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1La nouvelle ceinture économique de la Route de la soie » a été lancée par le président Xi Jinping à l’automne 2013, et fait partie des priorités définies par le gouvernement chinois pour les années à venir. Un vaste réseau d’infrastructures de transport, de pipelines et de télécommunications constituera le squelette physique d’un futur corridor économique » eurasien qui reliera la Chine à l’Europe occidentale par voie terrestre, via l’Asie centrale, l’Asie mineure, le golfe Persique, le Caucase et les Balkans ; et par voie maritime, via les mers de Chine, l’océan Indien et le golfe Persique pour déboucher en Méditerranée. La Banque asiatique d’investissement pour les infrastructures BAII, dotée de 50 milliards de dollars, et le Fonds pour la Route de la soie » qui dispose de 40 milliards de dollars, ont été mis en place tout juste un an après l’annonce du projet par Xi Jinping, afin d’injecter des investissements dans les infrastructures régionales. 2Malgré une rhétorique altruiste [1], il s’agit en fait pour Pékin de répondre à des priorités nationales et de servir principalement les intérêts économiques, politiques et stratégiques chinois. Si elle repose sur l’aura historique de l’ancienne route qui reliait les empires chinois et romain, les objectifs de cette nouvelle Route de la soie » sont en effet adaptés à des nécessités géopolitiques contemporaines, avec en ligne de mire une Asie affranchie de la présence des routes de la soie3Dans l’imaginaire collectif, le terme Route de la soie » éveille des images de caravanes de dromadaires chargées de marchandises rares et précieuses, voyageant à travers les déserts, d’un empire opulent à l’autre. Pour la Chine, il évoque une époque glorieuse durant laquelle la civilisation chinoise était florissante et l’Empire dominant au centre du monde connu – comme zhongguo, son nom chinois, le suggère. 4Il semble donc tout naturel que Xi Jinping, le promoteur du rêve du grand renouveau de la nation chinoise », ait choisi cette référence historique comme thème pour sa vision des nouvelles interactions chinoises avec l’Eurasie. La ceinture économique de la Route de la soie » et la Route de la soie maritime du xxie siècle » [yidai yilu] englobent une population de 4,4 milliards de personnes, avec un PIB collectif de 21 000 milliards de dollars [2], composé de marchés émergents à fort potentiel de croissance. Si la Chine entretient déjà des liens économiques et commerciaux étroits avec les pays compris dans ce vaste espace, depuis les républiques d’Asie centrale et la Mongolie jusqu’à la péninsule indochinoise et le sous-continent indien, les autorités chinoises espèrent que la libéralisation du commerce, l’intégration des économies enclavées aux marchés européens et asiatiques, et le renforcement de la coopération monétaire entre les pays reliés par le réseau d’infrastructures conduiront à la naissance d’une communauté de destins communs [3] » en Asie. La Chine espère aussi ancrer l’Europe orientale et l’ Asie occidentale » Proche et Moyen-Orient, pays du Golfe dans ce vaste réseau d’infra­structures. Au final, les routes, chemins de fer, pipelines, câbles de fibre optique et terminaux portuaires relieront trois continents par terre et par mer. Si cette vision se réalise, toutes les routes conduiront littéralement à Pékin. 5 Combler l’écart entre vision et réalité prendra du temps, mais la Chine a déjà jeté les bases d’une architecture régionale qu’elle envisage désormais d’étendre à tout le continent eurasien. Dès 2006, elle proposait notamment la réalisation d’un corridor un axe – deux ailes », reliant du nord au sud par chemin de fer et autoroutes Nanning région du Guangxi à Singapour, et d’est en ouest les sous-régions du Mékong et du golfe du Tonkin. Depuis lors, la liste des projets financés et construits par Pékin ne cesse de s’allonger et comprend notamment plusieurs pipelines reliant l’Asie centrale ou la Birmanie à la Chine, les voies ferrées Chongqing-Duisbourg Allemagne et Yiwu-Madrid inaugurées en 2014, le projet de ligne à grande vitesse Belgrade-Budapest, les ports de Chittagong et Hambantota ou le parc industriel de l’aéroport de Minsk. La Chine investira en outre 20 milliards de dollars dans les infrastructures indiennes d’ici à 2020, ainsi que 34 milliards de dollars dans le secteur énergétique, et 12 milliards dans les infra­structures pakistanaises routes, voies ferrées, réseau de fibre optique, métro de Lahore, port de Gwadar. 6Depuis son lancement officiel en 2013, la communication autour de la nouvelle Route de la soie a évolué. Le 8 mars 2015, le ministre chinois des Affaires étrangères a déclaré qu’elle constituerait l’un des thèmes centraux de la diplomatie chinoise L’accent sera mis sur la promotion de la connectivité grâce aux infrastructures et la construction de corridors économiques terrestres et de piliers de coopération maritime [...], afin de catalyser la revitalisation du continent eurasien dans son ensemble [4]. » Un groupe dirigeant [5] » spécialement dédié à la Route de la soie a été mis en place sous l’autorité du vice-Premier ministre Zhang Gaoli, afin de superviser la mise en œuvre du projet et de coordonner les efforts des agences en charge des affaires intérieures et de la politique étrangère [6].Un instrument au service de la politique intérieure et étrangère de la Chine7L’initiative chinoise répond à la fois à des impératifs économiques, diplomatiques et et stabiliser l’Ouest chinois8En 1980, Deng Xiaoping donnait la priorité au développement rapide des zones côtières chinoises, avec la conviction que leur croissance économique aurait naturellement des retombées sur le reste du pays. Mais les disparités entre régions orientales et occidentales de la Chine n’ont cessé de se creuser au cours des années qui ont suivi. Pour tenter de rééquilibrer le développement du pays, les autorités ont lancé en janvier 2000 le Programme de développement du Grand Ouest » [xibu da kaifa], qui s’est accompagné d’investissements massifs dans les infrastructures de transport et de communication, avec l’ambition d’accroître les échanges entre provinces riches en ressources naturelles et en main-d’œuvre, et celles à la pointe de la modernisation économique chinoise orientée vers l’export [7]. À travers le développement économique – doublé d’une politique de colonisation démographique par les Han –, les autorités centrales espéraient ancrer plus fortement les provinces du Tibet et du Xinjiang au cœur de la nation. 9Quinze ans plus tard, l’écart de développement entre les provinces chinoises est toujours significatif. Les effets de la politique gouvernementale dans ces régions, en particulier au Xinjiang, sont loin d’avoir atteint l’objectif de développement harmonieux polarisation sociale, violences ethniques, revitalisation du séparatisme et radicalisation religieuse d’une partie de la population ouïgoure ont atteint leur paroxysme lors des émeutes meurtrières d’Urumqi en juillet 2009, suivies par une nouvelle détérioration de la situation sécuritaire depuis 2013 [8]. À la violence civile répond la répression de l’appareil sécuritaire, sans possibilité visible d’apaisement à court terme. La progression de l’islam conservateur, vue par certains experts comme une forme de résistance à la domination chinoise [9], est en outre devenue une préoccupation croissante pour les autorités, généralement promptes à mettre en cause des forces hostiles étrangères » plutôt que de remettre en question la politique décidée par le Parti. 10Le projet de nouvelle Route de la soie reflète le lien que le gouvernement chinois établit entre développement économique et stabilité politique de ses marches [10]. Le Xinjiang est amené à être transformé en centre nodal où se cristallisent le commerce et les échanges avec l’Asie centrale, dans l’espoir que le dynamisme économique engendré permettra de réduire les inégalités de développement et d’atténuer les tensions sécuritaires. L’agrandissement de l’aéroport d’Urumqi, la rénovation de l’autoroute du Karakorum, les lignes à grande vitesse reliant Urumqi à Lanzhou et Xining, les routes connectant les postes frontières et ports secs de Khunjerab, Tashkurgan, Torougart, Irkeshtam et Khorgas aux voisins d’Asie centrale Tadjikistan, Pakistan, Kirghizstan, Kazakhstan, et peut-être à terme Afghanistan via le corridor de Wakhan, sont autant de projets qui permettront une plus grande connectivité avec l’ensemble de la économique régional11Un des objectifs officiels de la nouvelle Route de la soie est le développement économique régional. Lors du Forum de Bo’ao en mars 2015, le président Xi a publiquement exprimé l’espoir que le volume annuel des échanges entre la Chine et les pays de la ceinture et route » dépasse les 2 500 milliards de dollars dans une dizaine d’années [11] ». Le plan d’action du gouvernement chinois mentionne que la Route de la soie vise à promouvoir des flux économiques libres et ordonnés, une répartition efficace des ressources et une profonde intégration des marchés ; à encourager les pays le long de la Route à mieux coordonner leurs politiques économiques et à mener une coopération régionale plus large et plus approfondie, basée sur des normes supérieures ; et à créer conjointement une architecture régionale de coopération économique, ouverte, inclusive et équilibrée, qui profite à tous [12] ». 12La construction d’infrastructures est perçue par Pékin comme la première étape de cette intégration régionale, sans doute la plus aisée à réaliser compte tenu des faibles investissements étrangers dans les pays voisins. Mais à qui bénéficieront-ils au final ? À l’heure où la Chine est parvenue à la fin de l’ère de la croissance à deux chiffres, elle cherche désormais à s’adapter à ce nouveau normal [13] » en stimulant les exportations, en recherchant de nouveaux marchés, et en favorisant ses champions nationaux. Les contrats et subventions aux entreprises d’État chinoises impliquées dans les projets de construction de la nouvelle Route de la soie seront principalement destinés à renforcer leur position par rapport aux concurrents étrangers, offrant dans le même temps une opportunité de stimuler la croissance et de réduire les problèmes de surcapacités de son économie. 13 La prochaine étape devrait voir le renforcement de la coopération économique régionale, notamment grâce à la conclusion d’accords de libre-échange et de conventions d’échanges de devises. Les négociations relatives à la création du Partenariat économique régional global », ouvertes en 2013, pourraient à terme conduire à la création de l’une des plus grandes zones mondiales de libre-échange, incluant outre la Chine les dix pays de l’ASEAN, l’Australie, l’Inde, le Japon, la Corée du Sud et la Nouvelle-Zélande, et venant s’ajouter aux accords bilatéraux que la Chine a déjà ratifiés avec l’ASEAN, la Nouvelle-Zélande, le Pakistan, Singapour, Taipei et la Thaïlande. Peu à peu, la Chine compte tisser avec ses voisins un réseau de transports et de communications doublé d’un maillage de liens commerciaux, économiques et financiers, chapeautés par un ensemble de nouvelles institutions régionales dans lesquelles elle jouera un rôle diplomatique14Entretenir de bonnes relations avec ses voisins est à nouveau au cœur de la diplomatie chinoise depuis que Xi Jinping en a fait une priorité lors de la conférence sur la diplomatie de la périphérie » en octobre 2013. Le chercheur Michael Swaine indique que cette diplomatie consiste en l’utilisation de la puissance économique de la Chine pour développer un ensemble de relations avec les États périphériques de façon à modifier progressivement les termes de leurs interactions avec la Chine [14]. L’enjeu n’est rien de moins que de traduire la puissance économique chinoise en influence politique auprès de ses voisins, afin notamment que ceux-ci ne contestent pas la légitimité des intérêts vitaux » chinois [15].15Pékin a décidé le renforcement des relations le long de sa périphérie continentale à l’heure où les différends territoriaux en mer de Chine lui ont aliéné une partie des voisins de sa périphérie maritime. L’influence des États-Unis n’y est pas aussi forte qu’en Asie de l’Est, où Washington poursuit une politique de rééquilibrage » qui s’appuie fortement sur ses alliés traditionnels principalement des puissances maritimes, comme le Japon, la Corée du Sud, les Philippines, la Thaïlande et l’Australie, tout en cherchant à développer de nouveaux partenariats avec certains pays d’Asie du Sud-Est tels que le Vietnam et la Birmanie. En outre, alors que les États-Unis se retirent d’Afghanistan, la Chine envisage d’y prendre pied économiquement, suivant un modèle équivalent à ce qui a été réalisé en Asie centrale au début des années de grandes puissances16En réponse à la détérioration de ses relations avec l’Europe et les États-Unis après l’annexion de la Crimée, la Russie a commencé à montrer un intérêt plus marqué pour l’Asie. Bien que la Russie et la Chine aient des intentions et ambitions réciproques ambiguës, le partenariat stratégique sino-russe a connu un renouveau sous l’impulsion conjointe des présidents Xi et Poutine, qui se sont rencontrés neuf fois depuis 2013 [16]. Pékin a conscience qu’en concentrant plus particulièrement les efforts de sa diplomatie sur l’Asie centrale, le projet de nouvelle Route de la soie risque de se heurter à l’influence et au mécontentement de la Russie. Les élites chinoises prennent donc un soin particulier à présenter leurs actions dans la région en termes économiques plutôt que géopolitiques, et en termes coopératifs plutôt qu’exclusifs. Moscou, sur la réserve au départ, a finalement reconnu l’initiative chinoise comme complémentaire et non opposée à son Union eurasiatique, et les deux pays se sont mis d’accord le 9 mai 2015 pour se coordonner sur le développement des deux initiatives. Dans ce jeu d’équilibre entre grandes puissances, il reste à voir si la Chine sera en mesure de gérer avec succès ses relations avec la Russie alors qu’elle pénètre plus avant dans ce que cette dernière considère comme sa sphère d’influence restreinte. 17Les réactions de Washington au projet de nouvelle Route de la soie sont également scrupuleusement observées. Pour atténuer les craintes américaines de jeu à somme nulle », certains chercheurs suggèrent que les éléments non stratégiques, non compétitifs et non exclusifs » de l’initiative chinoise soient mis en avant et que la Chine favorise la coopération avec les États-Unis, en particulier dans le domaine de l’énergie [17].Desseins stratégiques18Bien qu’elle soit présentée publiquement comme un projet économique, la nouvelle Route de la soie possède également un volet stratégique. Dans sa Grande stratégie nationale » rédigée en juillet 2001, le général Liu Yazhou, devenu en 2009 le commissaire politique de l’université nationale de Défense, exhortait son pays à avancer vers l’ouest [18] ». Il envisageait notamment de créer des centres d’échanges économiques et commerciaux dans les régions frontalières, qui serviraient d’embryons pour un futur marché commun de l’Asie centrale, avec la Chine comme acteur principal. Il prônait en outre l’ouverture d’un pont terrestre entre Europe et Asie pour former une grande union économique euro-asiatique et développer des intérêts communs avec les pays occidentaux afin de neutraliser l’encerclement américain de la Chine ». 19La crainte de l’endiguement américain, thème récurrent en Chine, s’est considérablement renforcée depuis que l’administration Obama a annoncé en 2011 son pivot », ou rééquilibrage » vers l’Asie, qui se traduit notamment par le renforcement de ses alliances [19]. Depuis lors, les autorités chinoises ont cherché à affaiblir ce qu’elles considèrent comme une manœuvre américaine destinée à contenir l’émergence de la Chine. La mise en place d’une Route de la soie tournée vers l’Eurasie plutôt que vers un Pacifique dominé par les États-Unis peut alors se comprendre comme une possible réponse à cette préoccupation, envisagée par le général Liu dès 2001. 20 Par ailleurs, l’importance accordée à l’Asie centrale fait également écho à la théorie d’Halford J. Mackinder formulée voici plus d’un siècle dans The Geographical Pivot of History, selon laquelle le continent eurasiatique constitue la région pivot de la politique mondiale » –, ainsi qu’à des discussions plus récentes relatives à l’Eurasie comme échiquier [20] », où les grandes puissances joueraient un grand jeu [21] » pour accroître leur influence mondiale. Dans un article plus récent, Liu Yazhou fait référence à l’Asie centrale comme le plus riche morceau de gâteau offert par le Ciel à la Chine d’aujourd’hui [22] », et fait valoir que son importance stratégique réside en particulier dans sa richesse en ressources naturelles. Liu observe en outre que les voies maritimes par lesquelles le pétrole est acheminé en Chine sont sous la surveillance non seulement de la marine américaine, mais aussi de la marine indienne. La vulnérabilité de la Chine quant à la question de la sécurisation des ressources est flagrante ». 21Depuis plus d’une décennie, les stratèges chinois ont cherché à résoudre le dilemme de Malacca », détroit d’Asie du Sud-Est à travers lequel transitent 80 % des approvisionnements énergétiques de la Chine en provenance du Moyen-Orient et d’Afrique de l’Ouest. La crainte d’un blocus maritime imposé par les États-Unis en cas de conflit en Asie de l’Est une option proposée par les critiques du concept Air-Sea Battle [23] » a conduit les penseurs chinois à tenter de contourner les voies de communication maritimes soumises à la domination navale américaine. La nouvelle Route de la soie, avec son réseau de gazoducs, oléoducs, routes et chemins de fer, pourrait permettre à la Chine d’importer des ressources énergétiques depuis ses fournisseurs d’Asie centrale et du Moyen-Orient par des trajets non soumis au contrôle américain. 22De façon générale, la nouvelle Route de la soie constitue une sorte de retour aux sources pour la Chine, traditionnelle puissance continentale plutôt que conquérante outre-mer. Toutefois, cela ne signifie pas pour autant que les continentalistes » l’ont emporté sur les maritimes » la Route de la soie du xxie siècle s’étend aussi bien sur terre que sur mer. Wang Jisi, chercheur proche des élites dirigeantes, défend l’idée que la Chine devrait opérer un rééquilibrage stratégique vers l’ouest sans que cela ne provoque de tension entre identités continentale et maritime La Chine ne devrait pas limiter sa vision à ses côtes et ses frontières, ni à ses rivaux ou partenaires traditionnels, mais préparer un projet stratégique qui “regarde vers l’ouest” et “avance vers l’ouest”. » Car c’est dans cette région, explique-t-il, que se développera le potentiel de coopération sino-américaine dans les domaines des investissements, de l’énergie, du terrorisme, de la non prolifération, et du maintien de la stabilité régionale. Dans le même temps, il n’y aura quasiment pas de risque de confrontation militaire entre les deux [24] ». La question se posera alors pour la Chine en termes de capacités militaires pour défendre ses intérêts stratégiques à la fois sur le continent eurasien et outre-mer, et d’efforts diplomatiques, afin de gérer au mieux la compétition géopolitique avec les autres grandes puissances présentes en nouveau Plan Marshall ?23Peu après le Sommet de l’APEC à Pékin en novembre 2014, un éditorial du Wall Street Journal qualifiait le nouveau modèle » diplomatique chinois de nouveau Plan Marshall ». Selon les auteurs anonymes, les dirigeants chinois désirent ressusciter le système tributaire impérial durant lequel les nations asiatiques échangeaient leur loyauté contre la possibilité de faire du commerce [25] ». La comparaison de la nouvelle Route de la soie avec le Plan Marshall a été rejetée avec véhémence, et à de multiples reprises, par les élites chinoises. Pour le ministre des Affaires étrangères Wang Yi, l’initiative chinoise n’est pas un outil géopolitique et ne doit pas être considérée avec une mentalité obsolète de guerre froide ». Tous les pays sont traités sur le même pied d’égalité, et aucun d’entre eux ne saurait dominer le processus Ce n’est pas un solo chinois mais une symphonie interprétée par tous les pays concernés [26]. » Cependant, dans cette symphonie, la Chine, entourée de pays plus petits et économiquement plus faibles, semble plutôt faire office de chef d’orchestre et de compositeur d’une nouvelle partition dont elle seule détermine le rythme et la mélodie. Sous l’impulsion de Xi Jinping, la Chine prend désormais l’initiative de façonner l’ordre régional à sa main. 24Les dirigeants chinois ne se satisfont plus d’avoir à accepter un ordre mondial à l’origine duquel ils n’ont joué aucun rôle. Ils souhaiteraient désormais créer de nouveaux mécanismes et élaborer des normes plus conformes aux intérêts chinois [27]. L’OCS Organisation de coopération de Shanghai fut le premier exemple d’une institution régionale créée à l’initiative de Pékin, et la Route de la soie offre aujourd’hui de nouvelles possibilités de créations d’infrastructures régionales sino-centrées. L’intégration eurasienne favorisée par l’initiative chinoise ouvrira en effet sans doute la voie à la mise en place d’institutions économiques et financières la BAII en est un premier exemple, mais aussi, peut-être à plus long terme, dans le domaine de la sécurité. La Conférence sur les interactions et les mesures de confiance en Asie CICA, plateforme régionale à laquelle les États-Unis ne participent pas, et quasiment inconnue jusqu’à ce que Xi Jinping y prononce son discours sur le nouveau concept de sécurité en Asie en mai 2014, pourrait être amenée à prendre plus d’importance dans ce cadre. Xi y a défini sa vision de la sécurité en Asie, selon laquelle il appartient aux peuples de l’Asie de diriger les affaires de l’Asie, de résoudre les problèmes de l’Asie et de maintenir la sécurité en Asie. Les peuples d’Asie ont la capacité et la sagesse nécessaires pour parvenir à la paix et la stabilité dans la région par une coopération renforcée [28] ». Les autorités chinoises appellent par ailleurs régulièrement à l’abandon de la mentalité de guerre froide » – expression utilisée pour désigner le système d’alliances américaines dans la région Asie-Pacifique. C’est donc bien l’idéal d’une Asie affranchie de la présence américaine qui est défendu par les dirigeants chinois. 25Cette vision en est encore à ses balbutiements, mais la création par la Chine d’institutions parallèles a déjà été à l’origine de tensions entre les États-Unis et leurs alliés. Peu de temps après que la Grande-Bretagne ait décidé de rejoindre la BAII en dépit des fortes objections de Washington [29], la France, l’Italie, l’Allemagne, la Corée du Sud et l’Australie ont annoncé qu’elles intégreraient elles aussi la nouvelle banque. Cet événement soulève des questions plus générales l’attractivité économique de la Chine est-elle en mesure d’éroder le leadership américain en Asie ? Les puissances régionales seront-elles amenées à se rallier plus facilement aux objectifs politiques de la Chine en raison de son poids économique ? L’observation de la façon dont la Chine opère au sein des nouvelles institutions qu’elle crée dans le domaine économique ou de sécurité, ainsi que les réglementations et normes qu’elle favorise, permettra de déterminer quels objectifs stratégiques sont poursuivis et à quoi pourrait ressembler un système sous leadership 27La nouvelle Route de la soie nous offre une fenêtre d’observation sur la façon dont la Chine conçoit son rôle en Eurasie et au-delà. 28Les flux de biens, de ressources, de fonds et de personnes rendus possibles par un dense réseau d’infrastructures et gouvernés par des institutions économiques et financières régionales, participeront probablement à la prospérité du continent eurasiatique. La réalisation de la nouvelle Route de la soie permettra également à la Chine de créer une architecture régionale dotée de normes qui ne seront pas nécessairement favorables aux intérêts d’autres pays. Ces institutions sino-centrées pourraient également créer des divisions entre les États-Unis et leurs alliés. Xi Jinping souhaite clairement construire un nouvel ordre régional plus favorable à l’Asie [30] », ce qui implique un rejet des alliances américaines dans la région. La communauté de destins communs » prendra donc probablement la forme d’une entité uniquement asiatique, ce qui exclura de fait les États-Unis. Pour l’Europe se posera alors la question de son positionnement entre son allié américain et une Chine dont l’influence régionale ne cesse de croître. Notes [1] Voir notamment la feuille de route publiée conjointement en mars 2015 par la Commission nationale pour le développement et la réforme NDRC, le ministère des Affaires étrangères et le ministère du Commerce Vision and Actions on Jointly Building Silk Road Economic Belt and 21st-Century Maritime Silk Road », dont le préambule indique que cette initiative permettra à la Chine d’élargir et d’approfondir son ouverture, et de renforcer sa coopération mutuellement bénéfique avec les pays d’Asie, d’Europe, d’Afrique et le reste du monde. La Chine s’engage à assumer plus de responsabilités et d’obligations dans la mesure de ses capacités, et à offrir une plus large contribution à la paix et au développement de l’humanité ». Disponible sur . [2] [3] [4] [5] Un groupe dirigeant » [lingdao xiaozu] est une structure ad hoc, composée de cadres politiques de haut niveau, chargée de coordonner les efforts du gouvernement, du Parti et de l’armée, et d’établir des recommandations pour les instances dirigeantes. [6] [7] Lai, China’s Western Development Program Its Rationale, Implementation, and Prospects », Modern China, vol. 28, n° 4, octobre 2002, p. 432-466. [8] Plusieurs centaines de personnes ont été tuées et blessées au cours d’incidents récurrents affrontements en juin 2013 à Turfan, attaque d’un poste de police dans le district de Yarkand en décembre, tuerie à l’arme blanche de la gare de Kunming en mars 2014, attentat suicide sur un marché d’Urumqi en mai, nouveaux affrontements mortels à Yarkand en juillet, diverses explosions dans le district de Luntai en septembre. [9] J. Smith Finley, The Art of Symbolic Resistance. Uyghur Identities and Uyghur-Han Relations in Contemporary Xinjiang, Leyde, Brill, 2013. [10] N. Becquelin, Staged Development in Xinjiang », The China Quarterly, vol. 178, juin 2004, p. 358-378 ; R. Castets, Entre colonisation et développement du Grand Ouest impact des stratégies de contrôle démographique et économique au Xinjiang », Outre-Terre, n° 16, 2006, p. 257-272. [11] [12] Vision and Actions on Jointly Building Silk Road Economic Belt and 21st-Century Maritime Silk Road, Issued by the National Development and Reform Commission, Ministry of Foreign Affairs, and Ministry of Commerce of the People’s Republic of China », 28 mars 2015, disponible sur . [13] La thématique du nouveau normal » a été développée par Xi Jinping, notamment lors du sommet de l’APEC à Pékin en novembre 2014. Elle a trait à l’adaptation de l’économie chinoise au ralentissement relatif de la croissance NDLR. [14] Swaine, Chinese Views and Commentary on Periphery Diplomacy », China Leadership Monitor, n° 44, été 2014. [15] Taiwan 2003, le Tibet et le Xinjiang 2006 ont d’abord constitué les intérêts vitaux » chinois. La croissance économique, l’intégrité territoriale et la préservation du système communiste ont été rajoutés à cette liste en 2009, puis la mer de Chine méridionale 2010 et orientale 2013. [16] [17] T. Gong, [ Une ceinture, une route interprétations américaines du concept chinois de diplomatie du voisinage »], China Institute of International Studies, 19 décembre 2014, disponible sur . [18] Liu Y., [ Grande stratégie nationale »], 7 juillet 2001, dont la version anglaise a été publiée dans Chinese Law and Government, vol. 40, n° 2, mars-avril 2007, p. 13-36. [19] Voir, en particulier, le premier chapitre du Livre blanc sur la défense publié par Pékin en 2013, The Diversified Employment of China’s Armed Forces, qui décrit les alliances américaines en Asie-Pacifique comme source d’accroissement des tensions régionales. [20] Z. Brzezinski, The Grand Chessboard American Primacy and Its Geostrategic Imperatives, New York, Basic Books, 1997. [21] Le terme grand jeu », popularisé par le roman Kim de R. Kipling publié en 1901, fait référence à la compétition en Asie centrale entre empires britannique et russe au xixe siècle. Il est récemment réapparu pour décrire les luttes d’influence entre États-Unis, Russie, Chine et Inde dans cette même région. Voir, par exemple, A. Cooley, Great Games, Local Rules. The New Great Power Contest in Central Asia, New York, Oxford University Press, 2012 et M. Laruelle, Huchet, S. Peyrouse, B. Balci dir., China and India in Central Asia, A New “Great Game”?, New York, Palgrave Macmillan, 2010. [22] [23] Friedberg, Beyond Air-Sea Battle, The Debate Over US Military Strategy in Asia, Londres, Routledge, 2014. [24] J. Wang, “Marching Westwards” The Rebalancing of China’s Geostrategy », Institute of World Economics and Politics, Chinese Academy of Social Sciences, mai 2014. [25] [26] [27] Présentation de Wang Jisi, “One World, One Dream”? China and the International Order », à la Woodrow Wilson School of International Studies, université de Princeton, 8 avril 2015. [28] Xi Jinping, New Asian Security Concept For New Progress in Security Cooperation », discours prononcé lors du quatrième Sommet de la Conférence sur les interactions et les mesures de confiance en Asie, Shanghai, 21 mai 2014. [29] [30] New Asian Security Concept For New Progress in Security Cooperation », op. cit.
\n \n \n berceau de la route de la soie du sud
Aenviron 250 m, prenez le chemin sur la droite ; passez derrière les maisons du Mas d'Aval puis sous le porche à gauche. Suivez la calade, traversez la route et poursuivez tout droit. Traversez à nouveau la route, le chemin est à environ 30 m sur la gauche. Grenoble Ecole de Management GEM propose un nouveau parcours transcontinental 30 étudiantes et étudiants pourront partir en janvier 2022 pour réaliser le 2ème semestre de leur 2ème année du Programme Grande Ecole à Tbilissi en Géorgie au sein de la Caucasus School of Business Caucasus University. Au programme histoire de la route de la soie et son impact sur les relations commerciales actuelles. Ce parcours est développé dans le cadre de la nouvelle stratégie d’internationalisation engagée à travers 3 piliers de nouvelles opportunités pour les étudiants, une prise en compte des impacts environnementaux et un lien renforcé avec le management de la technologie et de l’ de GEM et de 8 établissements renommés dans le mondeL’Ecole a conçu des parcours transcontinentaux d’exception il ne s’agit pas seulement » de proposer un semestre à l’étranger. Les étudiantes et étudiants sélectionnés pour intégrer ce programme suivent le rythme et la philosophie du Programme Grande Ecole de GEM enseigné par des professeurs de GEM et des professeurs de l’établissement partenaire, au sein d’une promotion d’étudiants locaux. Certains cours et modules sont adaptés en fonction du pays dans lequel le parcours est suivi. Les étudiantes et étudiants peuvent faire le choix d’intégrer ce parcours en 2ème et / ou 3ème du Programme Grande Ecole pour un seul semestre ou pour plusieurs semestres consécutifs jusqu’à 4 destinations différentes parmi les 7 établissements partenaires dans 6 pays du monde et sur 3 continents – spécialisation business en Asie, à Beihang University, en Chine Pékin– spécialisation management international à Homerton College / Clare Hall en Grande-Bretagne Cambridge– spécialisation finance à Pace University aux Etats-Unis New-York– spécialisation à The George Washington University aux Etats-Unis New-York– spécialisation management international à McGill University, McGill School of Continuing Studies, au Canada Montréal– spécialisation entrepreneuriat et développement durable à Sasin School of Management, Chulalongkorn University, en Thaïlande Bangkok– spécialisation Asia Social Innovation by Design, à Strate, Ecole de design à Singapour– spécialisation route de la soie à Caucasus School of Business, Caucasus University, en Géorgie Tbilissi GEM souhaite par ailleurs développer le parcours transcontinental et étendre son offre à de nouvelles destinations et ainsi permettre aux étudiantes et aux étudiants de partir étudier en Afrique du Sud, en Asie du sud-est ou encore en Scandinavie » conclut Amanda Pouydebasque, Directrice des affaires internationales de GEM.
Vousarrivez très vite au pied du Doi Inthanon, la plus haute montagne de Thaïlande culminant à 2550 mètres d’altitude. Vous continuez de rouler sur les routes serpentant les vallées du parc pour finalement reprendre une route plus standard vous menant directement au berceau du Nord de la Thaïlande : Chiang Mai.
Un beau livre de recettes célébrant les parfums de la Route de la soie, symbolisant un esprit d’ouverture, de curiosité et de Shirvan, c’est d’abord une province d’Azerbaïdjan, berceau de la cuisine azérie, un carrefour de la Route de la soie. Le restaurant Shirvan est le produit de ce lacis de ruelles, de ce bazar magnifique, qui colorent les plats et y projettent des images d’un Orient chaleureux. Dans ce livre, Akrame Benallal nous guide le long de sa Route de la soie, accompagné du photographe Valery Guedes et du journaliste Philippe Toinard. À travers de nombreux reportages, on découvre les parfums de l’Orient grenade, cardamome, fleur d’oranger, mais aussi des gestes cuisson au four tandoor, feuilletage filo et des souvenirs qui nourrissent la création. Houmous au charbon végétal, chou-fleur rôti au citron noir d’Iran, daurade massala, côtelettes d’agneau confites à la harissa maison, pastilla de homard, millefeuilles à la fleur d’oranger... les 60 recettes d’Akrame Benallal reflètent un voyage mythique et personnel, ainsi que tout le savoir-faire d’un grand chef, au service d’une cuisine qui rassemble au-delà des frontières et des cultures. • Akrame Benallal et Philippe Toinard. Photographies Valéry Guedes 256 pages. 39€Publié le 20 juin 2022 Pause estivale Comme chaque été, nous stoppons la parution du site durant le mois d’août. Nous vous donnons rendez-vous le 29 août ou le 5 septembre 2022, en fonction de l’actualité, pour de nouvelles informations gourmandes. Nikki Beach Saint-Tropez. Un dîner étoilé signé Glenn Viel Le mercredi 27 juillet, à l'occasion des 20 ans du mythique Beach Club de Saint-Tropez, Nikki Beach propose une nouvelle offre culinaire passionnante et accueille le chef triplement étoilé le temps d'une soirée gastronomique exceptionnelle.

Les villes de la nouvelle route de la soie en Asie du Sud-Est" Conférences publiques par les membres de l’équipe de recherche ANR VINOROSA Au

Introduction Chapitre premier – Les représentations géopolitiques en ChineI. – Éléments de culture stratégiqueII. – Siècle d’humiliation et victimisationIII. – L’héritage des dirigeants de la République populaire Chapitre II – L’ancrage continentalI. – Géopolitique des frontières terrestres de la ChineII. – Une nouvelle route de la soie ? III. – Les soubresauts du partenariat avec la Russie Chapitre III – Le tournant maritimeI. – Le verrou taïwanaisII. – Frontières maritimesIII. – Rivalité stratégique avec l’alliance nippo-américaine Chapitre IV – Nouveaux horizons ambitions mondiales, empreinte globaleI. – Une géo-économie de l’expansion globale de la ChineII. – La Chine, une puissance africaineIII. – La non-ingérence, un principe en question Conclusion Leconseil de Nastasya : Si vous êtes passionnés par les récits de la Route de la Soie, ne manquez pas de faire un détour par le caravansérail de Sultanhani, à l’ouest de la ville d’Aksaray. C’est l’un des plus grands caravansérails de toute la Turquie, contenant 4 500 m² de cour, d’arcades, de logements et de remparts, une pure merveille. LA CHINAFRIQUE » Depuis sa découverte par des puissances européennes l’Afrique fait l’objet de nombreuses convoitises. Du commerce triangulaire entre l’Europe, l’Afrique et les Amériques aux différents coups d’Etat orchestrés sinon soutenus par divers pays, l’Histoire de ce continent est malheureusement faite d’exploitation. Celle-ci s’exprime notamment par les différentes colonies dont disposait la France, l’Italie, l’Allemagne ou encore la Belgique avec le Congo. Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale et les différents mouvements d’indépendance des pays africains, le continent compte aujourd’hui 54 pays. Ces acteurs représentent une grande réserve d’alliés dans la communauté internationale, ainsi que des partenaires commerciaux stratégiques. Longtemps l’apanage de la France avec la Françafrique », le continent berceau du monde change d’allié » en se détournant de l’Occident pour regarder vers l’Asie et la Chine. Comme évoqué dans notre précédent article, ce rapprochement n’est pas récent puisqu’il puise son origine de la conférence de Bandung en 1955. Une conférence sur laquelle nous reviendrons afin de comprendre l’intérêt chinois pour l’Afrique, le basculement de la Françafrique à la Chinafrique, et l’aide détournée » de la Chine au continent africain. DE LA FRANCAFRIQUE A LA CHINAFRIQUE CHANGEMENT DE PARTENAIRE Un des principaux objectifs de la République Populaire de Chine lors de sa proclamation en 1949 fut la reconnaissance internationale. Le gouvernement chinois ayant fui sur l’île de Taïwan, la bataille entre ces deux entités pour obtenir la place la plus légitime à l’ONU était importante. Pour faire pencher la balance de son côté, le gouvernement de Mao décida de participer à la conférence de Bandung organisée en 1955. Réunissant Nehru Inde, Nasser Égypte ou encore Soekarno Indonésie pour ne citer qu’eux, cette conférence fut la première à affirmer les droits des pays décolonisés du tiers-monde, notamment le droit et la volonté de ne pas s’aligner sur la politique des blocs américain et russe ; d’où naitra l’appellation du mouvement des non-alignés ». Le ralliement de la République Populaire de Chine à ce parti lui vaudra les faveurs de nombreux pays africains. De cette façon, Taïwan fut poussée petit à petit à la porte de l’Afrique. Aujourd’hui, la Chine est soutenue par la plupart des pays africains à l’ONU, seule une poignée privilégiant la Chine insulaire à la Chine continentale. Les objectifs de la Chine ne semblent pas seulement commerciaux mais également d’ordre diplomatique. Cette volonté pousse le gouvernement de Xi Jinping à continuer de porter assistance à l’Afrique en lieu et place de ses anciens partenaires européens, au premier rang desquels figure la France. Si les desseins peuvent varier, le fond n’en reste pas moins le même. L’Occident estime avoir un devoir d’accompagner l’Afrique sur la route de la démocratie et du libéralisme économique, là où la Chine s’appuie sur une coopération Sud-Sud » de nations historiquement dominées par le Nord. Mais ces nobles ambitions sont nourries par une volonté commune de pillage » économique accès aux ressources naturelles et/ou marché africain et une même logique géopolitique et diplomatique conserver ou renforcer son influence dans la région. Cette appétence de l’Occident et de la Chine pour l’Afrique s’est néanmoins manifestée différemment. Alors que l’Europe conditionne son aide à la mise en place d’une démocratie, d’une bonne gouvernance économique et une coopération dans la lutte contre le terrorisme, l’Empire du milieu n’a cure de ces préoccupations. Au nom de la coopération Sud-Sud », la Chine prône une non-ingérence dans les affaires intérieures africaines et pose aucune condition concernant le régime politique ou l’économie du pays. Les pays africains accueillent donc l’aide chinoise avec ferveur. Mais la vertu n’est pas la chasse gardée de l’Occident. Certaines aides ou programmes ne garantissent ou ne mettent en avant en rien les valeurs prônées par l’Europe. Le meilleur exemple de ce changement de partenaire est le train d’Addis Abeba en Éthiopie. La Chine a prêté plus de 4 milliards de dollars pour financer la construction d’une ligne entre la capitale éthiopienne et Djibouti, ligne construite 100 ans plus tôt par la Compagnie du chemin de fer franco-éthiopien. Le projet de nouvelles routes de la soie est vu comme une énorme opportunité pour les pays du plus vieux continent du monde. L’amitié entre ces derniers et Pékin est régulièrement rappelée lors de conférences ou sommets sino-africains. Depuis 2000, le forum sur la coopération sino-africaine se réunit tous les 3 ans pour exposer de nouveaux projets. Des partenariats de défense sont également organisés. Ce marché entre l’Afrique et la Chine est présenté comme gagnant gagnant » par Xi Jinping, mais l’est-il vraiment ? UNE COOPÉRATION NORD-SUD Depuis la fin des années 1990 les objectifs de la Chine en Afrique ont évolué d’abord d’ordre économique avec un accès aux matières premières et produits agricoles, puis par l’achat d’entreprises d’extraction et d’importation pour faire venir ses produits sur le continent, et enfin par l’exploitation du besoin en infrastructures. Mais la diplomatie n’en a pas pour autant perdu de son importance, la Chine se présentant comme une alternative à l’Occident et entraînant avec elle d’autres pays comme l’Inde, le Brésil et la Turquie. Selon le programme de recherche China Africa Research Initiative, la Chine à travers son gouvernement, ses banques et entreprises aurait accordé 125 milliards de dollars de prêt au continent en moins de 10 ans. Mais ces aides ne sont pas distribuées n’importe où. Si les premiers bénéficiaires sont parmi les plus forts économiquement en Afrique, Afrique du Sud, Égypte ou encore Nigeria, d’autres comme Madagascar ou le Sri Lanka sont pris au piège. En 2016 un accord-cadre est signé entre Madagascar et un consortium chinois afin de conférer à l’Ile une véritable économie bleue. Mais très vite les pêcheurs de cette dernière sont submergés de bateaux chinois venu pêcher dans leurs eaux. Cet accaparement des ressources naturelles fait partie d’une stratégie chinoise appelée loan-to-own » prêter pour posséder. Les pays occidentaux ont pu se montrer frileux à l’idée de prêter aux pays africains. Dans le but de s’éviter d’éventuelles difficultés de paiement de la part du pays débiteur, la Chine se paie en ressources naturelles. Et si cela ne peut être fait, elle peut prendre le contrôle de la souveraineté de l’infrastructure qu’elle a construite, comme à Gwadar. Mais cette aide chinoise est également différente de l’aide occidentale. Lorsqu’un pays européen investit en Afrique, ce sont les travailleurs sur place qui effectuent les travaux. Lorsqu’un entrepreneur chinois souhaite bâtir, ce sont les entreprises chinoises et leurs travailleurs qui viennent sur place au détriment de la main d’œuvre locale. De plus, les subventions pour les constructions de bâtiments d’utilité publique comme les routes, ou de prestige comme un palais présidentiel, sont conditionnées à la concession d’exploitations minières ou pétrolières. Les relations entre Zhongnanhai le siège du gouvernement de la République Populaire de Chine et l’Afrique ressemblent aux relations entre le Nord et le Sud des investissements en échange d’un accès aux matières premières sécurisé. L’Afrique ne tient qu’un rôle de fournisseur et d’immense réservoir pour déverser les produits chinois et fournir du travail à ces entreprises. La Chine est en train de mettre la main sur un immense continent regorgeant de ressources, et ce, au détriment des normes sociales, politiques et environnementales. La diplomatie chinoise n’a jamais été aussi forte, ce qui constitue un nouveau défi pour l’Europe. Même si son importance ne doit pas être exagérée en 2011 l’UE était le premier partenaire de l’Afrique avec 20 % de ces échanges, contre 7 % pour la Chine celle-ci ne fait qu’augmenter. De plus, l’implantation de la première base chinoise militaire à l’étranger ne fait qu’écho à l’intensification de la présence chinoise en Afrique. Alors qu’elle avait toujours juré de ne pas le faire pour ne pas ressembler à l’Occident, la Chine a ouvert une base à Djibouti, non loin de celle des Américains, Français ou Italiens. Ces relations tendent à renforcer l’influence chinoise via son soft power, et c’est peut-être là que réside le point essentiel. CONCLUSION A travers ce projet pharaonique des nouvelles routes de la soie, la Chine entend diffuser son modèle partout où ses routes passent. Afin de se relever du siècle de la Honte, la culture chinoise est mise en avant. Xi Jinping reprend un glorieux passé pour mieux assurer l’avenir. Ce projet s’étend sur les mers et les terres, et chaque partenaire sera obligatoirement influencé par Pékin. Que cela soit l’ouverture d’institut Confucius à travers les pays présents sur ces routes afin d’implanter ou de renforcer la vision du monde chinoise, ou bien via des films comme Wolf Warrior 2 qui promeut une amitié sino-africaine ; la Chine cherche à étendre son soft power et à s’imposer comme le modèle dominant. Mais l’Occident n’a certainement pas dit son dernier mot. Que cela soit en Afrique ou en Chine, les élites continuent de reproduire le mode de vie européen en matière de mode ou de goûts. Le soft power chinois ne cesse de s’accroître, mais l’influence culturelle occidentale à encore de beaux jours devant elle. Sources Leprojet de nouvelles routes de la soie est vu comme une énorme opportunité pour les pays du plus vieux continent du monde. L’amitié entre ces derniers et Pékin est régulièrement rappelée lors de conférences ou sommets sino-africains. Depuis 2000, le forum sur la coopération sino-africaine se réunit tous les 3 ans pour exposer de nouveaux projets. Des partenariats de On peut dire sans exagérer que, du 25 au 27 avril dernier, la Chine a mis les petits plats dans les grands pour à la fois convaincre et rassurer l'Afrique sur l'impact de son initiative dite de la nouvelle route de la soie ». De fait, au 2e Forum de coopération internationale Belt & Road , elle a convié pas moins de 5 000 participants représentant plus de 150 pays et 90 organisations internationales. L'événement a par ailleurs réuni à Pékin près de 40 chefs d'État ou de LIRE AUSSIAfrique-Chine du politique à l'économique, une si longue histoireÀ LIRE AUSSI L'Afrique doit s'inspirer de la Chine »Une initiative vitale pour le développement des pays africains » L'initiative Belt & Road est le programme de coordination des investissements dans les infrastructures le plus grand de toute l'histoire de l'humanité », s'enflamme l'intellectuel indo-américain Parag Khanna, auteur de l'essai Le futur est en Asie ordre mondial au XXIe siècle. Pour lui, la BRI est vitale pour le développement des pays africains. L'Afrique ne sera jamais la nouvelle usine du monde parce qu'avec l'essor de la robotique il n'y aura plus besoin de main-d'œuvre nombreuse, prédit-il. Ce dont l'Afrique a besoin, ce sont des infrastructures au service de l'économie pour permettre aux populations de se déplacer librement sur le continent pour travailler. Et ils ne pourront jamais le faire sans routes. »Lire aussi Afrique-Chine l'empire du Milieu remet 60 milliards de dollars sur la tableÀ LIRE AUSSIAfrique-Chine un sommet pour prendre datePrésent à Pékin lors du forum, le président du Mozambique, Filipe Nyusi, s'est proposé pour faire de son pays la tête de pont pour le développement de la BRI dans les pays de la sous-région alors que les pays africains sont déjà bien friands d'investissements chinois. Jusqu'à la fin de la guerre froide, la seule option pour les pays était d'accepter les investissements ou l'aide de l'Europe et des États-Unis ou bien de l'Union soviétique. Nous sommes désormais dans un environnement où les pays ont davantage de choix dans les financements avec l'initiative Belt & Road. Les États peuvent également décider par eux-mêmes de ce qu'ils font. C'est une bonne chose », soulignait l'économiste Ian Goldin, professeur de l'université d' aussi Vers un impérialisme chinois en Afrique ?À LIRE AUSSIThierry Pairault La présence des Chinois en Afrique n'est pas une présence d'investisseurs »Surtout que la montée de l'endettement des pays africains alimentée par les nombreux prêts accordés par les Chinois ne serait plus un problème. La dette est un problème global. Il ne faut pas confondre le problème de la dette mondiale avec des questions pouvant être liées à certains projets de BRI », a précisé lors du forum António Guterres, le secrétaire général de l'ONU. Et d'ajouter Nous considérons le BRI comme le projet le plus pertinent au monde à l'heure actuelle, dans le contexte de la coopération Sud-Sud, qui contribuerait à une mondialisation plus juste, qui est le meilleur moyen d'avoir un avenir de prospérité partagée entre les différents pays du monde. »Lire aussi Xi Jinping à Dakar la Chine accentue son ancrage dans l'AtlantiqueQuoi qu'il en soit, à Pékin, plusieurs d'entre eux dont le Russe Vladimir Poutine, le Kazakh, Nursultan Nazarbayev, l'Égyptien Abdel-Fattah al-Sisi, le Chilien Eduardo Pinera, le Malaisien Mahathir Mohamad, le Pakistanais Imran Khan ainsi que le secrétaire général des Nations Unies, António Guterres, ont pris la parole. Mais c'est la présence du Premier ministre italien, Guiseppe Conté, qui était la plus commentée et mise en évidence par le pouvoir chinois. Tant que nous travaillerons ensemble pour nous entraider, même à des milliers de kilomètres de distance, nous serons certainement en mesure de trouver une route bénéfique pour toutes les parties dans un partenariat gagnant-gagnant », a souligné dans son discours, le vendredi 26 avril, le président chinois Xi Jinping. Ce dernier a appelé à se concentrer sur l'éradication de la pauvreté, la création d'emplois et l'amélioration des moyens de subsistance des citoyens, afin que la BRI profite davantage à tous et apporte une contribution tangible au développement économique et social local, tout en assurant la durabilité commerciale et financière. »Pékin multiplie les contacts pour nouer des alliancesUn appel à la coopération lancée à l'ensemble de la planète par le chef de l'État chinois en pleine tension entre Washington et Pékin. Car presque au même moment, alors que les discussions commerciales entre les États-Unis et la Chine semblaient aboutir à un accord entre les deux puissances, le président américain Donald Trump menaçait dans une déclaration surprise, le 5 mai 2019, d'augmenter les tarifs douaniers américains de 10 % à 25 % sur des produits chinois représentant une valeur de 200 milliards de aussi Chinois en Afrique ce qu'ils représentent vraimentFace à l'intransigeance américaine, Pékin multiplie les contacts pour nouer des alliances. Proposée par Xi Jinping en 2013, la BRI a ouvert un nouvel espace économique mondial, s'étendant en moins de six ans d'Asie à l'Europe, à l'Afrique, aux Amériques et à l'Océanie. Plus de 150 pays et organisations internationales ont signé des documents de coopération BRI avec la Chine. De 2013 à 2018, le volume des échanges entre la Chine et ses partenaires a dépassé, selon Pékin, les 6 000 milliards de dollars et les investissements chinois dans ces pays sont supérieurs à 90 milliards de dollars. Durant cette période, jusqu'à 1 800 chantiers de routes canaux, lignes de chemin de fer, ports et de zones industrielles ont été lancés. L'initiative aurait également permis la création de 300 000 emplois sur le tracé de la nouvelle route de la soie. D'après des projections de la Banque mondiale, les projets d'infrastructure et de transports routiers financés dans le cadre de la BRI augmenteraient la croissance du PIB des pays participants de 3,35 %.Lire aussi Pour satisfaire la Chine, l'Afrique du Sud refuse l'entrée du dalaï lama sur son solMême des Américains sont envieux ! Il est clair que nous, les États unis, n'avons rien de comparable. Nous devons reconnaître que nous devons en faire davantage pour être une puissance plus visible dans le monde et avec plus d'impact », a reconnu lors de ce forum David Rubinstein, l'un des cofondateurs du fonds d'investissement géant américain Carlyle !Des réformes annoncées pour ouvrir la ChineDe son côté, le président chinois a annoncé une série de réformes dans son pays afin de créer de nouvelles zones pilotes de libre-échange, de renforcer la protection des droits et intérêts légitimes des propriétaires étrangers de propriété intellectuelle, d'interdire le transfert forcé de technologie, d'établir un mécanisme de mise en œuvre des accords internationaux, de traiter toutes les entreprises avec équité, etc. Une Chine plus ouverte s'intégrera davantage dans le monde et elle apportera plus de progrès et de prospérité à la fois à la Chine et au monde entier », a promis Xi aussi Afrique-Chine - Adama Gaye Un moment de vérité ! »Un discours qui tranche avec celui de Donald Trump. Mais l'avantage de Xi Jinping est fragile. Des projets BRI sont contestés et des pays réclament un partage plus équitable des retombées de ces chantiers. Sept pays-clients » de la Chine ont dénoncé ou renégocié leurs projets. Et les déboires du Sri Lanka avec son port-aéroport d'Hambantota, qui reste désert en pleine jungle. Faute de payer les traites, Colombo s'est vu déposséder pour 99 ans par Pékin de cet outil à 1,3 milliard de dollars. Une réalité que, pour sûr, au-delà de la pression amicale chinoise, les pays africains observent avec intérêt. Jour3: Xian – Zhangye (Pd,S) Xian avec son passé de 3000 ans représente le berceau de la culture chinoise ainsi que le point de départ de la Route de la Soie. Le matin, vous visiterez la Grande Pagode de l’Oie Sauvage qui est le symbole de la ville. L’après-midi, vous prendrez le train à grande vitesse à Xian pour rejoindre Zhangye le soir, après 8 heures de traj
Les routes, artères de la civilisation DEPUIS des temps immémoriaux, les humains entretiennent des contacts les uns avec les autres au moyen d’un vaste réseau de pistes et de routes. Ces voies de communication témoignent d’une volonté de voyager et de commercer, mais aussi de faire la guerre et de bâtir des empires. Elles révèlent alors des aspects sombres de la nature humaine. Se pencher sur l’histoire des routes, depuis les premières pistes foulées seulement par des pieds et des sabots jusqu’aux autoroutes modernes, ce n’est pas seulement voyager dans le passé, c’est aussi en apprendre davantage sur l’être humain. Les premières routes “ Les premiers véritables constructeurs de routes, lit-​on dans une encyclopédie The New Encyclopædia Britannica, furent probablement les Mésopotamiens ”, c’est-à-dire les habitants de la région située entre le Tigre et l’Euphrate. Leurs voies processionnelles “ étaient des routes pavées constituées de briques cuites et de pierres cimentées par du bitume ”. Cette description rappelle ce que dit la Bible au sujet des premiers matériaux de construction “ La brique leur servit [...] de pierre, mais le bitume leur servit de mortier. ” — Genèse 113. Pour pouvoir s’acquitter de leurs devoirs religieux, les Israélites de l’Antiquité avaient besoin de routes. Près de 1 500 ans avant la naissance de Jésus Christ, ils avaient reçu le commandement suivant “ Trois fois dans l’année, tout mâle chez toi paraîtra devant Jéhovah ton Dieu [pour célébrer une fête religieuse] dans le lieu qu’il choisira. ” Deutéronome 1616. Jérusalem fut choisie ; souvent, des familles entières s’y rendaient pour assister à ces événements joyeux. De bonnes routes étaient donc indispensables. Les principales voies de communication étaient, semble-​t-​il, de bonne qualité. Au sujet de Salomon, qui régna environ mille ans avant la naissance de Christ, l’historien juif Flavius Josèphe écrit “ Il ne négligea pas même ce qui regardait les grands chemins. Il fit paver de pierres noires tous ceux qui conduisaient à Jérusalem. ” Il existait en Israël six villes de refuge qui donnaient asile aux homicides involontaires. Les routes qui menaient à ces villes étaient elles aussi bien entretenues. Selon la tradition juive, des poteaux indicateurs en bon état placés à chaque carrefour indiquaient la direction de la ville de refuge la plus proche. — Nombres 356, 11-34. Les routes contribuèrent dans une large mesure au développement du commerce. Dans l’Antiquité, l’un des produits les plus recherchés était la soie. On pense que les Chinois avaient appris à la fabriquer à partir des fils produits par les vers à soie bien avant que les Israélites ne soient devenus une nation organisée. Le secret du procédé, bien gardé, ne commença à se répandre qu’après la naissance de Christ. Mais, déjà auparavant, la soie avait un tel succès dans le monde occidental que, selon Geoffrey Hindley, auteur d’Une histoire des routes angl., des édits furent promulgués “ pour dissuader les hommes d’en porter ”, car cela “ était considéré comme efféminé ”. La voie par laquelle cheminait la soie importée de Chine était appelée la route de la soie. Lorsque Marco Polo l’emprunta, à la fin du XIIIe siècle, elle existait depuis 1 400 ans. Pendant plus de 2 000 ans, elle demeura la plus longue route du monde, s’étirant sur près de 13 000 kilomètres, depuis Shanghaï, le berceau chinois de la soie, jusqu’à Gades aujourd’hui Cadix, en Espagne. Leur fonction militaire Les plus grandes avancées en matière de construction de routes ont été le fruit de l’impérialisme. Sous les Césars, le réseau routier de l’Empire romain, dont on estime la longueur totale à 80 000 kilomètres, s’étendait sur l’Europe, l’Afrique du Nord et le Moyen-Orient. Lorsqu’ils n’étaient pas au combat, les soldats romains étaient parfois affectés à la construction et à la réparation des routes. L’Histoire récente a également mis en évidence l’importance stratégique des routes. Dans le but de servir ses visées hégémoniques, Adolf Hitler lança en 1934 un programme de construction d’autoroutes. Selon l’historien Geoffrey Hindley, ce programme dota l’Allemagne “ du premier réseau autoroutier au monde ”. La construction des routes une science Les arpenteurs romains traçaient des routes parfaitement rectilignes en se servant d’un instrument appelé groma. Les maçons sculptaient les bornes, dont ils faisaient de véritables objets d’art, et les ingénieurs calculaient le poids que la route pouvait supporter. Les routes reposaient sur des fondations et étaient recouvertes d’un revêtement résistant. Le secret de la longévité des voies romaines résidait dans l’ingénieux système de drainage dont elles étaient équipées, auquel s’ajoutaient une légère courbure et une surélévation par rapport au niveau du sol. À l’époque déjà, des marchands vendaient des “ cartes routières ”. “ Face aux prouesses des Romains en matière de construction de routes, écrit un historien, il faut parfois résister à la tentation d’accumuler les superlatifs. Aucune réalisation humaine du passé n’a probablement rendu de services aussi durables que les routes d’Italie. ” La voie Appienne, qui partait de Rome vers le sud, fut, apprend-​on dans Une histoire des routes, “ la première route pavée, de quelque longueur que ce soit, dans l’histoire de l’homme occidental ”. Cette célèbre voie, qui mesurait six mètres de large, était pavée de grands blocs de lave. Lorsque l’apôtre Paul, prisonnier, fut emmené à Rome, il passa sur cette route, dont certaines sections sont encore utilisées aujourd’hui. — Actes 2815, 16. Beaucoup jugent tout aussi remarquables les constructions routières des anciens Indiens d’Amérique du Sud. Entre le XIIIe et le XVIe siècle, les Incas édifièrent un réseau long de 16 000 kilomètres destiné à maintenir l’unité d’un peuple de dix millions de personnes. Ces routes traversaient des régions inhospitalières et accidentées, des déserts, des forêts tropicales et même les majestueuses Andes péruviennes ! “ La route des Andes était remarquable, lit-​on dans l’encyclopédie citée plus haut. Elle mesurait 7,50 mètres de large et traversait les plus hauts massifs en pente douce grâce à un tracé sinueux. Il avait fallu creuser des galeries dans la roche dure, construire des murs de soutien hauts parfois de plusieurs dizaines de mètres, combler des ravins et des gouffres à l’aide de solides travaux de maçonnerie et lancer des ponts suspendus au-dessus des larges cours d’eau de montagne au moyen de câbles de laine ou de fibre végétale. Dans la plupart des régions, le revêtement était en pierre ; l’asphalte était abondamment utilisé. ” Les Incas ne connaissaient pas le cheval, mais ils disposaient, avec leur réseau routier, de ce que l’on a appelé “ une véritable piste de course pour leurs messagers royaux ”. Un historien écrit “ Sur toute la longueur de la route, tous les deux kilomètres environ, étaient répartis des relais abritant une petite garnison et une équipe de coureurs professionnels. Les étapes étaient suffisamment courtes pour que la course puisse être rapide. En travaillant jour et nuit, le service pouvait transporter un message de Cuzco, la capitale, à Quito, située à 2 000 kilomètres de là, en cinq jours. Il fallait pour cela maintenir une vitesse moyenne de 15 kilomètres à l’heure à une altitude de plus de 4 000 mètres. Un résultat jamais égalé par la poste impériale romaine ! Des répercussions tragiques Dans le corps humain, lorsqu’une artère se bouche, cela peut avoir des conséquences tragiques. De même, lorsqu’une route destinée à améliorer la qualité de la vie devient impraticable, des problèmes surgissent. Par ailleurs, les routes qui traversent forêts tropicales, déserts, savanes ou parcs nationaux ont un effet néfaste sur la faune et la flore. Souvent, les indigènes et leurs habitats forestiers en pâtissent également. On lit dans Comment nous construisons les routes angl. “ La route transamazonienne, pourtant mise en chantier au nom du progrès, a détruit de grandes étendues de forêt tropicale ; elle a été une véritable catastrophe pour les nombreux habitants de la forêt, car elle a complètement détruit leur ancien mode de vie. ” Chaque année, les villes rencontrent des difficultés croissantes dues à la multiplication des véhicules en circulation. Lorsque le budget le permet, on construit des voies rapides ; mais, à long terme, on favorise ainsi l’augmentation du trafic et l’aggravation de la pollution, qui dégrade la santé de millions de personnes. D’autre part, chaque année, tous pays confondus, 500 000 personnes sont tuées et 15 millions blessées, parfois grièvement, dans les accidents de la route. À titre de comparaison, la Première Guerre mondiale a coûté la vie à neuf millions de combattants. De plus, la guerre a fini par s’arrêter, tandis que la route continue de moissonner inlassablement plus de 1 000 vies par jour ! Assurément, les routes en disent long sur les humains. Elles révèlent nos forces et nos faiblesses, mais aussi ce que nous pensons de la magnifique planète qui nous a été confiée. [Illustration, page 21] La voie Appienne, que l’apôtre Paul a empruntée, est encore utilisée aujourd’hui. [Illustration, page 22] Chaque année, 500 000 personnes meurent dans des accidents de la route.
Afriquedu Sud, La nation Arc-en-ciel: Turquie, Istanbul et la côte égéenne: Turquie, La Cappadoce et la Riviera: Arménie, Terre d'accueil et de traditions : Ouzbékistan, Les Routes de la Soie: Costa Rica, Du jade précolombien aux orchidées du volcan Arenal: Népal, De la vallée de Katmandou à la jungle de Kipling BERCEAU DE LA ROUTE DE LA SOIE DU SUD - Mots-Fléchés & Mots-Croisés Recherche - Définition Recherche - Solution La meilleure solution pour BERCEAU DE LA ROUTE DE LA SOIE DU SUD Solution Définition YIBINBERCEAU DE LA ROUTE DE LA SOIE DU SUD EN 5 LETTRES Solution Définition ELNEBERCEAU DES ILLIBERIENSCOMMUNE AU SUD DE SAINT-NAZAIREEN FRANCE SUR UNE ROUTE 66OCHUNE DES PLUS ANCIENNES ETAPES DE LA ROUTE DE LA SOIESAMARKANDCELEBRE CITE DE LA ROUTE DE LA SOIE EN OUZBEKISTANALBIBERCEAU DE TOULOUSE-LAUTRECBERCEAU DE TOULOUSELAUTRECVILLE DU SUDARGENTINELE BERCEAU DU TANGOPAYS D'AMERIQUE DU SUDCAPCAPITALE LEGISLATIVE D'AFRIQUE DU SUDHORN AU SUD DU CHILIHORN, AU SUD DU CHILIROUTE A SUIVREROUTE DE NAVIGATIONGAPETAPE SUR LA ROUTE NAPOLEONPRINCIPALE VILLE DES ALPES DU SUDUNE ETAPE SUR LA ROUTE NAPOLEONVILLE SUR LA ROUTE NAPOLEONIRUNBERCEAU DE LUIS MARIANOCITE AU SUD DE L'ILE DE LA CONFERENCENATALDU BERCEAUPRIS AU BERCEAUREGION D'AFRIQUE DU SUDTEL LE PAYS DU BERCEAUNICEBERCEAU DE BRICEVILLE DU SUDNIDBERCEAU DE CARDINAUX OU MEME DE PAPESRNABREVIATION SUR UNE ROUTECAPITALES APERCUES EN COURS DE ROUTECAPITALES QUE L'ON PEUT VOIR EN ROUTEGRAND-ROUTEGRANDE ROUTESETEBERCEAU DE BRASSENSBERCEAU DE PAUL VALERYPORT DU SUDBEARNBERCEAU D'HENRI IVREGION DU SUD-OUESTREUSBERCEAU DE GAUDIJUSTE AU SUD DE TARRAGONEAGEQUI A COUVERT UNE LONGUE ROUTEAGEN AIRE ALCOOTESTBALLON SUR LA ROUTEEPREUVE SUR ROUTEALESEPIECE DE BERCEAUJe propose une nouvelle solution ! Compte-rendu de la recherche pour BERCEAU DE LA ROUTE DE LA SOIE DU SUD Lors de la résolution d'une grille de mots-fléchés, la définition BERCEAU DE LA ROUTE DE LA SOIE DU SUD a été rencontrée. Qu'elles peuvent être les solutions possibles ? Un total de 21 résultats a été affiché. Les réponses sont réparties de la façon suivante 1 solutions exactes 0 synonymes 20 solutions partiellement exactes

LaLituanie et son berceau de Lituanie mineure. La Lituanie a fait partie de l’Empire de Russie, puis de l’URSS avec la Russie. Malgré ou à cause de cette communauté de destin historique, la Lituanie nourrit de véritables revendications territoriales sur une région aujourd’hui mono-ethnique russe. Ces revendications sont très anciennes et renvoient à la difficulté des

Territoire authentiquement soviétique, créé à partir d’une table rase ethnique et historique par la fuite et l’expulsion de tous les Allemands de Prusse orientale en 1945, la région fédérée russe de Kaliningrad est réputée être sans racine. En réalité, elle n’a pas été repeuplée pour la première fois en 1945 elle l’avait déjà été à partir du xiiie siècle par les Allemands aux dépens des Baltes païens de Borussie. Une suprématie colonisatrice et universaliste teutonique a tout simplement fait place à une autre, celle de l’URSS dont la Russie est ici l’héritière directe. En effet, Kaliningrad a suscité un long processus d’enracinement russe irréversible. Dr Olivier Roqueplo de L’Âage,universitéd’État de Novossibirsk, Russie, spécialiste de la géopolitique russe et germanique. Auteur de La Russie et son Miroir d’Extrême-Occident l’identité géopolitique de la Russie ultrapériphérique sous le prisme de l’Oblast de Kaliningrad. Une théorisation géopolitique du territoire russe, INALCO, sous presse. Dr Jekaterina Kenina, chercheuse en relations internationales, politologue, Harper College, États-Unis, et université d’État de Russie pour les sciences humaines RGGU. Elle est spécialisée dans la question de l’influence des élites intellectuelles dans le monde politique contemporain. La région est l’objet de revendications territoriales plus ou moins avouées de tous ses voisins, frères, ex-propriétaires Lituanie, Pologne, Allemagne, Bélarus. On note même l’intérêt de la Chine. Autant dire que cette terre de tous les vides suscite, plus qu’aucune autre dans la Baltique, des mémoires et des tentations de réenracinement national ou impérial. À la fois balte, germanique, slave et soviétique, Kaliningrad est une vraie ligne de faille de l’Europe où se joue l’issue du grand affrontement atlanto-eurasiatique. Kaliningrad russe l’océan, la victoire et les Romanov Kaliningrad est née parce que l’URSS souhaitait obtenir des ports situés les plus à l’ouest possible pour atteindre au mieux les détroits danois, donc l’océan mondial. Le but était stratégique, mais pas seulement militaire. De fait, c’est la pêche industrielle menée dans l’Atlantique puis au-delà encore qui a été le moteur du redéveloppement socio-économique et scientifique d’une région totalement dévastée par la guerre. Kaliningrad, c’est donc un grand port soviétique mondial dont le rôle n’a diminué qu’avec la perestroïka. Cette dimension ouest-russe de Kaliningrad est fondamentale. Ethniquement russe, mais bâtie sur l’ex-Prusse germanique, Kaliningrad fait partie d’un ensemble de régions russes plus tournées vers l’Europe que les autres, avec Saint-Pétersbourg, l’Ingrie, Pskov, Smolensk. Ce que nous appelons l’Europe russe » joue un rôle important dans le positionnement géopolitique de la Fédération qui semble toujours surtout tournée vers l’Ouest, à tout le moins culturellement. Kaliningrad, géo-historiquement morceau de l’Europe centrale, y attire la Russie et l’y ancre définitivement, tout en lui ajoutant une dimension germanique qui a souvent été la tête de l’État russe depuis Pierre le Grand. Kant, le philosophe de Königsberg-Kaliningrad, est le symbole revendiqué de ce lien à l’Europe. Or c’est avec ce passé-là que la Russie actuelle, politiquement très pétersbourgeoise, renoue aux dépens de l’héritage soviético-communiste controversé dans l’élite russe. Kaliningrad est aussi un lieu de mémoire russe. C’est d’abord le symbole territorial de la victoire sur le Reich l’URSS voulait ancrer son avancée sur le territoire de l’ennemi, et ce au nom d’une coalition de tous les Slaves Soviétiques, Polonais et Tchèques inclus contre le pangermanisme. Depuis 1991, seule cette région, avec un tronçon de la Carélie, et les Kouriles rappellent que la Russie soviétique a triomphé de l’Axe. C’est décisif quand on sait que la victoire de 1945 est l’une des rares mémoires qui réunissent un consensus large dans la société postsoviétique. Le 9 mai est la principale fête nationale. Et Kaliningrad en est comme l’incarnation géographique. Cette terre est donc directement liée à la redéfinition de l’identité russe, et à son prestige hérité de l’URSS, ainsi qu’à ses ambitions européennes et mondiales. D’où, réciproquement, un vrai acharnement médiatique atlantiste contre la région depuis 1991. Mais à travers Kaliningrad, on retrouve en Russie la mémoire de la belle victoire de Gumbinnen septembre 1914 et peut-être surtout celle des batailles napoléoniennes Eylau, Friedland, 1807 qui font partie de la littérature tolstoïenne que tout Russe connaît. Cette dimension historique assez ancienne rappelle aussi à l’État que la Prusse orientale du centre-nord n’est pas devenue russe pour la première fois en 1945 elle avait été conquise et déjà annexée officiellement par l’Empire de Russie pendant la guerre de Sept Ans de 1759 à 1762 et abandonnée pour un retournement d’alliances. Plus tôt encore, la Prusse orientale semble bien être le berceau des Romanov un prince balte païen de Prusse Borussie du xiiiesiècle, Glanda Kambila, chassé par les teutoniques, est le premier ancêtre connu des boyards moscovites qui accédèrent au trône russe en 1610 sous le nom de Romanov. Leibniz n’hésitait pas à dire à Pierre le Grand que la Prusse était son fief héréditaire ». Or les derniers Romanov ont été canonisés par l’Église russe en 2000 et ils sont devenus la référence historique russe utilisée par le Kremlin contre la référence communiste. De façon indirecte, mais historiquement fondée, la Prusse orientale russe a donc quelque chose de profond en commun avec le cœur de la Russie actuelle Europe russe comme Saint-Pétersbourg, tropisme occidental, origine d’une dynastie sanctifiée et identifiée au peuple russe dans son ensemble. À lire également Kaliningrad, concentré de la nouvelle confrontation russo-occidentale La Lituanie et son berceau de Lituanie mineure La Lituanie a fait partie de l’Empire de Russie, puis de l’URSS avec la Russie. Malgré ou à cause de cette communauté de destin historique, la Lituanie nourrit de véritables revendications territoriales sur une région aujourd’hui mono-ethnique russe. Ces revendications sont très anciennes et renvoient à la difficulté des Lituaniens à concevoir les limites, très floues et très larges, du territoire et de l’ethnie auxquels ils se réfèrent. Au xiiie siècle, au temps de la conquête teutonique et du prince de Prusse Kambila, la Lituanie sert de refuge aux païens baltes persécutés par les moines-chevaliers. Il semble que la Prusse orientale, alors balte et nommée Borussie ou Pruthénie, ait exercé une suprématie religieuse païenne sur les Lituaniens qui n’ont alors plus cessé de la revendiquer jusqu’à la fin de l’ordre Teutonique en 1525. La construction ethnolinguistique de la lituanité à la fin du xixe siècle a réchauffé cette revendication médiévale. Les nationalistes lituaniens formulent leur identité nationale sur la base d’une langue codifiée dans les confins prusso-lituaniens au xvie siècle par les pasteurs luthériens. C’est une langue intermédiaire entre les dialectes lituaniens donc pratique, et qui a pour elle le prestige de l’écrit. Elle fonde alors une revendication sur toute la Prusse orientale jadis de langue balte et spécialement sur tous les territoires au nord du Pregel nommés Lituanie mineure. Dès 1919, cette revendication est lancée officiellement aux dépens du IIe Reich vaincu, d’où l’annexion de la région de Klaipeda en 1923. Mais il reste encore la moitié sud, entre Niémen et Pregel, qui reste allemande. Pendant l’ère soviétique, cette question est posée plusieurs fois par les communistes lituaniens sans aboutir. Mais dès 1991, les députés nationalistes puis les ambassadeurs du pays et jusqu’au chef de l’État, V. Landsbergis, s’en emparent, malgré la reconnaissance des frontières russo-lituaniennes par traité mutuellement ratifié en 1997. Cette revendication se traduit symboliquement par le nom que ces nationalistes donnent à Kaliningrad région de Karaliaucius », version lituanisée du nom allemand Königsberg. Autant dire qu’ils refusent de reconnaître que la région a été intégralement repeuplée. Depuis 2016, on atteint le paroxysme des revendications lituaniennes. Elles portent maintenant sur tout le sujet fédéré Kaliningrad, et des porte-paroles de l’OTAN, notamment polonais, les ont soutenues officiellement. Ont-elles une réalité ? En temps de paix, elles restent de l’ordre du rêve ultranationaliste. Les capacités d’action politique lituaniennes sont très faibles, même à ses frontières immédiates. Cependant, dans le cadre d’une guerre OTAN-Russie, la Lituanie serait la première intéressée et pourrait, au vu des soutiens qu’elle a pu recevoir de différents pays de cette alliance, obtenir gain de cause. Mais c’est laisser de côté le problème du million de Russes qui habite le territoire en question. Or pour l’État lituanien, ces Russes sont des occupants » donc expulsables. La Lituanie se transformerait alors en recolonisatrice des terres de ses anciens frères de Borussie. La Pologne entre retour économique et rôle historique Tout comme la Lituanie, l’intérêt particulier de la Pologne pour la Prusse orientale est très ancien. C’est un Polonais, le duc Konrad de Mazovie, qui appelle les teutoniques pour soumettre les Baltes païens de Borussie. Les teutoniques conquièrent l’essentiel de la Borussie, mais se rendent indépendants ; la Pologne ne cesse alors plus de rappeler ses droits sur toute la Prusse orientale jusqu’à obtenir la souveraineté indirecte 1525 sur le territoire. C’est ainsi le roi de Pologne Sigismond II qui crée un duché de Prusse sur ce qui est à peu près notre région de Kaliningrad, et il garde son droit de révoquer le duc germanique. Voilà pourquoi la Pologne refuse catégoriquement de reconnaître le Royaume de Prusse des Hohenzollern jusqu’aux partages mortels de la Pologne le seul roi en Prusse ne peut être que le roi de Pologne. En 1918, une fois leur indépendance obtenue, les Polonais revendiquent bien un morceau de la Prusse orientale, mais ce n’est pas l’actuelle Kaliningrad. Ce n’est qu’en 1944-1945, dans le cadre des négociations internationales sur les nouvelles frontières de la Pologne que ce pays revendique toute l’actuelle Kaliningrad en compensation des pertes subies à l’est. Puis les Polonais se rabattent sur les territoires du sud du Pregel. Enfin, ils abandonnent face à la pression irrésistible de l’URSS. À partir de 1989, l’ouverture des frontières favorise une forte influence économique et linguistique polonaise sur toute la moitié sud de la région russe, Kaliningrad-ville comprise. C’est de facto surtout de Pologne que viennent les importations. Cette intégration progressive dans l’économie polonaise est du reste réciproque les régions de la Prusse polonaise sont elles-mêmes dépendantes du commerce avec Kaliningrad. Les intérêts polonais sont assez importants pour qu’on puisse poser la question de possibles revendications qui reprendraient celles de 1944 et du xviiie siècle. Des associations politiques minoritaires les ont formulées dans les années 1990 ; elles seraient logiques aujourd’hui dans une Pologne qui se voit en gendarme atlantiste de l’Europe du centre-est. Mais on ne les trouve pas au niveau officiel, et la Pologne a soutenu celles de la Lituanie en 2016. De facto, de tous les acteurs impliqués, la Pologne est de loin celui qui a le plus à perdre, car rouvrir la question des anciennes frontières allemandes, c’est à terme se condamner à perdre la moitié de son territoire acquis sur l’Allemagne en 1945. La RFA et ses Länder une double politique culturelle très efficace L’Allemagne occupe une place étrange dans la question est-prussienne. Bien entendu, tout le territoire de Kaliningrad lui appartenait de 1255 à 1945 et d’ailleurs avec une place particulière c’était là que se trouvait le cœur symbolique de l’État et de la dynastie prussienne des Hohenzollern qui se couronnaient rois et se faisaient enterrer à Königsberg, l’actuelle ville de Kaliningrad. Les deux millions de Prussiens expulsés en 1945 et réfugiés en RFA ont rajouté une strate de sens à ce haut lieu royal et national la Prusse orientale martyre de la guerre et de ses déplacements meurtriers de populations. C’est ainsi que jusqu’en 1990, la Prusse orientale comme tous les territoires à l’est de l’Oder-Neisse figurent sur tous les atlas de RFA comme territoires allemands sous occupation ». Le traité sur les frontières de 1990 met un terme à cette incertitude inquiétante. Mais dès 1985, les Länder se lancent dans une ambitieuse politique culturelle à destination des anciennes possessions allemandes. Cette politique aboutit, dès 2000, à un rétablissement spectaculaire du prestige du patrimoine allemand régional. Les acteurs allemands financent la restauration des bâtiments, la redécouverte de la littérature, de l’histoire et des grands hommes allemands de la région, enfin la langue. Le résultat à Kaliningrad est une recomposition identitaire qui fait apparaître un nouveau groupe, régionaliste, qui est russe, mais porteur de l’héritage prussien allemand. Ces Russes sont rarement germanophones, mais ils sont germanophiles et insistent sur leur spécificité culturelle, voire sur leur qualité de subethnos. Ce même phénomène de re-germanisation de la conscience culturelle est du reste observable en Silésie, Poméranie et Prusse polonaises. Dans le même temps, la RFA a gardé une retenue exemplaire sur la question il n’y a aucune revendication de sa part. Mais l’activisme intense des Länder qui la composent pourrait parfois faire penser le contraire. Et surtout une politique aussi efficace n’a plus besoin de revendications ce sont les locaux eux-mêmes, tout Russes qu’ils soient, qui se revendiquent du monde germanique et pourraient, le cas échéant, demander à y entrer. En 2016, la donne change. Avec la montée des tensions Russie-OTAN, des missions militaires atlantistes sont envoyées dans les pays baltes. Or celle envoyée en Lituanie est commandée par la RFA. Ce qui place soudain les militaires allemands à la frontière même de leur ancienne Prusse orientale. Le passage d’une relation culturelle privilégiée et de l’intérieur à une relation militarisée extérieure avec Kaliningrad rend le spectre d’une réannexion moins lointain qu’il n’y paraissait en 2010. Or la présence économique et politique allemande est très forte aussi bien en Prusse polonaise qu’en Lituanie. Cet encerclement allemand de facto de Kaliningrad fait réfléchir, même si seule une guerre paneuropéenne pourrait inciter la RFA à aller plus loin dans la re-germanisation. Le Bélarus l’autre héritier de l’URSS et de la Borussie Le Bélarus est systématiquement oublié quand il est question de Kaliningrad. À tort, car c’est un acteur important et très impliqué dans sa création. Les nationalistes biélorussiens estiment que Kaliningrad était majoritairement biélorussienne dans les premières années de l’après-guerre soviétique. Quoi qu’il en soit, le Bélarus a une histoire commune avec la Prusse orientale le Belarus c’est le Grand-Duché de Lituanie, puis la Pologne-Lituanie. Plus profondément encore, la vieille Borussie païenne s’étendait aussi sur le biélorussien Ruthénie noire. Aussi le Bélarus peut-il se tenir pour un des héritiers de cette Borussie, comme la Lituanie. Mais le Bélarus, lui, ne rejette pas l’ère soviétique, et donc peut cumuler les légitimités sur sa tête dans la course à Kaliningrad. Cette région russe a en effet un intérêt majeur pour le Bélarus enclavé elle est son débouché maritime le plus proche, et d’ailleurs, c’est par la Prusse orientale que le commerce historique biélorussien passait. Le président Lukashenko lui-même a eu une attitude ambiguë sur la région depuis les années 2000 en y manifestant un intérêt spécifique pour les terres agricoles. Le Bélarus n’est certes pas prêt à disputer Kaliningrad à la Russie. Mais il ne peut s’en désintéresser et figure sur la liste des prétendants en cas de retrait russe, surtout qu’il est un point de passage obligé pour les communications terrestres Moscou-Kaliningrad, et, potentiellement, Pékin-Kaliningrad. Or en 2020, l’union renforcée proclamée de la Russie et du Bélarus pousse en effet Kaliningrad vers un rapprochement toujours plus fort avec le Bélarus qui pourrait finir par capter à son profit une région dont elle a un réel besoin, géographie oblige. Reste à savoir ce que sera cette union tant attendue et pourtant si aléatoire depuis sa proclamation en 1999. Kaliningrad vers un débouché de la route de la soie ? En 2017, dans le cadre des tensions OTAN-Russie et de la coopération militaire sino-russe, et pour la première fois dans l’histoire, des navires de guerre chinois voguent au large de Kaliningrad et démontrent un intérêt pour la région. Sachant que la route de la soie passe par le Bélarus et aboutit déjà en Pologne, une présence chinoise à Kaliningrad ne serait pas étonnante à terme. Cet intérêt chinois prouve combien la valeur de Kaliningrad dépasse la taille modeste de cette région russe et combien les tensions qui s’y accumulent de tous côtés peuvent devenir explosives. Kaliningrad reste, comme jadis la Prusse orientale, un front stratégico-culturel entre les mondes de l’Ouest chrétienté catholique, Reichs, UE-OTAN et de l’Est Païens, Rus’, Empire mongol, puis Eurasie sino-russe. À lire également Les frontières de l’Europe .
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