rĂ©signĂ©e ». Dans certains cas, nous parlons dâ acceptation », terme plus positif, car il renvoie Ă un cheminement dans le processus de deuil. Lâadaptation est dâautant plus difficile que le passage du domicile Ă lâinstitution se fait souvent brutalement, aprĂšs un accident, une mise en danger, une hospitalisation. A lâEHPAD Louis FOREZ, le dispositif dâaccueil actuel ne prĂ©voit pas un accompagnement de cette Ă©tape ; il est rare que le futur rĂ©sident soit dĂ©jĂ familiarisĂ© avec la vie de la structure ; et aucun membre du personnel ne se dĂ©place actuellement au domicile de la personne pour Ă©tablir un premier contact. Daniela EXCOFFON - MĂ©moire de l'Ecole des Hautes Etudes en SantĂ© Publique - 2014 -7- Lorsquâun dispositif dâaide Ă domicile est en place, une articulation entre ces derniers et la structure dâhĂ©bergement serait souhaitable, afin de crĂ©er une continuitĂ© dans la prise en charge de la personne et de tisser des liens avec elle avant son entrĂ©e en EHPAD. Ce serait un moyen de permettre aux personnes de cheminer, de prendre une dĂ©cision peu Ă peu, au fil des Ă©vĂ©nements et des rencontres. Malheureusement, ce dispositif nâest pas en place Ă ce jour. LâentrĂ©e des personnes peut Ă©galement ĂȘtre prĂ©cipitĂ©e par un appel de lâEPHAD les informant quâune chambre sâest libĂ©rĂ©e et quâelle doit ĂȘtre occupĂ©e le plus rapidement possible la pression et le stress sont alors au rendez-vous pour le futur rĂ©sident, mĂȘme si la famille prend en charge tous les dĂ©tails matĂ©riels. DĂ©jĂ Ă©prouvĂ©e par les nombreux deuils auxquels elle a Ă©tĂ© confrontĂ©e tout au long de son avancĂ©e en Ăąge, la personne devra surmonter lâĂ©preuve de lâabandon forcĂ© et dĂ©finitif de son domicile, fait qui reprĂ©sente un vĂ©ritable dĂ©racinement Ă un Ăąge oĂč la capacitĂ© dâadaptation est moindre. Elle devra Ă©galement accepter de renoncer Ă une part fondamentale de son identitĂ© en quittant sa maison, elle quitte un environnement, des habitudes, des odeurs sĂ©curisantes, des bruits connus, des objets, des espaces familiers et rassurants, vivants parce que remplis de souvenirs⊠⊠En perte dââŠintimitĂ© La perte dâautonomie progressive associĂ©e aux pathologies du vieillissement rĂ©duit les espaces privĂ©s et secrets de la personne ĂągĂ©e, sa capacitĂ© Ă gĂ©rer sa vie selon des rĂšgles personnelles, hors du contrĂŽle dâautrui. Le domicile est lâabri de la personne, mais pas uniquement dâun point de vue physique. La maison reprĂ©sente et renferme tout ce qui lui appartient, son domaine privĂ©. Ă lâintĂ©rieur, certaines piĂšces et certains objets sont accessibles Ă elle seule ; dâautres, elle peut choisir de les montrer, mais seulement Ă des ĂȘtres avec lesquels elle a nouĂ© des relations privilĂ©giĂ©es. Selon Florence LEDUC6 lâhabitation est une forme dâexcroissance du sujet humain ; sur bien des plans, le corps et la maison ont des points communs ou plus exactement des points de rencontre. La maison est une sorte de prolongement du corps de lâhomme [âŠ] ainsi lâintimitĂ© est conçue comme ce qui est le plus profond, mais aussi le plus prĂšs du 6 LEDUC, Florence., DELCOURT, Jean-Baptiste. Aider, soigner, accompagner les personnes Ă domicile. GĂ©rontologie et SociĂ©tĂ©, FNG, 2007/3, n°122, -8- Daniela EXCOFFON - MĂ©moire de l'Ecole des Hautes Etudes en SantĂ© Publique - 2014 sujet, et cela concerne aussi bien le corps que lâespace dans lequel il Ă©volue, se cache ou se protĂšge [âŠ]. Les lieux les plus intimes de la maison, ne sont-ils pas dâailleurs des lieux dĂ©diĂ©s aux soins du corps ? ». Pendant la pĂ©riode de maintien Ă domicile, la personne ĂągĂ©e voit ses marges de manĆuvre se rĂ©trĂ©cir Ă mesure que la dĂ©pendance impose lâintervention de services extĂ©rieurs. Les professionnels dĂ©filent » dans sa maison Ă des horaires fixes ou variables, et possĂšdent parfois leur propre jeu de clĂ©s, si ses difficultĂ©s motrices lui empĂȘchent de se lever. LâarrivĂ©e dâintervenants extĂ©rieurs est souvent vĂ©cue par la personne comme une intrusion douloureuse, que lâauteure compare Ă un viol de son intimitĂ© ». Le domicile, abri physique et symbolique de lâintimitĂ© de la personne, perd son caractĂšre privĂ©, au fur et Ă mesure que le maĂźtre des lieux perd le contrĂŽle sur son corps et sur son environnement. La dĂ©pendance lui impose dâouvrir Ă des Ă©trangers les espaces intimes de sa maison et de son corps. La chambre et la salle de bain, lieux privĂ©s par excellence, deviennent des lieux de soin, partagĂ©s avec des professionnels qui, comme le souligne Colette EYNARD 7 nâont pas toujours conscience du caractĂšre fortement intrusif de leur prĂ©sence et de leur intervention dans ces lieux oĂč lâon travaille, mais qui ne sont pas des lieux de travail ». Lâauteure ajoute que la rĂ©ponse Ă des besoins » mesurĂ©s Ă lâaune des seuls critĂšres de propretĂ©, dâhygiĂšne et de bien-ĂȘtre » [âŠ] ne devrait pourtant pas autoriser ceux qui la dispensent Ă envahir lâespace privĂ© de leur client au point de transformer sa chambre en un espace de travail sur lequel il nâa plus prise, oĂč il ne se sent plus chez lui ». Avant lâentrĂ©e en institution, la dĂ©pendance et les interventions extĂ©rieures ont donc grignotĂ© peu Ă peu le territoire intime de la personne. Mais, au moins, elle retrouvait les sensations familiĂšres une fois seule. Elle restait le maĂźtre Ă bord, dans une maison dont elle continuait Ă Ă©tablir les rĂšgles et Ă exercer son libre arbitre. Lorsque la dĂ©cision de placement » sâimpose Ă lui et Ă sa famille, le futur rĂ©sident a conscience quâil va rentrer dans un lieu quâil ne perçoit pas forcĂ©ment comme un lieu de vie », loin sâen faut ! oĂč son domaine privĂ© sera davantage rĂ©duit. Il apprĂ©hende souvent la vie dans une collectivitĂ© dominĂ©e par les exigences du soin. Il sait quâil ne fixera plus les rĂšgles sur un territoire qui lui appartient. Il sait quâil va sâinstaller 7 EYNARD, Colette. La chambre comme espace dâintimitĂ©. GĂ©rontologie et SociĂ©tĂ©, FNG, 2007/3, n°122, Daniela EXCOFFON - MĂ©moire de l'Ecole des Hautes Etudes en SantĂ© Publique - 2014 -9- dans son dernier domicile, qui sera aussi le lieu de sa dĂ©personnalisation ultime un espace au sein duquel il ne maĂźtrisera presque rien. De fait, lâinstitution va continuer Ă phagocyter ses espaces privĂ©s et intimes. Lâespace privĂ© de sa chambre sera souvent pĂ©nĂ©trĂ© au nom des soins et de lâorganisation. Bien quâelle se dise respectueuse des rythmes de ses rĂ©sidents, la rĂ©alitĂ© organisationnelle implique que ce soit le personnel qui fixe le rythme quotidien de la structure. La mission de surveillance permanente qui est assignĂ©e aux EHPAD contribue Ă rĂ©duire les espaces de libertĂ© de ses rĂ©sidents. Lorsquâelle est consciente, la personne qui sâapprĂȘte Ă entrer dans un EHPAD est, la plupart du temps, dans une grande dĂ©tresse et trĂšs dĂ©munie face aux pertes dĂ©finitives qui lâattendent. ⊠MĂ©connaissant leurs droits La plupart des rĂ©sidents accueillis Ă lâEHPAD Louis FOREZ ont grandi et vieilli en milieu rural. Si presque tous avaient une vie sociale et professionnelle, le niveau culturel de la majoritĂ© dâentre eux est plutĂŽt faible. Rares sont ceux qui Ă©taient initiĂ©s au langage administratif compliquĂ© auquel ils sont confrontĂ©s lors de la signature du contrat de sĂ©jour, du rĂšglement de fonctionnement⊠Certains savent Ă peine lire et/ou Ă©crire et la majoritĂ© nâa pas connaissance de la lĂ©gislation. La Charte des droits et libertĂ©s des personnes ĂągĂ©es dĂ©pendantes leur est prĂ©sentĂ©e pour la premiĂšre fois, et ils sont loin dâapprĂ©hender le sens quâelle peut prendre pour eux durant leur sĂ©jour. Leur consentement Ă lâentrĂ©e est trĂšs peu recueilli pour plusieurs raisons 1 lâĂ©tat de santĂ© physique et/ou psychique de la personne peut constituer un obstacle ; 2 avec lâaccroissement de la dĂ©pendance, le dispositif dâaccueil se centre sur les familles, qui ont souvent Ă©tĂ© lâĂ©tayage indispensable du maintien Ă domicile les entretiens dâentrĂ©e se font gĂ©nĂ©ralement en prĂ©sence des proches ; le futur rĂ©sident nâa pas dâespace individuel pour sâexprimer Ă lâheure actuelle ; 3 les entrĂ©es dans lâurgence Ă la suite dâune hospitalisation ou dâun accident entravent la mise en place dâune pĂ©riode de transition au cours de laquelle la personne pourrait accĂ©der Ă une acceptation progressive de lâinstitutionnalisation ; - 10 - Daniela EXCOFFON - MĂ©moire de l'Ecole des Hautes Etudes en SantĂ© Publique - 2014 4 enfin, les contraintes de gestion liĂ©es au taux dâoccupation et Ă la liste dâattente, imposent aux dĂ©marches dâentrĂ©e un rythme qui se heurte Ă la temporalitĂ© nĂ©cessaire aux personnes pour sâexprimer et cheminer vers une acceptation sereine de lâentrĂ©e en EHPAD. Encore trop souvent les familles font miroiter Ă leur proche la possibilitĂ© dâun sĂ©jour provisoire afin de forcer le consentement. Le futur rĂ©sident est mal Ă©clairĂ© sur ses droits. Les documents remis ne sont pas lus avec lui. La Charte constitue une annexe que peu de personnes ĂągĂ©es lisent et sâapproprient. Je dirais mĂȘme que, Ă lâEHPAD Louis FOREZ, rares sont les rĂ©sidents qui pourraient ĂȘtre en mesure de sâapproprier le contenu de ce document sans lâaide des professionnels. La mĂ©connaissance des droits est trĂšs Ă©tendue les personnes ĂągĂ©es qui croient devoir se taire face Ă des professionnels tout-puissants », qui ont peur de se faire gronder sâils protestent, qui pensent quâils nâont pas le droit de sâexprimerâŠsont encore nombreux, mĂȘme sâil ne sâagit que de craintes et de croyances la plupart du temps. Câest Ă lâinstitution de lever les non-dits Ă ce sujet. La plupart du temps, les personnes ĂągĂ©es que nous recevons sont trĂšs rĂ©servĂ©es et pudiques ; elles sont presque toutes nĂ©es dans les annĂ©es 30 et ont reçu une Ă©ducation chargĂ©e de tabous, notamment en lien Ă leur corps. Surtout les dames, qui ont grandi et vieilli en cachant leurs corps ; la dĂ©pendance a des consĂ©quences trĂšs douloureuses pour elles. Tout au long de leur sĂ©jour en EHPAD, un non-dit flotte sur lâintimitĂ© des rĂ©sidents, dâautant plus lorsquâil sâagit de leur sexualitĂ©. Ce non-dit ne se lĂšve jamais Ă lâinitiative de ces derniers. Ainsi, telle infirmiĂšre citera une dame criant de toutes ses forces pour ne pas ĂȘtre amenĂ©e Ă la douche ; telle aide-soignante relatera le tĂ©moignage poignant dâune rĂ©sidente qui avouait sa honte profonde lors de sa toilette intime ; telle autre rira en parlant de tel monsieur en posture gĂȘnante » sous la douche⊠Mais ces faits sont considĂ©rĂ©s comme des anecdotes sans lien avec les droits des personnes au respect de leur intimitĂ©. Pour la plupart des rĂ©sidents, lâintimitĂ© fait encore trop souvent lâobjet dâun renoncement, plutĂŽt que dâun droit. La question de lâintimitĂ© est souvent problĂ©matique, puisque parler Ă la personne de son intimitĂ© peut dĂ©jĂ constituer une intrusion dans celle-ci. Cela demande une grande dĂ©licatesse, un espace appropriĂ©, un temps dĂ©diĂ©, un professionnel formĂ© et, surtout, une culture institutionnelle engagĂ©e sur ce point, affirmant la volontĂ© de porter ce droit Ă la connaissance des personnes accueillies. Daniela EXCOFFON - MĂ©moire de l'Ecole des Hautes Etudes en SantĂ© Publique - 2014 - 11 - Le respect de lâintimitĂ© un droit dâapplication complexe Dâun point de vue lĂ©gislatif, les droits des personnes ĂągĂ©es sont reconnus. La plupart des structures, et lâEHPAD Louis FOREZ ne fait pas exception, reconnaissent et font de leur mieux pour garantir le respect des droits de leurs rĂ©sidents. Toutefois, la dĂ©finition de certains droits, pourtant incontestĂ©s, comme la libertĂ©, la protection, lâintimité⊠peut se rĂ©vĂ©ler subjective et contextuelle. En outre, le respect dâun droit peut entrer en contradiction avec le respect dâun autre droit. Par exemple respecte-t-on lâintimitĂ© dâun rĂ©sident chaque fois que lâobligation de protĂ©ger, surveiller, contrĂŽler son Ă©tat de santĂ© contraignent les soignants Ă pĂ©nĂ©trer le lieu de la chambre sans sâenquĂ©rir de la volontĂ© de la personne ? Comment choisir entre devoir de protection et respect de la libertĂ© et de lâintimitĂ© du rĂ©sident ? Comment rĂ©pondre aux obligations sĂ©curitaires tout en respectant les souhaits des personnes, avec la part de prise de risque quâils peuvent impliquer ? Quelle redĂ©finition possible de la vie privĂ©e et intime pour les personnes qui ont perdu leur autonomie ? Respect de la vie privĂ©e et de lâintimitĂ© dans la lĂ©gislation Le droit au respect de la vie privĂ©e est protĂ©gĂ© par lâarticle 9 du Code Civil et par lâarticle 8 de la Convention europĂ©enne des droits de lâhomme. Dans la SĂ©rie de prĂ©cis sur les droits de lâhomme, il est rappelĂ© que le devoir de protĂ©ger la sphĂšre sexuelle de lâindividu et les relations interpersonnelles est lâune des obligations positives dĂ©coulant de lâarticle 8 de la Convention EuropĂ©enne des Droits de lâHomme »8. En effet, le Conseil de lâEurope inclut, dans la vie privĂ©e », les relations et activitĂ©s sexuelles, considĂ©rĂ©es comme des aspects trĂšs importants de lâidentitĂ© personnelle qui touchent lâun des aspects les plus intimes de la vie privĂ©e et mĂ©ritent la plus haute protection »9. Lâarticle L. 311-3 de la loi 2002-2 affirme que l'exercice des droits et libertĂ©s individuels est garanti Ă toute personne prise en charge par des Ă©tablissements et services sociaux et mĂ©dico-sociaux. Dans le respect des dispositions lĂ©gislatives et rĂ©glementaires en vigueur, lui sont assurĂ©s 8 ROAGNA, Ivana. La protection du droit au respect de la vie privĂ©e et familiale par la Convention EuropĂ©enne des Droits de lâHomme. SĂ©rie de prĂ©cis sur les droits de lâhomme du Conseil de lâEurope. CONSEIL DE LâEUROPE. Strasbourg, 2012, 9 Ibid., - 12 - Daniela EXCOFFON - MĂ©moire de l'Ecole des Hautes Etudes en SantĂ© Publique - 2014 1° Le respect de sa dignitĂ©, de son intĂ©gritĂ©, de sa vie privĂ©e, de son intimitĂ© et de sa sĂ©curitĂ© ».10 Malheureusement, les soins par un tiers imposĂ©s par la maladie et/ou par la dĂ©pendance malmĂšnent dâune maniĂšre ou dâune autre lâintĂ©gritĂ©, lâintimitĂ© et la dignitĂ© des personnes, car, comme nous lâavons vu dans les chapitres prĂ©cĂ©dents, la perte dâautonomie prive un ĂȘtre de sa libertĂ© de faire Ă sa guise et dans une temporalitĂ© qui est la sienne. Ă son entrĂ©e Ă lâEHPAD Louis FOREZ, la personne dĂ©voile un certain nombre dâinformations sur elle-mĂȘme quâelle nâaurait pas forcĂ©ment choisi de partager. Notre institution, soucieuse de connaĂźtre au mieux ses rĂ©sidents afin de rĂ©pondre Ă leurs besoins, nâest pas toujours attentive Ă la distinction entre ce qui doit ĂȘtre connu et ce qui doit continuer Ă appartenir uniquement Ă la personne ; en tout cas, elle nâanalyse pas forcĂ©ment les contradictions quâelle fait vivre Ă ses accueillis. Tout en prĂ©sentant un contrat de sĂ©jour, un rĂšglement de fonctionnement et une charte sâengageant Ă respecter la vie intime de ses rĂ©sidents, lâinstitution demande carte vitale, carte dâidentitĂ©, vĂ©rifie le nom du tuteur Ă©ventuel, le degrĂ© de dĂ©pendance, Ă©pluche le dossier mĂ©dical, sâassure de la solvabilitĂ©, enregistre lâhistoire de vie, le nombre de proches Ă contacter, les habitudes de vie, les goĂ»ts⊠Le client au centre » rappelle sarcastiquement une vieille dame Quel centre ! De toutes les attentions, de tous les dĂ©shabillages, de toutes les explications, de toutes les confidences. Ah, ça, il est partagĂ©, le secret, tellement partagĂ© pour mon intĂ©rĂȘt que je ne sais pas sâil y a une seule chose que jâai dit un jour Ă une de ces personnes, mĂȘme sur le ton de la confidence, qui a Ă©chappĂ© Ă tous les autres. Mon cĆur est mis Ă nu.[âŠ] Tout. Alors, lâintimitĂ©, laissez-moi rigoler. »11 DĂšs son entrĂ©e Ă lâEHPAD Louis FOREZ, la personne accueillie est confrontĂ©e Ă des paradoxes rĂ©guliĂšrement dĂ©plorĂ©s par un certain nombre de professionnels. Les termes de vie privĂ©e », de dignitĂ© », dâ intimitĂ© » perdent tout leur sens dans le contexte de lâinstitutionnalisation, en tout cas le sens que les individus leur donnent spontanĂ©ment, en fonction de leur Ă©ducation, leur culture, leur vĂ©cu. Les personnes que nous accueillons sont souvent trĂšs dĂ©pendantes et/ou malades. Des professionnels doivent les assister dans presque tous les actes quotidiens. Lâespace le 10 Art. du CASF TĂ©moignage citĂ© In PELISSIER, JĂ©rĂŽme. IntimitĂ©s. GĂ©rontologie et SociĂ©tĂ©, FNG, 2007/3, n°122, 11 Daniela EXCOFFON - MĂ©moire de l'Ecole des Hautes Etudes en SantĂ© Publique - 2014 - 13 - plus privĂ©, le plus intime le corps, est presque entiĂšrement pris en charge par des professionnels qui sont des Ă©trangers pour les rĂ©sidents, du moins Ă leur arrivĂ©e. Or, respecte-t-on lâintimitĂ© et la dignitĂ© dâune personne ĂągĂ©e lorsquâon confie sa toilette intime Ă une jeune personne de sexe opposĂ©, sans lui demander son avis ? Assure-t-on lâintĂ©gritĂ© du moins psychique de la personne, lorsquâon a collectivement accĂšs Ă tous ses espaces intimes ? Une rĂ©sidente a rĂ©pondu ainsi Ă une aide-soignante qui se souciait de son humeur quelques semaines aprĂšs son entrĂ©e dans un EHPAD voisin de Louis FOREZ Je nâai plus rien pour moi, on sait tout ici mon histoire, mes enfants, mes goĂ»ts, mon poids, la taille de mes culottes ; tout est dĂ©voilĂ©, mĂȘme mon corps ; mon corps et ma maison Ă©taient Ă moi, avant, maintenant tout le monde contrĂŽle un bout de moi-mĂȘme ; mĂȘme ma solitude ne mâappartient plus ». Appliquer la loi 2002 concernant les droits des usagers, constitue un dĂ©fi. La loi fixe les objectifs vers lesquels les ESMS et leurs personnels doivent tendre, malgrĂ© les limites et la frustration Ă laquelle ils se trouveront rĂ©guliĂšrement confrontĂ©s. Il ne sâagit pas dâarriver Ă un consensus quant Ă la question du respect des droits chaque contexte institutionnel est particulier. La rĂ©flexion collective permettra de faire au mieux », mais nâeffacera pas les contradictions, les paradoxes et les ambivalences. Au sein de notre structure, comme dans beaucoup dâautres en France, la rĂ©flexion partagĂ©e sur le thĂšme de lâintimitĂ© du rĂ©sident fait encore dĂ©faut, alors que certains pays dâEurope montrent un autre exemple, comme nous le verrons plus loin. Et pourtant, dans notre institution, nous sommes en prĂ©sence de contradictions inadmissibles dâun point de vue Ă©thique. Les valeurs Ă©noncĂ©es par la loi et reprises dans nos documents contractuels constituent des engagements envers lâusager. Alors le risque est de tomber dans un consensus hypocrite, oĂč les mots ne seraient pas suivis des actes, mais oĂč tout serait en rĂšgle sur le papier ». Des dĂ©finitions institutionnelles » des valeurs affichĂ©es devront probablement ĂȘtre Ă©laborĂ©es, afin de reconnaĂźtre les limites de la vie collective, tout en sâengageant de façon honnĂȘte vis-Ă -vis des personnes accueillies. - 14 - Daniela EXCOFFON - MĂ©moire de l'Ecole des Hautes Etudes en SantĂ© Publique - 2014 Les Chartes et les recommandations de lâANESM LâANESM12 rappelle que, dâun point de vue juridique, la vie privĂ©e » se dĂ©finit comme quelque chose qui ne concerne que soi, qui ne regarde pas les autres. Lâexpression respect de la vie privĂ©e » englobe Ă la fois le respect de lâintimitĂ© de lâusager, la protection de son domicile, de son image, le droit Ă lâexercice de sa sexualitĂ© et de sa religion. Ces notions sont reprises par les Chartes. Les Chartes vont au-delĂ de la loi et prennent en compte les tensions existant entre le cadre rĂ©glementaire et la prise en charge des individus dans leur singularitĂ©. La Fondation Nationale de GĂ©rontologie FNG a conçu une premiĂšre Charte des droits et libertĂ©s de la personne ĂągĂ©e dĂ©pendante en 1987 ; une deuxiĂšme version a paru en 1997. La derniĂšre version date de 2007 et a Ă©tĂ© mise Ă jour notamment par rapport Ă la notion de dĂ©pendance ». Il ne sâagit pas dâune loi mais dâun outil de rĂ©flexion collective, comme le prĂ©cise la FNG. Elle se veut centrĂ©e sur la valeur dâ humanitĂ© » plutĂŽt que sur une catĂ©gorie de personnes ayant en commun un Ăąge avancĂ©. La FNG met en garde les ESMS dâun affichage de la Charte qui ne serait pas suivi de pratiques cohĂ©rentes avec les principes Ă©noncĂ©s par celle-ci. Lâarticle I de la Charte Ă©nonce, entre autre, que la personne ĂągĂ©e dĂ©pendante doit bĂ©nĂ©ficier de lâautonomie que lui permettent ses capacitĂ©s physiques et mentales, mĂȘme au prix dâun certain risque » et que la famille et les intervenants doivent respecter le plus possible le dĂ©sir profond et les choix de la personne ».13 Ă ce sujet, lâANESM14 recommande de sâassurer que lâensemble des restrictions apportĂ©es sont nĂ©cessaires Ă la prĂ©servation de la sĂ©curitĂ© de la personne et strictement proportionnĂ©es au but poursuivi ». Du domaine de la protection et de la sĂ©curitĂ©, les rĂšgles dâhygiĂšne sont parfois trop rigides une personne qui vit mal le moment de la douche, parce quâelle ne supporte pas de se retrouver complĂštement dĂ©nudĂ©e, devrait ĂȘtre respectĂ©e. Il mâest dĂ©jĂ arrivĂ© dâentendre des commentaires nâĂ©voquant que la saletĂ© ou le risque infectieux potentiel, 12 ANESM. Recommandation. QualitĂ© de vie en EHPAD, Volet 2 Organisation du cadre de vie et de la vie quotidienne, 06/2011, p. 51 13 FNG. Charte des droits et libertĂ©s de la personne ĂągĂ©e dĂ©pendante en situation de handicap ou de dĂ©pendance, 2007, Article I, 14 ANESM. Recommandation. QualitĂ© de vie en EHPAD, Volet 2 Organisation du cadre de vie et de la vie quotidienne, 06/2011, Daniela EXCOFFON - MĂ©moire de l'Ecole des Hautes Etudes en SantĂ© Publique - 2014 - 15 - sans aucune prise en compte du ressenti de la personne. Or, respecter lâintimitĂ© du rĂ©sident impose cette prise en compte câest Ă partir dâelle que les solutions adaptĂ©es pourront ĂȘtre trouvĂ©es. Dâautres droits Ă lâintimitĂ© sont couramment bafouĂ©s. Lâarticle IV de la Charte Ă©nonce que toute personne, quel que soit son Ăąge, doit ĂȘtre protĂ©gĂ©e des actions visant Ă la sĂ©parer dâun tiers avec lequel, de façon libre et mutuellement consentie, elle entretient ou souhaite avoir une relation intime » et aussi que respecter la personne dans sa sphĂšre privĂ©e, sa vie relationnelle, affective et sexuelle sâimpose Ă tous ».15 Or, les relations intimes en EHPAD sont difficiles Ă cultiver, tant la vie et les rĂšgles collectives prennent de la place. Les rares espaces privĂ©s cela se rĂ©sume aux chambres individuelles souvent sont ouverts » aux personnels de la structure, centrĂ©s sur les exigences liĂ©es aux soins corporels et mĂ©dicaux, plus que sur les besoins affectifs et intimes des rĂ©sidents. Lorsque les personnels sont tĂ©moins de manifestations de tendresse entre deux rĂ©sidents, leurs rĂ©actions sont parfois infantilisantes. Un petit sourire en coin suffit Ă blesser lâamour propre dâune personne fragile qui, soudainement, peut se sentir mise Ă nu et ridiculisĂ©e. La Charte EuropĂ©enne des droits et des responsabilitĂ©s des personnes ĂągĂ©es nĂ©cessitant des soins et une assistance de longue durĂ©e affirme avec clartĂ© Vous avez droit au respect de votre intimitĂ©. Vous devez pouvoir vous mĂ©nager des moments ou des espaces rĂ©servĂ©s Ă vous seule, ou avec les personnes de votre choix, si tel est votre souhait » ; et aussi Votre espace personnel doit ĂȘtre respectĂ©, quels que soient lâendroit oĂč vous vivez et le degrĂ© de soins et dâassistance dont vous avez besoin. Toutes les personnes participant Ă votre prise en charge, Ă vos soins et Ă votre traitement doivent avoir Ă cĆur de ne pas empiĂ©ter sur votre vie privĂ©e ou vos relations intimes » ; et encore Le respect de votre vie privĂ©e se reflĂšte Ă©galement dans lâattention qui est accordĂ©e Ă votre pudeur. Vous avez le droit dâĂȘtre traitĂ©e avec dĂ©licatesse et discrĂ©tion par les personnes qui vous prennent en charge ». 16 15 FNG. Charte des droits et libertĂ©s de la personne ĂągĂ©e dĂ©pendante en situation de handicap ou de dĂ©pendance, 2007, Article IV, 16 Charte EuropĂ©enne des droits et des responsabilitĂ©s des personnes ĂągĂ©es nĂ©cessitant des soins et une assistance de longue durĂ©e. Droit Ă la vie privĂ©e, Juin 2010, Articles - 16 - Daniela EXCOFFON - MĂ©moire de l'Ecole des Hautes Etudes en SantĂ© Publique - 2014 Les Ă©noncĂ©s de ces chartes font appel Ă des compĂ©tences humaines qui ne sont pas forcĂ©ment acquises mĂȘme si nous faisons lâhypothĂšse que la majoritĂ© des aidessoignants considĂšrent leur travail comme une mission Ă accomplir avec la plus grande humanitĂ© auprĂšs de leurs aĂźnĂ©s, le respect Ă©voquĂ© ne va pas de soi. LâinexpĂ©rience, une formation insuffisante, un manque de motivation, une orientation par dĂ©faut dans le mĂ©tier, un mal-ĂȘtre personnel, un rythme de travail trop stressant,⊠peuvent ĂȘtre Ă lâorigine dâune nĂ©gligence involontaire de lâaspect humain indispensable dans la relation de soin. Sans compter que le mĂ©tier dâaide-soignant est insuffisamment valorisĂ©. Pourtant câest lâaide-soignant qui passe le plus de temps auprĂšs des rĂ©sidents ; par consĂ©quent, la qualitĂ© de son approche devrait ĂȘtre une prioritĂ©, ainsi que la valorisation du mĂ©tier. Lorsquâils sont interrogĂ©s sur leur vĂ©cu, certains rĂ©sidents osent livrer leurs frustrations. Certains rĂ©sidents ont confiĂ© Ă notre psychologue que, pendant la toilette ou les soins câĂ©tait comme sâils nâĂ©taient pas lĂ , comme sâil nây avait que leur corps qui existait ». Dâautres Ă©prouvent de la honte ou de lâhumiliation, Ă ĂȘtre manipulĂ©s mĂ©caniquement par de jeunes professionnels, dâautant plus sâils sont de sexe opposĂ©. LâANESM17 Ă©voque la rĂšglementation quĂ©bĂ©coise au sujet des soins corporels lâusager doit pouvoir choisir une personne du sexe de son choix pour certaines interventions spĂ©cifiques ». Cela est-il possible, lorsque la marge de manĆuvre pour lâĂ©laboration des plannings est trĂšs limitĂ©e? A Louis FOREZ, les plannings tiennent compte de trĂšs nombreux facteurs et contraintes et il est difficile dâenvisager la prise en compte de lâidentitĂ© sexuelle des professionnels, dâautant plus que le pourcentage des hommes dans la profession nâĂ©gale pas celui des femmes. Et pourtant, il est aisĂ© dâimaginer Ă quel point il doit ĂȘtre difficile pour une personne ĂągĂ©e, appartenant Ă une gĂ©nĂ©ration Ă©duquĂ©e Ă une vision trĂšs pudique du corps, de laisser manipuler son corps dĂ©nudĂ© par une jeune personne de lâautre sexe. Un autre espace intime en mal de reconnaissance dans lâinstitution est la sexualitĂ©. PrĂ©sente une fois de plus en tant que droit elle fait partie de la sphĂšre privĂ©e et intime, elle est objet de dĂ©ni, de rejet, de dĂ©goĂ»t, de banalisation. MĂȘme si elle nâest pas 17 ANESM. Recommandation. QualitĂ© de vie en EHPAD, Volet 2 Organisation du cadre de vie et de la vie quotidienne, 06/2011, Daniela EXCOFFON - MĂ©moire de l'Ecole des Hautes Etudes en SantĂ© Publique - 2014 - 17 - officiellement frappĂ©e dâinterdit, la sexualitĂ© se heurte aux prĂ©jugĂ©s et au manque dâespaces intimes en institution. Les exemples europĂ©ens et outre-atlantiques Dans certains pays dâEurope, comme la Belgique, la Suisse, le Danemark et lâAllemagne, le lien intimitĂ©-sexualitĂ© est plus explicite quâen France lorsquâon parle de lâintimitĂ© dâun rĂ©sident, on Ă©voque naturellement ses besoins corporels intimes, et en particulier ses besoins sexuels. Le mouvement reconnaissant les besoins affectifs et sexuels des personnes handicapĂ©es est nĂ© aux Etats-Unis dans les annĂ©es 1960-1970 ; il sâest Ă©tendu ensuite dans le Nord de lâEurope. En 1980, les Pays-Bas dĂ©battaient dĂ©jĂ sur lâ accompagnement Ă la vie affective et sexuelle ». Aujourdâhui, le statut dâ assistant sexuel » existe et est reconnu en Allemagne, en Autriche une formation existe Ă Karlsdorf pour devenir assistant sexuel », au Danemark et en Belgique. En Italie, la pratique du mĂ©tier est reconnue. Aux Pays-Bas, les prestations rĂ©alisĂ©es par les assistants sont remboursĂ©es par la SĂ©curitĂ© Sociale. En Suisse, il existe depuis 2003 une formation pour assistant sexuel ». En France, oĂč les opinions ont toujours Ă©tĂ© mitigĂ©es, le ComitĂ© Consultatif National d'Ethique CCNE a rendu, en Mars 2013, un avis dĂ©favorable Ă la reconnaissance du mĂ©tier d' assistant sexuel ». Si des pratiques d'assistance sexuelle ont lieu en France, elles sortent du cadre lĂ©gal. Quelles rĂ©ponses sont envisageables alors, afin de prendre en compte les besoins des personnes dĂ©pendantes ? Un article de la presse belge18 relate quâĂ Charleroi, les rĂ©sidents dâune maison de retraite peuvent aller voir des professionnelles en taxi. J. Paul POTVIN, prĂ©sident de lâADMR Association des Directeurs de Maisons de Repos sâest positionnĂ© en faveur de cette expĂ©rience. Dans le mĂȘme article, la ministre wallonne de la santĂ©, Eliane TILLIEUX, sâest ainsi prononcĂ©e Si cela se fait dans les rĂšgles et avec lâaccord de lâinstitution, je nâai pas dâobjection Ă faire. Mon principe de base est simple le pensionnaire doit se sentir dans sa chambre comme sâil Ă©tait chez lui, il doit pouvoir faire ce quâil entend et exiger le respect de son intimitĂ© ». 18 PAINBLANC, MaĂŻ. Des call-girls dans les maisons de repos pour personnes ĂągĂ©es ? ActualitĂ© nationale et rĂ©gionale belge, [En ligne] Disponible sur - 18 - Daniela EXCOFFON - MĂ©moire de l'Ecole des Hautes Etudes en SantĂ© Publique - 2014 Tout en prĂ©cisant que tous les pensionnaires ne sont pas demandeurs », POTVIN rappelle, dans le mĂȘme article, que des seniors qui sont dĂ©rangĂ©s dans leur lit alors quâils ont des relations sexuelles, cela arrive tous les jours dans les maisons de repos ». Le colloque DĂ©pendance physique intimitĂ© et sexualitĂ© »19 qui sâest dĂ©roulĂ© Ă Strasbourg en 2007, a relancĂ© le dĂ©bat en Europe. Lors de ce colloque, des personnes lourdement dĂ©pendantes ont tĂ©moignĂ© des viols involontaires » de leur intimitĂ© par les soignants, par lesquels elles se sentaient considĂ©rĂ©es comme des ĂȘtres asexuĂ©s ». Certains intervenants ont pointĂ© lâabsence de rĂ©fĂ©rence directe Ă la sexualitĂ© dans le droit Ă lâintimitĂ© Ă©noncĂ© par la loi 2002. Les personnes autonomes nâont nul besoin de sâinterroger sur ce que le mot intimitĂ© » peut ou doit recouvrir pour eux elles gĂšrent leur sphĂšre privĂ©e comme elles lâentendent et nâont aucun compte Ă rendre. Il en va tout autrement pour les personnes dĂ©pendantes. Si la question de lâaide que la sociĂ©tĂ© peut ou doit leur apporter va de soi dans certains domaines, dĂšs quâil sâagit du domaine de lâintime, notre propre intimitĂ© peut se sentir agressĂ©e. Cela fait place Ă deux principales attitudes lâempathie, le souhait que toutes les solutions soient trouvĂ©es afin que les dĂ©sirs lĂ©gitimes des personnes dĂ©pendantes soient satisfaits, dâune part ; le rejet moralisateur, rĂ©action dĂ©fensive visant Ă classer lâaffaire sans vraiment sâattarder sur la souffrance des personnes concernĂ©es, dâautre part. La question reste entiĂšre dans les institutions, oĂč le problĂšme de la dĂ©pendance sâadditionne aux limites imposĂ©es par la vie collective et aux impĂ©ratifs liĂ©s au soin. Dans un EHPAD, les personnes accueillies continuent dâavoir des besoins, des pulsions, des dĂ©sirs et, en France, certains Ă©tablissements commencent Ă repenser leur organisation afin de permettre une vie affective Ă©panouie Ă leurs rĂ©sidents. En 2013, Le Monde20 a publiĂ© un article sur lâamour et la vie intime Ă lâEHPAD Jacques BREL Ă Guipavas FinistĂšre dans lequel il notait que les liaisons amoureuses et la sexualitĂ© restent des sujets tabous en maison de retraite » et que dans des structures 19 Parlement EuropĂ©en de Strasbourg. DĂ©pendance physique intimitĂ© et sexualitĂ©. Colloque du 27 et 28 Avril 2007. Compte rendu du colloque, 1Ăšre journĂ©e, [En ligne] Disponible sur 20 GAUTHIER-FAURE, Manon. A Guipavas, des mots contre le tabou de lâamour et du sexe en maison de retraite. Le Monde, 08/08/2013, [En ligne] Disponible sur Daniela EXCOFFON - MĂ©moire de l'Ecole des Hautes Etudes en SantĂ© Publique - 2014 - 19 - mĂ©dicalisĂ©es, rythmĂ©es par les soins et marquĂ©es par la dĂ©pendance de nombreux pensionnaires, la notion mĂȘme dâintimitĂ© ne va pas de soi ». Lâarticle nous apprend que, pour tenter de briser ce tabou, le Syndicat Intercommunal gĂ©rant lâEHPAD a conçu une formation inĂ©dite sur les questions de lâintimitĂ© et de la sexualitĂ©. Cette dĂ©marche aurait Ă©tĂ© saluĂ©e par MichĂšle DELAUNAY, la ministre dĂ©lĂ©guĂ©e aux personnes ĂągĂ©es et Ă lâautonomie. Malheureusement, encore trop souvent, la question de lâintimitĂ© et de la sexualitĂ© nâest pas du tout abordĂ©e dans les institutions et est absente du projet personnalisĂ© du rĂ©sident. En revanche, au QuĂ©bec, les visites dâapprĂ©ciation de la qualitĂ© » lâĂ©quivalent de nos inspections et Ă©valuations externes interrogent trĂšs clairement lâapplication par lâĂ©tablissement visitĂ© des orientations ministĂ©rielles21 concernant lâintimitĂ© et la sexualitĂ© des rĂ©sidents. A titre dâexemple, un rapport de visite de 200722 touchant une vingtaine dâĂ©tablissements, interroge, au mĂȘme titre que la prĂ©vention des infections et le respect des rĂšgles de sĂ©curitĂ©, le respect de lâintimitĂ© du rĂ©sident et notamment si le rĂ©sident peut choisir une personne du sexe de son choix pour lâhygiĂšne » et si le rĂ©sident peut vivre sa vie affective, sentimentale et sa sexualitĂ© ». Ă Berlin, Ă San Francisco et Ă MontrĂ©al, des maisons de retraite pour homosexuels ont vu le jour ; au QuĂ©bec certaines institutions ont mis en place des chambres dâintimitĂ© » que les couples peuvent rĂ©server23 ; Ă New York, des maisons de retraite distribuent aux occupants des prĂ©servatifs; au Danemark, une maison de retraite passe, tous les samedis soirs, des films Ă contenu Ă©rotique Ă ses pensionnaires, Ă la demande de ces derniers, afin de dĂ©tendre l'atmosphĂšre et d'apaiser les esprits ». Des petites pancartes Ne pas dĂ©ranger » seraient mĂȘme disponibles, Ă la rĂ©ception, pour ceux qui empruntent des dvd Ă©rotiques !24 La France a donc du retard dans la prise en compte de lâintimitĂ© des personnes accueillies en institution. Toutefois, si lâexemple des autres pays peut ouvrir notre regard, il ne sâagit pas de faire du copiĂ©-collĂ© ». Une rĂ©flexion doit ĂȘtre menĂ©e, afin dâadapter 21 MinistĂšre de la SantĂ© et des Services Sociaux du QuĂ©bec. Orientations MinistĂ©rielles. Octobre 2003. 22 MinistĂšre de la SantĂ© et des Services Sociaux du QuĂ©bec. Rapport de visite dâapprĂ©ciation de la qualitĂ©. Rapport National, 2009, 23 LEFEUVRE GĂ©rard, SexualitĂ© et affectivitĂ© chez les personnes ĂągĂ©es. 27/11/2013 [En ligne] Disponible sur 24 VERVILLE Danielle, 25/05/2009. [En ligne] Disponible sur - 20 - Daniela EXCOFFON - MĂ©moire de l'Ecole des Hautes Etudes en SantĂ© Publique - 2014 certaines idĂ©es, de les rendre compatibles avec notre rĂ©alitĂ© culturelle, et avec chaque rĂ©alitĂ© institutionnelle. Mais lâĂ©volution est inĂ©luctable afin de la rendre possible il est indispensable de rester ouverts, de respecter lâexistant, dâaccorder du temps au cheminement, de tenir compte du contexte et de lâenvironnement extĂ©rieur Ă la structure, tout en insufflant la dynamique de changement nĂ©cessaire. Une structure tiraillĂ©e entre homĂ©ostasie et changement LâEHPAD Louis FOREZ a signĂ© une premiĂšre Convention Tripartite Pluriannuelle en 2007, et une deuxiĂšme en 2013. Avec une capacitĂ© autorisĂ©e de 60 lits, un taux dâencadrement 0,67 supĂ©rieur Ă la moyenne nationale et un budget fortement revalorisĂ© depuis la signature de la Convention, elle ne peut espĂ©rer de moyens supplĂ©mentaires Ă lâheure actuelle. De plus, le taux dâĂ©quipement est Ă©levĂ© sur le territoire 162 places pour 1000 habitants de 75 ans et plus, contre 123 en France. Son taux dâoccupation 98% est stable et ne devrait pas subir de diminution dans la mesure oĂč lâINSEE25 prĂ©voit, dâici 2030, une augmentation de personnes ĂągĂ©es dĂ©pendantes sur le territoire, en Haute Loire et dans Le Puy de DĂŽme La Chaise-Dieu est en Haute Loire mais Ă quelques kilomĂštres du Puy de DĂŽme plus que dans les deux autres dĂ©partements auvergnats. Lâhistoire de lâEHPAD Louis FOREZ entre confinement territorial et logique domestique LâEHPAD Louis FOREZ est situĂ© Ă 1100 mĂštres dâaltitude, sur un territoire rural enclavĂ©. Les anciens locaux de la maison de retraite Ă©taient installĂ©s au cĆur du village, dans les bĂątiments conventuels de lâAbbaye, monument classĂ© du XVIĂšme siĂšcle. Les personnes ĂągĂ©es qui intĂ©graient lâ hospice » bĂ©nĂ©ficiaient dâune vie sociale inchangĂ©e et profitaient de lâanimation touristique durant la saison estivale, notamment lors du Festival annuel de musique classique se dĂ©roulant traditionnellement dans la ville. HabituĂ©s Ă des conditions de vie rudes, les rĂ©sidents sâaccommodaient trĂšs bien de lâaustĂ©ritĂ© des lieux et du manque de confort. LâEHPAD porte le nom du pharmacien de la commune qui a dĂ©signĂ© la maison de retraite comme son lĂ©gataire universel en 1997, aprĂšs avoir passĂ© plusieurs annĂ©es au sein de celle-ci. GrĂące Ă ce legs, de nouveaux bĂątiments ont vu le jour en 1998. Les casadĂ©ens 25 INSEE Auvergne, La lettre n°82, Juin 2012. En Auvergne, des personnes dĂ©pendantes plus nombreuses et plus ĂągĂ©es Ă lâhorizon 2030. 6 p. Daniela EXCOFFON - MĂ©moire de l'Ecole des Hautes Etudes en SantĂ© Publique - 2014 - 21 - regrettent cependant que leur maison de retraite » soit dĂ©sormais Ă lâĂ©cart de la vie du village. Une autre personnalitĂ© de la commune a marquĂ© la mĂ©moire des villageois celle du mĂ©decin qui a consacrĂ© de longues annĂ©es Ă lâancien hospice. Son fils a Ă©tĂ© Maire du village et prĂ©sident du Conseil dâAdministration de lâEHPAD. La commune nourrit une forte idĂ©ologie autarcique », renforcĂ©e par un puissant attachement aux racines ainsi quâau patrimoine culturel et architectural. JusquâĂ il y a quelques annĂ©es, les jeunes quittaient difficilement la commune, habitĂ©s par une certaine apprĂ©hension vis-Ă -vis de lâextĂ©rieur. En revanche, depuis 2006, la Commune a perdu 100 habitants. Seulement 700 personnes y rĂ©sident dĂ©sormais. Malheureusement, les habitants du canton de La Chaise-Dieu continuent Ă nourrir une certaine mĂ©fiance envers les personnes arrivant dâautres dĂ©partements et dĂ©sireuses de sâinstaller dans la commune. Bien sĂ»r, câest un phĂ©nomĂšne qui nâest pas propre Ă La Chaise-Dieu on lâobserve frĂ©quemment dans les milieux ruraux isolĂ©s. Ă lâinstar de sa commune, lâEHPAD Louis FOREZ nâa pas Ă©tĂ© confrontĂ© au turn-over de ses salariĂ©s, jusquâĂ il y a quelques annĂ©es. En revanche, la direction de lâĂ©tablissement a Ă©tĂ© longtemps instable et/ou assurĂ©e par du personnel soignant infirmiĂšreâŠ. Le Maire Ă©tait lâinstance dĂ©cisionnelle qui dĂ©lĂ©guait amplement ce pouvoir aux professionnels de la maison de retraite. Le turn-over des directeurs Ă©tait en contraste avec la tendance homĂ©ostatique des casadĂ©ens, et alimentait un certain fantasme dâ auto-engendrement ». En quelque sorte, la Maison de Retraite appartenait » aux habitants de La Chaise-Dieu. Le legs a renforcĂ© ce sentiment. Se faire accepter par les salariĂ©s du canton est donc un enjeu de taille pour un directeur les nombreuses vacances du poste ont favorisĂ© chez le personnel une aptitude Ă sâorganiser et Ă dĂ©cider seul, et Ă reconnaĂźtre uniquement lâautoritĂ© du Maire. La fonction de direction sâest stabilisĂ©e Ă partir de 2009, lors de lâarrivĂ©e dâune directrice titulaire qui est restĂ©e cinq ans. Les premiers temps de sa prise de poste ont Ă©tĂ© compliquĂ©s par la confusion des rĂŽles qui caractĂ©risait les rapports interprofessionnels les soignants Ă©ludaient son autoritĂ© en sâadressant systĂ©matiquement au Maire. Elle a dĂ» clarifier les rĂŽles hiĂ©rarchiques et rééquilibrer les rapports avec le Conseil dâAdministration. - 22 - Daniela EXCOFFON - MĂ©moire de l'Ecole des Hautes Etudes en SantĂ© Publique - 2014 Elle a engagĂ©, non sans difficultĂ©, une dynamique de changement. La nouvelle lĂ©gislation, notamment la loi HPST26 et ses implications complexes lui ont permis de prendre une place affirmĂ©e face Ă la perte de repĂšres des Ă©lus locaux. Une bonne entente sâest instaurĂ©e entre la direction et les financeurs. En 2011, une autoĂ©valuation a Ă©tĂ© menĂ©e ; en 2013, la 2Ăšme Convention Tripartite a Ă©tĂ© signĂ©e, le Projet dâEtablissement a Ă©tĂ© validĂ© et lâUnitĂ© SĂ©curisĂ©e Alzheimer a Ă©tĂ© inaugurĂ©e. Fin 2013 lâĂ©valuation externe a eu lieu et les constats ont Ă©tĂ© trĂšs positifs. Des mutualisations ont Ă©tĂ© mises en place afin de fidĂ©liser des professionnels rares » sur le territoire, et dâorganiser des formations inter-Ă©tablissements. Des conventions ont Ă©tĂ© signĂ©es avec lâHAD Hospitalisation Ă Domicile, le RESOPAD 43 RĂ©seau de soins palliatifs, mais aussi avec lâĂ©picerie locale, des podologues, des coiffeurs⊠Les transformations mises en Ćuvre ont créé une brĂšche dans la logique domestique qui rĂ©gnait auparavant. LâamĂ©lioration des conditions de travail amĂ©nagements horaires⊠a produit des effets positifs. La 2 Ăšme rails plafonniers, convention tripartite a entraĂźnĂ© une augmentation des effectifs 0,40 ETP de mĂ©decin, 1 ETP dâinfirmier, 4 ETP dâaide-soignant, 0,30 ETP de psychologue supplĂ©mentaires, et favorise des prises en charge plus qualitatives. Un management prudent », une Ă©quipe en quĂȘte dâidentitĂ© MalgrĂ© le dynamisme de ma prĂ©dĂ©cesseure, et la prĂ©sence de cadres mĂ©decin coordonnateur, infirmiĂšre coordinatrice, psychologue compĂ©tents et impliquĂ©s, des clivages importants persistent au sein de lâĂ©quipe et un management participatif est difficile Ă mettre en place, dĂšs lors quâil sâagit dâimpulser un changement. Depuis le dĂ©but, la fonction de direction a suivi un parcours difficile, et elle est encore aujourdâhui confrontĂ©e Ă des personnels habituĂ©s Ă dĂ©cider seuls, qui commencent Ă peine Ă apprĂ©cier les bĂ©nĂ©fices dâune direction stable et qui craignent une nouvelle rupture. Câest un sentiment rĂ©pandu surtout parmi les plus anciens, qui ne conçoivent pas de quitter leur village, ni de changer de travail, et ne veulent pas renoncer Ă leurs habitudes professionnelles. 26 Loi n°2009-879 du 21 Juillet 2009 portant rĂ©forme de lâhĂŽpital et relative aux patients, Ă la santĂ© et aux territoires. JORF, n°167, 22 Juillet 2009, page 12184 Daniela EXCOFFON - MĂ©moire de l'Ecole des Hautes Etudes en SantĂ© Publique - 2014 - 23 - Les diffĂ©rences statutaires sont Ă lâorigine de conflits latents. Le personnel de lâEHPAD se renouvelle trĂšs peu 40% des salariĂ©s ont entre 10 et 19 ans dâanciennetĂ©, 25% plus de 20 ans. Mes relations avec les personnels sont parfois tendues certains salariĂ©s titulaires, forts de leur statut, peuvent faire preuve dâune rigiditĂ© difficile Ă gĂ©rer, notamment par rapport aux rĂšgles ou amĂ©nagements nouveaux. Depuis quelques annĂ©es, Ă cause dâune faible dĂ©mographie du personnel soignant sur le territoire, des contractuels sont embauchĂ©s. Cette situation est source de tensions les contractuels prennent la place des titulaires » tout en nĂ©gociant de meilleurs salaires. Aux yeux de certains professionnels, la direction est responsable de lâinjustice dĂ©coulant des Ă©carts entre les salaires et de lâattribution de postes qui devraient revenir Ă des fonctionnaires. Le professionnalisme est entravĂ© par la proximitĂ© des liens sociaux. Le fonctionnement de la structure est bien Ă©tayĂ© par la prĂ©sence dâun mĂ©decin coordonnateur trĂšs engagĂ©. Pourtant, ses relations proches avec les familles parasitent parfois son positionnement, induisant des dĂ©cisions plus affectives que rationnelles ; notamment par rapport aux critĂšres dâadmission Ă lâEHPAD. Chez les autres soignants, le fait de se connaĂźtre depuis toujours » et de se cĂŽtoyer au quotidien, entrave une certaine forme de professionnalisme ; dâailleurs, lâĂ©valuation externe de novembre 2013 a interrogĂ© des attitudes dâhyper-tolĂ©rance de la part de certains soignants, dictĂ©es par le souci de ne pas compliquer les relations sociales dans le village ». Certains sont allĂ©s jusquâĂ avouer que la maltraitance ne sera pas forcĂ©ment dĂ©noncĂ©e » au sein de lâĂ©tablissement, malgrĂ© une information rĂ©guliĂšre sur la responsabilitĂ© des professionnels vis-Ă -vis des personnes accueillies. Quant Ă lui, le secrĂ©tariat a du mal Ă garder la distance requise et Ă retenir les informations quâil nâa pas le droit de livrer. Les formations sur le secret professionnel organisĂ©es par lâancienne directrice nâont pas eu les effets escomptĂ©s. Les liens familiers du Maire avec ses concitoyens impactent sa posture au sein du Conseil dâAdministration et bloquent parfois la prise de dĂ©cisions. Des rĂ©sistances au changement perdurent. Des besoins dâĂ©volution se font jour. Aujourdâhui, lâidĂ©ologie entretenue par un leadership dâanciens soignants est encore puissante une partie du personnel demeure rĂ©fractaire Ă la dynamique de transformation - 24 - Daniela EXCOFFON - MĂ©moire de l'Ecole des Hautes Etudes en SantĂ© Publique - 2014 qui sâimpose peu Ă peu, et vit mal les temps de formation, perçus comme intrusifs ou inutiles. Bien que 90% des professionnels aient Ă©tĂ© formĂ©s Ă la mĂ©thode Humanitude », certains nâen ont gardĂ© aucune trace, alors que dâautres y ont puisĂ© des outils essentiels Ă leur pratique. Cet Ă©cart tĂ©moigne du clivage existant actuellement au sein de lâĂ©quipe et entravant les Ă©changes au niveau des pratiques de soin. Des personnalitĂ©s trĂšs diffĂ©rentes forment aujourdâhui lâĂ©quipe de lâEHPAD Louis FOREZ. Des enjeux de pouvoir rĂ©gissent certaines relations professionnelles ; des relations interpersonnelles trop proches en parasitent dâautres. LâĂ©quipe demeure globalement en mal de reconnaissance les professionnels les plus ĂągĂ©s nâont pas tous fait le deuil de la libertĂ© dont ils jouissaient avant », et il leur arrive de retourner une autoritĂ© maladroite sur les plus jeunes et inexpĂ©rimentĂ©s, surtout sâils sont contractuels. Pourtant, la cohabitation des titulaires et des contractuels est source de changement les tentatives pour introduire une autre dynamique sont mieux accueillies ; diffĂ©rentes mĂ©thodes de travail se cĂŽtoient et commencent Ă se croiser ; les initiatives de lâanimatrice ou de la psychologue sont vĂ©cues avec moins de mĂ©fiance ; les temps de formation sont plus investis. Un certain nombre de professionnels posent un regard avisĂ© sur la situation de la structure, comme aussi sur celle de la commune lâĂ©volution, lâĂ©change et lâouverture sont le gage de la pĂ©rennisation. Ă lâheure actuelle, les contraintes budgĂ©taires obligent Ă organiser des plannings serrĂ©s », des prestations rapides », au dĂ©triment des temps dâĂ©change entre les professionnels et les rĂ©sidents. Cette logique, guidĂ©e par le souci impĂ©rieux de garantir le fonctionnement de la structure avec peu dâeffectifs, peut avoir des consĂ©quences nĂ©gatives sur la qualitĂ© des soins, cette derniĂšre Ă©tant Ă©troitement liĂ©e au bien-ĂȘtre des professionnels. Lâorganisation actuelle ne tient pas compte du besoin de rĂ©flexion collective par rapport Ă des questions, surtout dâordre Ă©thique, restĂ©es en suspens depuis lâĂ©criture du projet dâĂ©tablissement. Une homogĂ©nĂ©isation des pratiques est souhaitable ; un consensus institutionnel au sujet de la Bientraitance indispensable. Daniela EXCOFFON - MĂ©moire de l'Ecole des Hautes Etudes en SantĂ© Publique - 2014 - 25 - IntimitĂ© et sexualitĂ© des rĂ©sidents un tabou Ă Louis FOREZ, le corps soignant a globalement Ă cĆur le bien-ĂȘtre des rĂ©sidents. Malheureusement, lorsquâils expriment leur maniĂšre dâapprĂ©hender les soins, il Ă©merge que de nombreux soignants accordent une trĂšs grande attention Ă leur qualitĂ© technique que la personne soit bien propre, quâelle ait bien mangĂ©, que la chambre soit bien rangĂ©e, que son lit soit bien fait⊠La performance technique est mise en avant pour plusieurs raisons elle peut sâappuyer sur lâexpĂ©rience, elle sâamĂ©liore forcĂ©ment avec la pratique ; elle demande de lâattention dans lâexĂ©cution de lâacte, mais pas dâeffort psychique particulier ; il nâoccupe que le temps prĂ©vu », imparti par les plannings. Mais surtout, comme lâaffirment certains auteurs27 la technicitĂ© des soins constitue un rempart par rapport Ă lâintime ». La formation initiale des anciens professionnels, le manque dâĂ©change sur des thĂšmes autres que les actes de soin proprement dits, nâempĂȘchent pas la bienveillance, certes, mais ne sont pas propices Ă lâinvestissement relationnel attendu par les rĂ©sidents. Ă Louis FOREZ, la Bientraitance est comprise surtout comme une absence de maltraitance. La rĂ©flexion nâĂ©tant pas soutenue au-delĂ de cette conviction, les pratiques se fondent sur la performance technique. MalgrĂ© lâexistence dâun projet dâĂ©tablissement rĂ©cent, une vraie culture institutionnelle fondĂ©e sur les connotations plus profondes de la Bientraitance nâest pas partagĂ©e par les personnels. Une rĂ©flexion commune sur les diffĂ©rents aspects de lâaccueil des personnes nâest pas menĂ©e. Les rĂ©sidents ne sont interrogĂ©s sur leurs ressentis quâalĂ©atoirement ou partiellement. Seule la psychologue a une rĂ©elle mission dâĂ©coute. Elle aide dâailleurs les aidessoignants Ă Ă©laborer les Projets PersonnalisĂ©s. Malheureusement, ces derniers, bien que se fondant sur les besoins de la personne, ne tiennent pas compte dâaspects plus difficiles Ă Ă©voquer la vie affective, les besoins intimes et relationnels. Nous ne connaissons pas les avis des personnes que nous accueillons sur ces points se sentent-elles respectĂ©es et prises en compte au niveau de leur dignitĂ© personnelle, de leur pudeur, de leurs besoins affectifs ? Se sentent-elles libres de pratiquer une vie 27 LEDUC, Florence., DELCOURT Jean-Baptiste. Aider, soigner, accompagner les personnes Ă domicile. Un Ă©clairage sur lâintime. GĂ©rontologie et SociĂ©tĂ©, FNG, 2007/3, n°122, - 26 - Daniela EXCOFFON - MĂ©moire de l'Ecole des Hautes Etudes en SantĂ© Publique - 2014 sexuelle lorsquâelles le souhaitent ? Vivent-elles bien les soins corporels qui leur sont prodiguĂ©s, ou se sentent-elles mal Ă lâaise, gĂȘnĂ©es, honteuses ? Ă Louis FOREZ, aborder le thĂšme de lâintimitĂ© des rĂ©sidents suscite des attitudes dĂ©fensives lâengagement dans la relation fait peur Ă une partie du personnel ; lâĂ©coute, lâĂ©change prennent du temps ; les besoins intimes des personnes sont gĂȘnants ». Pourtant ils existent, comme en tĂ©moignent les Ă©changes hĂątifs sur le ton de lâhumour entre les personnels. Les rĂ©sidents ayant des besoins sexuels sont connus par les soignants qui sâoccupent dâeux. Souvent, les professionnels se sentent seuls face aux besoins les plus intimes des rĂ©sidents. Certains dâentre eux nourrissent des craintes personnelles au sujet de lâimplication relationnelle et de la vie intime ; il nâest pas rare que les reprĂ©sentations individuelles sur la sexualitĂ© parasitent les postures professionnelles. Des rĂ©actions regrettables trahissent la gĂȘne et le manque de formation des soignants, lorsquâils sont confrontĂ©s Ă des situations dĂ©licates ». Un jour, une aide-soignante a pĂ©nĂ©trĂ© dans la chambre dâun monsieur aprĂšs avoir briĂšvement frappĂ© Ă la porte et sans attendre une rĂ©ponse claire ; le monsieur en question Ă©tait dans sa salle de bain et sâadonnait Ă une activitĂ© sexuelle solitaire. Mme X, gĂȘnĂ©e, a commentĂ© par un bref câest pas vrai ! » et a alertĂ© ses collĂšgues. Ce monsieur avait toute sa tĂȘte, se croyait dans son droit, dans sa chambre, Ă lâabri des regards. Mais, malheureusement, Mme X se croyait aussi en droit de rĂ©agir comme elle lâa fait. Une fois, jâai assistĂ© Ă la rĂ©action, on ne peut plus bienveillante, mais trĂšs infantilisante dâune ASH fĂ©licitant un monsieur qui tenait par la main une dame, tous deux rĂ©sidents de la structure, comme sâil sâĂ©tait agi de deux jeunes enfants. Il ne serait pas judicieux de compter sur lâinitiative, la maturitĂ©, la sensibilitĂ© de chacun pour adapter les comportements et lever les tabous existants ; câest au reprĂ©sentant de lâinstitution que revient la responsabilitĂ© dâaccompagner ses personnels vers un professionnalisme accru, et dâimpulser une solidaritĂ© culturelle au sein de lâinstitution, afin que les craintes individuelles puissent ĂȘtre contenues par un cadre clair et rassurant, mais affirmĂ© par rapport Ă des valeurs humaines essentielles. Comme je lâai Ă©voquĂ© dans le prĂ©cĂ©dent chapitre, une partie non nĂ©gligeable des personnels de lâEHPAD Louis FOREZ a beaucoup dâanciennetĂ© ; ces soignants ont Ă©voluĂ© en milieu rural et ont reçu une Ă©ducation peu ouverte sur les questions intimes et sexuelles. Nombreux sont ceux dâentre eux qui sont mal Ă lâaise dans la communication Daniela EXCOFFON - MĂ©moire de l'Ecole des Hautes Etudes en SantĂ© Publique - 2014 - 27 - en gĂ©nĂ©ral. Dâautres ont un faible niveau socio-culturel. Quelques professionnels sont mal dans leur peau, pour des raisons liĂ©es Ă leur propre histoire. Il nâest pas simple de fĂ©dĂ©rer une Ă©quipe autour de valeurs comme le respect de la vie intime et sexuelle des rĂ©sidents, alors quâelle est plutĂŽt rĂ©fractaire Ă ce sujet. Quelques Ă©changes mâont prouvĂ© que le mot intimitĂ© » et vie sexuelle » sont frappĂ©s de tabou pour certains. Il est pour autant inconcevable dâabandonner des questions aussi importantes, alors quâelles sont au cĆur mĂȘme de la notion de Bientraitance, et que la Bientraitance dĂ©pend de la volontĂ© et de la compĂ©tence des diffĂ©rents membres de lâinstitution. Comme le rappellent les Orientations MinistĂ©rielles quĂ©bĂ©coises28, le personnel intervenant auprĂšs des personnes ĂągĂ©es en institution doit maĂźtriser certaines compĂ©tences de base, indissociables et complĂ©mentaires ». Les orientations distinguent ï· le savoir » les connaissances techniques ; ï· le savoir-faire » habilitĂ©s de communication et de prĂ©sence thĂ©rapeutique, capacitĂ© de travailler en Ă©quipe et en interdisciplinaritĂ©âŠ ï· le savoir-ĂȘtre » chaleur et gĂ©nĂ©rositĂ©, respect, empathie et intĂ©rĂȘt pour la clientĂšle gĂ©riatrique, patience, tolĂ©rance, flexibilitĂ©, disponibilitĂ©... Les orientations qualifient ces compĂ©tences de prĂ©alable essentiel » pour travailler auprĂšs des personnes ĂągĂ©es hĂ©bergĂ©es en institution. En effet, nous verrons, dans la prochaine partie, que lâinstitution malmĂšne malgrĂ© elle les espaces individuels protĂ©ger la vie intime et encore plus sexuelle des rĂ©sidents ne va pas de soi en EHPAD. Sans les qualitĂ©s professionnelles dĂ©crites ci-dessus, le soin » risque de devenir une notion rĂ©duite Ă la seule performance technique. 28 MinistĂšre de la SantĂ© et des Services Sociaux. Orientations ministĂ©rielles. Octobre 2003, - 28 - Daniela EXCOFFON - MĂ©moire de l'Ecole des Hautes Etudes en SantĂ© Publique - 2014 2 LâINTIMITĂ UN DROIT Ă LâĂPREUVE DE LâINSTITUTION DĂ©finir lâintimitĂ© est une tĂąche dĂ©licate, tant elle a de sens et de retentissements. Et, malgrĂ© des dĂ©finitions qui tenteront dâĂȘtre exhaustives, elle rĂ©sonnera diffĂ©remment une fois confrontĂ©e Ă la rĂ©alitĂ© de lâinstitution. Une dĂ©finition aux implications multiples Lâ IntimitĂ© » est un concept complexe, qui rassemble plusieurs notions. Pour cette raison jâai choisi les dĂ©finitions proposĂ©es par le TLFI29, qui me paraissaient englober les diffĂ©rentes acceptions du mot. Le TLFI dĂ©finit lâ intimitĂ© » comme la vie intĂ©rieure profonde, la nature essentielle, ce qui reste gĂ©nĂ©ralement cachĂ© sous les apparences, impĂ©nĂ©trable Ă lâanalyse », la rĂ©alitĂ© profonde » de quelque chose ; mais aussi comme la vie privĂ©e propre Ă tel individu ou tel couple ; ce qui est strictement personnel et gĂ©nĂ©ralement prĂ©servĂ© des curiositĂ©s indiscrĂštes » ; et encore la partie gĂ©nĂ©ralement cachĂ©e de lâanatomie dâun individu, notamment les parties gĂ©nitales » et les relations sentimentales, mĂȘlĂ©es ou non de sensualitĂ©, marquĂ©es par une communion profonde, des Ă©changes sans rĂ©serve et parfois la cohabitation » et ce qui appartient Ă la vie Ă©rotique secrĂšte, contact charnel Ă©troit, rapports sexuels » et la qualitĂ© de ce qui favorise lâĂ©panouissement de la vie privĂ©e par sa situation retirĂ©e » ; dâaprĂšs le TLFI, le mot peut Ă©galement indiquer la vie familiale, domestique, des relations marquĂ©es par une grande chaleur affective, un accord profond » et la qualitĂ© de ce qui favorise lâĂ©panouissement de la vie familiale, affective, ou des relations amicales, par son degrĂ© de confort, par une tranquillitĂ© donnant une impression de bien-ĂȘtre » ; le mot qualifie Ă©galement des relations amicales marquĂ©es par une confiance profonde ». LâintimitĂ© nous ramĂšne donc Ă un espace de sens riche, et trop peu explorĂ© par les institutions et par la sociĂ©tĂ© actuelle, trĂšs centrĂ©e sur ce qui est apparent, et dans le dĂ©ni ou dans lâoubli de ce qui ne se voit pas. Sans avoir lâambition dâarriver Ă traiter, dans le contexte de ce mĂ©moire, toutes les facettes possibles du mot, je vais essayer de mâen tenir Ă ce qui me paraĂźt lâessentiel, Ă 29 CNRTL Centre National de Ressources Textuelles et Lexicales. TLFI TrĂ©sor de la Langue Française InformatisĂ©. [En ligne] Disponible sur Daniela EXCOFFON - MĂ©moire de l'Ecole des Hautes Etudes en SantĂ© Publique - 2014 - 29 - savoir les aspects auxquels on est confrontĂ© en EHPAD lâintimitĂ© corporelle, la sexualitĂ©, lâespace privĂ© de la chambre, le respect de la pudeur, de la dignitĂ©, de lâintĂ©rioritĂ©, de lâintĂ©gritĂ© et de lâidentitĂ© profonde des personnes accueillies. Dans un premier temps, nous allons voir comment lâintimitĂ©, la pudeur et la dignitĂ© sont Ă©troitement liĂ©es entre elles. IntimitĂ©, pudeur et dignitĂ© LâintimitĂ© est constitutive de lâidentitĂ© de tout ĂȘtre humain, car câest un espace intĂ©rieur qui nâappartient quâĂ lui ; lui seul a le droit de dĂ©cider sâil veut le montrer et/ou le partager. LâintimitĂ© peut en effet ĂȘtre partagĂ©e entre deux ou plusieurs ĂȘtres, et Ă©voque des liens profonds, ou privĂ©s. Une relation intime ne concerne quâun nombre restreint de personnes elle caractĂ©rise des liens privilĂ©giĂ©s. LâintimitĂ© est donc un espace quâon peut ouvrir » ou interdire » Ă autrui. Le corps quâon habille, car on ne montre pas sa nuditĂ© Ă nâimporte qui, fait partie de la plus profonde intimitĂ© de chacun. Lorsquâon parle de parties intimes », on fait rĂ©fĂ©rence Ă une partie du corps qui ne regarde que la personne, la partie la plus secrĂšte, celle quâon ne montre pas, hormis au sein dâune relation trĂšs intime ». La pudeur, ce sentiment dâapprĂ©hension Ă lâĂ©gard de ce qui peut blesser le respect que lâon a pour soi-mĂȘme »30, est fonction des Ă©poques, des cultures, de lâĂ©ducation reçue. Câest une dĂ©fense naturelle et subjective quâil ne faut pas attaquer. Car, comme lâaffirme Eric FIAT, pudeur et intimitĂ© sont indissociables toutes deux sont attachĂ©es au statut mĂȘme dâĂȘtre humain. Le non-respect de lâune entraĂźne une offense de lâautre »31. La pudeur nâest pas la mĂȘme selon lâĂąge, et augmente avec celui-ci. Un enfant dâun an nâest pas pudique. Les personnes ĂągĂ©es montrent moins facilement leur corps que les jeunes. Le regard social a son impact certaines manifestations baisers, caresses en public sont tolĂ©rĂ©es sâil sâagit de jeunes gens ; elles sont considĂ©rĂ©es comme indĂ©centes sâil sâagit de personnes mĂ»res. Une jeune femme qui montre son nombril ne sera pas mal jugĂ©e ; une femme de soixante-dix ans qui fait la mĂȘme chose serait considĂ©rĂ©e comme dĂ©rangĂ©e » ou dĂ©sinhibĂ©e » au sens pathologique. 30 LEPINE, Nicolas., GAUCHER, Jacques. Vieillir en institution - SexualitĂ©, maltraitance, transgression. Lyon Chronique sociale, 2008, 31 FIAT, Eric. Pudeur et intimitĂ©. GĂ©rontologie et sociĂ©tĂ©, FNG, 2007/3, n°122, - 30 - Daniela EXCOFFON - MĂ©moire de l'Ecole des Hautes Etudes en SantĂ© Publique - 2014 En contradiction avec un regard social qui Ă©duque » nos aĂźnĂ©s Ă la plus grande discrĂ©tion, la personne ĂągĂ©e est obligĂ©e de sacrifier sa pudeur tous les jours, dĂšs lors quâelle intĂšgre une institution ; sans que cela ne questionne plus que ça. Comme si la personne quittait la sociĂ©tĂ© en entrant en EHPAD. Comme si son identitĂ© perdait une dimension pourtant essentielle. ParallĂšlement, notre sociĂ©tĂ© aime Ă percevoir les personnes ĂągĂ©es comme des ĂȘtres qui ont dĂ©jĂ vĂ©cu leur vie et sont passĂ©s Ă autre chose » ; les mĂ©dias associent facilement les personnes ĂągĂ©es Ă la sĂ©rĂ©nitĂ©, lâaccomplissement, lâappartenance Ă une dimension dĂ©passionnĂ©e », comme si les Ă©motions fortes Ă©taient lâapanage de la jeunesse. Il y a sĂ»rement du vrai dans cela nous vieillissons tous, et nous rendons bien compte que quelque chose change progressivement en nous. Toutefois, il sâagit plus de la forme » nos manifestations extĂ©rieures sont plus apaisĂ©es et plus apaisantes ; nous intĂ©riorisons plus nos Ă©motions, nous nâavons pas besoin de les crier haut et fort » comme des adolescents. Nous devenons plus discrets, plus pudiques. Mais, justement, ne serait-ce pas lĂ le signe dâun territoire intime qui sâaccroit au fil du temps ? Ce nâest pas parce quâon ne montre pas, quâon nâĂ©prouve pas. Le passage de lâextraversion juvĂ©nile Ă une forme dâintroversion qui caractĂ©rise la maturitĂ© et la sagesse, ne doit pas ĂȘtre interprĂ©tĂ© comme une absence. Les personnes ĂągĂ©es et trĂšs ĂągĂ©es ont des sentiments et des dĂ©sirs intimes et le repli dont ils font souvent preuve en intĂ©grant une institution ne doit pas nous tromper. Câest une dĂ©cision dĂ©valorisante dâintĂ©grer une maison de retraite je ne suis plus bonne Ă rien », entend-on souvent⊠Le grand Ăąge, la dĂ©pendance, le poids que tout cela reprĂ©sente pour la sociĂ©tĂ© fait culpabiliser les personnes ĂągĂ©es dĂ©pendantes ontelles encore le droit de ressentir, de dĂ©sirer, de vouloir ? ». LâarrivĂ©e en EHPAD reprĂ©sente une Ă©tape ultime, une sorte de dĂ©chĂ©ance, aux yeux des futurs rĂ©sidents leur dĂ©gradation ultime va se dĂ©rouler dans un lieu collectif, sous les yeux de jeunes professionnels ; il ne restera pas grand-chose de la dignitĂ© pour laquelle ils ont luttĂ© une vie durant. Ce vĂ©cu inhibe chez de nombreux rĂ©sidents toute vellĂ©itĂ© dâaffirmation de soi. Nombreux sont ceux qui ne se sentent plus respectables, et donc plus en droit dâexiger du respect, notamment envers une intimitĂ© qui est dĂ©sormais totalement dĂ©voilĂ©e⊠Les personnes ĂągĂ©es souffrantes et lucides, lorsquâelles sâexpriment, peuvent livrer beaucoup dâamertume et un sentiment poignant dâhumiliation. Daniela EXCOFFON - MĂ©moire de l'Ecole des Hautes Etudes en SantĂ© Publique - 2014 - 31 - La personne qui arrive en EHPAD est victime dâune double mĂ©prise dâun cĂŽtĂ©, on fait comme si elle nâavait plus besoin dâune vie intime, de lâautre on fait comme si elle nâavait plus de pudeur. Comment peut-elle encore sâaccrocher Ă lâidentitĂ© qui Ă©tait jadis la sienne ? Lâinstitution doit lâaider, et ĂȘtre la premiĂšre Ă reconnaĂźtre les besoins en lien avec la pulsion vitale que la personne nâest plus en mesure dâaffirmer. Câest aussi Ă lâinstitution de rappeler Ă la personne ses droits en lien avec son identitĂ© lâinterpeller sur sa pudeur, sur son sentiment de dignité⊠Les valeurs auxquelles elle ne pense plus avoir droit. Focus sur lâamour et la sexualitĂ© Selon lâOMS La sexualitĂ© est un aspect central de la personne humaine tout au long de sa vie [âŠ] »32. Cette dĂ©finition cf. ANNEXE 1 reconnaĂźt la place quâelle occupe chez tous les individus, quel que soit lâĂąge, mĂȘme si la forme et les manifestations varient. Elle construit notre identitĂ©, enrichit notre personnalitĂ©, augmente de façon positive notre image de soi et implique une communication avec autrui. La sexualitĂ© occupe une part importante dans lâintimitĂ©. Elle se situe Ă la lisiĂšre de plusieurs besoins, puisque câest une pulsion vitale, un besoin physiologique, mais aussi lâexpression dâun dĂ©sir de partage. En effet, la plupart des personnes ne se contentent pas dâune sexualitĂ© solitaire, car toucher lâautre et ĂȘtre touchĂ© par lâautre, le partage dâun acte de plaisir et de tendresse ont un sens pour lâĂȘtre humain, rĂ©pondent Ă un besoin profond dâĂ©change dâaffection. De plus, la sexualitĂ© est associĂ©e Ă la notion de plaisir. Comme lâaffirme Jean Jacques AMYOT33, quel que soit lâĂąge, lâamour et le plaisir alimentent le sentiment dâĂȘtre vivant et lâenvie de vivre ; câest la possibilitĂ© de continuer Ă aimer et Ă nous sentir aimĂ© qui nous tient en vie ; lâauteur regrette que le droit de tomber amoureux Ă nâimporte quel Ăąge ne soit pas encore reconnu par le plus grand nombre. Il rappelle dâailleurs que notre sociĂ©tĂ© occidentale est plutĂŽt restrictive face Ă la sexualitĂ© des personnes ĂągĂ©es, au point que, 32 WHO, World Health Organisation OMS. Defining sexual health. Report of a technical consultation on sexual health. 28-31 January 2002, Geneva. Sex », Sexuality », Sexual health ». DĂ©finitions consultables Ă la section 1 65, du PDF, Box 1 Working definitions, du document. [En ligne] Disponible sur 33 AMYOT Jean-Jacques. Les reprĂ©sentations sociales de la sexualitĂ© et du vieillissement, entre interdits et dĂ©nis. In COLLOQUE UNIORPA, Sexe et plaisir des Ăąges, Reims, Maison DiocĂ©saine Saint-Sixte, 6 DĂ©cembre 2013 colloque auquel jâai assistĂ©, et dont les actes nâont pas encore parus - 32 - Daniela EXCOFFON - MĂ©moire de l'Ecole des Hautes Etudes en SantĂ© Publique - 2014 comme lâaffirme GĂ©rard RIBES34, les personnes, en vieillissant ont elles-mĂȘmes lâimpression de transgresser en continuant Ă Ă©prouver du dĂ©sir sexuel cela les conduiraient Ă une autocensure », amplifiĂ©e en institution par les attitudes des soignants Ă leur Ă©gard. Le film documentaire dâHĂ©lĂšne MILANO35 tĂ©moigne du besoin profond que les ĂȘtres humains ont dâĂ©prouver de lâamour, sentiment qui nâa pas dâĂąge et qui donne ou redonne envie de vivre. Les tĂ©moignages Ă©mouvants de ce film mettent le doigt sur le rĂŽle majeur que joue lâamour dans la vie des personnes ĂągĂ©es et mĂȘme trĂšs ĂągĂ©es. On perçoit Ă©galement Ă quel point ce besoin est frappĂ© de censure, comme si lâamour et le dĂ©sir Ă©taient rĂ©servĂ©s aux gens qui dĂ©tiennent des corps jeunes. Pourtant, dâaprĂšs une Ă©tude36 concernant plusieurs milliers de seniors amĂ©ricains ĂągĂ©s de 57 Ă 85 ans, plus dâun quart des personnes ĂągĂ©es de 75-85 ans ont affirmĂ© avoir des relations sexuelles rĂ©guliĂšres et que les soucis de santĂ© constituaient le seul obstacle Ă la poursuite dâune vie sexuelle normale. Selon une autre Ă©tude37 amĂ©ricaine rĂ©alisĂ©e auprĂšs dâun groupe de 202 personnes ĂągĂ©es de 80 Ă 102 ans et dont lâĂąge moyen Ă©tait de 86 ans 82% des hommes et 64% des femmes avaient des rapports de tendresse ; 72% des hommes et 40% des femmes se masturbaient ; 63% des hommes et 30% des femmes avaient des rapports sexuels. Plusieurs Ă©tudes le dĂ©montrent donc sâils diminuent en intensitĂ© ou en frĂ©quence, les besoins sexuels peuvent sâexprimer Ă tout Ăąge. La sexualitĂ© est une pulsion vitale. SexualitĂ© et tendresse peuvent contribuer, jusquâĂ un Ăąge avancĂ©, Ă satisfaire les besoins de contact physique, de complicitĂ© et dâintimitĂ©. Sans compter que la sexualitĂ© peut ĂȘtre Ă nâimporte quel Ăąge une prĂ©cieuse source de bien-ĂȘtre physique et de rĂ©confort psychique. Les Ă©changes affectifs ou sexuels sont donc moteurs de vie et rĂ©parent en partie les blessures que la maladie et la dĂ©pendance infligent Ă nos aĂźnĂ©s. Il nâest pas exclu quâils puissent jouer un rĂŽle dans la prĂ©vention du syndrome de glissement. GeneviĂšve 34 RIBES, GĂ©rard. LâĂągĂ©, lâintimitĂ© et lâinstitution. In PITAUD, Philippe. SexualitĂ©, handicaps et vieillissement. Toulouse ERES, 2011, Pratiques du champ social, 35 MILANO, HĂ©lĂšne. Nos amours de vieillesse. Comic Strip Production France 3, Documentaire, 2005, 52mn [En ligne] Disponible sur 36 TESSLER LINDAU, Stacy, SCHUMM, LAUMANN Edward O., et al. Study of sexuality and health among older adults in the United States. The New England Journal of Medecine, 2007/08 37 BRETSCHNEIDER, Judy G., McCOY, Norma L. Sexual interest and behaviour in healthy 80 to 102 year olds. Archives of Sexual Behaviour, 1988/04, n°2, Daniela EXCOFFON - MĂ©moire de l'Ecole des Hautes Etudes en SantĂ© Publique - 2014 - 33 - LAROQUE38 a dit, lors dâun dĂ©bat si lâon nâest plus capable dâaimer et dâĂȘtre aimĂ©, alors il ne reste plus quâĂ mourir »⊠Les soignants en institution pour personnes ĂągĂ©es sont rĂ©guliĂšrement confrontĂ©s Ă des problĂ©matiques sexuelles chez les rĂ©sidents, et sont dĂ©semparĂ©s. Les besoins existent, mais ils ne sont pas assez pris en compte soit les personnes ĂągĂ©es sont suffisamment autonomes pour les satisfaire dans la plus grande discrĂ©tion, voire en dehors de lâinstitution ; soit elles en sont incapables, et alors elles sont bel et bien obligĂ©es de renoncer Ă une vie sexuelle ou amoureuse. Sans compter que les structures prĂ©voient rarement des dispositifs pour les couples les lits sont souvent mĂ©dicalisĂ©s, la place disponible dans les chambres est insuffisante pour des lits doubles, les chambres doubles sont plus difficiles Ă remplir⊠Or, quel sens prend la dĂ©finition de lieu de vie » dans des structures qui dĂ©fendent dans leurs projets institutionnels le droit de vote des personnes jusquâĂ la fin de leur vie, qui sâengagent Ă tout mettre en Ćuvre pour prolonger lâautonomie des personnes, mais qui esquivent la question du bonheur et du plaisir au profit dâune survalorisation des activitĂ©s cognitives et motrices ? Le dĂ©sir, lâenvie dâĂȘtre heureux et dâĂ©prouver du plaisir ne disparaissent pas avec lâĂąge. Mais cela dĂ©range, car la dĂ©finition mĂȘme de qualitĂ© du soin » sâen trouve bouleversĂ©e, ce qui oblige lâinstitution Ă repenser son accueil et sa prise en charge. Toutefois, câest un bouleversement nĂ©cessaire, car la qualitĂ© doit rester en lien avec les besoins des personnes accueillies et ces personnes pensent que la sexualitĂ© est importante, comme le montrent diffĂ©rentes Ă©tudes et sondages, et notamment une Ă©tude39 qui a portĂ© sur 3274 patients ĂągĂ©s de 75 Ă 95 ans et qui a obtenu 85% de rĂ©ponses 50% dâentre eux affirment que la sexualitĂ© est importante pour eux. DĂšs lors, la prise en compte de cette rĂ©alitĂ© par nos institutions nâest plus une option. LâintimitĂ© institutionnalisĂ©e » Comme nous lâavons vu plus haut, lâintimitĂ© correspond Ă la partie la plus profonde et plus vulnĂ©rable de nous-mĂȘmes, le cĆur » de notre ĂȘtre, que nous sentons le besoin de 38 LAROQUE, GeneviĂšve. CitĂ©e In TRANCHANT B., FOURNIER V. ViellirâŠMais prĂ©server son intimitĂ©, la vieillesse, en finir avec lâhumiliation. Et si les vieux vivaient encore, Le journal du dĂ©bat, n°6, Mars 2012, [En ligne] Disponible sur 39 HYDE, Zoe, FLICKER, Leon, HANKEY, Graeme J., et al. Prevalence and predictors of sexual problems in men aged 75-95 ys a population-based study. Journal of Sexual Medecine. 2012, 92, - 34 - Daniela EXCOFFON - MĂ©moire de l'Ecole des Hautes Etudes en SantĂ© Publique - 2014 protĂ©ger des agressions extĂ©rieures. Comme lâexplique Didier ANZIEU40, notre peau et notre enveloppe psychique constituent des filtres plus ou moins sĂ©lectifs selon notre histoire, nos dĂ©fenses, notre personnalitĂ© qui nous sĂ©parent du monde extĂ©rieur. Lorsque, pour diffĂ©rentes raisons, ces filtres sont agressĂ©s, sâeffritent, lâintĂ©gritĂ© psychique de la personne est en danger. Or, dans une prise en charge institutionnelle, lâintimitĂ© de la personne est mise Ă nu. Comme lâaffirme GĂ©rard RIBES41, la personne ĂągĂ©e en institution devient un individu public exposĂ© aux yeux des soignants, de sa famille, de ses enfants ». Ă son entrĂ©e en institution, tous les espaces secrets de la personne deviennent accessibles son histoire, ses goĂ»ts, son ancienne profession, ses deuils, ses antĂ©cĂ©dents de santĂ©, ses problĂšmes actuels, ses relations avec les proches, le domicile et le travail de ses enfants⊠La mise Ă nu » se produit aussi au sens littĂ©ral. Dâailleurs, Thierry DARNAUD42 affirme que les effractions dans la bulle intime des corps ĂągĂ©s pour accomplir les toilettes et autres soins dâhygiĂšne par les aides-soignants sont autant de viols dâintimitĂ© rĂ©pĂ©tĂ©s plusieurs fois par jour ». La pudeur, la gĂȘne de la personne ĂągĂ©e obligĂ©e de se dĂ©nuder devant de jeunes personnes inconnues ne sont jamais interrogĂ©es par lâinstitution. Ici, le corps devient lâacteur central, lâobjet de tout type de soin. LâEHPAD, qui se veut un lieu de vie, est perçu surtout comme un lieu de soin et de mort par les rĂ©sidents. Les soins corporels sont la prioritĂ© et les soignants rĂ©gentent tous les espaces en leur nom. En EHPAD, les sphĂšres du public et du privĂ© se confondent. La chambre, espace privĂ©, lieu rĂ©servĂ© Ă une personne, appartient Ă lâinstitution dans les reprĂ©sentations de tout le monde le soignant, le rĂ©sident, la famille⊠LâANESM43 rappelle que lâespace privatif de la chambre doit ĂȘtre considĂ©rĂ© comme la transposition en Ă©tablissement du domicile du rĂ©sident âŠ, que les rĂ©sidents doivent ainsi disposer dâun lieu privĂ©, quâils peuvent pleinement sâapproprier, leur permettant 40 Ăšme ANZIEU, Didier. Le Moi-Peau. 2 Ă©d.. Paris Dunod, 1995, 291 p. Coll. Psychismes. RIBES, GĂ©rard. A lâĂ©coute de son corps. In SOCIETE RHONE-ALPES DE GERONTOLOGIE, e 89 JournĂ©e RĂ©gionale de GĂ©rontologie, Le corps Ă lâusage du temps, La Voulte-sur-RhĂŽne, Salle des FĂȘtes, 19 Novembre 2013. Colloque auquel jâai assistĂ© 42 DARNAUD, Thierry. LâimpossibilitĂ© de lâintime dans les institutions gĂ©riatriques. GĂ©rontologie et sociĂ©tĂ©, FNG, 2007/3, n°122, 43 ANESM. Recommandation. QualitĂ© de vie en EHPAD. Volet 2 Organisation du cadre de vie et de la vie quotidienne, 06/2011, 41 Daniela EXCOFFON - MĂ©moire de l'Ecole des Hautes Etudes en SantĂ© Publique - 2014 - 35 - dâorganiser lâamĂ©nagement de lâespace qui leur est dĂ©volu, mais aussi de recevoir dans lâĂ©quivalent dâun chez-soi âŠ. Elle souligne cependant que, au sein des Ă©tablissements, la frontiĂšre entre espace public et espace privĂ© tend Ă se rĂ©duire, et que les rĂšgles imposĂ©es aux Ă©tablissements ne favorisent pas le respect de lâintimitĂ©. LâANESM cite en exemple la difficultĂ© voire lâimpossibilitĂ© pour les personnes accueillies de fermer leurs portes Ă clĂ©. Dans les faits, la chambre dâune maison de retraite est trĂšs rarement investie comme lâĂ©tait le domicile, par la personne qui lâoccupe. Elle est dâailleurs conçue comme une chambre dâhĂŽpital elle rĂ©unit tout ce qui permet de satisfaire les fonctions basiques dormir, se laver, aller aux toilettes, ĂȘtre soignĂ©, sâhabiller⊠dans un espace unique et exigu. Rares sont les EHPAD qui autorisent une vĂ©ritable personnalisation de la chambre couleur des murs, grand lit, affichages, amĂ©nagements dĂ©coratifsâŠ. La chambre en institution, si elle Ă©quivaut Ă un logement privĂ© dâun point de vue juridique et contractuel, est en fait un espace oĂč tous les personnels peuvent librement circuler, limitĂ©s uniquement par leur propre bon sens et, si elle existe, une culture institutionnelle exigeante dĂ©fendant clairement la valeur de cet espace privĂ© quâest la chambre dâun rĂ©sident. Car les rĂ©sidents, trĂšs fragilisĂ©s pour la plupart, ne la dĂ©fendront pas pour eux aussi, le statut de ce lieu est flou ; de plus, du point de vue dâune personne affaiblie et dĂ©pendante des soins dâautrui, le soignant a tous les droits ». Jâapprofondirai lâanalyse de ce point dans le chapitre En EHPAD, le manque dâintimitĂ© est aussi relationnel dans la promiscuitĂ©, toute relation intime devient difficile. Il est pratiquement impossible, pour un couple, de sâamĂ©nager des moments dâintimitĂ© dans un EHPAD. Dans la plupart des structures, les couples nâont le choix que dâinvestir les lieux collectifs, vu que rien nâest prĂ©vu pour quâils puissent sâisoler. Rares sont les EHPAD qui donnent systĂ©matiquement la clĂ© de la chambre au futur occupant en lui signifiant quâil en sera le locataire et quâil aura le pouvoir et le droit de fermer la porte, Ă©ventuellement avec la personne de son choix. Alors, la personne ĂągĂ©e se retrouve dans un lieu quâelle nâa pas forcĂ©ment choisi, contrainte de respecter des rĂšgles collectives, comme lorsquâelle Ă©tait enfant et encore, les enfants rentrent chez eux le soir !. La cohabitation imposĂ©e Ă un Ăąge trĂšs avancĂ© reprĂ©sente une rĂ©gression par rapport Ă la lente conquĂȘte de lâautonomie et de lâaffirmation de soi que chacun mĂšne tout au long de sa vie. Les personnes ĂągĂ©es accueillies en EHPAD ont fait leurs propres choix pendant toute une vie, ont fixĂ© leurs rĂšgles, ont pris des risques. Lâinstitution a tendance Ă restreindre la libertĂ© et les espaces - 36 - Daniela EXCOFFON - MĂ©moire de l'Ecole des Hautes Etudes en SantĂ© Publique - 2014 des individus, Ă considĂ©rer les personnes comme un groupe. La logique collective a tendance Ă sacrifier les besoins individuels. De leur cĂŽtĂ©, les professionnels Ă©prouvent des difficultĂ©s Ă concilier le respect de lâintimitĂ© des rĂ©sidents et les injonctions sĂ©curitaires qui les poussent Ă lâenfreindre en permanence. Au quotidien, il est trĂšs ardu de garantir le respect de la vie privĂ©e, intime et sexuelle dans un espace qui est surtout collectif et mĂ©dicalisĂ©, dans un espace qui est avant tout un lieu de soin, et oĂč le corps souffrant prend presque toute la place. Dans un tel lieu, les ĂȘtres humains deviennent asexuĂ©s » malgrĂ© eux. Le respect de lâintimitĂ© au sens large est limitĂ© par lâorganisation et la culture rĂ©gissant les lieux de soin ; la sexualitĂ©, quant Ă elle, ne trouve pas sa place dans un univers qui est associĂ© Ă la maladie et Ă la vieillesse. Or, la CNCDH44 alerte sur le fait que lâintimitĂ© des personnes nâest pas suffisamment protĂ©gĂ©e » et que la vie affective et sexuelle des personnes ĂągĂ©es doit ĂȘtre respectĂ©e. La sexualitĂ© des personnes ĂągĂ©es, principalement celles en institutions, est encore un tabou, alors mĂȘme quâil sâagit dâune question importante pour les personnes concernĂ©es. ⊠Le personnel nâa donc pas le droit de sây opposer. Si la famille peut ĂȘtre informĂ©e de la vie affective de la personne ĂągĂ©e, son accord nâa pas Ă ĂȘtre recueilli ». Pourtant de nombreux soignants vivent mal lâexpression de la sexualitĂ© de la part de ceux qui font lâobjet de leurs soins. Les rĂ©sidents sont consultĂ©s sur diffĂ©rentes questions les concernant, notamment les dĂ©cisions mĂ©dicales, mais jamais sur leurs besoins sexuels. Certes, câest un sujet intime, difficile Ă aborder sans ĂȘtre intrusif. Cela nĂ©cessite une formation et un savoir-ĂȘtre. Un mĂ©decin pose Ă son patient toute sorte de questions intimes ! Et la sexualitĂ©, facteur de santĂ© et moteur de vie, devrait en faire partie. Cette problĂ©matique sera traitĂ©e dans la troisiĂšme partie. Globalement, nous voyons que lâinstitution est par nature une entitĂ© phagocytant les identitĂ©s individuelles, en limitant les espaces intimes, au nom de sa propre survie en tant quâespace collectif. Le collectif et lâindividuel sont toujours en tension au sein dâune structure dâaccueil. Si nous laissons uniquement la logique institutionnelle nous guider, nous risquons dâoublier les individus. IntimitĂ© et troubles psychiques La maladie dâAlzheimer et les troubles apparentĂ©s viennent compliquer davantage la problĂ©matique du respect de lâintimitĂ©. 44 CNCDH. Avis sur lâeffectivitĂ© des droits des personnes ĂągĂ©es. 27/06/2013, Daniela EXCOFFON - MĂ©moire de l'Ecole des Hautes Etudes en SantĂ© Publique - 2014 - 37 - En effet, la maladie dâAlzheimer induit des troubles du comportement qui peuvent ĂȘtre accompagnĂ©s de dĂ©sinhibition et dâautres rĂ©actions inadaptĂ©es. Cela crĂ©e des situations difficiles Ă gĂ©rer en institution, car des personnes fragiles peuvent ĂȘtre victimes de ces conduites. Certains rĂ©sidents peuvent avoir des attitudes indĂ©centes en collectivitĂ© et faire violence, sans en avoir eu lâintention, aux autres rĂ©sidents. Les plus vulnĂ©rables ne sont pas Ă lâabri de subir des abus sexuels de la part de ces malades. Les professionnels doivent faire face Ă une complexitĂ© accrue ils doivent tenir compte de lâintimitĂ© et la dignitĂ© de tous les rĂ©sidents, dĂ©ments ou pas ; ĂȘtre attentifs au libre consentement des parties concernĂ©es par une relation Ă©ventuelle ; rester Ă lâĂ©coute du vĂ©cu des familles ; et surtout protĂ©ger sans trop restreindre la libertĂ© de chacun. Les rĂ©sidents atteints de la maladie dâAlzheimer et troubles apparentĂ©s peuvent fuguer », ce qui oblige les personnels Ă une hyper vigilance qui entre en contradiction avec le respect des espaces intimes des rĂ©sidents. Pourtant cette vigilance est souvent exigĂ©e par les familles qui ne supportent pas lâidĂ©e que leur proche se mette en danger. La surveillance qui sâimpose va Ă lâencontre des principes exprimĂ©s par la Charte article I et article IV, citĂ©s au chapitre Par exemple, qui dĂ©ciderait dâune prise de risque qui serait raisonnable et acceptable ? En admettant que ce seuil » existe, comment arriver Ă un consensus entre la famille et lâinstitution, vu que lâon ne peut pas consulter la personne directement concernĂ©e ? Lâinstitution doit ĂȘtre garante du libre consentement des personnes engagĂ©es dans une relation intime. Mais si ces personnes ou lâune dâentre elles ne peuvent pas sâexprimer Ă cause de leur pathologie, les soignants se sentent dĂ©semparĂ©s, et pris en Ă©tau entre le souhait de laisser les rĂ©sidents vivre spontanĂ©ment et partager du plaisir, et le doute quâun des deux ne subisse le dĂ©sir de lâautre. Le consentement est essentiel. Mais il faut se mĂ©fier des paradoxes parfois de vrais » couples partagent une grande violence, comme ça a Ă©tĂ© le cas pour une dame qui venait voir son mari dans notre structure ; ce dernier abusait dâelle lors des visites, les soignants ne se permettaient pas dâintervenir, puisquâils Ă©taient mariĂ©s depuis 60 ans ; la dame, interrogĂ©e, malgrĂ© le soutien que lâĂ©quipe lui proposait, nâa jamais voulu rien partager de son vĂ©cu et nâa jamais songĂ© Ă refuser cette situation. Lâinstitution a Ă©tĂ© impuissante Ă Ă©viter ces violences, alors quâelle a pu se montrer hyper protectrice Ă lâĂ©gard de personnes dĂ©mentes qui Ă©changeaient des caresses sans quâaucune souffrance ne sâexprime, et souvent Ă cause de la mĂ©fiance des familles. - 38 - Daniela EXCOFFON - MĂ©moire de l'Ecole des Hautes Etudes en SantĂ© Publique - 2014 Nous le voyons bien, la place du soignant nâest pas simple comment peut-il se situer Ă la bonne distance et tenir compte du rĂ©sident en mĂȘme temps que de sa famille ? Quelles valeurs doit-il privilĂ©gier, lesquelles peut-il sacrifier, et en fonction de quels Ă©lĂ©ments ? Lâaide-soignant est confrontĂ© chaque jour Ă des choix difficiles face Ă des patients dĂ©ments. Sâil a toujours besoin dâĂȘtre guidĂ© et soutenu par un cadre de rĂ©fĂ©rence clair, ce besoin est accru face Ă une pathologie qui vient tout complexifier. Le rĂ©sident et le soignant lâintimitĂ© partagĂ©e Nous allons voir, dans cette partie, que lâintimitĂ© est un territoire qui, en institution, est partagĂ© par le rĂ©sident avec les soignants ; que ce partage atteint le rĂ©sident comme le soignant ; et que la qualitĂ© de cette interaction est Ă la base de la qualitĂ© de lâaccueil en EHPAD. Les soins corporels, le corps et lâĂąme mis Ă nu Respecter lâintimitĂ© du corps nâest possible que sâil y a apprivoisement mutuel cela demande du temps. Personne nâaime ĂȘtre touchĂ© sans y avoir consenti. Etre touchĂ© lors des soins peut ĂȘtre vĂ©cu comme une atteinte Ă la pudeur voire une humiliation. Le passage de la pudeur Ă la honte dĂ©pendra du regard et de lâattitude du soignant. Pendant la toilette, le corps est mis Ă nu, mais pas seulement le corps. La personne toute entiĂšre est mise Ă nu. Lorsque deux soignants parlent entre eux de tout autre chose » en ignorant la personne quâils lavent, ils la blessent sans le vouloir dans sa dignitĂ© de sujet, ils la rĂ©duisent Ă un objet quâon manipule sans y prĂȘter attention. En EHPAD, les personnes ĂągĂ©es sont prises en charge par des professionnels qui appartiennent Ă une gĂ©nĂ©ration qui est souvent celle de leurs enfants ou petits-enfants. Ce dĂ©calage gĂ©nĂ©rationnel peut ĂȘtre Ă lâorigine dâincomprĂ©hensions sur le terrain de la pudeur, vu que le rapport au corps et Ă la nuditĂ© Ă©volue au fil des gĂ©nĂ©rations. Le respect de la pudeur de lâautre ne va pas de soi. De plus, la logique gĂ©nĂ©rationnelle est inversĂ©e. Alors quâil est naturel pour des adultes de manipuler un jeune enfant dans le but dâassurer son hygiĂšne, de lâhabiller, ou simplement de le rĂ©conforter, il est moins Ă©vident pour de jeunes personnes, mĂȘme sâil sâagit de professionnels, de jouer ces mĂȘmes rĂŽles auprĂšs de leurs aĂźnĂ©s. Les puĂ©ricultrices dâune crĂšche nâont pas le mĂȘme vĂ©cu que les aides-soignants dâun EHPAD. Le contact corporel ne provoque pas les mĂȘmes sensations selon quâil sâagisse dâun bĂ©bĂ© ou dâun vieillard. Daniela EXCOFFON - MĂ©moire de l'Ecole des Hautes Etudes en SantĂ© Publique - 2014 - 39 - Ce nâest pas une simple question de peau lisse ou ridĂ©e, mais bien une question de rapports intergĂ©nĂ©rationnels. Contrairement au bĂ©bĂ©, la personne ĂągĂ©e a vĂ©cu, a Ă©tĂ© Ă©duquĂ©e et autonome dans la gestion de ses besoins physiologiques. Pour elle, il est humiliant dâavoir Ă exposer ses actes physiologiques Ă des inconnus. Ce partage est dĂ©jĂ trĂšs compliquĂ© au sein dâun couple. Afin de continuer Ă se respecter, deux ĂȘtres qui sâaiment doivent accorder la plus grande attention Ă ne pas empiĂ©ter sur le territoire intime de lâautre ; il sâagit de la bonne » distance entre deux ĂȘtres, garante de lâidentitĂ© de chacun. On peut ĂȘtre trĂšs proches, sans pour autant tout » dĂ©voiler. Dans un couple, lorsque lâun des partenaires tombe malade ou perd son autonomie, lâautre lâassiste souvent dans les actes de la vie quotidienne. Quand une personne finit par accepter que le conjoint lâaide Ă faire sa toilette intime, cette intimitĂ© partagĂ©e nâest jamais choisie et peut ĂȘtre accompagnĂ©e de sentiments trĂšs douloureux. MĂȘme si le conjoint est attentionnĂ© et aimant, et que le regard quâil porte sur la personne ne laisse pas la moindre place Ă lâhumiliation ou Ă lâinfantilisation, la personne qui le vit a la sensation de perdre quelque chose dans la relation ce partage-lĂ a un prix. La dĂ©pendance oblige la personne Ă laisser lâautre pĂ©nĂ©trer son territoire, ce qui atteint son sentiment de dignitĂ©. Quâen est-il lorsque lâAutre nâest pas le conjoint ou un proche, mais un soignant parfaitement inconnu jusque-lĂ , plus jeune dâune, voire deux gĂ©nĂ©rations, et du sexe opposĂ© ? Est-ce que les soignants ont tous conscience de ces questionnements ? Quel positionnement adoptent-ils afin de pouvoir faire leur travail sans se sentir dĂ©stabilisĂ©s par chacun de leurs actes ? Comment vivent-ils cette proximitĂ© ? Nicolas LEPINE affirme que les institutions dâhĂ©bergement pour personnes ĂągĂ©es ont tendance Ă faire des personnes ĂągĂ©es des ĂȘtres asexuĂ©s »45. DâaprĂšs lâauteur, câest une pratique rĂ©pandue dans les lieux de soins que de chosifier »46 le corps des patients, comme si, pour pouvoir soigner lâautre, on ne pouvait prendre en compte que son corps physique. Comme le dit lâauteur lâinstrumentalisation et la mise en scĂšne du corps par lâapproche mĂ©dicale, sont dâautant dâoccasions de rabaisser la personne Ă la stricte matĂ©rialitĂ© de son corps ».47 45 LEPINE, Nicolas., GAUCHER, Jacques. Vieillir en institution - SexualitĂ©, maltraitance, transgression. Lyon Chronique sociale Comprendre les personnes, 2008, 46 Ibid., 47 Ibid., - 40 - Daniela EXCOFFON - MĂ©moire de l'Ecole des Hautes Etudes en SantĂ© Publique - 2014 Cette tendance est Ă lâorigine dâun clivage regrettable entre lâacte de soigner » et lâensemble des attitudes indispensables au prendre soin ». Les incapacitĂ©s » des rĂ©sidents, leur dĂ©pendance, induisent une perception erronĂ©e chez certains soignants. Les personnes ĂągĂ©es, surtout si elles sont grabataires, sont perçues comme des ĂȘtres nâayant dâautres besoins que les besoins primaires boire, manger, Ă©liminer, se laver, dormir, prendre lâair, prendre les mĂ©dicaments appropriĂ©s⊠Il est vrai que certains rĂ©sidents souffrent de troubles cognitifs importants et rĂ©gressent mentalement. Mais une mĂ©prise rĂ©pandue consiste Ă gĂ©nĂ©raliser un regard infantilisant sur les personnes, quel que soit le domaine touchĂ© par la pathologie. Les attitudes de maternage » et dâ infantilisation » ne sont pas rares chez les soignants. DâaprĂšs de nombreux auteurs, dont GĂ©rard RIBES48, il sâagit dâune position dĂ©fensive visant Ă voir la personne ĂągĂ©e comme un objet de soin, et non comme un sujet avec des besoins affectifs et relationnels, voire sexuels. Le retour Ă la couche finit de symboliser une rĂ©gression qui, du coup, est gĂ©nĂ©ralisĂ©e dans la reprĂ©sentation des soignants. DâaprĂšs Nicolas LEPINE la reprĂ©sentation sociale majoritaire chez les soignants fait des vieillards des gens non seulement impuissants mais aussi sans dĂ©sirs » et en apparence, cette conception est partagĂ©e par les soignĂ©s qui ainsi tentent de faire abstraction de la violence latente de certaines infractions Ă la pudeur ».49 La dimension du dĂ©sir est totalement niĂ©e. LâĂ©cart gĂ©nĂ©rationnel confronte les jeunes professionnels Ă la sexualitĂ© de leurs parents voire de leurs grands-parents. Cela dĂ©clenche une attitude de dĂ©ni. De plus, encore faut-il que les soignants, quel que soit leur Ăąge, aient un vĂ©cu sain et serein de leur propre sexualitĂ©âŠprĂ©alable indispensable pour apprĂ©hender celle dâun ĂȘtre trĂšs ĂągĂ© et qui dĂ©pend de leurs soins. De leur cĂŽtĂ©, les rĂ©sidents captent les messages latents de lâinstitution ils sont conscients, par exemple, que les soignants ont un temps limitĂ© Ă leur consacrer et que lâĂ©coute nâa pas une grande place. Ils nâosent pas parler de leur pudeur, de leur gĂȘne, de la maniĂšre dont ils voudraient vivre les soins corporels qui leur sont prodiguĂ©s. Ils sentent trĂšs bien que lâexpression de besoins dâordre sexuel serait malvenue, quâils risqueraient de se sentir humiliĂ©s par la rĂ©ponse et/ou la rĂ©action de lâinterlocuteur. 48 RIBES, GĂ©rard. LâĂągĂ©, lâintimitĂ© et lâinstitution. In PITAUD, Philippe. SexualitĂ©, handicaps et vieillissement. Toulouse ERES Pratiques du champ social, 2011, 49 LEPINE, Nicolas., GAUCHER, Jacques. Vieillir en institution - SexualitĂ©, maltraitance, transgression. Lyon Chronique sociale Comprendre les personnes, 2008, Daniela EXCOFFON - MĂ©moire de l'Ecole des Hautes Etudes en SantĂ© Publique - 2014 - 41 - La dĂ©pendance dâautrui pour les actes les plus intimes rend les rĂ©sidents vulnĂ©rables. A leurs yeux, le mĂ©decin, le personnel infirmier et soignant sont dĂ©tenteurs dâun savoir les concernant, puisquâils sont capables de les soigner ; mais aussi dâun pouvoir, puisque leur Ă©tat les rend dĂ©pendants dâeux Ă tout point de vue. Sans que cela soit forcĂ©ment conscient ni intentionnel, le mĂ©decin, lâIDE et lâaide-soignant sont dans une relation de pouvoir par rapport Ă la personne qui nĂ©cessite leurs soins. Un rĂ©sident remet rarement en cause la parole du personnel soignant, surtout sâil sâagit du mĂ©decin. Il est facile, pour un soignant, de finir par croire que lâavis du rĂ©sident sur ses propres besoins nâa pas une rĂ©elle importance ; lorsque le professionnel, dans lâintĂ©rĂȘt du rĂ©sident, lui indique ce quâil doit faire, le rĂ©sident, gĂ©nĂ©ralement, sây plie. Câest Ă lâinstitution de rendre aux personnes quâelle accueille le pouvoir qui leur revient. Notamment en condamnant toute conduite infantilisante ou disqualifiante. Les soins corporels ne nĂ©cessitent pas de simples compĂ©tences techniques ils doivent ĂȘtre empreints dâhumanitĂ©, de sensibilitĂ©, de tact ; ils ne dispensent pas dâune rencontre, mĂȘme si elle se limite Ă un Ă©change de regards. Prendre soin », de lâaccueil Ă la fin de vie Depuis plusieurs annĂ©es, les formateurs encouragent les aides-soignants Ă se rapprocher et Ă sâengager auprĂšs des personnes ĂągĂ©es ; ils remplacent progressivement le terme de prise en charge » par celui de prise en soin ». Il est dĂ©sormais reconnu que les besoins des personnes ĂągĂ©es ne sont pas que physiques, mais aussi psychologiques et affectifs, que prendre le temps de parler Ă la personne, de la toucher, de tenir compte dâelle comme sujet, est fondamental pour prĂ©server son identitĂ© et son Ă©lan vital. Nicolas LEPINE50 diffĂ©rencie les soins corporels » soulager les douleurs, laver, habiller, coiffer, raserâŠ, du prendre soin » Ă©couter la plainte, la prendre en considĂ©ration, recevoir une confidence, discuter, ĂȘtre proche, prĂ©sent, rĂ©pondre Ă lâappel ; mais aussi simplement saluer, sourire, regarder, caresser, serrer une main, apporter tendresse et chaleur ; consoler, prendre dans ses bras, recevoir la tristesse, la colĂšre, la douleur, lâagressivitĂ©, apaiser ; reconnaĂźtre ses propres limites, savoir sâeffacer, ĂȘtre humble, accepter un refus, respecter lâavis et le souhait de lâĂȘtre humain qui est en face de lui ; prendre le temps de sâassoir Ă cĂŽtĂ© de la personne, valoriser, ne rien attendre⊠Prendre soin » est donc bien plus que soigner ». 50 Ibid., - 42 - Daniela EXCOFFON - MĂ©moire de l'Ecole des Hautes Etudes en SantĂ© Publique - 2014 Si lâon se rĂ©fĂšre aux Orientations MinistĂ©rielles quĂ©bĂ©coises que jâai citĂ©es Ă la page 28, les soins corporels font appel Ă un savoir et Ă un savoir-faire ; le prendre soin » ne peut exister sans savoir-ĂȘtre. Le savoir-ĂȘtre ne sâapprend pas uniquement dans les contextes de formation ; câest une quĂȘte personnelle, un long cheminement vers le respect dâautrui qui passe par lâapprentissage du respect de soi. On ne peut ĂȘtre bientraitant » avec autrui si on ne lâest pas avec soi-mĂȘme. Le prendre soin » concerne toutes les Ă©tapes de lâinstitutionnalisation de la personne ĂągĂ©e du premier contact, jusquâĂ son dĂ©cĂšs. Lorsque la personne adresse sa premiĂšre demande Ă la structure dâaccueil, elle traverse, souvent, une prise de conscience douloureuse. La rĂ©ponse de la structure est, en gĂ©nĂ©rale, purement administrative, dĂ©pourvue de toute empathie. Il est vrai que câest souvent la famille qui se charge de ce premier contact, mais elle aussi est fragilisĂ©e, la plupart du temps. Car câest une dĂ©cision dĂ©chirante, pour la personne directement concernĂ©e et pour ses proches, nous lâavons vu. Ensuite, arrive un jour le moment de lâappel tĂ©lĂ©phonique une place se libĂšre en institution, il faut lâoccuper au plus vite, et la sĂ©rie de coups de fils rapides dĂ©marre. Il est signifiĂ© aux personnes contactĂ©es quâune chambre sâest libĂ©rĂ©e quelquâun est dĂ©cĂ©dĂ©, donc, trĂšs probablement et quâune dĂ©cision doit ĂȘtre prise sous quelques jours. Peu de structures prĂ©voient des visites dâun professionnel au domicile de la personne afin de faire connaissance, de rassurer, de se prĂ©senter, de nouer un premier lien. Ainsi, la rĂ©alitĂ© de la personne bascule du jour au lendemain ; sans aucune prise en compte systĂ©matique de sa dĂ©tresse par lâinstitution. Certes, gĂ©nĂ©ralement il y a une psychologue dans lâinstitution qui se rend disponible pour rencontrer lâarrivant. Mais ce dernier va faire la connaissance dâun bon nombre dâinconnus dĂšs le premier jour tous nâauront pas une attitude empathique avec lui, loin sâen faut⊠à vif, il vivra comme autant de petites agressions le visage fermĂ© de tel soignant, lâexpression indiffĂ©rente de la cuisiniĂšre, le sourire affectĂ© de tel agent, mĂȘlĂ©s Ă des attitudes plus accueillantes. Cette diversitĂ© et imprĂ©visibilitĂ© peut engendrer un sentiment dâinsĂ©curitĂ© et provoquer un repli immĂ©diat. Câest ce qui se passe, en gĂ©nĂ©ral, pendant les pĂ©riodes dâadaptation afin dâĂ©viter les blessures, les nouveaux rĂ©sidents limitent au maximum les Ă©changes. Au cours de son sĂ©jour, le rĂ©sident sera ensuite confrontĂ© Ă la rapiditĂ© des temps de soins, aux remplaçants insuffisamment formĂ©s qui discuteront entre eux du week-end tout en faisant sa toilette, Ă tel soignant qui va lui conseiller tel habit parce que câest plus Daniela EXCOFFON - MĂ©moire de l'Ecole des Hautes Etudes en SantĂ© Publique - 2014 - 43 - pratique pour tenir la couche », Ă un autre qui sâadressera Ă lui comme sâil Ă©tait un enfant immature, ou qui lâĂ©coutera ennuyĂ©, pressĂ© de quitter sa chambre⊠Bien que les bons » soignants existent, et quâun rĂ©sident fait aussi de belles rencontres au cours de son sĂ©jour, les exemples ci-dessus ont pour but dâillustrer la quantitĂ© dâagressions involontaires auxquelles tout rĂ©sident est exposĂ© Ă longueur de journĂ©e, sans avoir le pouvoir de sây opposer et/ou les Ă©viter. Il y a de quoi se renfermer ou dĂ©primer. Le prendre soin » doit concerner tous les professionnels et toutes les Ă©tapes de la journĂ©e et du sĂ©jour du rĂ©sident. Il est trĂšs difficile dâĂȘtre constamment attentif Ă ne pas blesser les accueillis, tout en se tenant Ă la bonne distance prĂ©sent, mais pas intrusif ; dans lâĂ©change, mais pas dans le copinage ; empathique, mais sans endosser la souffrance de lâautre ; bienveillant, sans rien attendre en retour⊠Cette qualitĂ© de lâaccompagnement est rare. Dans la rĂ©alitĂ© institutionnelle, de jeunes professionnels remplacent des anciens professionnels au pied-levĂ©, sans formation ou sensibilisation prĂ©alable. Les soucis personnels et familiaux, la fatigue, la perte de motivation, parfois les conditions de travail elles-mĂȘmes horaires coupĂ©s, bĂątiments inadaptĂ©s impactent lâhumeur des soignants. Câest dire le rĂŽle de contenance que doit jouer lâinstitution, afin de rĂ©duire au maximum les risques de dĂ©rive. Jusquâau bout de sa vie, lâinstitution doit veiller au respect de lâintimitĂ© du rĂ©sident. Lorsque la fin dâune personne approche, au-delĂ des croyances personnelles, le savoirĂȘtre des professionnels devient encore plus essentiel, dans lâaccompagnement du mourant et de ses proches, par cette indispensable capacitĂ© de rester Ă la bonne distance, de mĂ©nager les espaces intimes. Câest intime la mort, non ? » disait un vieil homme terminant ses jours en institution ; Je nâaimerais pas mourir devant un Ă©tranger, devant quelquâun qui ne me connaĂźt pas. Ăa me fait peur, mĂȘme. [âŠ] Comment je vais mourir, quand je vais mourir, ce moment-lĂ , cette chose-lĂ , je ne sais pas comment lâappeler, ce nâest pas pour les autres. Il nây a que ma femme qui peut voir cela ».51 Les proches lâinconfortable proximitĂ© La famille est une entitĂ© indispensable et incontournable. Indispensable Ă la vie affective du rĂ©sident, interlocuteur incontournable des professionnels de la structure. 51 PELISSIER, JĂ©rĂŽme. IntimitĂ©s. GĂ©rontologie et sociĂ©tĂ©, FNG, 2007/3, n°122, - TĂ©moignage - 44 - Daniela EXCOFFON - MĂ©moire de l'Ecole des Hautes Etudes en SantĂ© Publique - 2014 Elle est incluse dans la sphĂšre du prendre soin » et fait partie du cercle dâintimitĂ© du rĂ©sident. En fonction de la qualitĂ© de sa prĂ©sence, les contours de cette intimitĂ© sâen voient modifiĂ©s, et peuvent entrer en conflit avec les valeurs institutionnelles Ă lâĂ©gard des droits des personnes quâelle accueille. Une prĂ©sence familiale trop intrusive peut rĂ©duire Ă nĂ©ant lâespace intime que lâinstitution sâefforce de prĂ©server. La famille peut ĂȘtre tutrice ou curatrice du rĂ©sident, lorsque ce dernier a perdu la capacitĂ© de dĂ©cider seul. Elle a alors le droit de prendre certaines dĂ©cisions Ă sa place. Si le statut des proches est presque toujours clair, car tout professionnel est dâaccord pour reconnaĂźtre lâimportance dâune prĂ©sence familiale pour le rĂ©sident, il reste nĂ©anmoins que le pĂ©rimĂštre de cette prĂ©sence, concernant les interventions et les revendications, est flou, surtout si câest la famille qui assume la charge financiĂšre de lâhĂ©bergement. Les relations de lâinstitution avec les familles sont reconnues pour ĂȘtre difficiles. Quâelles se sentent coupables, tristes, trop ou trop peu concernĂ©es, leurs rapports sont parfois trĂšs tendus avec les professionnels qui entourent leur proche. La structure dâaccueil a souvent du mal Ă dĂ©finir les limites Ă poser aux familles, car ses attentes sont ambivalentes le statut de client » du rĂ©sident sâĂ©tend Ă la famille qui, souvent, sâest chargĂ©e de toutes les formalitĂ©s administratives prĂ©alables Ă lâentrĂ©e en EHPAD et qui, souvent, Ă©tait le pilier du maintien Ă domicile. Il est donc difficile de dĂ©limiter ses droits. Pourtant, certaines familles peuvent ĂȘtre envahissantes et intrusives, en voulant prendre toutes les dĂ©cisions pour leur parent, et se croyant Ă la meilleure place pour le faire. Bien entendu, les soignants peuvent aussi penser, dans certaines situations, que leur point de vue est le plus juste, puisquâils voient la personne accueillie Ă©voluer au quotidien, formuler des demandes quâelle nâoserait pas livrer Ă ses proches. En effet, les soignants peuvent constituer, pour le rĂ©sident, un interlocuteur plus neutre. Les liens du rĂ©sident avec sa famille sont chargĂ©s dâaffection et la peur de faire de la peine, de contrarier, de dĂ©cevoir un membre de la famille peut bloquer la libre expression chez la personne accueillie. Aussi, il y a des souhaits intimes que cette derniĂšre ne souhaitera pas, Ă juste titre, exprimer Ă des proches. Les enfants peuvent ĂȘtre trĂšs intolĂ©rants et juger nĂ©gativement le comportement de leur parent en le qualifiant dâ inconvenant » ; surtout lorsque celui-ci noue des liens affectifs avec une autre personne de la structure. La vue de son pĂšre ou de sa mĂšre trĂšs proche dâun nouveau partenaire peut ĂȘtre vĂ©cue comme une trahison » par les enfants qui nâarrivent pas Ă sâimaginer Ă quel point le Daniela EXCOFFON - MĂ©moire de l'Ecole des Hautes Etudes en SantĂ© Publique - 2014 - 45 - sentiment de solitude peut ĂȘtre lourd Ă supporter au quotidien par un parent qui est veuf depuis des annĂ©es. La dĂ©ception ou la colĂšre peuvent rapidement dĂ©clencher une attitude rĂ©probatrice, visant Ă sĂ©parer le nouveau couple. Cela arrive encore, hĂ©las. Et parfois, des craintes liĂ©es Ă lâhĂ©ritage nây sont pas Ă©trangĂšres. Pour cette raison, les professionnels doivent ĂȘtre trĂšs prudents dans leurs transmissions aux familles et faire la part de ce qui doit en faire lâobjet et ce qui doit appartenir uniquement Ă la personne concernĂ©e. Comme le rappelle la CNCDH citĂ©e Ă la si le professionnel peut transmettre toute information utile Ă la famille du rĂ©sident, il ne doit pas requĂ©rir lâavis de cette derniĂšre sur des questions dâordre affectif et, surtout, sexuel. La sexualitĂ© des parents ne regarde pas les enfants. Un professionnel doit savoir retenir les informations dâordre privĂ© et intime concernant le rĂ©sident. Une juste distance » est Ă construire avec chaque famille, qui va ĂȘtre fonction de la pathologie de la personne accueillie, des liens plus ou moins forts existant entre cette derniĂšre et ses proches, de la problĂ©matique, de lâenjeu. Afin dâĂ©viter que certaines situations tournent au drame, les soignants doivent apprendre Ă les gĂ©rer en restant Ă une distance professionnelle Ă lâĂ©coute, sans jamais prendre position pour lâune ou lâautre partie, tout en ayant Ă lâesprit que lâinstitution doit garantir les droits de ses rĂ©sidents, et en Ă©vitant Ă tout prix les dĂ©cisions hĂątives et les passages Ă lâacte. Trois problĂ©matiques sont trĂšs rĂ©pandues parmi les familles la culpabilitĂ© dâavoir dĂ» placer » un parent, la responsabilitĂ© dĂ©coulant dâune tutelle ou dâune curatelle, le statut de payeur lorsque le parent ne peut sâacquitter seul des frais dâhĂ©bergement. La premiĂšre rend parfois les familles trĂšs critiques voire agressives envers les soignants, car elles nâacceptent pas dâavoir dĂ» baisser les bras et que dâautres arrivent Ă prodiguer des soins de qualitĂ© la moindre plainte du parent est une occasion pour affirmer de façon voilĂ©e quâelles Ă©taient plus attentionnĂ©es, plus rigoureuses, plus comprĂ©hensives⊠La deuxiĂšme met en jeu des rapports de force inconscients nombreux sont les enfants qui rĂšglent dâanciens problĂšmes relationnels avec leurs parents en assumant une toute puissance, en sâimmisçant abusivement dans le quotidien de leur parent, ou en interpellant lâinstitution Ă tort et Ă travers. - 46 - Daniela EXCOFFON - MĂ©moire de l'Ecole des Hautes Etudes en SantĂ© Publique - 2014 La troisiĂšme vient du besoin de certaines familles de rappeler Ă la structure que ce sont elles qui rĂšglent les factures⊠Bien sĂ»r, de nombreuses familles sortent de ces catĂ©gories et se montrent simples et bienveillantes, ne souhaitant que le bien-ĂȘtre de leur proche, auquel elles essaient de contribuer en Ă©changeant sainement avec les professionnels. De leur cĂŽtĂ©, nombreux sont les soignants qui se montrent trĂšs tolĂ©rants Ă lâĂ©gard des familles et arrivent Ă rester neutres afin dâapaiser les tensions. Toutefois, les familles sont une entitĂ© dont on doit tenir compte, surtout pour le bien-ĂȘtre de la personne accueillie, mais dont on ne maĂźtrise pas le mode relationnel, dâautant plus quâil sâagit souvent des enfants des rĂ©sidents, et que le lien entre les deux a une longue histoire qui laisse des traces et dont nous ne pourrons rien changer. La plus grave erreur que les professionnels pourraient faire et quâils font, hĂ©las, parfois câest de croire quâils ont le pouvoir ou le devoir de changer les relations entre les rĂ©sidents et leur famille ; alors quâils ne peuvent quâĂȘtre et faire tiers ». Cette problĂ©matique montre bien la nĂ©cessitĂ© dâavoir un cadre de rĂ©fĂ©rence clair au sein de lâinstitution, un ensemble de rĂšgles et de savoir-faire qui serve de repĂšre et guide les comportements professionnels. Pour un engagement Ă©thique de lâinstitution Afin de trouver les rĂ©ponses adaptĂ©es aux questions concernant lâintimitĂ© des rĂ©sidents en EHPAD, lâinstitution doit sâinscrire dans une dĂ©marche de rĂ©flexion Ă©thique, au sens dĂ©crit par lâANESM52 Au plan institutionnel, il sâagit dâune rĂ©flexion collective associant une pluralitĂ© de points de vue usagers, proches, reprĂ©sentants dâusagers, professionnels, personnes ressources⊠dĂ©clenchĂ©e par des situations concrĂštes singuliĂšres oĂč entrent en contradiction des valeurs ou des principes dâintervention ». Cette rĂ©flexion, qui doit permettre dâinterroger les pratiques et la culture institutionnelles, et constituer un cadre pour la prise de dĂ©cision dans les situations problĂ©matiques, ne peut sâinstaurer que grĂące Ă un mode de management propice Ă son existence. Comme le rappelle lâANESM53 La dĂ©marche de questionnement Ă©thique gagnera en lĂ©gitimitĂ© et pertinence Ă lâĂ©gard des Ă©quipes si le management est le premier Ă interroger ses pratiques de direction et dâencadrement ». 52 ANESM, Recommandation, Le questionnement Ă©thique dans les Ă©tablissements sociaux et mĂ©dico-sociaux, Juin 2010, p. 20 53 Ibid., p. 28 Daniela EXCOFFON - MĂ©moire de l'Ecole des Hautes Etudes en SantĂ© Publique - 2014 - 47 - Il est nĂ©cessaire dâopĂ©rer une distinction entre la rĂ©flexion Ă©thique, qui concerne les situations problĂ©matiques rencontrĂ©es dans la prise en charge des usagers, et lâengagement Ă©thique du directeur et de lâinstitution, qui dĂ©finit les valeurs morales qui sous-tendent cette rĂ©flexion, ainsi que les pratiques professionnelles et les interactions interhumaines et interprofessionnelles. Nous allons voir dans cette partie, lâimportance de construire une culture commune se fondant sur un engagement Ă©thique partagĂ© Ă lâĂ©gard de la Bientraitance ; comment le style de management adoptĂ© jette les bases dâune Ă©laboration collective des valeurs, constitutive dâun modĂšle institutionnel innovant ; et enfin le rĂŽle central du directeur au sein de ce processus. Management et culture institutionnelle Il est communĂ©ment admis que le management est un processus qui consiste Ă dĂ©finir des objectifs, puis Ă organiser, coordonner, mobiliser les efforts des membres d'une organisation pour pouvoir atteindre ces objectifs en optimisant les ressources disponibles. Dans le secteur mĂ©dico-social, lâobjectif final est lâintĂ©rĂȘt de lâusager. Brigitte BOUQUET dĂ©finit le management comme une action, voire mĂȘme un art, qui permet de conduire une organisation, de la diriger, de planifier son dĂ©veloppement, de la contrĂŽler »54. Ces deux dĂ©finitions se croisent et se complĂštent. Le management sâinscrit dans une culture institutionnelle. Tout environnement de travail est rĂ©gi par une culture, un ensemble de valeurs qui dicte les conduites des professionnels, permet de constituer une identitĂ© collective marquant lâappartenance Ă une institution donnĂ©e. DâaprĂšs Dominique GENELOT, lâidentitĂ© collective est produite par les communications et les Ă©changes entre des personnes ou groupes de personnes, animĂ©s par des finalitĂ©s et des valeurs partagĂ©es, capables dâadopter une conduite Ă la fois autonome et rĂ©fĂ©rencĂ©e Ă ces finalitĂ©s et Ă ces valeurs, se reconnaissant mutuellement comme membres dâune communautĂ©, utilisant des symboles de communication et des rĂšgles de conduite communes qui les distinguent des autres »55. 54 BOUQUET, Brigitte. De lâĂ©thique des dirigeants. In BATIFOULIER, Francis. Manuel de direction en action sociale et mĂ©dico-sociale. Paris Dunod, 2011, 55 Ăšme GENELOT, Dominique. Manager dans la complexitĂ©. 4 Ă©d.. Paris INSEP Consulting, 2011, - 48 - Daniela EXCOFFON - MĂ©moire de l'Ecole des Hautes Etudes en SantĂ© Publique - 2014 Sensible Ă lâenvironnement extĂ©rieur, mais aussi aux interactions internes, toute culture institutionnelle Ă©volue, remettant en cause le systĂšme qui la nourrit. Depuis quelques annĂ©es, le modĂšle institutionnel traditionnel » nâest plus reconnu comme valable ; François BATIFOULIER parle dâ Ă©puisement dâun modĂšle institutionnel »56, Ă©puisement qui aurait un retentissement sur les pratiques des professionnels, mais aussi sur le mĂ©tier de directeur. Je reprendrai tout au long de ce chapitre quelques-uns de ses propos57. Le modĂšle institutionnel traditionnel peine Ă concilier les contraintes lĂ©gislatives, administratives, gestionnaires, le nouveau systĂšme de rĂšgles et de contrĂŽleâŠ, avec la qualitĂ© des services rendus aux usagers. Il nâa pas encore apprivoisĂ© lâĂ©valuation, la nĂ©cessitĂ© de rendre des comptes. FigĂ© dans un fonctionnement obsolĂšte, il se laisse parfois submerger par la crainte de lâinstauration dĂ©finitive dâun modĂšle institutionnel guidĂ© essentiellement par une logique Ă©conomique et normative. Il est vrai que le directeur actuel doit faire en sorte que cette derniĂšre ne lâemporte pas sur le sens de lâaction mĂ©dico-sociale. Pour cela, il doit veiller Ă ce que la structure quâil dirige rĂ©ponde Ă des exigences Ă©thiques garantissant le bien-ĂȘtre et le respect de lâusager ; il doit veiller Ă ce que lâinstitution favorise des rencontres au sens large qualitatives entre les usagers et les soignants. Il est, en somme, responsable dâun cadre de rĂ©fĂ©rence gĂ©nĂ©rateur de cohĂ©rence, dâĂ©clairage, de rassurance, de rĂ©ponses-repĂšre. Car le manque de contenance fragilise davantage des organisations dont la vocation est dâaccueillir et prendre soin dâĂȘtres humains en souffrance. De la difficultĂ© des missions, dĂ©coule une attente trĂšs forte de la part des professionnels Ă lâĂ©gard de lâinstitution, notamment en termes de reconnaissance et dâappui. Le style de management adoptĂ© va favoriser ou entraver lâinstauration dâun systĂšme institutionnel suffisamment bon » pour ses professionnels et pour ses usagers. DâaprĂšs lâauteur, il faut repenser le modĂšle institutionnel, et arriver Ă bĂątir des institutions suffisamment bonnes »58, oĂč les diffĂ©rents acteurs Ă©laboreraient collectivement ; oĂč les dĂ©cisions, claires et connues de tous, seraient mises en Ćuvre dans le respect de la diffĂ©renciation des places de chacun ; oĂč les professionnels et les usagers disposeraient dâespaces oĂč ils peuvent sâexprimer. 56 BATIFOULIER, Francis. Le directeur et la question clinique. In BATIFOULIER, Francis. Manuel de direction en action sociale et mĂ©dico-sociale. Paris Dunod, 2011, 57 Ibid., 58 Ibid., p. 387 Daniela EXCOFFON - MĂ©moire de l'Ecole des Hautes Etudes en SantĂ© Publique - 2014 - 49 - Lâauteur prĂŽne une coopĂ©ration rĂ©elle entre les acteurs, qui ne se concrĂ©tise que lorsque les professionnels parviennent Ă une reprĂ©sentation partagĂ©e des missions de lâĂ©tablissement ; car, comme lâĂ©crit Dominique GENELOT Câest parce quâils les membres dâune organisation communiquent sur leurs finalitĂ©s et leurs valeurs jusquâĂ les partager, parce quâils se donnent des rĂšgles de communication et de conduite communes qui leur permettent dâinterprĂ©ter les Ă©vĂ©nements extĂ©rieurs de façon autonome et cohĂ©rente Ă la fois, quâils rĂ©ussissent Ă constituer une identitĂ© collective »59. Quant Ă la participation de lâusager, elle doit ĂȘtre effective, produit dâune volontĂ© rĂ©elle de tous les acteurs dâune institution. Pour quâun tel modĂšle institutionnel puisse Ă©merger et se pĂ©renniser, le management doit ĂȘtre engagĂ© et participatif, tout en Ă©tant bĂąti sur le respect de la diffĂ©renciation des places un systĂšme oĂč la dĂ©cision dĂ©coulerait dâune rĂ©flexion collective prĂ©alable, mais oĂč lâautoritĂ© du directeur serait reconnue et respectĂ©e. Dans ce modĂšle, atteindre une vision commune des missions de lâinstitution, donner un sens aux pratiques, faire vivre une culture institutionnelle ancrĂ©e dans le respect des personnes, est possible, dâaprĂšs Francis BATIFOULIER. Par lâadhĂ©sion Ă une telle optique, le directeur va pouvoir accompagner et influencer les mutations plutĂŽt que dâĂȘtre dominĂ© par elles. Nous allons voir que le rĂŽle du directeur est central pour les raisons Ă©noncĂ©es ci-dessus, mais aussi pour la place quâil occupe au sein dâune institution sa fonction lui confĂšre un pouvoir, quâil doit mettre au service de la Bientraitance. La posture du directeur au cĆur de la Bientraitance La bientraitance est une culture inspirant les actions individuelles et les relations collectives au sein dâun Ă©tablissement ou dâun service. Elle vise Ă promouvoir le bien-ĂȘtre de lâusager en gardant Ă lâesprit le risque de maltraitance. Elle ne se rĂ©duit ni Ă lâabsence de maltraitance, ni Ă la prĂ©vention de la maltraitance. La bientraitance se caractĂ©rise par une recherche permanente dâindividualisation et de personnalisation de la prestation. Elle ne peut se construire au sein dâune structure donnĂ©e quâau terme dâĂ©changes continus entre tous les acteurs. »60 59 Ăšme GENELOT, Dominique. Manager dans la complexitĂ©. 4 Ă©d.. Paris INSEP Consulting, 2011, 60 ANESM. Recommandation. La bientraitance dĂ©finition et repĂšres pour la mise en Ćuvre. RPBB, synthĂšse, Janvier 2012, - 50 - Daniela EXCOFFON - MĂ©moire de l'Ecole des Hautes Etudes en SantĂ© Publique - 2014 La culture de la Bientraitance doit ĂȘtre insufflĂ©e et portĂ©e par le management. Comme lâĂ©crit Jean Marie MIRAMON61, la Bientraitance doit concerner tous les acteurs, et elle commence par la personne qui a le plus de pouvoir dans lâinstitution. Elle a un effet en cascade. Ses bienfaits se rĂ©percutent sur les diffĂ©rents strates dâacteurs et, au final, sur lâusager. Câest le directeur qui donne le ton » des Ă©changes interhumains. Sâil ne pratique pas le respect dâautrui en profondeur, son attitude risque dâĂȘtre reproduite par ceux qui subissent sa mauvaise conduite. Le directeur doit avoir une posture Ă©thique exigeante et irrĂ©prochable. Sâil est en droit dâattendre que les soignants initient des relations bientraitantes avec les personnes accueillies, il est en devoir, de son cĂŽtĂ©, dâinstaurer des rapports respectueux avec ses salariĂ©s, doit avoir lui-mĂȘme un comportement exemplaire et se situer sur le terrain de la reconnaissance de lâautre comme sujet, comme il lâattend des professionnels envers les usagers. Emmanuel KANT Ă©nonce ainsi ce principe Ă©thique agis de telle sorte que tu traites lâhumanitĂ© aussi bien dans ta personne que dans la personne de tout autre toujours en mĂȘme temps comme une fin, et jamais simplement comme un moyen »62. Cette Ă©thique doit sous-tendre tous les Ă©changes, individuels ou collectifs, ainsi que la rĂ©flexion partagĂ©e sur les valeurs, les missions et les orientations. Elle doit permettre une prise de dĂ©cision sur un mode dĂ©mocratique, laissant la place Ă la parole de chacun, grĂące Ă une Ă©coute qualitative. Selon Brigitte BOUQUET63, les institutions sociales tendent de plus en plus vers des prises de dĂ©cisions consensuelles faisant suite Ă de dĂ©bats pluridisciplinaires. Cela ne signifie pas que le directeur doit dire oui » Ă tout. Certaines situations lâobligeront Ă trancher », Ă prendre des dĂ©cisions qui ne seront pas forcĂ©ment en accord avec lâavis de ses collaborateurs. Mais ces dĂ©cisions auront tout de mĂȘme Ă©tĂ© la consĂ©quence dâune Ă©coute et dâune rĂ©flexion commune. Câest ce que Francis BATIFOULIER entend par diffĂ©renciation des places » dans un systĂšme rĂ©ellement dĂ©mocratique, tout le monde a droit Ă la parole, et le directeur doit faire preuve dâune 61 MIRAMON, Jean-Marie., PEYRONNET, Germaine. Penser le mĂ©tier de directeur dâĂ©tablissement social et mĂ©dico-social. Du politique Ă lâintime, de lâintime au politique. Paris SĂ©li Arslan, 2009, 62 KANT, Emmanuel. MĂ©taphysique des mĆurs Tome 1 Fondation, Introduction. Paris Flammarion, 1994, 203 p. coll. Garnier, 63 BOUQUET, Brigitte. De lâĂ©thique des dirigeants. In BATIFOULIER, Francis. Manuel de direction en action sociale et mĂ©dico-sociale. Paris Dunod, 2011, Daniela EXCOFFON - MĂ©moire de l'Ecole des Hautes Etudes en SantĂ© Publique - 2014 - 51 - Ă©coute sincĂšre et tenir compte de la rĂ©flexion collective. Mais la dĂ©cision finale lui revient, ne revient pas Ă un autre membre de son Ă©quipe. Lâauteur dĂ©nonce le dĂ©mocratisme qui prend la forme dâune nĂ©gation de la diffĂ©rence des places »64. Cela dit, la Bientraitance du directeur ne se limite pas Ă lâĂ©coute et Ă la prise en compte de la rĂ©flexion partagĂ©e. Elle va bien au-delĂ , elle se dĂ©ploie au quotidien, dans un savoirĂȘtre quâil doit possĂ©der en profondeur il ne saurait sâagir dâune simple façade, mais dâune rĂ©elle bienveillance qui nâenlĂšverait rien Ă son autoritĂ©. De cette bienveillance doivent dĂ©couler - la nĂ©cessaire reconnaissance des acteurs centraux que sont les professionnels engagĂ©s dans une relation de service au quotidien avec les usagers ; - lâĂ©tayage dont les professionnels ont besoin le directeur ne doit pas laisser les Ă©quipes seules aux prises avec leurs difficultĂ©s. Cela revient Ă la conception Ă©thique du management, de la gestion, et de la performance » prĂŽnĂ©e par Brigitte BOUQUET65. Lâauteure affirme quâil faut repenser la finalitĂ© du management, afin de replacer lâhomme au centre. Cela amĂšne Ă un leadership innovant, capable de concilier la logique Ă©conomique et la qualitĂ© du lien social. Jâajouterai que câest un vraie dĂ©rive que de placer lâusager au cĆur du dispositif » comme le prĂŽne la loi, sans tenir compte des acteurs qui sont sur le terrain, voir en sacrifiant leur bien-ĂȘtre au nom de la performance et des exigences lĂ©gislatives. De la mĂȘme façon que les soignants ne doivent jamais abuser de leur situation de pouvoir face aux personnes dont elles prennent soin, le directeur ne doit jamais abuser de la sienne face Ă ses subordonnĂ©s. Câest une question Ă©thique de la plus haute importance ; de plus, il serait illusoire de croire que des soignants qui ne se sentent pas respectĂ©s, entendus, puissent dĂ©ployer toutes les qualitĂ©s humaines indispensables Ă des prises en soin de qualitĂ©. Encore une fois, entendre » ne signifie pas satisfaire ». Ce principe de base de la communication implique en revanche que les rĂ©ponses nĂ©gatives aux demandes des salariĂ©s soient accompagnĂ©es dâexplications claires, transparentes et objectives. 64 BATIFOULIER, Francis. Le directeur et la question clinique. In BATIFOULIER, Francis. Manuel de direction en action sociale et mĂ©dico-sociale. Paris Dunod, 2011, 65 BOUQUET, Brigitte. De lâĂ©thique des dirigeants. In BATIFOULIER, Francis. Manuel de direction en action sociale et mĂ©dico-sociale. Paris Dunod, 2011, - 52 - Daniela EXCOFFON - MĂ©moire de l'Ecole des Hautes Etudes en SantĂ© Publique - 2014 Bien sĂ»r, ces considĂ©rations ne sont pas exhaustives, mais il me semble que, sans cette qualitĂ© de posture et de communication, un nouveau modĂšle institutionnel suffisamment bon » nâaurait aucune chance de voir le jour. Car, comme nous lâavons vu, le contexte actuel nâest pas facilitant. Dâailleurs, nous allons voir briĂšvement que le directeur est souvent confrontĂ© Ă des missions contradictoires. Bientraitance et injonctions paradoxales La gestion dâun EHPAD est caractĂ©risĂ©e par de nombreuses injonctions paradoxales. Jâai dĂ©jĂ Ă©voquĂ© les obligations liĂ©es Ă la sĂ©curitĂ© qui entravent une prise en compte sereine des souhaits et besoins des personnes accueillies, dĂšs lors que la pathologie impose une surveillance accrue de la part des personnels. DâaprĂšs le CNCDH66, Les mesures de sĂ©curitĂ© dans les EHPAD ont tendance Ă augmenter ces derniĂšres annĂ©es, sous lâimpulsion des familles mais aussi Ă lâinitiative des directeurs des Ă©tablissements confrontĂ©s Ă des responsabilitĂ©s croissantes. Ainsi, la libertĂ© dâaller et venir des personnes ĂągĂ©es devient de plus en plus restreinte ce qui met en cause ce droit fondamental. Dans la pratique, ce constat se manifeste de diverses façons qui constituent autant dâatteintes graduelles Ă la libertĂ©. ⊠En outre, dans lâactualitĂ©, de nouveaux dĂ©bats Ă©mergent concernant la mise en place de techniques comme le bracelet Ă©lectronique ou la vidĂ©osurveillance. Il est nĂ©cessaire dâĂ©viter une trop grande intrusion dans la vie privĂ©e du rĂ©sident. La conciliation entre sĂ©curitĂ© et libertĂ© dâaller et de venir devient de plus en plus complexe et appelle nĂ©cessairement une meilleure adĂ©quation entre la volontĂ© de protĂ©ger et les risques ». Une autre contradiction concerne la chambre du rĂ©sident les contrats de sĂ©jours et les rĂšglements de fonctionnements encouragent gĂ©nĂ©ralement le futur rĂ©sident Ă personnaliser sa chambre. Mais, dans la rĂ©alitĂ©, nous avons vu que la surface et les contraintes liĂ©es aux soins ne laissent guĂšre beaucoup de place aux affaires personnelles des locataires. De plus, lorsque les ASH rentrent dans une chambre pour faire le mĂ©nage, elles nâont pas toujours conscience quâelles pĂ©nĂštrent dans le logement dâune personne qui les rĂ©munĂšre pour cela. Bien quâils sâacquittent des frais dâhĂ©bergement dont le loyer de la chambre fait partie, les rĂ©sidents eux-mĂȘmes nâont pas toujours conscience quâils peuvent se considĂ©rer les maĂźtres des lieux. 66 CNCDH. Avis sur lâeffectivitĂ© des droits des personnes ĂągĂ©es. 27/06/2013, Daniela EXCOFFON - MĂ©moire de l'Ecole des Hautes Etudes en SantĂ© Publique - 2014 - 53 - Câest comprĂ©hensible, puisque la reprĂ©sentation que nous avons dâun lieu est dĂ©pendante de ce qui sây passe⊠Sans oublier que certaines structures ne donnent pas la clĂ© Ă leurs rĂ©sidents, estimant que ce nâest pas utile. Peu de rĂ©sidents savent quâils sont en droit de la rĂ©clamer. Le devoir de protection, de soin, de surveillance mĂ©dicale empiĂšte rĂ©guliĂšrement sur le droit de la personne au respect de son intimitĂ©. Le bracelet dâautonomie » vient rĂ©pondre Ă la logique sĂ©curitaire, et interroge sur la maniĂšre dont il faut interprĂ©ter la prise de risque » Ă©voquĂ©e Ă lâarticle I de la Charte des droits et libertĂ©s de la personne ĂągĂ©e dĂ©pendante, que les structures joignent au rĂšglement de fonctionnement quâelles font signer aux rĂ©sidents. Les exemples sont nombreux, et le directeur sait que les professionnels sont aux prises avec des injonctions contradictoires au quotidien. Cela provoque stress et confusion, affecte leur confiance en un cadre de rĂ©fĂ©rence clair et fiable. Encore une fois, la rĂ©flexion collective permet le partage de ressentis compliquĂ©s, alimente le sentiment quâune contenance institutionnelle est active, mĂȘme si elle ne peut rĂ©soudre toutes les contradictions. Une culture fondĂ©e sur la Bientraitance nâapportera pas toutes les rĂ©ponses, mais offrira un cadre auquel chacun pourra se rĂ©fĂ©rer, avec des espaces dâĂ©change pour les professionnels, dâautres pour les usagers, afin de faire de ces derniers des partenaires et des acteurs Ă part entiĂšre, et permettre leur participation effective. Câest de cette qualitĂ© de la contenance que doit ĂȘtre garant le directeur face aux contradictions et aux paradoxes. Comme lâaffirme Brigitte BOUQUET, au-delĂ dâune simple gestion des contradictions, avoir une conception que dâaucuns aspirent renouvelĂ©e » de la direction, nâest-ce pas lier les finalitĂ©s sociales et le positionnement Ă©thique conçus comme primordiaux, avec le management et la gestion conçus comme des moyens ? Nâest-ce pas veiller Ă ces diffĂ©rences de position, de rendre cette tension suffisamment bonne », respectant chaque usager ? » Et, ajouterais-je chaque professionnel » ? La prochaine partie prĂ©sentera le plan dâaction que je vais mettre en Ćuvre Ă lâEHPAD de La Chaise-Dieu, Ă la lumiĂšre des repĂšres conceptuels que jâai choisis et exposĂ©s dans cette partie, et du contexte actuel de la structure, de ses particularitĂ©s, de son environnement, Ă©voquĂ©s dans la premiĂšre partie. - 54 - Daniela EXCOFFON - MĂ©moire de l'Ecole des Hautes Etudes en SantĂ© Publique - 2014 3 ACCOMPAGNER LE CHANGEMENT DE CULTURE Pour refonder une culture de la Bientraitance Ă lâEHPAD Louis FOREZ, il est nĂ©cessaire de mettre en place un nouveau mode de management et de nouvelles modalitĂ©s relationnelles au sein de la structure. Cette dynamique doit ĂȘtre pensĂ©e Ă plusieurs. Je ne pourrais y aboutir seule. La crĂ©ativitĂ© et la rĂ©flexion de chacun doivent ĂȘtre mises Ă profit. Le point essentiel de ma dĂ©marche Ă court terme va consister Ă Ă©clairer tous les salariĂ©s sur les nouveaux contours de mon management, centrĂ© sur lâexpression des usagers, lâinstauration dâune rĂ©flexion collective, et la formation des professionnels en interne et Ă lâextĂ©rieur Ă moyen terme, je mĂšnerai un travail dâinscription de la nouvelle culture dans lâensemble des documents institutionnels ; le dispositif dâaccueil Ă Louis FOREZ sera entiĂšrement revu ; les protocoles nĂ©cessaires seront Ă©laborĂ©s Ă plus long terme, jâenvisage dâintroduire des rĂ©ponses innovantes aux problĂ©matiques repĂ©rĂ©es, dâouvrir la rĂ©flexion aux acteurs externes Ă Louis FOREZ, afin de prĂ©parer la structure aux changements futurs Un management au service de la Bientraitance Lâobjectif final Ă©tant lâamĂ©lioration du service rendu Ă lâusager, le point de dĂ©part de ce cheminement sera la consultation des rĂ©sidents de Louis FOREZ Cette consultation signera le dĂ©part et la base de la rĂ©flexion collective et permettra dâinitier lâanalyse des besoins en termes de compĂ©tences Consulter les personnes accueillies PrĂ©alablement, jâai organisĂ© plusieurs rĂ©unions avec les cadres de lâEHPAD lâIDEco, le mĂ©decin coordonnateur et la psychologue, afin dâannoncer la maniĂšre dont je veux mener le changement Ă Louis FOREZ et dans quelle direction. Je leur ai expliquĂ© quâil Ă©tait devenu urgent dâhomogĂ©nĂ©iser les pratiques professionnelles autour dâun savoir-faire, mais surtout dâun savoir-ĂȘtre ; que la formation Ă©tayerait le premier, la culture interne le second. Que, pour ce faire, jâentendais mettre en place un management de type participatif, qui accueillerait la rĂ©flexion et les avis de tous les professionnels, et me permettrait de prendre des dĂ©cisions et faire des choix Ă©clairĂ©s. Le projet a Ă©tĂ© bien saluĂ©. Je leur ai annoncĂ© que les rĂ©sidents devront ĂȘtre consultĂ©s, car leur avis constituera le socle pour construire notre nouvelle vision de la Bientraitance. Nous avons choisi, comme mode de consultation, un ou plusieurs entretiens individuels, menĂ©s Ă lâaide dâun questionnaire constituant la grille commune. Daniela EXCOFFON - MĂ©moire de l'Ecole des Hautes Etudes en SantĂ© Publique - 2014 - 55 - Ensemble, nous avons Ă©laborĂ© le questionnaire ANNEXE 2, et dĂ©cidĂ© que la psychologue Ă©tait la professionnelle la plus pertinente pour conduire les entretiens, grĂące Ă ses compĂ©tences en Ă©coute et en communication. Ces entretiens seront menĂ©s dans la chambre du rĂ©sident. Un temps long y sera consacrĂ©, voire plusieurs temps pour les personnes trĂšs fatigables. Nous avons Ă©galement Ă©tabli que cet entretien sera proposĂ© Ă tout rĂ©sident ayant vĂ©cu au moins deux mois Ă Louis FOREZ, la toute premiĂšre phase du sĂ©jour Ă©tant une pĂ©riode de dĂ©couverte, dâadaptation, susceptible dâorienter les rĂ©ponses des interviewĂ©s. Nous avons prĂ©cisĂ© la maniĂšre de prĂ©senter lâentretien et le questionnaire les termes de la prĂ©sentation seront repris par Ă©crit en introduction au questionnaire et lus aux personnes en dĂ©but dâentretien, afin que chacune en apprĂ©hende le sens et la finalitĂ©. Il sâagit en effet de rassurer les rĂ©sidents, qui pourraient niveler leurs rĂ©ponses par crainte des retombĂ©es. Les questions porteront, entre autre, sur des sujets peu voire jamais abordĂ©s auparavant notamment le vĂ©cu au moment de la toilette, le respect de lâintimitĂ©, de lâespace privatif, les difficultĂ©s rencontrĂ©es au sein de la collectivitĂ©, celles dues Ă lâabandon du domicile, la qualitĂ© du contact avec les soignants, etc. Quelles que soient les rĂ©ponses au questionnaire, nous devrons tenir compte des souffrances Ă©ventuellement exprimĂ©es, mĂȘme si elles ne reprĂ©sentent quâune minoritĂ© des rĂ©sidents. Notre optique sera de se prĂ©parer Ă accueillir des personnes qui seront peut-ĂȘtre diffĂ©rentes, Ă lâavenir, et de favoriser lâouverture nĂ©cessaire Ă une adaptation rapide de notre institution et de ses professionnels. Tout le personnel de Louis FOREZ sera informĂ© par une note de service de la diffusion du questionnaire aux rĂ©sidents, et de la nĂ©cessitĂ© de respecter les temps oĂč la psychologue sera en entretien avec eux ; la mĂȘme note annoncera la date dâune rĂ©union institutionnelle au cours de laquelle je ferai une restitution des informations recueillies, et des orientations qui leur feront suite. Consulter les usagers implique la constitution dâun CVS Conseil de la Vie Sociale vivant, auquel jâapporterai les Ă©clairages nĂ©cessaires pour en faire un vĂ©ritable acteur de proximitĂ©, un espace dâĂ©change entre les rĂ©sidents, leurs familles et les soignants. Malheureusement, rares sont les familles qui souhaitent sâengager ; et, au dĂ©cĂšs de leur proche, celles qui avaient acceptĂ©, doivent le quitter lorsque leur prĂ©sence Ă©tait enrichissante, et que de nouveaux reprĂ©sentants tardent Ă se manifester, le CVS perd sa vitalitĂ©. Cet espace devrait ĂȘtre mieux connu Ă lâextĂ©rieur, par exemple grĂące Ă des invitĂ©s - 56 - Daniela EXCOFFON - MĂ©moire de l'Ecole des Hautes Etudes en SantĂ© Publique - 2014 rĂ©guliers qui aideraient Ă le faire vivre ; de fil en aiguille, les habitants de la commune en auraient une plus grande connaissance et le percevraient comme un lieu ouvert ; il ne serait plus un espace mĂ©connu et confinĂ© au sein de lâEHPAD. Ma volontĂ© est de participer, avec toute mon Ă©quipe, Ă lâ empowerment »67 des rĂ©sidents. Lâ empowerment » est un concept anglo-saxon, traduit en français par autonomisation » ou Ă©mancipation » ou responsabilisation »⊠Il sâagit de donner du pouvoir » aux personnes malades et/ou dĂ©pendantes, en leur apportant les informations nĂ©cessaires afin quâelles puissent prendre seules, et en connaissance de cause, les dĂ©cisions les concernant. Cette dynamique rend la personne actrice de son parcours et implique lâabolition de la vision paternaliste de la relation soignant/soignĂ©, au profit dâune relation plus Ă©quilibrĂ©e, au sein de laquelle, le patient est un sujet adulte et non un objet de soins infantilisĂ©. Ceux qui dĂ©tiennent le savoir doivent prendre le temps dâexpliquer, de rĂ©pondre aux questions, ou de les susciter. Informer correctement y compris sur les risques Ă©quivaut Ă transmettre un savoir, donc Ă transfĂ©rer du pouvoir chez le rĂ©cepteur, acte qui nourrit la dignitĂ© de ce dernier. Le CVS peut Ă©galement faire lâobjet de cette responsabilisation un Ă©tablissement qui accueille des personnes ĂągĂ©es Ă la fin de leur vie concerne tous les citoyens. De plus, le fonctionnement interne de la structure doit ĂȘtre transparent et pouvoir ĂȘtre compris par tous les acteurs. Un CVS peut devenir un lieu de dĂ©bat pour toutes les questions Ă©thiques qui se posent au fil de lâaccueil. Un questionnaire destinĂ© aux familles des rĂ©sidents et aux membres du CVS pourra aussi ĂȘtre envisagĂ© et conçu. Mais, pour notre dĂ©marche actuelle, ce nâest pas la prioritĂ© je souhaite tout dâabord donner la parole Ă nos accueillis. Je rĂ©digerai personnellement une synthĂšse des rĂ©ponses recueillies par le questionnaire, qui sera prĂ©sentĂ©e aux membres actuels du CVS et discutĂ©e avec eux ; je prĂ©ciserai au CVS que les diffĂ©rentes Ă©tapes de lâamĂ©lioration de la prise en charge lui seront communiquĂ©es, afin quâil puisse suivre lâavancement du projet et nous faire ses retours. Ălaborer une vision commune de la Bientraitance La synthĂšse issue des questionnaires me permettra de dresser un Ă©tat des lieux de la qualitĂ© de lâaccueil dans notre structure du point de vue des rĂ©sidents. Consciente que 67 PHANEUF, Margot. Lâempowerment, une nĂ©cessitĂ© pour les clients en soins infirmiers. FĂ©vrier 2013. [En ligne] Disponible sur Daniela EXCOFFON - MĂ©moire de l'Ecole des Hautes Etudes en SantĂ© Publique - 2014 - 57 - nous ne pourrons pas apporter toutes les rĂ©ponses dans lâimmĂ©diat, je pourrai toutefois organiser la rĂ©flexion collective sur la base de cet Ă©tat des lieux qui constituera un constat de dĂ©part incontestable et commun Ă tous les membres de lâinstitution. Lors de la rĂ©union institutionnelle annoncĂ©e prĂ©cĂ©demment, je prĂ©senterai Ă tous les professionnels le travail effectuĂ© avec les cadres, les rĂ©sultats du questionnaire, et les Ă©tapes de travail qui se succĂšderont. Je communiquerai sur mon souhait de changer le mode de management, afin de le mettre au service dâune vision nouvelle de la qualitĂ© de lâaccueil. Je signifierai mon intention de construire une culture partagĂ©e de la Bientraitance institutionnelle, dont chacun rĂ©sident comme professionnel bĂ©nĂ©ficiera. Je transmettrai ma dĂ©cision dâorganiser la rĂ©flexion collective sur les points problĂ©matiques soulevĂ©s par le questionnaire, et de mobiliser la crĂ©ativitĂ© de chacun dans la recherche de solutions innovantes. LâĂ©tape suivante sera la constitution dâun ComitĂ© de Pilotage CoPil que je prĂ©siderai, intitulĂ© Refonder une culture de la Bientraitance », incluant les cadres, un infirmier, un aide-soignant et un AMP, plus un aide-soignant de lâUnitĂ© Alzheimer, un agent de service, un cuisinier, et un membre du CTE68. Il sera constituĂ© sur la base du volontariat ; toutefois, si ma prĂ©sence et celle des autres cadres sera une constante, je mettrai en place un systĂšme de roulement » des autres professionnels, afin de susciter la participation active de chacun. Le roulement » sera effectuĂ© aprĂšs chaque restitution dâune Ă©tape de travail, pour permettre aux prochains participants de sâapproprier le travail accompli et de prendre activement la relĂšve. Si le CoPil porte le nom du projet global, il pourra nommer chacune de ses Ă©tapes de rĂ©flexion, dĂ©finition, construction. Par exemple ï· DĂ©finition du concept dâintimitĂ© Ă Louis FOREZ », ï· Respect de la pudeur du rĂ©sident lors des soins corporels dans la pratique quotidienne », ï· Elaboration dâune Charte pour le respect de la vie intime du rĂ©sident Ă Louis FOREZ », ï· RĂ©vision du dispositif dâaccueil », ï· Elaboration du protocole sur le libre consentement », etc⊠68 ComitĂ© Technique dâEtablissement instance reprĂ©sentative du personnel de la Fonction Publique HospitaliĂšre, prĂ©sente dans chaque Ă©tablissement public de santĂ© et dotĂ©e de compĂ©tences consultatives au mĂȘme titre et dans les mĂȘmes domaines que les IRP du secteur privĂ©. - 58 - Daniela EXCOFFON - MĂ©moire de l'Ecole des Hautes Etudes en SantĂ© Publique - 2014 La mission centrale et transversale de ce comitĂ© sera dâĂ©tayer la rĂ©flexion collective sur la redĂ©finition des valeurs institutionnelles, Ă lâaide des Chartes et des recommandations de lâANESM. Ces deux supports doivent devenir notre outil dâautorĂ©gulation. Des dĂ©bats rĂ©guliers doivent concerner les diffĂ©rents points des Chartes afin dâinterroger nos pratiques. La question de la vie intime des personnes accueillies guidera nos Ă©changes, notamment dans la recherche de solutions lorsque nous serons confrontĂ©s Ă des injonctions paradoxales ensemble, nous essaierons de trouver, au cas par cas, la juste rĂ©ponse conciliant au mieux le respect de lâintimitĂ© et la sĂ©curitĂ© des personnes. Le rĂŽle de contenance de lâinstitution Ă lâĂ©gard de tous les professionnels doit ĂȘtre cultivĂ© afin de faciliter lâexpression de chacun au sujet des problĂ©matiques les plus gĂȘnantes, et de favoriser la levĂ©e des craintes et des prĂ©jugĂ©s. La Bientraitance sera questionnĂ©e Ă tous les niveaux et Ă toutes les Ă©tapes de la vie institutionnelle frapper Ă la porte du rĂ©sident, attendre sa rĂ©ponse, communiquer avec la personne lors de sa toilette, dĂ©finir quelle est la bonne distance Ă garder avec la personne accueillie, avec sa famille, analyser la relation de pouvoir qui sâinstaure parfois entre le soignant et le rĂ©sident, lever le tabou sur la sexualitĂ© des personnes accueillies, dĂ©finir ce que lâon peut autoriser, ce que lâon doit interdire, etc. Notre positionnement face aux familles devra ĂȘtre longuement interrogĂ©, dans le souci de leur laisser la place qui leur revient de droit, tout en instaurant la juste distance permettant Ă lâinstitution de dĂ©fendre les souhaits et intĂ©rĂȘts du rĂ©sident lorsque la famille est trop intrusive ; Ă ce propos, il conviendra de dĂ©finir collectivement le rĂŽle de tiers » que doit assumer lâinstitution auprĂšs des proches des personnes accueillies, et des curateurs. Par exemple, en matiĂšre de santĂ©, la personne en curatelle est en droit de recevoir elle-mĂȘme lâinformation sur son Ă©tat de santĂ© et consent seule aux actes mĂ©dicaux ; son curateur, sâil peut la conseiller, nâa pas Ă intervenir. Lâinstitution doit prĂ©server ce droit du rĂ©sident et se positionner en cas de posture abusive dâun curateur. Nous rĂ©flĂ©chirons Ă©galement Ă de nouvelles dimensions de lâanimation, aux nouveaux espaces quâelle pourrait proposer, afin de favoriser le lien social et/ou susciter le partage de moments dâintimitĂ© chaleureuse entre les rĂ©sidents. Les incohĂ©rences entre nos valeurs et nos Ă©crits devront ĂȘtre repĂ©rĂ©es et nommĂ©es, afin de prĂ©parer le travail de rĂ©actualisation des documents institutionnels Notre CoPil devra aussi repĂ©rer et analyser les Ă©cueils et les rĂ©ticences des professionnels, afin dâentamer le dialogue chaque fois que nĂ©cessaire, et proposer des solutions pour avancer. Daniela EXCOFFON - MĂ©moire de l'Ecole des Hautes Etudes en SantĂ© Publique - 2014 - 59 - Il sera Ă©galement le lieu de lâĂ©laboration future dâun plan de formation pertinent et cohĂ©rent avec notre projet global. A ce sujet, mon rĂŽle sera dâapporter les rĂ©sultats de la GPEC que je vais mener Une veille sera mise en place, Ă terme, sur les initiatives innovantes, en France et ailleurs, sur les thĂšmes qui intĂ©ressent notre projet. Chaque fois que possible, les secrĂ©taires participeront Ă ces rĂ©unions, afin de sâimprĂ©gner des notions de discrĂ©tion et de respect, de baigner dans la rĂ©flexion collective et dâassimiler les contours de la Bientraitance que nous nous efforcerons de dĂ©finir de maniĂšre collĂ©giale. Le Conseil dâAdministration sera le tĂ©moin de ce long travail, et sa validation renforcera nos progrĂšs et notre nouvelle culture. Cette collaboration essentielle sera concrĂ©tisĂ©e par des rencontres rĂ©guliĂšres entre le PrĂ©sident le nouveau Maire et moi-mĂȘme et, en parallĂšle, par des rĂ©unions du Conseil auquel nous restituerons les Ă©tapes significatives de notre cheminement. La formation des professionnels un outil Ă parfaire Cette nouvelle dynamique va jeter les bases de notre culture de la Bientraitance. Elle doit devenir un outil dâautorĂ©gulation et dâauto-formation. En effet, notre maniĂšre de travailler ensemble va ĂȘtre transmissible, et tout ce qui peut ĂȘtre transmis peut ĂȘtre formateur. Je distinguerai donc le processus dâauto-formation en interne, liĂ© Ă notre travail collectif de rĂ©flexion et de recherche, de la formation par des professionnels extĂ©rieurs Ă lâinstitution. Les deux dĂ©marches sont Ă mon sens indispensables et complĂ©mentaires. Dâailleurs, au fur et Ă mesure que les professionnels recevront des formations Ă lâextĂ©rieur, je leur demanderai de retransmettre aux collĂšgues tout ce qui va dans le sens dâune amĂ©lioration des pratiques. Dans la mĂȘme optique, en tant que directrice jâaurai la mission de rencontrer et sensibiliser les remplaçants pour assurer une continuitĂ© dans la Bientraitance qui va caractĂ©riser nos prises en soin. Le cadre infirmier pourra me remplacer en cas dâimpossibilitĂ© de ma part les remplacements se font souvent au pied levĂ© ; des membres de lâĂ©quipe, qui seront dĂ©signĂ©s au fur et Ă mesure, pourront les encadrer pendant la durĂ©e du remplacement. Je mĂšnerai les recrutements dans le mĂȘme esprit inscrire dâemblĂ©e la personne dans un collectif dont elle devra reproduire les conduites bientraitantes. Lors des entretiens dâembauche, je porterai une attention particuliĂšre Ă la reprĂ©sentation que le candidat a de - 60 - Daniela EXCOFFON - MĂ©moire de l'Ecole des Hautes Etudes en SantĂ© Publique - 2014 la Bientraitance des personnes ĂągĂ©es. Je rĂ©aliserai, Ă lâaide des cadres, une grille dâentretien appropriĂ©e. Les entretiens professionnels, bientĂŽt obligatoires, doivent devenir, Ă cĂŽtĂ© des entretiens dâĂ©valuation, des outils au service de la Bientraitance ; cette fois, il sâagit de la reconnaissance et la valorisation des personnels ; mais aussi de la volontĂ© de construire ensemble lâavenir, en recensant les vĆux de chacun Ă lâĂ©gard de la formation. Jâutiliserai ces entretiens pour repĂ©rer les difficultĂ©s, les limites, ainsi que les souhaits dâassumer de nouvelles responsabilitĂ©s en devenant rĂ©fĂ©rent » pour les rĂ©sidents, ou en assumant le rĂŽle de tuteur » auprĂšs des nouvelles recrues et/ou des remplaçants. Ces entretiens seront lâoccasion pour moi de faire le point, avec chaque salariĂ©, sur sa formation initiale quelles sont les problĂ©matiques auxquelles il a dĂ©jĂ Ă©tĂ© sensibilisĂ© ? Quelles compĂ©tences lui font dĂ©faut ? Progressivement, je vais construire une GPEC mettant en lumiĂšre les compĂ©tences manquantes et les personnes-ressources potentielles. A lâaide du CoPil, et aprĂšs consultation du CTE et du CVS, je construirai le plan de formation pour les trois annĂ©es Ă venir cela va induire une modification du plan de formation actuel, mais nâengendrera pas de coĂ»ts supplĂ©mentaires. Quelques formations me semblent dâores et dĂ©jĂ prioritaires, notamment celle sur la sexualitĂ© des personnes ĂągĂ©es ; Ă titre dâexemple, lâANFH a proposĂ©, en Juin 2014, la formation suivante, sur deux journĂ©es IntimitĂ© et sexualitĂ© des personnes ĂągĂ©es en EHPAD » cf. le programme, en ANNEXE 3, dont les objectifs correspondent tout Ă fait aux besoins de notre projet, car elle propose une approche sociale, psychologique et physiologique de la sexualitĂ© de la personne ĂągĂ©e, un Ă©clairage sur le cadre juridique, une analyse des consĂ©quences psychologiques en terme de rupture de vie, de perte pour la personne ĂągĂ©e avec la cessation de la vie sexuelle ; une recherche de rĂ©ponses individuelles et collectives, etc. Cette formation nâexclut pas les cadres, et notamment le mĂ©decin coordonnateur, qui va devoir assurer un rĂŽle central dans lâĂ©tayage de la vie intime des rĂ©sidents, comme nous le verrons un peu plus loin et Dâautres formations pourront ĂȘtre inscrites au Plan de Formation lâanimatrice de Louis FOREZ pourrait acquĂ©rir une approche de lâanimation plus centrĂ©e sur les besoins relationnels, afin de favoriser rencontres et Ă©changes entre les rĂ©sidents ; certains soignants pourraient apprendre le toucher-massage » ou massage relationnel » pour sortir des soins purement techniques prodiguĂ©s au quotidien et introduire une autre dimension dans les soins corporels ; dâautres notamment ceux qui souhaitent assumer le rĂŽle de rĂ©fĂ©rent sâinitier Ă des techniques de communication verbale et non verbale. Daniela EXCOFFON - MĂ©moire de l'Ecole des Hautes Etudes en SantĂ© Publique - 2014 - 61 - Une formation Ă lâanimation dâun espace Snoezelen pourra ĂȘtre envisagĂ©e Ă plus long terme il sâagit dâune pratique se dĂ©roulant dans un environnement conçu pour induire la dĂ©tente. Elle favorise lâinstauration dâune relation privilĂ©giĂ©e entre le soignant et le patient, et permet de renouer avec des sensations corporelles agrĂ©ables. Pour lâavoir observĂ© au sein dâune structure accueillant des adultes lourdement handicapĂ©s, lâattention, la prĂ©sence, l'Ă©coute et la tendresse exprimĂ©es par le soignant pendant la sĂ©ance sont essentielles il sâagit dâoffrir au corps malmenĂ©, toujours objet de soins, une intimitĂ© rĂ©paratrice, et Ă lâesprit, souvent en deuil ou repliĂ© sur lui-mĂȘme, un peu de rĂ©confort. Malheureusement, Ă ce jour, les locaux ne permettent pas de libĂ©rer un espace dĂ©diĂ©, et le coĂ»t pour lâamĂ©nagement dâune telle salle serait considĂ©rable. Je le garde Ă lâesprit comme projet potentiel, Ă dĂ©velopper dans quelques annĂ©es. Formaliser pour renforcer nos engagements La formalisation doit viser plusieurs niveaux avant tout, il conviendra de mettre Ă jour les documents institutionnels devenus obsolĂštes, ne reflĂ©tant plus la rĂ©alitĂ© de lâĂ©tablissement ni celle des personnes accueillies ; ensuite, il faudra revoir toutes les Ă©tapes du dispositif dâaccueil et de sĂ©jour, et dĂ©crire le nouveau fonctionnement ; enfin, des protocoles indiquant la conduite Ă tenir dans des situations problĂ©matiques seront rĂ©alisĂ©s. Ces diffĂ©rentes facettes de la formalisation vont constituer un cadre de rĂ©fĂ©rence pour chaque professionnel. Les nouveaux Ă©crits, fruit de la rĂ©flexion collective, ne seront pas une coque vide de sens », mais de vrais outils issus de notre travail institutionnel. Ils reprĂ©senteront aussi un engagement de la part de notre Ă©tablissement envers les signataires des contrats de sĂ©jour. Actualiser les outils de la loi 2002 La prioritĂ© doit aller aux documents contractuels le contrat de sĂ©jour et le rĂšglement de fonctionnement annexe. Je souhaite pouvoir aboutir Ă une contractualisation plus juste, reprĂ©sentative de lâ empowerment » citĂ© plus haut lâinformation doit ĂȘtre claire, aussi bien par rapport Ă nos engagements quâĂ nos limites. Le droit Ă lâintimitĂ© devra ĂȘtre nommĂ© et dĂ©fini au sein des documents. La modification de ces documents sera soumise Ă la consultation du CVS et des membres du CTE. Dans le contrat de sĂ©jour, le positionnement institutionnel Ă lâĂ©gard des droits des rĂ©sidents sur lesquels aura portĂ© notre rĂ©flexion collective devra ĂȘtre explicite et constituer un vĂ©ritable engagement. Car lâinstitution a un rĂŽle Ă jouer Ă lâĂ©gard du rĂ©sident elle doit dĂ©fendre ses droits, soutenir sa parole, ses souhaits, ses choix, mĂȘme lorsquâils rentrent en dĂ©saccord avec ceux de sa famille ; les limites de lâintervention des familles devront - 62 - Daniela EXCOFFON - MĂ©moire de l'Ecole des Hautes Etudes en SantĂ© Publique - 2014 ĂȘtre clarifiĂ©es, par exemple par rapport Ă la possibilitĂ© pour le rĂ©sident de nouer une liaison affective et/ou sexuelle. Ă la lumiĂšre de notre rĂ©flexion partagĂ©e, le respect de la vie intime et de la sexualitĂ© du rĂ©sident devra faire partie de nos engagements, et le rĂšglement de fonctionnement devra dĂ©crire la maniĂšre dont ce respect se concrĂ©tisera pendant le sĂ©jour. Les nouveaux documents devront ĂȘtre plus simples, afin de permettre une vraie lecture et une appropriation de la part des futurs rĂ©sidents. Le projet dâĂ©tablissement date de 2013, et a demandĂ© une implication consĂ©quente de nombreux personnels. Je ne proposerai donc pas Ă lâĂ©quipe de le retravailler dans lâimmĂ©diat, mais simplement de repĂ©rer les points Ă retravailler ou Ă dĂ©velopper. En revanche, les comptes rendus des rĂ©unions du CoPil nous serviront Ă prĂ©parer la prochaine Ă©valuation interne ; la prĂ©cĂ©dente, datant de 2011, nâinterrogeait pas le respect de la vie intime des rĂ©sidents et, ni la Convention Tripartite Pluriannuelle de 2013, ni lâĂ©valuation externe dâoctobre 2013, ne nous ont questionnĂ©s sur ce point. Mais je communiquerai Ă lâĂ©quipe ma volontĂ© de bĂątir notre future Ă©valuation en sâinspirant du Rapport de visite dâapprĂ©ciation de la qualitĂ© quĂ©bĂ©cois, qui interroge ouvertement les droits intimes des rĂ©sidents. Dans quelques annĂ©es, les nouvelles rĂšgles de conduite professionnelle par exemple frapper avant dâentrer, attendre une rĂ©ponse avant dâouvrir ; respecter les temps oĂč la personne exprime le souhait de sâisoler, seule, ou avec un autre rĂ©sident⊠auront Ă©tĂ© acquises par la plupart des professionnels et constitueront le cĆur de notre culture institutionnelle. Elles seront alors intĂ©grĂ©es au futur projet dâĂ©tablissement. DorĂ©navant, le projet personnalisĂ© devra traiter la question de la vie intime et sexuelle des rĂ©sidents, mais aussi celle de la gĂȘne Ă©ventuelle lors de la toilette ; cela impliquera une recherche de solutions pour les personnes en souffrance. Lâaboutissement idĂ©al du travail de rĂ©flexion collectif, serait lâĂ©laboration dâune Charte de la Bientraitance propre Ă notre Ă©tablissement, sur le modĂšle non exhaustif de celle conçue et Ă©ditĂ©e par INSOS-GENEVE Institutions Sociales Suisses pour personnes handicapĂ©es. Cette Charte, intitulĂ©e Amour, sexualitĂ© et handicap »69, propose un cadre Ă©thique et juridique clair, tout Ă fait transposable aux personnes ĂągĂ©es en situation de dĂ©pendance. En 2010, le Centre Hospitalier du Puy-en-Velay a Ă©laborĂ© une Charte IntimitĂ© du Patient » elle peut ĂȘtre complĂ©tĂ©e, amĂ©liorĂ©e et adaptĂ©e Ă lâenvironnement de 69 CHARTE Amour, sexualitĂ© et handicap ». INSOS-GENEVE. [en ligne] 2012 1Ăšre Ă©dition 2002. Disponible sur Daniela EXCOFFON - MĂ©moire de l'Ecole des Hautes Etudes en SantĂ© Publique - 2014 - 63 - lâEHPAD. De plus en plus de structures Ă©tablissent leur Charte, nous pourrons donc nous en inspirer ; elle serait annexĂ©e aux documents contractuels et affichĂ©e. Revoir le dispositif, de lâaccueil Ă la fin de vie ParallĂšlement Ă la rĂ©flexion collective, des modifications dans les diffĂ©rentes Ă©tapes de lâaccueil devront voir le jour. DĂšs quâune personne ĂągĂ©e ou sa famille prend contact avec Louis FOREZ, un courrier ANNEXE 4 lui sera adressĂ© son intention sera de rassurer le futur rĂ©sident et de proposer notre disponibilitĂ© ; lâobjectif est de prĂ©parer la personne, de crĂ©er un lien sĂ©curisant, dâĂ©viter les transitions brusques, qui peuvent ĂȘtre traumatisantes. Une ou plusieurs visites au domicile de la personne devront ĂȘtre organisĂ©es Ă notre initiative lorsque lâentrĂ©e en EHPAD est imminente, afin de lui permettre dâexprimer ses derniers doutes Ă©ventuels et dâĂȘtre rassurĂ©e. Si la plupart des professionnels sont difficiles Ă mobiliser Ă lâextĂ©rieur de la structure par manque de temps disponible, notre psychologue, qui est Ă 0,4 ETP, pourrait dĂ©gager une partie de son temps pour ce type dâintervention, tout compte fait assez ponctuelle. Il faudra porter une attention particuliĂšre lors du recensement des besoins Ă lâentrĂ©e le personnel doit avoir conscience que tout » ne doit pas ĂȘtre dĂ©voilĂ©, et quâil faut garder la plus grande discrĂ©tion envers la vie privĂ©e de la personne accueillie. Lors des rencontres avec le futur rĂ©sident et sa famille, mon rĂŽle, en tant que directrice, sera dâexpliquer clairement le positionnement institutionnel envers les droits de la personne accueillie. Autant que faire se peut cela dĂ©pendra de lâĂ©tat psychique de la personne je recevrai le futur rĂ©sident sans sa famille, afin de mâassurer personnellement de son consentement et, le cas Ă©chĂ©ant, dâĂ©tudier avec lui les alternatives, ou encore, de lui proposer lâaccompagnement de notre psychologue. Je remettrai les clĂ©s de la chambre Ă la personne et non Ă sa famille, sauf si le rĂ©sident le demande, en lui expliquant les droits qui seront associĂ©s Ă lâespace privĂ© de sa chambre. La lecture partagĂ©e des documents contractuels se fera avec le rĂ©sident et, sâil le souhaite, en prĂ©sence de sa famille. Les droits Ă©noncĂ©s par la ou les Chartes qui seront annexĂ©es, seront dĂ©taillĂ©s afin que la personne en prenne conscience et puisse se les approprier. Jâaborderai avec chaque rĂ©sident et sa famille les droits en lien avec la vie intime ni la famille ni lâinstitution ne devront imposer un jugement ou un acte allant Ă lâencontre du souhait de la personne ; lâinstitution soutiendra le choix du rĂ©sident lorsquâil ne met pas en danger son bien-ĂȘtre ou lorsquâil est censĂ© augmenter son bien-ĂȘtre ; la - 64 - Daniela EXCOFFON - MĂ©moire de l'Ecole des Hautes Etudes en SantĂ© Publique - 2014 prise de risque si elle est raisonnable fait partie de la vie, et les dĂ©cisions ne seront pas prises en fonction dâune prise de risque zĂ©ro ; les liens affectifs ne seront pas contrariĂ©s. DĂ©finir au prĂ©alable les pĂ©rimĂštres dâaction de chacune des parties rĂ©sident, famille, institution permettra de prĂ©venir les situations conflictuelles. Chaque rĂ©sident sera informĂ© quâil peut dĂ©noncer tout acte ou parole allant Ă lâencontre des valeurs exprimĂ©es par les Chartes. DĂšs son premier jour Ă lâEHPAD, la personne devra se sentir rassurĂ©e et accueillie avec chaleur tous les soignants prĂ©sents devront prendre le temps de parler au nouvel arrivant, et contribuer ainsi Ă crĂ©er un climat de confiance autour de lui. LâinfirmiĂšre qui organise son entrĂ©e lui expliquera quâil peut prendre quelques jours pour choisir un rĂ©fĂ©rent parmi les personnes qui lui sont prĂ©sentĂ©es. La dĂ©signation du rĂ©fĂ©rent sera enregistrĂ©e dans le projet personnalisĂ© ; bien entendu, le rĂ©sident aura la possibilitĂ© de changer de rĂ©fĂ©rent si la confiance ne sâinstaure pas avec le premier. Le rĂ©fĂ©rent aura la mission de rassembler toutes les informations concernant un rĂ©sident donnĂ©, il assurera une fonction repĂšre » auprĂšs de celui-ci. Il aura donc une responsabilitĂ© particuliĂšre envers lui, et notamment de suivre de prĂšs son adaptation Ă la vie collective. Tous les actes de soin seront dĂ©sormais pratiquĂ©s avec une double prĂ©caution ï· Une attention portĂ©e au sujet lors de la toilette, par exemple, le soignant sâadresse Ă la personne ; sâils sont deux, ils ne parlent pas entre eux dâ autre chose », et incluent la personne dans le dĂ©roulement du soin. ï· Un effort dâexplication claire sur le traitement mĂ©dicamenteux Ă©ventuel la personne doit savoir pourquoi il lui a Ă©tĂ© prescrit, quelles sont ses effets secondaires⊠Ce type dâapproche permettra le respect de la dignitĂ©, de la pudeur, et de lâintimitĂ© de la personne ; il favorisera la confiance, et par consĂ©quent la capacitĂ© de la personne Ă livrer ses prĂ©occupations ou craintes personnelles aux soignants ; elle se sentira au centre et non un poids. Je demanderai au mĂ©decin coordonnateur, qui rencontre tous les rĂ©sidents, connaĂźt leur Ă©tat de santĂ©, et est amenĂ© Ă poser au rĂ©sident toute sorte de question intime liĂ©e Ă son corps, de jouer un rĂŽle central. Il informera le personnel soignant de la nĂ©cessitĂ© pour tel ou tel rĂ©sident de maintenir une vie sexuelle active ; il sâassurera que la pratique est Daniela EXCOFFON - MĂ©moire de l'Ecole des Hautes Etudes en SantĂ© Publique - 2014 - 65 - possible, que lâintimitĂ© nĂ©cessaire est respectĂ©e ; il conseillera certaines aides si nĂ©cessaire lubrifiant, ⊠; et veillera, avec la psychologue, Ă ce que la sexualitĂ© soit prise en compte dans les projets personnalisĂ©s, au mĂȘme titre que les autres besoins. Globalement, tous les cadres moi la premiĂšre devront ĂȘtre garants de la nouvelle culture de la Bientraitance. Les souhaits exprimĂ©s par le rĂ©sident Ă son arrivĂ©e seront respectĂ©s lorsque sa fin de vie sera imminente ; lâinstitution aura la responsabilitĂ© de protĂ©ger jusquâau bout lâintimitĂ© et la dignitĂ© de ses rĂ©sidents. Un protocole pour protĂ©ger le libre consentement Francis BATIFOULIER rappelle que des procĂ©dures examinĂ©es, rĂ©flĂ©chies, et dont la pertinence est validĂ©e par lâexpĂ©rimentation, renforcent le cadre de travail elles ont des effets positifs en terme de sĂ©curitĂ©, de confort et constituent un appui pour les professionnels. ProcĂ©dure et protocole sont lĂ©gitimes, sâils sont rĂ©fĂ©rĂ©s Ă un sens dĂ©fini collectivement [âŠ] »70. JusquâĂ ce jour, la vie intime et sexuelle des rĂ©sidents nâĂ©tait jamais spontanĂ©ment Ă©voquĂ©e par les soignants, ni lors des transmissions, ni lors des rĂ©unions sur les projets personnalisĂ©s. La rĂ©flexion collective, inscrite dans un nouveau mode managĂ©rial, dans le souci de co-construire une nouvelle culture de la Bientraitance, portera ses fruits, jâen suis convaincue certains tabous se lĂšveront progressivement grĂące au partage et Ă une circulation de la parole plus libre au sein de lâĂ©quipe. Cependant, les questions dâordre sexuel doivent ĂȘtre anticipĂ©es, afin dâĂ©viter quâelles soient abordĂ©es dans lâurgence et uniquement en termes de problĂ©matique. Le Docteur FrĂ©dĂ©ric MUNSCH, mĂ©decin, chef du pĂŽle EHPAD au CHU de Reims, a engagĂ© lâĂ©criture dâun protocole avec ses collaborateurs, suite aux tensions constatĂ©es par la psychologue de son service, cristallisĂ©es autour des manifestations sexuelles de certains rĂ©sidents. Un groupe de travail pluridisciplinaire a mis au point un protocole destinĂ© Ă protĂ©ger des abus potentiels les personnes dĂ©sorientĂ©es, et Ă garantir lâintimitĂ© nĂ©cessaire Ă la poursuite dâune vie sexuelle aux rĂ©sidents qui le souhaitaient. 70 BATIFOULIER, Francis. Le directeur et la question clinique. In BATIFOULIER, Francis. Manuel de direction en action sociale et mĂ©dico-sociale. Paris Dunod, 2011, - 66 - Daniela EXCOFFON - MĂ©moire de l'Ecole des Hautes Etudes en SantĂ© Publique - 2014 Le projet, intitulĂ© Promouvoir la bientraitance intimitĂ© et sexualitĂ© des personnes ĂągĂ©es en institution » a Ă©tĂ© laurĂ©at au concours Droits des Usagers » de En mâinspirant de cet exemple, je vais proposer aux professionnels de Louis FOREZ une Ă©bauche de protocole ANNEXE 5 sur laquelle nous pourrons travailler ensemble. Il sera centrĂ© sur lâobservation des conduites inquiĂ©tantes, des comportements Ă risque et des modifications de lâhumeur. Il visera avant tout la protection du libre consentement chez les personnes les plus fragiles. Le protocole indiquera aux professionnels une trame dâobservation permettant dâĂ©valuer si une relation affective et/ou sexuelle est subie par une des parties concernĂ©es, si elle a des rĂ©percussions nĂ©fastes pour lâune ou pour lâautre. Câest une tĂąche ardue qui demande beaucoup de tact. Le personnel devra sâassurer, sans ĂȘtre intrusif, que les relations sont consenties. Certaines manifestations repli sur soi, rĂ©actions craintives, isolement, agressivitĂ© lors de la toilette, etc. alerteront le personnel et feront lâobjet dâun signalement Ă la direction. Nous dĂ©terminerons ensuite la conduite Ă tenir. Dans tous les cas, il sâagira dâĂ©tablir dans un premier temps, sâil y a danger ou souffrance pour un rĂ©sident, grĂące Ă une surveillance discrĂšte mais accrue ; si aucune souffrance ni danger ne sont avĂ©rĂ©s, il faudra prĂ©server la nouvelle relation et sâassurer quâelle est vĂ©cue dans lâintimitĂ© dans lâintĂ©rĂȘt du couple, et de celui des autres rĂ©sidents ; si, Ă lâinverse, une souffrance est dĂ©celĂ©e chez un des partenaires, il faudra rĂ©flĂ©chir en Ă©quipe Ă une nouvelle organisation changement de chambre, dâĂ©tage, entretiens avec les personnes, etc. permettant de protĂ©ger la personne non consentante. Le protocole guidera lâensemble des Ă©tapes. Le mĂ©decin coordonnateur, le cadre infirmier, la psychologue et moi-mĂȘme devrons toujours ĂȘtre informĂ©s de ces situations. LâĂ©tablissement doit prendre ses responsabilitĂ©s. Lâinformation Ă transmettre Ă la famille devra ĂȘtre pensĂ©e en amont. Et la rĂ©flexion en Ă©quipe permettra de dĂ©terminer ce qui peut ou doit faire lâobjet dâune transmission aux proches. Dans certains cas, il faudra aider la famille Ă accepter une nouvelle relation, dans dâautres, nous devrons chercher avec elle la solution de protection la plus pertinente. Il se peut quâun professionnel soit lui-mĂȘme victime dâun comportement abusif ou dĂ©placĂ© de la part dâun rĂ©sident mains baladeuses, commentaires Ă caractĂšre sexuelâŠ, ce qui 71 MUNSCH, FrĂ©dĂ©ric. Ethique, vie intime et institution. In Colloque UNIORPA, Sexe et plaisir des Ăąges, Reims, Maison DiocĂ©saine Saint-Sixte, 6 DĂ©cembre 2013 colloque auquel jâai assistĂ©, et dont les actes nâont pas encore parus. [en ligne] Le projet exposĂ© IntimitĂ© et sexualitĂ© des personnes ĂągĂ©es en institution ». Disponible sur Daniela EXCOFFON - MĂ©moire de l'Ecole des Hautes Etudes en SantĂ© Publique - 2014 - 67 - peut impliquer par exemple pour une jeune professionnelle dâĂȘtre dispensĂ©e de la toilette du rĂ©sident en question le temps nĂ©cessaire. Le cadre infirmier devra tenir des propos explicatifs clairs au rĂ©sident afin quâil comprenne que certaines attitudes ne sont pas tolĂ©rĂ©es. Parfois il faudra reprĂ©ciser que la toilette et les soins ne sont pas des caresses. Dans certains cas, il faudra prĂ©voir deux soignants pour une personne. En tant que directrice, mon rĂŽle sera de mettre en place une organisation destinĂ©e Ă Ă©tayer tout professionnel dans lâincapacitĂ© de faire face seul Ă une situation donnĂ©e. Ce processus pourra Ă©galement faire lâobjet dâun protocole. Innover, partager, anticiper Ce chapitre fera Ă©tat de trois dynamiques aussi importantes que complĂ©mentaires trouver de nouvelles rĂ©ponses, ce qui implique la reconnaissance de besoins qui Ă©taient nĂ©gligĂ©s ou inexprimĂ©s auparavant ; acter et consolider par lĂ -mĂȘme la nouvelle culture et la transmettre autour de soi par lâĂ©change organisĂ© ; enfin, envisager lâavenir dâune façon stratĂ©gique, pour assurer la pĂ©rennitĂ© de Louis FOREZ. Apporter de nouvelles rĂ©ponses La culture institutionnelle que nous construirons ensemble pas Ă pas va permettre de prĂ©server de plus en plus les espaces privĂ©s des rĂ©sidents. Progressivement, au fil des ans, les personnes accueillies pourront se sentir de plus en plus chez elles dans leur chambre ; la protection de leur vie intime deviendra une Ă©vidence ». Au dĂ©but, il faudra signaler rĂ©guliĂšrement leurs droits aux rĂ©sidents, mais les attitudes des soignants parleront dâelles-mĂȘmes et accĂ©lĂšreront lâinstauration des nouveaux codes de la Bientraitance. Dâautant plus que ces codes seront rĂ©interrogĂ©s au sein du CVS et, chaque annĂ©e, par le biais du questionnaire de satisfaction. Toutefois, des questions restent en suspens et ne devront pas ĂȘtre nĂ©gligĂ©es, mĂȘme si au dĂ©but elles ne seront pas suivies dâune concrĂ©tisation ï· AmĂ©nager des chambres doubles pour accueillir les couples ; les bĂątiments comprennent un certain nombre de chambres communicantes qui, le plus souvent, sont utilisĂ©es individuellement malgrĂ© lâinsonorisation insuffisante. Si cette derniĂšre Ă©tait de bonne qualitĂ©, lâusage de ce type de chambre pourrait sâadapter Ă la demande personne seule ou couple. ï· Quelques chambres, plus grandes que les autres, permettraient lâinstallation de lits doubles. Câest important de pouvoir offrir cette option aux couples, ou lorsquâun - 68 - Daniela EXCOFFON - MĂ©moire de l'Ecole des Hautes Etudes en SantĂ© Publique - 2014 rĂ©sident souhaite recevoir la visite de son conjoint ou partenaire. Toutefois, il nâest pas toujours possible de regrouper deux lits dans une seule piĂšce, notamment quand il sâagit de lits mĂ©dicalisĂ©s. Profiter du nĂ©cessaire renouvellement des lits mĂ©dicalisĂ©s pour acquĂ©rir des lits plus larges dĂ©jĂ existants pour les personnes obĂšses est une option Ă envisager. Leur prix dĂ©passe modĂ©rĂ©ment celui des lits mĂ©dicalisĂ©s de taille standard, mais leur achat peut ĂȘtre Ă©chelonnĂ© afin de respecter le budget. Si, aprĂšs rĂ©flexion et calculs, le projet sâavĂ©rait rĂ©aliste, il pourrait ĂȘtre soumis au Conseil dâAdministration, au CVS et au CTE pour avis, et la question des lits doubles pourrait ĂȘtre intĂ©grĂ©e au questionnaire, afin de vĂ©rifier que le projet se justifie, avant de le concrĂ©tiser. ï· Une autre possibilitĂ© serait de garder une chambre pour les visites des conjoints, que les couples pourraient rĂ©server. Cela se pratique dans certains EHPAD. ï· En fonction des rĂ©ponses au questionnaire, il faudra peut-ĂȘtre rĂ©organiser le roulement du personnel afin de rĂ©pondre aux rĂ©sidents qui vivent mal la toilette prodiguĂ©e par un soignant du sexe opposĂ©. En attendant que ces projets se concrĂ©tisent, les couples sĂ©parĂ©s Ă cause de lâentrĂ©e en EHPAD dâun des conjoints, doivent savoir quâils ont le droit de poursuivre leur vie affective, de sâisoler dans la chambre en mettant un panneau ne pas dĂ©ranger » ou en fermant la porte Ă clĂ©. Nous devons respecter lâarticle IV de la Charte de la FNG affirmant le devoir de protĂ©ger les rĂ©sidents de toute action visant Ă les sĂ©parer dâun partenaire choisi. Le fait de ne proposer que des chambres individuelles ne constitue-t-il pas, indirectement, un acte qui sĂ©pare les couples qui souffrent de ne plus pouvoir dormir ensemble ? Un systĂšme de pancartes ne pas dĂ©ranger » Ă poser sur les poignĂ©es de portes, adoptĂ© dans plusieurs EHPAD en France et prĂ©conisĂ© par diffĂ©rentes associations, sera instaurĂ© Ă Louis FOREZ. Bien quâaucune rĂ©flexion nâait Ă©tĂ© menĂ©e Ă ce jour sur ce sujet, certains rĂ©sidents ont interrogĂ© la possibilitĂ© dâintroduire des sex toys » dans lâĂ©tablissement. Le questionnement devra ĂȘtre Ă©largi, en Ă©quipe, aux vidĂ©os Ă contenu Ă©rotique chaque rĂ©sident peut avoir sa tĂ©lĂ© dans sa chambre. Une autre question me tient Ă cĆur il sâagit du choix limitĂ© que nous laissons aux rĂ©sidents dans la dĂ©coration de leur chambre. Jâaimerai discuter avec le CVS des moyens dâautoriser une plus grande personnalisation de la chambre, sans alourdir le budget actuel. En outre, les animaux de compagnie sont actuellement interdits. A Daniela EXCOFFON - MĂ©moire de l'Ecole des Hautes Etudes en SantĂ© Publique - 2014 - 69 - condition que les rĂšgles dâhygiĂšne et de sĂ©curitĂ© soient respectĂ©es, et quâun proche du rĂ©sident se dĂ©signe pour prendre la relĂšve en cas dâhospitalisation ou de dĂ©cĂšs de celuici, je pense quâil faudrait pouvoir les autoriser lorsque la personne ĂągĂ©e a passĂ© ses derniĂšres annĂ©es Ă domicile avec un animal qui lâa peut-ĂȘtre aidĂ©e Ă surmonter son veuvage, ou sa solitude. Est-ce juste dâimposer ce deuil supplĂ©mentaire Ă une personne qui est dĂ©jĂ obligĂ©e de quitter sa propre maison ? Ălargir la rĂ©flexion et exporter la nouvelle culture Câest Ă lâinstitution de lever certains tabous la personne ĂągĂ©e ou sa famille ne le feront peut-ĂȘtre jamais. Lâinstitution a un rĂŽle social elle doit repĂ©rer les tabous sociaux par exemple concernant la sexualitĂ© des personnes ĂągĂ©es et Ă©viter de les alimenter. Jâai constatĂ©, au cours dâune rĂ©union avec le CVS, que les rĂ©sidents ne se positionnaient pas et exprimaient le sentiment de ne rien pouvoir apporter Ă des professionnels. Câest donc Ă nous de leur donner la parole, de proposer des sujets au dĂ©bat, sans pour autant heurter leur pudeur. Nous accueillons des personnes fragiles, dĂ©pendantes, parfois trĂšs souffrantes qui, Ă La Chaise-Dieu, ont rarement les connaissances nĂ©cessaires pour affirmer des demandes. Ce savoir, nous pouvons le leur transmettre en partageant avec eux nos questionnements collectifs sur les points les plus sensibles de lâaccueil. Le CVS devrait bien connaĂźtre les Chartes, ainsi que les valeurs et les droits quâelles dĂ©fendent. Lorsque des professionnels assistent Ă une confĂ©rence ou Ă un colloque, leur contenu, surtout sâil est innovant, devrait faire lâobjet dâune transmission au CVS. Câest une maniĂšre de respecter les principes fondamentaux de la loi 200572 rendre accessible lâinformation extĂ©rieure aux personnes qui ne sont pas en mesure dâaller la rechercher de façon autonome. Afin dâapporter de la matiĂšre Ă notre rĂ©flexion, je me propose de contacter les EHPAD français qui tentent de rĂ©pondre aux besoins des personnes ĂągĂ©es jusque-lĂ peu reconnus, en expĂ©rimentant des projets novateurs, comme le pĂŽle EHPAD de Reims citĂ© Ă la ou lâEHPAD Jacques BREL, Ă Guipavas, en Bretagne citĂ© Ă la Mon projet est Ă©galement dâouvrir le CVS Ă des acteurs extĂ©rieurs. Comme le rappelle lâarticle XIV de la Charte de la FNG citĂ©e Ă la Les membres de la sociĂ©tĂ© doivent ĂȘtre informĂ©s de maniĂšre explicite et volontaire des difficultĂ©s quâĂ©prouvent les personnes ĂągĂ©es en situation de handicap ou de dĂ©pendantes ». Le Maire de La Chaise-Dieu Ă©tant 72 Loi n°2005-102 du 11 FĂ©vrier 2005 pour lâĂ©galitĂ© des droits et des chances, la participation et la citoyennetĂ© des personnes handicapĂ©es. JORF. n°36, 12 FĂ©vrier 2005, page 2353. - 70 - Daniela EXCOFFON - MĂ©moire de l'Ecole des Hautes Etudes en SantĂ© Publique - 2014 le prĂ©sident du Conseil dâAdministration de Louis FOREZ, je pourrais solliciter son aide pour sensibiliser progressivement les membres de la communautĂ© ; le nouveau Maire sera peut-ĂȘtre force propositions en ce qui concerne les partenariats possibles en lien avec les initiatives de la Commune, dans des domaines encore inexplorĂ©s aujourdâhui. Des Ă©lus pourraient ĂȘtre invitĂ©s aux rĂ©unions du CVS, afin que les dĂ©bats soient en lien avec la notion de citoyennetĂ© de nos rĂ©sidents. Il sâagit dâun travail de longue haleine, impliquant une sensibilisation progressive de la municipalitĂ©, des associations locales, mais aussi des habitants ĂągĂ©s de la commune, Ă terme potentiellement concernĂ©s par lâhĂ©bergement en institution. Il sâagit en somme de convaincre les acteurs extĂ©rieurs de lâimportance de leur implication dans un service mĂ©dico-social accueillant lâextrĂȘme vieillesse et la fin de vie. La communication externe en sera le vecteur diffusion des livrets dâaccueil, journĂ©es portes ouvertes, organisation de confĂ©rences sur les thĂšmes de la vieillesse avec invitation de la presse locale et des reprĂ©sentants de la municipalitĂ©, etc. Nous pourrions crĂ©er une commission de la vie intime du rĂ©sident, Ă laquelle seraient invitĂ©s des spĂ©cialistes, des formateurs, des membres du CVS bien sĂ»r, des psychologues et autres professionnels des EHPAD, des MAS Maison dâAccueil SpĂ©cialisĂ© et des SSIAD Service de Soins Infirmiers Ă Domicile voisins, etc., et qui se rĂ©unirait une Ă deux fois par an. Elle aurait pour mission de rassembler toute information utile sur les initiatives et les expĂ©rimentations rĂ©centes, et de favoriser lâĂ©change des pratiques sur ce thĂšme complexe. Ă lâinstar de notre EHPAD, la MAS dâAllĂšgre qui accueille des adultes lourdement handicapĂ©s et le SSIAD dâAmbert qui dispense des soins et soutient le maintien Ă domicile des personnes ĂągĂ©es dĂ©pendantes, tous deux proches gĂ©ographiquement de Louis FOREZ, sont des structures concernĂ©es de prĂšs par la problĂ©matique de la sexualitĂ© de leurs rĂ©sidents. Lâouvrage de Philippe PITAUD SexualitĂ©, handicaps et vieillissement 2011, pourrait guider notre rĂ©flexion commune sur plusieurs points la dĂ©pendance, les pathologies de la vieillesse, la vie intime des personnes dĂ©pendantes et/ou malades, la communication avec les rĂ©sidents sur ce sujet, les difficultĂ©s Ă concilier la rĂ©flexion collective avec les rĂ©ticences individuelles, les attitudes moralisatrices, les positions dĂ©fensives ; lâorganisation nĂ©cessaire afin dâĂ©viter que certaines situations dĂ©gĂ©nĂšrent ; les limites de la vie collective, etc. Ce travail de partenariat pourra aboutir Ă une articulation interservices, Ă la construction dâun dispositif destinĂ© Ă amĂ©liorer la transition des personnes ĂągĂ©es du domicile Ă lâEHPAD, dans le sens du parcours du rĂ©sident Ă©noncĂ© par la loi HPST 2009. Daniela EXCOFFON - MĂ©moire de l'Ecole des Hautes Etudes en SantĂ© Publique - 2014 - 71 - Se prĂ©parer Ă accueillir les futures gĂ©nĂ©rations de personnes ĂągĂ©es Ce long travail dâĂ©change et de coopĂ©ration constituera Ă terme un solide pilier, sur lequel nous pourrons nous Ă©tayer chaque fois que nous devrons opĂ©rer un changement afin de nous adapter Ă un nouveau cadre lĂ©gislatif, Ă lâĂ©volution de la population, Ă celle du territoire. Il sâagit dâune vision stratĂ©gique qui va nous permettre de saisir les multiples enjeux et dâanticiper certaines rĂ©ponses. Quelles personnes ĂągĂ©es accueillerons-nous dans quelques annĂ©es ? Quels sont les dispositifs qui devront Ă©voluer et dans quel sens ? Comment penser ensemble lâĂ©volution de nos structures, en fonction des gĂ©nĂ©rations futures de rĂ©sidents, mais aussi de notre territoire ? Quelles seront nos marges de manĆuvre ? Ces questions prouvent lâimportance pour nos EHPAD de solliciter les gĂ©nĂ©rations qui prĂ©cĂšdent celles dĂ©jĂ accueillies les consulter et rĂ©flĂ©chir avec elles, va nous permettre de prendre progressivement conscience que lâextrĂȘme vieillesse nous concerne tous et que les personnes ĂągĂ©es trĂšs dĂ©pendantes sont nos aĂźnĂ©s et que nous aurons leurs besoins un jour. GrĂące Ă cette vision, nous pourrons offrir un accueil qui sera organisĂ© comme si nous lâavions pensĂ© pour nous-mĂȘmes. Quelques constats sâimposent dâores et dĂ©jĂ lâespĂ©rance de vie continue dâaugmenter ; les prochaines gĂ©nĂ©rations de rĂ©sidents seront nĂ©es ou auront grandi dans un environnement bien plus libertaire et individualiste que celles actuelles ; elles seront aussi de plus en plus conscientes de leurs droits, donc plus exigeantes. Notre sociĂ©tĂ© est dĂ©jĂ en train de repenser sa vieillesse conserver le lien social, la chaleur humaine, la libertĂ© et mĂȘme la possibilitĂ© de prendre encore des risques constituent les bases de la rĂ©flexion. Car, comme lâexpliquent certains auteurs73, vieillir dans la dignitĂ© est un droit fondamental de lâĂȘtre humain, alors que nous sommes encore nombreux Ă percevoir le vieillissement comme une dĂ©chĂ©ance, surtout sâil se conclut en EHPAD. Imaginer la rĂ©alitĂ© de demain implique une autre vision du grand Ăąge et de lâaccompagnement quâil nĂ©cessite. La reconnaissance et la prĂ©servation de la dignitĂ©, de lâamour, des liens profonds entre les ĂȘtres en sont la clĂ©. DâaprĂšs les mĂȘmes auteurs, ce sont lâhumiliation, le dĂ©racinement et lâenfermement qui sont mortifĂšres et conduisent Ă la dĂ©sespĂ©rance. Alors que le respect profond de tous les Ăąges de la vie est porteur de vie. 73 ANCET, Pierre., MAZEN, NoĂ«l-Jean., Ethique, intimitĂ© et sexualitĂ© des seniors. In ANCET, Pierre., MAZEN, NoĂ«l-Jean., et al. Vieillir dans la dignitĂ© un combat pour demain. Bordeaux Les Etudes HospitaliĂšres, 2009, Les chemins de lâĂ©thique - 72 - Daniela EXCOFFON - MĂ©moire de l'Ecole des Hautes Etudes en SantĂ© Publique - 2014 La notion dâintimitĂ© Ă©volue au fil des gĂ©nĂ©rations. Si notre EHPAD veut offrir une relĂšve de qualitĂ© aux soins Ă domicile, il doit se prĂ©parer Ă accueillir des personnes qui supporteront de moins en moins la promiscuitĂ©, les rĂšgles collectives, une vie intime restreinte. DĂšs la prochaine dĂ©cennie, nous allons accueillir les acteurs des annĂ©es 70, ceux qui ont conquis, puis vĂ©cu une sexualitĂ© Ă©panouie. LâĂ©volution des mentalitĂ©s induira des modifications importantes dans les conduites sexuelles des futures gĂ©nĂ©rations de personnes ĂągĂ©es. La rĂ©volution intellectuelle des annĂ©es 60-70 a prĂ©parĂ© le terrain pour une modification profonde des valeurs ce qui est liĂ© au plaisir nâest plus considĂ©rĂ© comme accessoire ou transgressif, mais comme une dimension nĂ©cessaire Ă lâĂȘtre humain, participant Ă sa santĂ© et Ă son Ă©panouissement. De plus, depuis quelques annĂ©es, lâĂ©cart entre lâespĂ©rance de vie des femmes et celle des hommes se rĂ©duit de plus en plus de couples seront reçus ensemble en EHPAD ; de plus en plus de nouveaux couples sây formeront. Alors quâaujourdâhui, en tant que directrice, je rĂ©flĂ©chis Ă la possibilitĂ© de garder une chambre vide au sein de la structure, que les rĂ©sidents pourraient rĂ©server lorsque leur conjoint les rejoint, demain le taux dâoccupation des chambres doubles sera peut-ĂȘtre bien plus Ă©levĂ©, et les chambres dâintimitĂ© » ou chambres dâamour » existant dans certains CHSLD74 quĂ©bĂ©cois, constitueront peut-ĂȘtre une prestation courante permettant dâaccueillir les couples exprimant le souhait de poursuivre leur vie sexuelle. Une recherche publiĂ©e au QuĂ©bec en 200975, a fait Ă©merger la vision des actuels sexagĂ©naires sur la prise en charge de leur futur vieillissement les personnes interrogĂ©es percevaient comme la pire des humiliations la perte de la maĂźtrise de leur destin, ou le fait de confier leur toilette Ă quelquâun dâautre. Les propos relatĂ©s montrent que les rapports intergĂ©nĂ©rationnels ont changĂ© nombreux sont ceux qui nâenvisagent pas un maintien Ă domicile soutenu par des aidants appartenant au cercle familial. Faudra-t-il sâattendre Ă une disparition des aidants naturels, et Ă une augmentation des personnes hĂ©bergĂ©es en EHPAD ? La recherche prĂ©cise, Ă ce sujet, que les sexagĂ©naires interviewĂ©s ne concevaient pas dâintĂ©grer des structures dont les conditions dâhĂ©bergement ressembleraient Ă celles actuelles, quâils considĂšrent comme trop dĂ©primantes. 74 Centre dâHĂ©bergement pour Soins de Longue DurĂ©e lâĂ©quivalent des EHPAD BLEIN, Laure., LAVOIE, J. Pierre., GUBERMAN, Nancy., OLABAZAL, Ignace. Vieilliront-ils un jour ? Les baby-boomers aidants face Ă leur vieillissement. In BERNIER, Nicole F., MALLON, Isabelle. Vieillir pose-t-il vraiment problĂšme ? Ed. Lien Social et Politiques, n°62, automne 2009, 75 Daniela EXCOFFON - MĂ©moire de l'Ecole des Hautes Etudes en SantĂ© Publique - 2014 - 73 - Les futures gĂ©nĂ©rations de rĂ©sidents sont les acteurs de la sociĂ©tĂ© dâaujourdâhui, avec un poids politique, social et Ă©conomique, habituĂ©es Ă un accĂšs direct, rapide et permanent Ă lâinformation. Elles se perçoivent toujours selon lâĂ©tude quĂ©bĂ©coise comme revendicatives et actives, moteurs de changement et munies dâune importante capacitĂ© dâorganisation elles sont dĂ©terminĂ©es Ă prendre en charge leur propre vieillesse en rassemblant leurs forces ; elles entendent bannir le terme de dĂ©pendance » et le remplacer par celui de co-autonomie », revisitant ainsi lâexpĂ©rience communautaire des annĂ©es de leur jeunesse. Elles croient que, sous leur pression dĂ©mographique et politique, des pratiques novatrices de vie en sociĂ©tĂ© pourront voir le jour maisons multigĂ©nĂ©rationnelles, coopĂ©ratives⊠Les avancĂ©es technologiques ont créé des voies de communication extrĂȘmement efficaces, accĂ©lĂ©rant la rĂ©alisation de projets trĂšs inusitĂ©s ou minoritaires, nĂ©cessitant la rencontre entre des personnes pas forcĂ©ment nombreuses parfois trĂšs Ă©loignĂ©es gĂ©ographiquement internet rend cela possible. Je crois donc que les rĂȘves de nos aĂźnĂ©s sexagĂ©naires ne sont pas irrĂ©alisables. Mais alors, quel avenir pour les EHPAD ? Dans le contexte actuel, Louis FOREZ doit se prĂ©parer au changement voire une transformation radicale. En tant que directrice, je dois considĂ©rer quâimposer une vie collective Ă nos aĂźnĂ©s est peut-ĂȘtre dĂ©jĂ anachronique ; je nâai cĂŽtoyĂ© encore aucun collĂšgue capable de sâimaginer finir sa vie en EHPAD. Tout ce que je peux faire changer et qui sera plus acceptable Ă mes yeux, le sera aussi, trĂšs probablement, pour les rĂ©sidents ; tout ce qui me heurte et me dĂ©prime, les heurte et les dĂ©prime aussi, car certains besoins sont communs Ă un grand nombre dâindividus. Je pense, par exemple, que nos rĂ©sidents se sentiraient plus Ă lâaise dans lâambiance plus chaleureuse qui rĂ©sulterait dâune rĂ©organisation en petites unitĂ©s de vie. Je me propose de les interroger sur cette question et de soumettre lâidĂ©e Ă nos financeurs, tout en espĂ©rant que la logique Ă©conomique ne lâemporte jamais dĂ©finitivement sur notre capacitĂ© respective Ă se mettre Ă la place des personnes que nous accueillons. Tout aussi importante que la consultation des personnes concernĂ©es, lâĂ©valuation doit venir confirmer que les objectifs dâamĂ©lioration sont atteints, quâun vrai changement sâopĂšre progressivement au niveau du bien-ĂȘtre des rĂ©sidents. Le prochain chapitre sera donc consacrĂ© aux indicateurs qui permettront de suivre les effets du travail menĂ© avec mon Ă©quipe. - 74 - Daniela EXCOFFON - MĂ©moire de l'Ecole des Hautes Etudes en SantĂ© Publique - 2014 Les indicateurs du changement Afin de mesurer les changements opĂ©rĂ©s, les bĂ©nĂ©fices espĂ©rĂ©s pour les rĂ©sidents, lâassimilation progressive de la nouvelle culture par les professionnels, je vais mettre en place un systĂšme dâĂ©valuation fondĂ© sur des indicateurs. Ces indicateurs seront fixĂ©s en fonction dâobjectifs tels que ï· Le bien-ĂȘtre accru des rĂ©sidents ; ï· La gĂ©nĂ©ralisation des pratiques bientraitantes ; ï· La satisfaction et la motivation des professionnels. Comment choisir des indicateurs pertinents et mesurant de façon effective lâamĂ©lioration de la qualitĂ© pour ces trois niveaux ? Comment avĂ©rer que les changements observĂ©s sont en lien avec le nouveau mode de management ? Puisque jâentends instaurer un systĂšme oĂč le respect, la bienveillance, la libre circulation de la parole et la rĂ©flexion partagĂ©e sont Ă la base de la culture institutionnelle et dâune nouvelle vision de la Bientraitance, les rĂ©unions CoPil, CVS⊠doivent permettre des constats les modalitĂ©s et le taux de participation, le nombre de propositions et avis Ă©mis constitueront Ă mon sens dâexcellents indicateurs qualitatifs et quantitatifs de lâamĂ©lioration de la communication interne et de la motivation des acteurs. Les entretiens avec les salariĂ©s devront rĂ©vĂ©ler des professionnels plus confiants, plus apaisĂ©s dans leur pratique quotidienne ; le questionnaire de satisfaction destinĂ© aux personnels ciblera leur perception de la qualitĂ© du cadre de travail, des modalitĂ©s internes de communication, des prises en soins. La mĂȘme logique guidera lâĂ©valuation des bĂ©nĂ©fices espĂ©rĂ©s pour les rĂ©sidents. Par consĂ©quent, le questionnaire initial ANNEXE 2 sera soumis au rĂ©sident Ă plusieurs reprises, et indiquera les Ă©carts positifs ou nĂ©gatifs. Les familles devront ĂȘtre consultĂ©es de la mĂȘme façon. Concernant la question de lâintimitĂ©, les rĂ©ponses au questionnaire pourront ĂȘtre complĂ©tĂ©es par le constat Ă©ventuel de lâaugmentation du nombre de couples accueillis ou se formant dans la structure. La simplification et la clartĂ© accrue des documents contractuels, ainsi que la lecture partagĂ©e de ceux-ci et des chartes, sont censĂ©es faciliter la comprĂ©hension des rĂ©sidents lâaugmentation du nombre de questions, de rĂ©fĂ©rences Ă ces documents tĂ©moignera dâune vĂ©ritable appropriation. Daniela EXCOFFON - MĂ©moire de l'Ecole des Hautes Etudes en SantĂ© Publique - 2014 - 75 - Quant Ă une plus grande ouverture de Louis FOREZ Ă et sur son environnement, les indicateurs rĂ©pondront aux questions suivantes - Quels sont les nouveaux membres du CVS, et quel est leur nombre ? - Quels acteurs extĂ©rieurs participent aux diffĂ©rentes instances auxquelles ils sont invitĂ©s ? Leur nombre augmente-t-il au fil des ans ? - Les liens avec la municipalitĂ© et les habitants de la commune sont-ils plus frĂ©quents ? LâĂ©volution du projet dâĂ©tablissement comme celle de tous les autres documents institutionnels, chacun en fonction de sa vocation sera le reflet des changements des pratiques institutionnelles. Ă travers ces indicateurs, et ceux qui sâajouteront, Louis FOREZ visera le maintien et lâĂ©panouissement de la dynamique en cours. - 76 - Daniela EXCOFFON - MĂ©moire de l'Ecole des Hautes Etudes en SantĂ© Publique - 2014 Conclusion Quant au droit de la personne hĂ©bergĂ©e dans un Ă©tablissement mĂ©dico-social, je nâai pas trouvĂ© la notion de plaisir. Alors peut-ĂȘtre quâil faudra demander au lĂ©gislateur futur dâintroduire le droit et le devoir de plaisir dans leur prochaine lĂ©gislation. »76 Le grand Ăąge, la dĂ©pendance et la pathologie imposent une prise en charge lourde, avant tout centrĂ©e sur les soins corporels les plus urgents, occultant la dimension du plaisir, pourtant thĂ©rapeutique. La lĂ©gislation, tout en mettant lâusager au centre, met lâaccent sur la protection de celui-ci. Cela est trĂšs comprĂ©hensible. Toutefois, les lois Ă©voluent, et je ne doute pas quâun jour les droits de lâusager seront perçus diffĂ©remment. Actuellement, lâEHPAD Louis FOREZ est avant tout un lieu de soin, il suffit dâen franchir lâentrĂ©e ou dâobserver le dĂ©roulement dâune journĂ©e pour sâen rendre compte. Les jeunes gĂ©nĂ©rations le dĂ©sertent, le percevant comme un lieu de mort sociale et intime. Pourtant, les personnes ĂągĂ©es sont des individus vivants, qui ont le droit de prĂ©server leur identitĂ©, leurs espaces intimes, et de jouir des plaisirs de la vie jusquâau bout. Louis FOREZ doit Ă©voluer afin de devenir un vĂ©ritable lieu de vie pour ses accueillis. Cela impose un changement de regard sur la vieillesse et sur les prioritĂ©s de la prise en soin. Un changement de culture, transformant dâabord nos regards de professionnels, est indispensable. Pour chaque personnel de Louis FOREZ, il sâagit dâĂ©viter le clivage intergĂ©nĂ©rationnel, de penser le destin des personnes accueillies comme sâil sâagissait de notre futur Ă tous. Alors seulement, les prochaines gĂ©nĂ©rations de personnes ĂągĂ©es pourront envisager plus sereinement de passer leurs derniĂšres annĂ©es dans un lieu dâaccueil garant du respect des besoins humains profonds lâamour, la joie, le bonheur, le plaisir⊠Le plaisir est le commencement et la fin dâune vie heureuse ».77 76 LAROQUE, GeneviĂšve. Le droit au plaisir. Introduction au colloque AFBAH, Association Francilienne pour la Bientraitance des AinĂ©s et/ou HandicapĂ©s, Plaisir et soins, Paris, Maison de la MutualitĂ©, 16 octobre 2007, Actes du Colloque, 77 ĂPICURE. Lettre Ă MĂ©nĂ©cĂ©e. Traduction par Octave Hamelin, Revue de MĂ©taphysique et de Morale, 18, 1910, p. 397-440, § 129 Daniela EXCOFFON - MĂ©moire de l'Ecole des Hautes Etudes en SantĂ© Publique â 2014 - 77 - Bibliographie TEXTES LEGISLATIFS Loi n°2002-2 du 2 Janvier 2002 rĂ©novant lâaction sociale et mĂ©dico-sociale. JORF. n°2, 3 Janvier 2002, page 124. 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VII-X ANNEXE 4 Courrier envoyĂ© aux personnes ĂągĂ©es qui ont pris contact avec Louis FOREZ...XI ANNEXE 5 Protocole pour la protection du libre consentement des rĂ©sidents concernĂ©s par des relations intimes ...................................................................................... XII-XIII ANNEXE 6 PoĂšme dâune vieille dame irlandaise .................................................................. XIV Daniela EXCOFFON - MĂ©moire de l'Ecole des Hautes Etudes en SantĂ© Publique - 2014 I ANNEXE 1 DĂ©finitions de lâOMS concernant la sexualitĂ©. II Daniela EXCOFFON - MĂ©moire de l'Ecole des Hautes Etudes en SantĂ© Publique - 2014 Daniela EXCOFFON - MĂ©moire de l'Ecole des Hautes Etudes en SantĂ© Publique - 2014 III ANNEXE 2 Questionnaire de satisfaction destinĂ© aux rĂ©sidents IV Daniela EXCOFFON - MĂ©moire de l'Ecole des Hautes Etudes en SantĂ© Publique - 2014 Daniela EXCOFFON - MĂ©moire de l'Ecole des Hautes Etudes en SantĂ© Publique - 2014 V VI Daniela EXCOFFON - MĂ©moire de l'Ecole des Hautes Etudes en SantĂ© Publique - 2014 ANNEXE 3 Formation sur lâintimitĂ© et la sexualitĂ© des personnes ĂągĂ©es en EHPAD. Daniela EXCOFFON - MĂ©moire de l'Ecole des Hautes Etudes en SantĂ© Publique - 2014 VII VIII Daniela EXCOFFON - MĂ©moire de l'Ecole des Hautes Etudes en SantĂ© Publique - 2014 Daniela EXCOFFON - MĂ©moire de l'Ecole des Hautes Etudes en SantĂ© Publique - 2014 IX X Daniela EXCOFFON - MĂ©moire de l'Ecole des Hautes Etudes en SantĂ© Publique - 2014 ANNEXE 4 Courrier envoyĂ© aux personnes ĂągĂ©es qui ont pris contact avec Louis FOREZ Madame, Monsieur, Vous avez contactĂ© lâEHPAD Louis Forez afin de prendre des renseignements en vue dây ĂȘtre accueillie dans un avenir plus ou moins proche. Nous mettons dâores et dĂ©jĂ notre personnel Ă votre disposition afin que vous puissiez nous rencontrer, visiter lâĂ©tablissement, participer Ă une de nos activitĂ©s dâanimation, partager un repas avec les autres rĂ©sidents ou avec un ou plusieurs de vos proches famille ou amis. Vous pourrez Ă©galement solliciter un rendez-vous avec moi-mĂȘme afin de poser vos questions sur le fonctionnement de notre structure et/ou me faire part de vos inquiĂ©tudes concernant votre Ă©ventuel sĂ©jour chez nous. A votre demande, et sans aucun engagement de votre part, vous pouvez recevoir la visite dâun de nos professionnels, afin dâĂ©changer avec lui/elle sur votre situation, ou afin dâĂȘtre aidĂ©e Ă prendre une dĂ©cision Ă©clairĂ©e sur votre entrĂ©e en EHPAD. Notre objectif est de vous soutenir pendant la transition entre votre domicile et lâintĂ©gration de notre structure, afin que, si vous dĂ©cidez de vous Ă©tablir chez nous, cela se fasse le plus sereinement possible. Tous les contacts que vous pouvez avoir avec la structure et nos professionnels vous aideront Ă vous familiariser avec nos modalitĂ©s dâaccueil, et Ă prendre votre dĂ©cision dans les meilleures conditions. NâhĂ©sitez pas Ă recontacter le secrĂ©tariat en vous rĂ©fĂ©rant au prĂ©sent courrier. La secrĂ©taire vous orientera vers moi ou vers un autre professionnel en mesure de vous donner les informations dont vous aurez besoin. Dans cette attente, veillez agrĂ©er, Madame, Monsieur, nos meilleures salutations. La Directrice de Louis FOREZ Daniela EXCOFFON - MĂ©moire de l'Ecole des Hautes Etudes en SantĂ© Publique - 2014 XI ANNEXE 5 Protocole pour la protection des rĂ©sidents concernĂ©s par des relations intimes XII Daniela EXCOFFON - MĂ©moire de l'Ecole des Hautes Etudes en SantĂ© Publique - 2014 Daniela EXCOFFON - MĂ©moire de l'Ecole des Hautes Etudes en SantĂ© Publique - 2014 XIII ANNEXE 6 Imagine », poĂšme dâune vieille dame irlandaise Imagine je pourrais ĂȘtre ton frĂšre ou ta sĆur, ton pĂšre ou ta mĂšre, ton grandpĂšre ou ta grand-mĂšre. Imagine mon passĂ©, ma famille, mon travail, mes envies, mes Ă©motions, mes joies, mes douleurs, mes enfants... ma solitude. Maintenant, pense Ă ta vie, ton quotidien. Maintenant, pense Ă tes enfants et les problĂšmes que tu connais pour les Ă©lever, mais aussi aux joies qu'ils peuvent t'apporter. Maintenant, pense aux premiers jours de ton travail, comme tu Ă©tais contente de venir tous les matins, les soirs ou mĂȘme les dimanches, car tu avais le sentiment d'aller de l'avant. Maintenant, pense Ă ta fatigue, Ă tes douleurs multiples qui apparaissent, Ă la course que tu aimerais stopper ou ralentir un peu pour respirer. Car certains jours il y a de quoi devenir fou ! Maintenant, pense Ă tes parents, plus les annĂ©es passent, et plus tu les sens vulnĂ©rables, dĂ©passĂ©s par l'Ă©poque, et dont le quotidien ne te permet pas de t'occuper ou simplement dâaller les voir comme tu le souhaiterais⊠Je pourrais continuer pendant des heures ; tu vois, ta vie, je la connais. Mais en plus moi, j'ai dĂ» me battre pour obtenir tout ce que tu as aujourd'hui. La liste serait longue et j'en suis fiĂšre. Tes journĂ©es ont Ă©tĂ© les miennes, et un jour mes journĂ©es seront les tiennes. Et j'en suis triste car tu pourrais ĂȘtre mon frĂšre ou ma sĆur, mon fils ou ma fille, mon petit-fils ou ma petite-fille. Pourtant, si tu savais, j'ai besoin de si peu pour continuer paisiblement le chemin quâil me reste Ă faire. Un jour peut-ĂȘtre toi aussi tu seras impotente et dĂ©pendante. Un jour peut-ĂȘtre toi aussi tu attendras que l'on vienne faire ta toilette pour entendre le son de ta propre voix, mĂȘme si cette personne fait comme si elle ne t'entendait pas quand tu lui parles ou essayes d'attirer son attention. Un jour peut-ĂȘtre toi aussi tu prĂ©fĂšreras manger Ă la petite cuillĂšre, parce que ça ne passe plus », plutĂŽt qu'avec une grosse cuillĂšre qui, en plus, te fait mal une fois sur deux car tu n'ouvres pas la bouche assez rapidement. Un jour peut-ĂȘtre toi aussi tu seras content de voir que quelqu'un a bien voulu aller te chercher un dessert supplĂ©mentaire pour compenser⊠Un jour peut-ĂȘtre toi aussi, tu auras un corps douloureux et fatiguĂ©, qui a besoin d'un minimum d'attention, et tu seras comme moi une personne qui a besoin que l'on prenne le temps de prendre le temps », de s'apercevoir que j'existe et que je suis capable de voir, parler, sentir, ressentir, comprendre. Et si enfin tu me vois, j'aurai tout simplement Ă nouveau envie de vivre. N'oublie pas que dans ma solitude c'est ton regard, ta main, ton oreille, ta prĂ©sence j'attends tous les jours. PoĂšme retrouvĂ© dans les affaires d'une vieille dame irlandaise, aprĂšs son dĂ©cĂšs. Transmis par Nathalie Rieux-Sicard, infirmiĂšre XIV Daniela EXCOFFON - MĂ©moire de l'Ecole des Hautes Etudes en SantĂ© Publique - 2014 EXCOFFON Daniela Novembre 2014 Certificat dâaptitude aux fonctions de directeur dâĂ©tablissement ou de service dâintervention sociale ETABLISSEMENT DE FORMATION ARAFDES Lyon LE RESPECT DE LâINTIMITĂ DES RĂSIDENTS EN EHPAD REFONDER UNE CULTURE INSTITUTIONNELLE DE LA BIENTRAITANCE Vers une autre vision de lâaccueil de la personne ĂągĂ©e RĂ©sumĂ© La qualitĂ© de lâaccueil des personnes ĂągĂ©es est une responsabilitĂ© sociale. Elle fait appel Ă des valeurs humaines fondamentales. Les personnes trĂšs ĂągĂ©es et dĂ©pendantes sont des ĂȘtres fragiles que lâinstitution doit soigner et protĂ©ger. Toutefois, le soin et la protection peuvent ĂȘtre revisitĂ©s dans leur contenu et leur forme le futur rĂ©sident nâentre pas en EHPAD comme dans un lieu de soin, mais comme dans un lieu oĂč il va vivre ses derniĂšres annĂ©es. Ce lieu de vie, sâil ne peut remplacer le domicile de la personne, doit ĂȘtre en mesure de prendre en compte et respecter la dimension intime de lâaccueilli, intrinsĂšquement liĂ©e Ă sa dignitĂ© et Ă son identitĂ© profonde. En rĂ©interrogeant le concept dâintimitĂ© et le sens quâil peut prendre en EHPAD, Louis FOREZ vise Ă refonder sa culture interne. Cela implique un repositionnement de la direction de lâĂ©tablissement engendrant une perception de la Bientraitance et des droits des usagers totalement en lien avec ceux des professionnels. Le changement de culture suscitera une modification du regard que lâEHPAD porte sur ses rĂ©sidents, qui passera par la comprĂ©hension, puis la reconnaissance et enfin le respect de leurs espaces intimes. Louis FOREZ pourra sâapproprier un rĂŽle social, en alimentant une rĂ©flexion Ă©thique partagĂ©e, en ouvrant lâespace de questionnement Ă tous les acteurs de son environnement et en transmettant sa nouvelle vision de lâaccueil de nos aĂźnĂ©s. Mots clĂ©s ACCUEIL â BIENTRAITANCE â CULTURE INSTITUTIONNELLE â DIGNITĂ â EHPAD â ENGAGEMENT ĂTHIQUE â INTIMITĂ â MANAGEMENT â PERSONNE ĂGĂE â RĂFLEXION PARTAGĂE â RESPECT DE LA VIE PRIVĂE â SEXUALITĂ L'Ecole des Hautes Etudes en SantĂ© Publique n'entend donner aucune approbation ni improbation aux opinions Ă©mises dans les mĂ©moires ces opinions doivent ĂȘtre considĂ©rĂ©es comme propres Ă leurs auteurs.
Carles dispositifs de signalement destinés à faire entendre les voix des usagers et de leurs familles ont souligné leurs failles, note le Défenseur des droits dans son rapport 2021 sur les
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DiffĂ©rentsmais pas indiffĂ©rents ! publiĂ© le 04.12.14 mise Ă jour20.12.21. Objectifs. Favoriser les Ă©changes autour de la diffĂ©rence liĂ©e au handicap. Accepter dâĂȘtre diffĂ©rents tout en restant des sujets de droit, des individus titulaires de droits individuels et collectifs.
Au JO du 27 avril 2022 a Ă©tĂ© publiĂ© le dĂ©cret n° 2022-688 du 25 avril 2022 portant modification du conseil de la vie sociale CVS et autres formes de participation. . 1. PrĂ©sentation Ce dĂ©cret vient modifier la rĂšglementation des CVS et autres formes de participation des personnes accueillies ou accompagnĂ©es dans les Ă©tablissements et services sociaux et mĂ©dico-sociaux ESSMS ; ce nouveau rĂ©gime entrera en vigueur le 1er janvier 2023. Le CVS Organisation Acte institutif A raison de la modification de la rĂ©daction d lâarticle D. 311-27, lâacte institut du CVS devra ĂȘtre transmis Ă lâautoritĂ© compĂ©tente pour dĂ©livrer lâautorisation. Composition Le nouvel article D. 311-5 du Code de lâaction sociale et des familles CASF redĂ©finit la composition du CVS qui devra dĂ©sormais comprendre au moins 2 reprĂ©sentants des personnes accompagnĂ©es. Si la reprĂ©sentation des personnes accompagnĂ©es ne peut ĂȘtre assurĂ©e, alors 2 reprĂ©sentants de groupements de personnes accompagnĂ©es au maximum seront Ă©ligibles pour les reprĂ©senter et la participation des personnes accompagnĂ©es devra systĂ©matiquement ĂȘtre recherchĂ©e nouvel article D. 311-11, alinĂ©a 4 ;1 reprĂ©sentant Ă©lu des professionnels employĂ©s par lâĂ©tablissement ou le service. Ce reprĂ©sentant sera Ă©lu par lâensemble des salariĂ©s de droit privĂ© ou agents nommĂ©s dans des emplois permanents. Les candidats devront avoir une anciennetĂ© au moins Ă©gale Ă 6 mois au sein de lâESSMS ou dans la profession sâil sâagit dâune crĂ©ation dâĂ©tablissement ou de service. Le scrutin sera secret et majoritaire Ă un tour. En cas dâĂ©gal partage des voix, le candidat ayant la plus grande anciennetĂ© dans lâĂ©tablissement et service ou dans la profession sera proclamĂ© Ă©lu nouvel article D. 311-13. Les dispositions de lâarticle D. 311-12, relatives aux rĂšgles actuelles de dĂ©signation des professionnels, seront abrogĂ©es ;1 reprĂ©sentant de lâorganisme gestionnaire. Par ailleurs, si la nature de lâESSMS le justifie, le CVS comprendra Ă©galement 1 reprĂ©sentant de groupement des personnes accompagnĂ©es de la catĂ©gorie dâESSMS concernĂ©e ;1 reprĂ©sentant des familles ou des proches aidants des personnes accompagnĂ©es ; dans les ESSMS pour enfants mineurs et dans ceux accueillant des majeurs protĂ©gĂ©s 1 reprĂ©sentant des reprĂ©sentants lĂ©gaux des personnes accompagnĂ©es. La notion de reprĂ©sentant lĂ©gal disparaĂźt au profit de celle de personne chargĂ©e dâune mesure de protection juridique avec reprĂ©sentation article D. 311-11, alinĂ©a 3 ;dans les services tutĂ©laires 1 reprĂ©sentant des mandataires judiciaires Ă la protection des majeurs MJPM ;si des bĂ©nĂ©voles interviennent dans lâESSMS 1 reprĂ©sentant de ceux-ci ;dans les Ă©tablissements dâhĂ©bergement pour personnes ĂągĂ©es dĂ©pendantes EHPAD le mĂ©decin coordonnateur ; 1 reprĂ©sentant des membres de lâĂ©quipe mĂ©dico-soignante. En toutes hypothĂšses, le nombre des reprĂ©sentants des personnes accueillies, des famille ou des reprĂ©sentants lĂ©gaux devra ĂȘtre supĂ©rieur Ă la moitiĂ© du nombre total des membres du CVS. Par ailleurs, lâarticle D. 311-6 sera abrogĂ©. Il prĂ©voit actuellement que lâabsence de dĂ©signation de titulaires et supplĂ©ants ne fait pas obstacle Ă la mise en place du CVS tant que le nombre de reprĂ©sentants des personnes accueillies et de leurs familles ou de leurs reprĂ©sentants lĂ©gaux est supĂ©rieur Ă la moitiĂ© du nombre total des membres du conseil dĂ©signĂ©s. Lâarticle D. 311-7 est Ă©galement modifiĂ©. JusquâĂ prĂ©sent, il prĂ©voit que lorsque le trĂšs jeune Ăąge des usagers rend impossible leur reprĂ©sentation directe, le collĂšge des personnes accueillies ne peut ĂȘtre formĂ© et seul le collĂšge des familles ou des reprĂ©sentants lĂ©gaux est constituĂ©. Dans la nouvelle configuration, lorsque ces usagers seront dans lâimpossibilitĂ© de participer directement au CVS en raison de leur trĂšs jeune Ăąge, leurs siĂšges seront attribuĂ©s aux reprĂ©sentants des familles ou aux reprĂ©sentants lĂ©gaux. Enfin, lâarticle D. 311-18 est modifiĂ© pour permettre aux personnes suivantes dâassister aux dĂ©bats du CVS Peuvent demander Ă assister aux dĂ©bats du conseil de la vie sociale 1 Ă©lu de la Commune dâimplantation de lâactivitĂ© ou un Ă©lu dâun groupement de coopĂ©ration intercommunal ;1 reprĂ©sentant du Conseil dĂ©partemental CD ; 1 reprĂ©sentant de lâautoritĂ© compĂ©tente pour dĂ©livrer lâautorisation ; 1 reprĂ©sentant du Conseil dĂ©partemental de la citoyennetĂ© et de lâautonomie CDCA ;la personne qualifiĂ©e figurant sur la liste conjointe du prĂ©fet de dĂ©partement, du directeur gĂ©nĂ©ral de lâagence rĂ©gionale de santĂ© ARS et du prĂ©sident du CD ;le reprĂ©sentant du DĂ©fenseur des droits. Mode de scrutin Lâarticle D. 311â10 est modifiĂ© afin que soient Ă©lus par vote Ă bulletin secret, Ă la majoritĂ© des votants les reprĂ©sentants des personnes accueillies ou accompagnĂ©es ;le reprĂ©sentant de groupement des personnes accompagnĂ©es de la catĂ©gorie dâESSMS concernĂ©e ;le reprĂ©sentant des familles ou des proches aidants des personnes accompagnĂ©es ;le reprĂ©sentant des reprĂ©sentants lĂ©gaux des personnes accompagnĂ©es ;dans les services tutĂ©laires le reprĂ©sentant des MJPM. Election du prĂ©sident par les membres du CVS Lâarticle D. 311-9 dispose aujourdâhui que le prĂ©sident du CVS est Ă©lu au scrutin secret et Ă la majoritĂ© des votants, par et parmi les membres reprĂ©sentant les personnes accueillies ou, en cas dâimpossibilitĂ© ou dâempĂȘchement, par et parmi les familles ou les reprĂ©sentants lĂ©gaux. Cet article est modifiĂ© en cas dâimpossibilitĂ© ou dâempĂȘchement des usagers, le prĂ©sident sera Ă©lu par et parmi les personnes suivantes reprĂ©sentant de groupement des personnes accompagnĂ©es de la catĂ©gorie dâESSMS concernĂ©e ;reprĂ©sentant des familles ou des proches aidants des personnes accompagnĂ©es ; reprĂ©sentant des reprĂ©sentants lĂ©gaux des personnes accompagnĂ©es ; dans les services tutĂ©laires reprĂ©sentant des MJPM. Cette nouvelle disposition vaudra Ă©galement pour lâĂ©lection du prĂ©sident supplĂ©ant. DurĂ©e du mandat JusquâĂ prĂ©sent, il est prĂ©vu que les membres du CVS soient Ă©lus pour un mandat renouvelable dâau moins 1 an et de 3 ans au plus. Lâarticle D. 311-8 prĂ©voit que la durĂ©e de ce mandat sera fixĂ©e par le rĂšglement intĂ©rieur du CVS. Par ailleurs, dans le secteur public, le reprĂ©sentant des professionnels ne perdra plus automatiquement son mandat lorsquâil cessera dâappartenir au comitĂ© technique dâĂ©tablissement CTE ou Ă la commission administrative paritaire CAP, du fait de la suppression de la deuxiĂšme phrase de lâarticle D. 311-14. Attributions Les attributions du CVS seront modifiĂ©es, du fait du changement de rĂ©daction de lâarticle D. 311-15. Le conseil exercera donc les attributions suivantes donner son avis et faire des propositions sur toute question intĂ©ressant le fonctionnement de lâESSMS, notamment sur les droits et libertĂ©s des personnes accompagnĂ©es,lâorganisation intĂ©rieure et la vie quotidienne,les activitĂ©s,lâanimation socio-culturelle,les prestations proposĂ©es,les projets de travaux et dâĂ©quipements,la nature et le prix des services rendus,lâaffectation des locaux collectifs,lâentretien des locaux, les relogements prĂ©vus en cas de travaux ou de fermeture,lâanimation de la vie institutionnelle,les mesures prises pour favoriser les relations entre les participants Ă la vie institutionnelle,les modifications substantielles touchant aux conditions de prise en charge ; ĂȘtre associĂ© Ă lâĂ©laboration ou Ă la rĂ©vision du projet dâĂ©tablissement ou de service, en particulier son volet portant sur la politique de prĂ©vention et de lutte contre la maltraitance ; ĂȘtre entendu lors de la procĂ©dure dâĂ©valuation ;ĂȘtre informĂ© des rĂ©sultats de lâĂ©valuation ;ĂȘtre associĂ© aux mesures correctrices Ă mettre en place suite au rĂ©sultat de lâĂ©valuation ;dans les maison dâaccueil spĂ©cialisĂ©es MAS et les Ă©tablissements dâaccueil mĂ©dicalisĂ© EAMĂ , ĂȘtre consultĂ© sur le plan dâorganisation des transports produit dans le dossier budgĂ©taire ;en EHPAD, examiner les rĂ©sultats de lâenquĂȘte de satisfaction annuelle rĂ©alisĂ©e sur la base dâune mĂ©thodologie et dâoutils Ă©laborĂ©s par la Haute autoritĂ© de santĂ© HAS ;rendre un avis prĂ©alablement Ă la mise en place de modalitĂ©s alternatives de participation dans le cadre e la dĂ©marche dâĂ©valuation de la qualitĂ© des prestations ;rĂ©diger un rapport dâactivitĂ© annuel que le prĂ©sident du conseil devra prĂ©senter Ă lâinstance compĂ©tente de lâorganisme gestionnaire. Contenu du rĂšglement intĂ©rieur Seront transfĂ©rĂ©s du rĂšglement de fonctionnement au rĂšglement intĂ©rieur du CVS les Ă©lĂ©ments affĂ©rents aux modalitĂ©s de dĂ©signation des reprĂ©sentants des personnes accueillies dans les centres dâhĂ©bergement et de rĂ©insertion sociale CHRS ; les ESSMS accompagnant les personnes confrontĂ© Ă des difficultĂ©s spĂ©cifiques ; les centres dâaccueil pour demandeurs dâasile CADA. Fonctionnement Convocation Lâarticle D. 311-16 est modifiĂ© sur 2 points la convocation aux rĂ©unions du CVS devra ĂȘtre adressĂ©e Ă ses membres au moins 15 jours Ă lâavance et non plus 8 jours avant ;la convocation du CVS Ă lâinitiative de ses membres sera possible Ă la majoritĂ© simple et non plus Ă la majoritĂ© qualifiĂ©e des 2/3. Attributions du prĂ©sident Le prĂ©sident du CVS devra, en application du nouvel article D. 311-9, alinĂ©a 2, assurer lâexpression libre de tous les membres. Par ailleurs, lorsque le prĂ©sident du CVS sera saisi de demandes dâinformation ou de rĂ©clamations concernant un Ă©vĂ©nement indĂ©sirable grave EIG ou un Ă©vĂ©nement indĂ©sirable grave associĂ©es aux soins EIGS, il devra orienter les demandeurs vers les personnes qualifiĂ©es, le dispositif de mĂ©diation ou le dĂ©lĂ©guĂ© territorial du DĂ©fenseur des droits. Reddition des avis Pour tenir compte des modifications opĂ©rĂ©es dans la composition du CVS lâarticle D. 311-17 prĂ©voit que les avis ne seront valablement Ă©mis que si le nombre des personnes prĂ©sentes reprĂ©sentants des personnes accompagnĂ©es ;reprĂ©sentant du groupement de personnes accompagnĂ©es de la catĂ©gorie dâESSMS concernĂ©e ;reprĂ©sentant des familles ou des proches aidants des personnes accompagnĂ©es ;reprĂ©sentant des reprĂ©sentants lĂ©gaux des personnes accompagnĂ©es ;dans les services tutĂ©laires reprĂ©sentant des MJPM ; est supĂ©rieur Ă la moitiĂ© des membres. Ătablissement du relevĂ© de conclusions La rĂ©daction de lâarticle D. 311-20 est totalement modifiĂ©. DĂ©sormais, le relevĂ© de conclusions de chaque sĂ©ance du CVS sera Ă©tabli par le secrĂ©taire de sĂ©ance, dĂ©signĂ© par et parmi les personnes accompagnĂ©es ou, en cas dâimpossibilitĂ© ou dâempĂȘchement, par et parmi le reprĂ©sentant de groupement des personnes accompagnĂ©es de la catĂ©gorie dâESSMS concernĂ©e ;le reprĂ©sentant des familles ou des proches aidants des personnes accompagnĂ©es ;le reprĂ©sentant des reprĂ©sentants lĂ©gaux des personnes accompagnĂ©es ;dans les services tutĂ©laires le reprĂ©sentant des MJPM. Le secrĂ©taire de sĂ©ance pourra ĂȘtre assistĂ© en tant que de besoin par lâadministration de lâESSMS ou du lieu de vie et dâaccueil LVA. Le relevĂ© de conclusions sera signĂ© par le prĂ©sident puis soumis Ă approbation Ă la sĂ©ance suivante du CVS aprĂšs avoir Ă©tĂ© joint Ă la convocation. Enfin, le relevĂ© de conclusions du CVS sera transmis Ă lâinstance compĂ©tente de lâorganisme gestionnaire et Ă lâautoritĂ© administrative compĂ©tente pour lâautorisation. Suivi des avis Les modalitĂ©s sous lesquelles le CVS est informĂ© des suites rĂ©servĂ©es Ă ses avis devront ĂȘtre dĂ©finies dans son rĂšglement intĂ©rieur article D. 311-29 modifiĂ©. Les autres formes de participation Choix de la forme de participation Dans le cas gĂ©nĂ©ral, les formes de participation alternatives au CVS pourront sâopĂ©rer article D. 311-21 par toute modalitĂ© dĂ©terminĂ©e par le responsable de lâESSMS ;comme prĂ©cĂ©demment, par lâinstauration de groupes dâexpression ;lâorganisation de consultations de lâensemble des personnes accompagnĂ©es ainsi que des reprĂ©sentants du groupement des personnes accompagnĂ©es de la catĂ©gorie dâESSMS concernĂ©e, des familles ou des proches aidants, des reprĂ©sentants lĂ©gaux et, dans les services tutĂ©laires, du reprĂ©sentant des MJPM ;comme prĂ©cĂ©demment, des enquĂȘtes de satisfaction. Dans le cas particulier des EHPAD, en vertu du nouvel article D. 311-15-III et en sus du dispositif de participation par le CVS, il conviendra de rĂ©aliser une enquĂȘte de satisfaction annuelle sur la base dâune mĂ©thodologie et dâoutils Ă©laborĂ©s par la HAS. Les rĂ©sultats de cette enquĂȘte devront ĂȘtre affichĂ©s dans lâespace dâaccueil et examinĂ©s annuellement par le CVS. Acte institutif La nouvelle rĂ©daction de lâarticle D. 311-22 prĂ©voit que lâacte instituant des instances de participation autres que le CVS devra prĂ©ciser la composition et les modalitĂ©s de fonctionnement de ces instances, lesquelles devront impĂ©rativement comporter, en nombre supĂ©rieur Ă la moitiĂ©, les reprĂ©sentants du groupement des personnes accompagnĂ©es de la catĂ©gorie dâESSMS concernĂ©e ; des familles ou des proches aidants des personnes accompagnĂ©es ; des reprĂ©sentants lĂ©gaux des personnes accompagnĂ©es ; dans les services tutĂ©laires des MJPM. Contenu du rĂšglement intĂ©rieur Seront transfĂ©rĂ©es dans le rĂšglement intĂ©rieur les prĂ©visions contenues jusquâici dans le rĂšglement de fonctionnement concernant lâadaptation d es modalitĂ©s de consultation mises en oeuvre compte tenu des formes de participation instituĂ©es ;les modalitĂ©s dâĂ©tablissement et de dĂ©libĂ©ration des comptes rendus de sĂ©ance des instances alternatives au CVS compte tenu des caractĂ©ristiques particuliĂšres des modes de participation instituĂ©s ;les modalitĂ©s dâĂ©lection ou de dĂ©signation Ă ces mĂȘmes instances de participation des reprĂ©sentants des personnes accueillies ou prises en charge, de ceux des familles ou de ceux des titulaires de lâexercice de lâautoritĂ© parentale ou des reprĂ©sentants lĂ©gaux, de ceux des membres du personnel et de ceux de lâorganisme gestionnaire. Organisation de la consultation La modification de lâarticle D. 311-23 conduira Ă ce que lâorganisation de la consultation, par envoi de lâordre du jour accompagnĂ© des explications nĂ©cessaires Ă sa comprĂ©hension, soit obligatoirement notifiĂ©e aux membres des instances 15 jours au plus tard avant leur tenue, non plus 7 jours auparavant comme câest le cas aujourdâhui. Dispositions communes au CVS et aux autres formes de participation JusquâĂ prĂ©sent, lâarticle D. 311-26 prĂ©voit que, quelque soit la forme de participation, les reprĂ©sentants des personnes accompagnĂ©es soit consultĂ© sur tout projet de modification du rĂšglement de fonctionnement et du projet dâĂ©tablissement ou de service. La modification de cet article exclura de lâobligation de consultation les projets de modification du rĂšglement de fonctionnement, le texte visant dĂ©sormais celles du rĂšglement intĂ©rieur de lâinstance de consultation et celles du projet dâĂ©tablissement ou de service. Par ailleurs, en vertu de la nouvelle rĂ©daction de lâarticle D. 311-32-1, lâaccĂšs aux relevĂ©s de conclusions â quelle que soit la forme de participation â est Ă©largi Ă toutes les personnes chargĂ©es dâune mesure de protection juridique avec reprĂ©sentation ainsi quâaux reprĂ©sentants des groupement de personnes accompagnĂ©es de la catĂ©gorie dâESSMS concernĂ©e et ce, mĂȘme sâils ne sont pas membres des instances qui les ont Ă©mis. 2. Commentaire LâĂ©diction de ce dĂ©cret Ă©tait trĂšs attendue aprĂšs le rapport de la DĂ©fenseure des droits de mai 2021 sur le respect des droits des rĂ©sidents dâEHPAD et les dĂ©veloppements mĂ©diatiques du scandale OrpĂ©a ». Il est certain quâune plus grande effectivitĂ© des droits fondamentaux des personnes accueillies ou accompagnĂ©es en ESSMS devait ĂȘtre recherchĂ©e. De ce point de vue, lâouverture des instances de participation Ă un plus grand nombre de personnes â Ă©lus locaux, personne qualifiĂ©e, dĂ©lĂ©guĂ© du DĂ©fenseur des droits, membre du CDCA, reprĂ©sentant de lâautoritĂ© administrative ayant dĂ©livrĂ© lâautorisation â doit ĂȘtre saluĂ©e car leur regard sera sans doute gage dâune amĂ©lioration des pratiques. Ceci Ă©tant, cette premiĂšre lecture du nouveau rĂ©gime rĂ©glementaire suscite la dĂ©ception pour plusieurs raisons lâaccroissement de la complexitĂ© du dispositif, en particulier sâagissant des formes de participation alternatives au CVS ;lâinvention de la notion de reprĂ©sentant de groupement des personnes accompagnĂ©es de la catĂ©gorie concernĂ©e dâĂ©tablissements ou de services », sans quâaucune dĂ©finition ne soit donnĂ©e de tels groupements et ce, alors que la logique qui semble prĂ©sider Ă ce choix est celle dâune sanitarisation » de la reprĂ©sentation des personnes. En effet, dans les Ă©tablissements de santĂ©, la reprĂ©sentation des patients au sein les commissions des usagers CDU est assurĂ©e par les membres dâassociations de patients agréées par le ministre des solidaritĂ©s et de la santĂ©. Faut-il croire que le recours Ă lâagrĂ©ment dâassociation dâusagers est dâactualitĂ© ? Un tel procĂ©dĂ© nâest pas sans rappeler lâinvention rĂ©cente de la notion inconsistante dâ autoritĂ© extĂ©rieure » dans le rĂ©gime du projet dâĂ©tablissement, rĂ©formĂ© lui aussi Ă la va-vite ;lâabsence de prĂ©cisions sur le traitement dâun certain nombre de situations problĂ©matiques rencontrĂ©es dans les ESSMS. Il aurait notamment Ă©tĂ© utile dâindiquer le sort Ă rĂ©server au mandat des membres des CVS qui nâont plus de lien avec lâESSMS â leur proche Ă©tant dĂ©cĂ©dĂ© ou ayant quittĂ© lâĂ©tablissement ou le service â ou encore de prĂ©voir une maniĂšre dâassurer la continuitĂ© de la reprĂ©sentation des usagers en cas de carence aux Ă©lections du CVS ; lâabsence de formation des membres des CVS, alors que celle-ci semble indispensable pour favoriser leur investissement dans cette instance ;lâabsence relative dâintĂ©rĂȘt de la nouvelle dĂ©finition des attributions des CVS, alors mĂȘme que lâactuelle est suffisamment gĂ©nĂ©rale pour couvrir lâintĂ©gralitĂ© des aspects de lâorganisation et du fonctionnement des ESSMS ;surtout, la suppression de lâobligation de soumettre Ă consultation lâadoption et la modification du rĂšglement de fonctionnement. Il aurait Ă©tĂ© pertinent de prendre le temps de remettre Ă plat lâensemble du rĂ©gime juridique de la protection des droits des personnes accueillies ou accompagnĂ©es, avec lâambition de corriger les imperfections non seulement des instances de participation mais aussi â de maniĂšre concomitante et cohĂ©rente â du contrat de sĂ©jour et du rĂšglement de fonctionnement ; certaines de ces imperfections ont dĂ©jĂ Ă©tĂ© dĂ©crit sur ce blog, Ă la suite de la modification du rĂ©gime du projet dâĂ©tablissement. En dĂ©finitive, les modifications promises paraissent ne pas ĂȘtre Ă la hauteur des ambitions affichĂ©es, sans doute en raison dâune prĂ©cipitation dont on peut sâinterroger sur les causes. Renforcer lâeffectivitĂ© du respect des droits des personnes demande du travail et ne saurait se rĂ©sumer Ă un effet dâaffichage. Les professionnels sont malheureusement habituĂ©s Ă ces changements juridiques insuffisamment rĂ©flĂ©chis qui interviennent en rĂ©action Ă des Ă©vĂ©nements mĂ©diatiques ; la modification du rĂ©gime du contrat de sĂ©jour avec la loi ASV, au lendemain de lâaffaire dite de la nonagĂ©naire de Chaville », constitue Ă cet Ă©gard un prĂ©cĂ©dent Ă©clairant confusion entre contrat de bail et contrat de sĂ©jour, invention dâun avenant de restriction de la libertĂ© dâaller et venir Ă la lĂ©galitĂ© douteuse, absence de prise en compte des apports du droit de la consommation, ignorance dĂ©libĂ©rĂ©e du besoin dâencadrer la pratique â hĂ©las parfois nĂ©cessaire â de la contention. Il faudra donc attendre une nouvelle occasion â plus sereine ? â pour repenser et réécrire dans son ensemble le corpus de la protection des droits fondamentaux des personnes vulnĂ©rables ⊠Pour allouer aux ESSMS les moyens nĂ©cessaires Ă lâanimation dâun vĂ©ritable processus participatif ⊠Pour restaurer la mission rĂ©galienne du contrĂŽle ⊠Lâaffaire OrpĂ©a lâa bien montrĂ© si le respect de lâaltĂ©ritĂ© est avant tout affaire dâĂ©thique, alors il faut commencer par donner aux professionnels les moyens nĂ©cessaires Ă la mise en oeuvre de dĂ©marches Ă©thiques qui, de longue date, sont prĂ©conisĂ©es dans les recommandations de bonnes pratiques professionnelles de la HAS et les avis du Conseil national consultatif dâĂ©thique pour les sciences de la vie et de la santĂ© CCNE. Et il faut, pour ce faire, avoir la lĂ©gitimitĂ© nĂ©cessaire, ce qui est loin dâĂȘtre le cas lorsque lâon a imposĂ© pendant des mois aux rĂ©sidents dâEHPAD, par de simples consignes administratives, des restrictions illĂ©gales de leurs libertĂ©s fondamentales. 2 398
LesEHPAD, avec dâautres structures accueillant des publics fragiles, constituent le secteur social et mĂ©dico-social. Du fait de cette fragilitĂ© de leurs publics, ils font lâobjet dâune rĂ©glementation trĂšs particuliĂšre, notamment avec lâobligation de rĂ©aliser des Ă©valuations (internes et externes) rĂ©guliĂšres sur la base dâun cahier des charges prĂ©cis et dĂ©taillĂ©.
Conseil d'administration Conseil de la vie sociale CVS Le Conseil de la Vie Sociale est une instance qui a un rĂŽle consultatif. Cette instance peut donner son avis et faire des propositions sur toute question intĂ©ressant le fonctionnement de l'Ă©tablissement notamment sur la vie quotidienne de l'Ă©tablissement et des rĂ©sident, les activitĂ©s, l'animation socio-culturelle, les projets de travaux et d'Ă©quipement, la nature et le prix des services rendus par l'Ă©tablissement, l'entretien des locaux.... Le Conseil de la Vie Sociale au sein de l'EPMS est organisĂ© de la maniĂšre suivante SiĂšge au CVS les membres Ă©lus avec voix dĂ©libĂ©rative - des reprĂ©sentants des rĂ©sidents - des reprĂ©sentants des familles / reprĂ©sentants lĂ©gaux - des reprĂ©sentants du personnel - un reprĂ©sentant de l'organisme gestionnaire Assiste Ă©galement aux instances le cadre de santĂ© de l'EHPAD, le cadre socio-Ă©ducatif du foyer de vie et le responsable de l'UPHV. Le CVS se rĂ©unit au moins 3 fois par an. Les reprĂ©sentants sont Ă©lus pour un mandat de 3 ans renouvelables. Les personnes souhaitant siĂ©ger au CVS, peuvent rĂ©pondre Ă l'appel Ă candidature organisĂ© avant chaque Ă©lection. Commission des menus Les commissions des menus permettent aux rĂ©sidents de participer Ă la vie de la structure en apportant leurs avis sur les menus. Cela permet Ă l'Ă©tablissement d'ĂȘtre Ă l'Ă©coute des propositions des rĂ©sidents sur la prestation alimentaire au sein de l'EPMS. Ces commissions se dĂ©roulent de la façon suivante EHPAD Une commission des menus avec les rĂ©sidents trois fois/an. Cette commission se dĂ©roule avec l'aide des animateurs. Les objectifs de ces commissions de menus sont de faire participer les rĂ©sidents, de les Ă©couter et de prendre en compte leurs idĂ©es/ suggestions lorsque cela est possible. Ce temps est un moment convivial oĂč chacun est libre de s'exprimer et ĂȘtre entendu des cuisiniers. FOYER DE VIE Une commission des menus avec les rĂ©sidents trois fois / an. Cette commission se dĂ©roule avec l'aide des Ă©ducateurs de chaque unitĂ©. Les objectifs sont les mĂȘmes que sur l'Ehpad. Lors de ces commissions chacun s'exprime librement, donne des idĂ©es sur des plats qu'il a envie de manger ; sur ce qui est apprĂ©ciĂ© ou non, et, les rĂ©sidents prĂ©sents peuvent se porter parole des autres rĂ©sidents. Instances relatives au fonctionnement de l'Ă©tablissement - ComitĂ© d'HygiĂšne, de SĂ©curitĂ© et des Conditions de Travail CHSCT - ComitĂ© Technique d'Etablissement CTE
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cvs en ehpad faire entendre sa voix